AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Maryam Madjidi (221)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Marx et la poupée

il y a dans ce premier roman de Maryam Madjidi un mélange de poésie, de douceur et de légèreté à la découverte des images qu'elle nous offre. Si l'histoire est ici douloureuse, elle est racontée avec le sourire. Ce sourire, c'est un souvenir d'enfance avant l'exil. Le sourire d'une jeune femme qui semble avoir fait bien du chemin depuis ce départ forcé d'Iran. Quittant la tragédie iranienne, la famille atterrit en France où la petite Maryam, d'abord tétanisée par ce nouvel environnement, finit par acquérir son autonomie, affirmant son indépendance aussi par rapport à son histoire familiale.

Comme dans un journal, l'auteure partage les moments marquants de son histoire. Elle va à l'essentiel, nous offrant des pages révélatrices sur sa vie en Iran puis son arrivée en France où il lui faudra s'éloigner de ses racines, de la culture et de la langue de ses parents pour saisir la chance de son intégration.

[...]

La réflexion et l'expérience de Maryam Madjidi dans son rapport à la langue est très intéressante. Elle nous questionne aussi sur la place que nous laissons dans notre société pour les doubles cultures : n'est-il pas possible de s'intégrer sans renier ses origines ?

[...]

Un beau récit, une agréable lecture, peut-être trop légère à mon goût, mais gageons que nous retrouverons bientôt Maryam Madjidi dans nos PAL. Un récit de l'exil très contemporain, à découvrir, pour réfléchir un peu.
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
Commenter  J’apprécie          40
Marx et la poupée

« Un homme est assis seul, dans une cellule. Il tient dans une main une pierre, de l’autre une aiguille à coudre. Il creuse la pierre avec la pointe de l’aiguille.... Il grave un nom , une manière de dire qu’il pense à elle, ce bébé qui n’a que quelques jours et la vie devant soi ».



Maryam Madjidi n’est encore qu’une enfant, lorsqu’avec ses parents, elle quitte son pays, l’Iran. Elle ne comprend pas le pourquoi de cet exil, cette déchirure, cet abandon de tout ce qui faisait sa vie de petite fille, les jouets qu’il faut donner, et les livres qu’il faut enterrer.



« Marx et la poupée » est le récit d’un déracinement, d’un enracinement dans un pays (la France) dont les codes, la langue, les odeurs sont totalement inconnus.



Maryam conte plus qu’elle ne raconte. Elle conte l’adieu, l’exil dans sa vérité nue,le poing levé et le poing qui s’ouvre.



« Ouvre le poing et ne détruis pas ce que tu tiens à peine dans ta main »



Elle conte la souffrance, la peur, la mémoire endormie et réveillée. Celle qui sauve de l’oubli.



Elle chante la Perse, la poésie, Omar Khâyam et Hâfez.



Elle peint la vie, la mort, la peur, le sublime, une étoile filante.



Elle raconte les trois naissances qui ont été nécessaires à la réconciliation entre la persane et la française.
Lien : http://nathdelaude.canalblog..
Commenter  J’apprécie          50
Marx et la poupée

Une petite fille de six ans vient s'installer en France avec son père et sa mère, après la révolution d'Iran. Une histoire déjà vue, oui. Mais pas comme ça.

L'on fait connaissance avec Maryam dans le ventre de sa mère, et aussitôt les bribes de vie s'égrènent, comme autant de perles fissurées par la souffrance de l'exil, et embellies par une touche de poésie.

Un récit où les contes côtoient les histoires du réel, où la langue maternelle peut devenir personnage, les mots et les rêves des objets. Pour un résultat qui est souvent le même, l'émotion est à fleur de peau. 



« Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. de belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres. Je veux que ça fleurisse, qu'il en sorte des fleurs embaumantes à la place de toutes les fleurs manquantes, absentes, de toutes les Golé Maryam qui auraient dû être offertes et qui n'ont pas pu l'être. »



Maryam Madjidi laisse éclater ses talents de conteuse dans ce sublime livre de l'exil. J'ai adoré.

Commenter  J’apprécie          874
Marx et la poupée

Attention, coup de cœur !!

La lecture d’un roman, c’est la rencontre d’un auteur et d’un lecteur par le biais de mots, de phrases, de blancs. Ce livre, je l’ai fait mien. J’ai tout aimé dans ce texte à la fois récit, contes, poèmes.

J’ai aimé les personnages, leurs destins qui m’ont bouleversée. J’ai aimé le traitement des thèmes de l’exil, de la langue perdue, de la langue conquise, de la fidélité aux siens et à soi.

J’ai aimé l’écriture précise, tantôt lyrique, tantôt percutante.

Ce récit autobiographique nous raconte la vie de Maryam, née en Iran de militants communistes, grandie dans la France de l’exil. Il nous raconte la peur, la solitude, le besoin de se trouver une place.

Trois parties pour dire la naissance en Iran, le « il était une fois » originel ; une autre pour dire l’exil en France, la volonté de se faire une place, la culpabilité de la trahison, et enfin une troisième pour dire le « il était une fois » de la renaissance dans la réconciliation et l’apaisement.

Un livre pour rendre hommage à ceux qui ont traversé la vie de Maryam, qui l’ont accompagnée : ses parents, bien sûr, militants convaincus et que la vie épuisera ; sa grand-mère, attentive, aimante, le phare qui éclairera sa vie aux pires moments ; les hommes de sa famille à Téhéran, victimes de la répression, emprisonnés, broyés, alors qu’ils étaient tellement généreux. Et à beaucoup d’autres : une copine solaire, les femmes iraniennes qui résistent, le chauffeur de taxi qui récite des poèmes…

Ecrire pour faire fleurir ce qu’il y a de beau chez l’autre, le faire revivre.

Un livre qui raconte, mais aussi un livre qui fait réfléchir en pointant la complexité de l’exil, l’enferment des préjugés simplistes ou simplificateurs.

Un livre qui enchante comme un poème d’Omar Khayyam (relu à cette occasion), comme un conte des Mille et une nuits. Mais aussi comme un poème, comme un conte de Maryam Madjidi.

Au final, un livre que j’ai relu complètement pour écrire cet avis, et que j’aime tellement que j’ai envie de me taire pour le faire résonner longtemps…

Commenter  J’apprécie          20
Marx et la poupée

Inutile de revenir sur ce coup de maître, un premier roman d'une très grande qualité: ceux qui ont écrit avant moi l'ont parfaitement cerné. Roman mais aussi récit, poésie, journal, autobiographie, fable...Maryam est une conteuse et commence souvent par"il était une fois"; la construction n'est ni linéaire ni chronologique: les souvenirs s'éparpillent. L'ensemble est présenté comme trois naissances, toutes difficiles à vivre: c'est une jeune adulte qui revient sur son enfance heureuse détruite par l'exil forcé, sur les premières années en France où tout est question, rejet, souffrance. La petite fille ne joue pas, ne parle pas, fait des dessins effrayants, d'horribles cauchemars, ne mange pas. Comment peut-on être persane mais aussi comment peut-on être française? Les masques tombent celui de l'exotisme romanesque et celui de la douleur refoulée.

Maryam vit comme du racisme la question sur ses origines;

"Je ne suis pas un arbre, je n'ai pas de racines"

La troisième naissance est une réconciliation. La grand-mère tant chérie ,restée en Iran, mais présente en esprit conseille:"Maryam, réconcilie-toi avec ta double culture. Fais la paix en toi".

J'ai compris pourquoi mon insatiable curiosité à propos des origines pouvait blesser; j'ai compris qu'une double culture n'est pas forcément ressentie comme une richesse mais plutôt comme un écartèlement

sur le blog de mon Café Littéraire, je vais mener l'entretien qui n'a pas eu lieu! voir http://cafelitterairedelambersart.wordpress.com

Commenter  J’apprécie          20
Marx et la poupée

Au-delà du magnifique récit romanesque (largement autobiographique mais "romanesque" (c'est écrit sur la couverture !)), Maryam Madjadi nous livre une oeuvre ciselée de manière magistrale :



Si sa construction peut paraître complexe au premier abord, elle prend sens au fil des pages et magnifie le récit.



Véritable catalogue typographique, ce texte à la fois en italiques, en gras, en polices latine et arabe, mêle aussi les genres littéraires : journal, poème, fable, roman. Les dialogues côtoient la narration à la première personne puis à la 3ème.



Le titre. A première vue : il n'inspire pas grand-chose. Ce n'est qu'après la lecture du roman que l'on saisit sa pertinence : : "MARX" : pour Karl Marx (communisme de ses parents) déclencheur de cet exil et rappel de la rue Marx Dormoy point d'impact de cet exil.

"LA POUPEE" : jouet symbolique de cette enfance ballotée entre deux pays, objet que sa grand-mère lui offre en provenance d'Allemagne -jouet exilé aussi, personnification de Maryam.



L'objet "Table des matières" est une splendeur ! Présentée en deux colonnes (2 piliers des 2 cultures), texte centré, à lire comme un poème-conte ponctué par les "il était une fois"...



La deuxième des "3 naissances" (parties) du roman s'assoit sur ces deux colonnes, telles des "lettres suspendues comme une longue guirlande de mots allant de la mansarde parisienne aux toits des maisons de Téhéran" (p. 102)



Dans cette table aussi, 2 chapitres questionnent et synthétisent la thématique ("Comment peut-être persane ?" et "comment peut-on être français ?")



Ce roman-bijou, véritable "exercice de styles" rend hommage simultanément aux cultures française et iranienne et vient d'être consacré par le prix Goncourt du 1er roman.

Commenter  J’apprécie          20
Marx et la poupée

Ce texte est un petit bijou. Original dans sa construction, il l’est aussi dans son écriture. Elle est d’une beauté, d’une poésie, d’une élégance; elle est d’une délicatesse et d’une finesse, elle est raffinée, très agréable à lire et à entendre. Et c’est l’exil qu’elle écrit, c’est un drame de la vie qu’elle expose. On s’y retrouve forcément quand on est, comme l’auteure, fille de réfugiés politiques; quand on a, comme elle, grandi dans un entre-deux; quand on a, comme elle, évolué dans un monde tiraillé par deux cultures. Les enfants d’immigrés et de réfugiés le savent: ils n’ont pas de « chez-nous ». Éternels étrangers – étrangers dans le pays d’origine, étrangers dans le pays d’accueil- leur pays c’est l’exil; un espace intermédiaire, un « entre-deux » qui n’est pas sans poser quelques difficultés. Maryam Madjidi l’évoque brillamment. Il y a, dans son récit, une douceur dans la douleur, une tendresse dans la tristesse. Il y a plein d’amour et de nostalgie. Il y a tous ces sentiments, ces émotions qui font la vie de l’exilé(e); leur rapport à l’identité, à la langue, à la culture. J’ai beaucoup aimé. C’est forcément à conseiller.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
Commenter  J’apprécie          30
Marx et la poupée

Comment devenir française et comment rester iranienne. Un dilemme qui court tout au long de la vie de Maryam Madjidi. Avant que de naître, elle a failli périr. Sa mère, enceinte, pour ne pas tomber dans les griffes de gardiens de la révolution, saute par une fenêtre du second étage. Les deux seront sauves.

« Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d’elle en ricanant ».

Cela n’arrête pas le couple versé côté communisme, de continuer à publier et distribuer des tracts, jusqu’à les cacher dans les couches-culottes de Maryam. Elle servait de boîte à lettres.

Un jour, pourtant, il a bien fallu partir, s’exiler. Avant, ses parents enjoignent Maryam à donner ses jouets, dont une fameuse poupée, à ses voisins, d’où le titre Marx et la poupée.

- Pourquoi je dois donner mes jouets ?

- Parce qu’on ne peut pas les emporter avec nous là-bas.

- Mais je veux pas.

- Ecoute, c’est beau de donner, tu comprends ?

- Non, je suis obligée de donner, c’est pas la même chose. Je veux pas !



Pas facile d’expliquer le communisme, le partage à une fillette qui ne veut pas se séparer de son petit monde. Elle les enterre comme ses parents enterrent les livres interdits (Marx, Makarebki, Che Guevara)

L’exil l’amène en France retrouver son père. La séance à l’aéroport est aux petits oignons.

La chute dans ce pays inconnu est rude, les croissants n’ont pas le goût du lavâsh, le camembert sent les chaussettes. La petite fille est complètement perdue lors de sa première journée de classe. Personne ne lui explique. L’angoisse la pousse à se sauver, sortir de l’école. Elle ne parle toujours pas, s’abreuve de français, écoute, digère… ne dit rien jusqu’au jour où elle accouche de la langue française et déserte le farsi.

Soudain c’est sorti : j’ai enfanté mon français. Je me suis mise à parler en français sans m’arrêter avec un enthousiasme et une vitesse fulgurants.

Adulte, elle séduira les hommes en jouant l’orientale, leur récitant des poèmes persans. Ils tomberont dans ses bras.

« Je module ma voix, je mets mon costume de femme persane, je secoue mes voiles et, sous les feux de ses yeux déjà conquis : je lui récite Omar Khayyâm. Je commence toujours en persan et je donne ensuite la traduction française. »



A la faveur de sa thèse, elle réapprend le persan, se réapproprie la langue qui l’a vue naître. Ce sera sa troisième naissance et son premier retour en Iran.

« C’était le premier voyage, le premier retour à la terre-mère, la première descente vers l’origine. Une descente ou une chute, je ne sais pas. J’ai failli perdre la tête, j’ai glissé sur mon identité et je suis tombée. »

Sa vie sera faite de ces allers-retours avec son passeport français.

« Il y eu aussi le soulagement d’un autre retour : le retour en France et le sentiment de m’y sentir un peu chez moi malgré tout. L’Iran, dépouillé de mes fantasmes et de mes idéalisations, était de plus en plus difficile à supporter. Je n’ai jamais idéalisé la France. »





Mais toujours l’Iran m’appelle, voix en sourdine, présence derrière mon dos, il me tapote l’épaule pour me rappeler à lui. Par devoir, par culpabilité, par peur de ne plus revoir les vieux, par rituel, par amour peut-être aussi, je me sens poussée à y retourner régulièrement.



Souvenirs éparpillés restitués dans cette autofiction éclatée, où elle raconte une vie, une famille dispersée par l’exil, mais toujours avec deux soutiens, le persan et sa grand-mère.

Un très bon premier livre à la fois tendre, triste, drôle, original d’une très belle plume, qui se lit d’une seule traite : un petit bonheur de lecture.

Livre lu dans le cadre des 68 Premières fois


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          60
Marx et la poupée

Commenter  J’apprécie          10
Marx et la poupée

un livre construit de façon originale. Maryam est une petite fille née en Iran et essaie de trouver sa place dans le pays qui l'a vu naître et dans celui où elle vit mais malgré ses efforts, elle a l'impression d'être une étrangère où qu'elle soit. Un livre émouvant.
Commenter  J’apprécie          20
Marx et la poupée

Maryam a choisi les fragments, refusant la narration au long cours, pour ne pas tricher, tout en s'inscrivant dans la tradition des contes qui s'enchaînent sans se suivre.
Lien : http://www.lexpress.fr/cultu..
Commenter  J’apprécie          00
Marx et la poupée

Grâce aux 68, je viens de finir Marx et la poupée.

Et pourtant j’appréhendais de lire ce livre encensé par tous et je crois avoir lu au moins 3 jours sur la révolution iranienne ces derniers mois, et donc ... j’étais frileuse. L’écriture délicieuse, mais non conventionnelle m’a aussi déstabilisée parfois, mais je me suis accrochée, j’ai surtout lâcher prise et accepter de vivre avec Maryam dans l’intimité d’un exil délicat. Quelle merveille, quelles émotions, frayeurs et espoirs ! A la recherche d’un équilibre impossible, d’un renoncement insupportable, d’une insertion difficile... A la recherche des mots pour le dire, le persan si doux qui s’éloigne, le français intimidant et fascinant. C’est la lutte d’une petite fille déchirée qui a dû tout abandonner, famille, langage, repères, jouets, amis, richesse, pour une vie d’exil incertaine. Heureusement la présence furtive d’une grand mère qui chuchote à l’oreille de Maryam dans les moments les plus douloureux, heureusement l’amour d’un père et d’une mère, heureusement la séduction de la langue française dont elle fera son métier. J’ai adoré ces lignes libres et sensibles, ces flashes du passé, la poésie toujours présente, la volonté d’avancer en femme libre sans renoncer à ses racines. Bravo. Un coup de coeur.

Commenter  J’apprécie          40
Marx et la poupée

La double culture, est-ce une chance ? L’auteure répond clairement non et nous décrit les difficultés, pour une enfant de 8 ans, d’être arrachée à sa terre natale pour la France dont elle ne connaît rien.



Tout n’était pas rose dans son pays : ses parents, fervents communistes, l’obligeaient à donner ses jouets à d’autres enfants. Des amis de ses parents, certains ont disparu dans les geôles du pouvoir.



Voulant s’intégrer en France, elle refuse de parler, de lire et d’écrire le persan. Mais un voyage en Iran pour retrouver sa famille bouleverse ses repères.



S’agit-il d’un roman ? Plutôt de fragments de vies mis parfois en poésie.



L’image que je retiendrai :



Celle des parents qui, avant de fuir en exil, enterrent dans le jardin les oeuvres de Marx et des grands penseurs communistes.
Lien : http://alexmotamots.fr/marx-..
Commenter  J’apprécie          80
Marx et la poupée

Un peu déconcerté au début par la forme du récit, qui alterne entre conte, anecdotes, réflexions plus philosophiques, j'ai finalement beaucoup apprécié l'écriture de Maryam Madjidi. Elle décrit mieux que personne la sensation d'abandon que doivent éprouver les personnes en exil, toujours tiraillées entre deux peuples, deux langues, deux modes de vie. Un très beau récit de vie doublé d'un message plus spirituel sur l'attachement à sa patrie et l'importance de l'écriture et de la littérature.
Commenter  J’apprécie          20
Marx et la poupée

Maryam nous raconte l'histoire de son pays qui massacre ses meilleurs enfants, où la milice des bonne mœurs s'attaque à toute femme mal voilée ou habillée de manière provocante.

Son père banquier, licencié pour avoir déposer des tracts dans les bureaux de ses collègues. Sa mère,renvoyée de l'université parce qu'elle milite et qui combat pour que les femmes de son pays, puissent avoir des droits, être libres. Ses parents qui cachent les documents compromettants dans ses couches de bébé. Saman, l'oncle emprisonné et torturé qui apprend le français en prison pour comprendre le sens des paroles de Jacques Brel.

Mais un jour le père et la mère sentent leur foi révolutionnaire déclinée,ils veulent vivre, pour cela il faut partir, pour que leur fille grandisse dans un pays libre et moderne.

L'exil dans un studio de 15m2 au sixième étage avec toilette et douche sur le palier, devoir partager son intimité avec des inconnus. Heureusement il y a Shirin, compagne de jeux, délicieusement laide, mais joyeuse et pleine de vie.

Sa mère écrit des lettres et attend des réponses, espère le retour, l'imaginaire retour pour revoir sa famille et son pays.

A l'école, Maryam reste muette, elle préfère garder cette nouvelle langue pour elle, et puis soudain elle "enfante" son français, elle se met à parler sans s'arrêter au point "d'avaler" sa langue maternelle.

la difficulté d'une double culture, en France on lui dit qu'elle est iranienne, en Iran qu'elle est française.

Et puis un jour la langue retrouvée , le retour au pays natal, pour embrasser sa grand-mère après dix-sept ans, plonger sa tête dans son cou et respirer son enfance, les sucreries, les chansons, les sirops, la chaleur, la mer Caspienne, les fruits, les bruits, les odeurs, les parfums, ces morceaux de sa vie qui ont été déracinés.

Une écriture simple, douce et tendre qui raconte une jeunesse en Iran et l'exil en France, une âme perdue entre deux cultures et deux identités. Un livre lumineux et bouleversant sur le déracinement porté par la voix d'une petite fille. Une émotion ressentie tout au long de ces 200 pages magnifiques.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          30
Marx et la poupée

Quelle langue! Quelle poésie! C'est beau, c'est un régal à lire, relire, à écouter la musicalité de certains passages, à déguster ce petit bijou de littérature!

"Marx et la poupée" c'est un travail sur les souvenirs, sur la mémoire, sur les racines et sur l'exil. Entre Paris et Téhéran, Maryam Madjidi nous entraîne dans un tourbillon de souvenirs qui s'entrechoquent, de petits paragraphes en extraits de poèmes, d'une révolution à un exil, et d'une petite fille à une femme. C'est plein de petites histoires, de petites bulles d'anecdotes, de pleurs et de rires.

L'auteure n'a que 6 ans lorsque ses parents décident de quitter Téhéran pour Paris suite à la révolution iranienne. Elle décrit par petites touches sa découverte de la langue, de la nourriture, son refus de parler/manger pendant un temps, ses dessins macabres et son oubli du persan. Le personnage de la grand-mère est important, qui apparaît et disparaît, mémoire vivante de son pays d'origine, qu'elle cherche et repousse selon les moments. Le livre est divisé en trois grands chapitres (première, deuxième et troisième naissance) qui sont autant d'étapes que l'écrivaine évoquent quand à sa relation à l'exil et à ses racines. La langue, incontestablement, est ce qui la guide, cette langue oubliée qui revient. Plusieurs extraits à ce sujet sont très émouvants, je pense à celui-ci par exemple :



"Un étrange bruit attire son attention. C'est le bruit d'une canne qui frappe le pavé. Elle tourne la tête et voit une vieille femme avancer vers elle. Elle a le visage recouvert mais un parfum familier et rassurant se dégage d'elle. Elle s'assoit près d'elle sur le banc.

- Je te l'avais dit : tu reviendras vers moi. Tu es revenue à présent.

- Vous êtes qui ?

- Tu ne me reconnais pas? Je suis ta langue maternelle. Je t'ai attendue tout ce temps."



On est à plusieurs reprises dans la fable, comme l'indiquent certains titres comme "il était une fois". Dans cet entrelacs de souvenirs parfois difficiles, le réel est sublimé par ces passages où le conte prend le dessus. L'ensemble est très poétique et infiniment réussi.


Lien : https://lorenaisreadingabook..
Commenter  J’apprécie          40
Marx et la poupée

Maryam Madjidi raconte ici sa propre histoire , celle d'une enfant exilée, parce que ses parents, fervents communistes, vont sentir venir le danger; Ils quittent l'Iran pour la France et la petite fille va d'abord vouloir s'intégrer à tout prix avant d'accepter finalement sa double culture. Un très beau récit, émouvant et parfois drôle qui nous aide peut-être à saisir ce que peuvent ressentir les éxilés d'aujourd'hui. A méditer!
Commenter  J’apprécie          30
Marx et la poupée

Si vous cherchez un jour une définition du mot «littérature», alors sortez votre exemplaire de Marx et la poupée, car ce livre doit figurer dans la bibliothèque de tout honnête homme. Pour le résumer, il suffit d’une phrase: c’est l’histoire d’une famille iranienne contrainte à l’exil et qui doit s’inventer une nouvelle vie en France. Mais ce qui fait sa force, c’est qu’en le refermant, il vous restera des images fortes, des épisodes inoubliables, des émotions intenses. Bref, ce qui constitue l’épine dorsale de la bonne littérature.

L’un de ces épisodes marquants arrive dès les premières pages. Nous sommes en 1980 à Téhéran et la narratrice n’est pas encore née. Ella même failli ne pas naître car sa mère, enceinte, se retrouver au cœur de la répression qui a suivi l’arrivée des ayatollahs, pourchassée par les gardiens de la révolution. « Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d’elle en ricanant, le dos courbé ; ses longs bras squelettiques veulent lui arracher son enfant ; sa bouche édentée s’approche de la jeune femme enceinte pour l’engloutir. »

Elle finira par s’en sortir et accoucher, mais ni elle, ni sa famille ne voudront renoncer à leur liberté. La maison familiale, dans le quartier de Tehranpars sert aux réunions politiques clandestines. On y discute de Marx et d’une autre révolution, on parle de liberté. Vu par les yeux de la petite fille qui grandit dans cette ambiance, ce monde d’adultes est absurde. On y cache les tracts dans des couches-culottes, on enterre les livres signés Marx, Lénine, Che Guevarra dans le jardin ou on met en prison des gens dont les cheveux volent au vent. L’oncle Saman, qui a pris l’habitude de lui offrir une Golé Maryam, la belle fleur qui embellit son jour d’anniversaire, ne viendra pas. Il a été arrêté porteur de tracts et jeté en prison à Evin.

C’est là qu’un détenu passe son temps devant la télévision, regardant un stupide dessin animé. On se dit que l’intellectuel est en train de perdre la raison avant qu’il n’explique qu’il écoute la voix de son épouse, chargée de doubler l’un des personnages.

La répression est de plus en plus forte. Les participants à des fêtes privées sont impitoyablement poursuivis. Il est temps de songer à fuir. Les jouets sont répartis entre les enfants pauvres du quartier, achevant de briser le moral de la petite fille : «Je me sentais si seule au monde. J’étais convaincue que je vivais avec deux monstres qui me déposséderaient de tout.»

La vocation littéraire de l’auteur – double de la narratrice – date sans doute de ce moment où elle a dû monter dans un avion partant vers la France en laissant derrière elle sa grand-mère chérie et son pays natal : « Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres. Je veux que ça fleurisse, qu’il en sorte des fleurs embaumantes à la place de toutes les fleurs manquantes, absentes, de toutes les Golé Maryam qui auraient dû être offertes et qui n’ont pas pu l’être. »

Si dans les chapitres suivants il n’est pas question de violence ou de répression, la tension ne faiblit pas pour autant. Car Maryam Madjidi dit la souffrance née de l’exil. Elle raconte, par exemple, comment son père doit subvenir aux besoins des famille en acceptant tous les petits boulots qui se présentent. Pour cela, elle nous raconte comment les mains de son pères changent. Grâce à un Iranien d’origine turque, il est d’abord tôlier-peintre dans un garage, avant que ce dernier ne ferme. Au chômage, ses mains devaient trouver quelque chose d’autre rapidement. Elles vont alors devoir travailler le bois, le béton, les briques, le ciment, le gravier, la peinture, les tuiles, la moquette, les enduits, le carrelage. « Puis un jour ses mains ont commencé à moins travailler, elles étaient fatiguées, ridées et craquelées par endroits. Il y avait aussi la marque d’innombrables blessures laissées par la matière et l’outil. La peau était devenue aussi dure que du cuir. »

Il passera alors à la calligraphie, dessinant de belles lettres persanes et cherchera dans l’opium de quoi soulager son vague à l’âme.

Sa fille ne va guère mieux. Elle ne retrouve pas les saveurs de son enfance, la musique de la langue de son pays. Elle va refuser de manger, refuser de parler. Fort heureusement pour elle, l’arrivée d’un couple de réfugiés iraniens et leur fille Shirin va lui permettre de retrouver le moral. Avec cette compagne de jeux joyeuse et pleine de vie, elle trouvera la complice qui lui permettra de trouver une place dans cette société parisienne. Comme un bouchon de champagne qui explose, elle accepte de lâcher les mots qu’elle a patiemment appris, sans toutefois vouloir les dire. « Les mots se pressaient pour sortir, impatients qu’ils étaient, ça fusait dans le petit studio, ils volaient, ils dansaient, ils butaient contre les meubles, ils s’élançaient de ma bouche comme des flèches et touchaient le plafond et les murs, ils virevoltaient eux-mêmes, soulagés d’être enfin libérés de ma bulle intérieure, enchantés de pouvoir enfin communiquer avec les autres. Tout l’espace était rempli de mes mots français. »

N’allez toutefois pas croire que ce premier roman si sensible devient alors une ode à l’intégration. Tout au contraire, il est question de rentrer au pays, de retrouver les parfums qui manquent tant à la famille, les amis et les proches qui souffrent en silence. Une image de plus suffit à faire voler en éclats ce rêve. En voyant sa petite fille faire du vélo en short et débardeur, son père comprend que ce retour est impossible : « On ne peut pas partir. Je ne peux pas lui enlever cette liberté si innocente. »

Il faudra attendre 2003 pour que la jeune femme retourne à Téhéran. Mais ne pourra pas y rester car son passeport ne suffit pas à faire d’elle… une iranienne.

Voilà sans doute le plus authentique des témoignages sur la condition des migrants. Ici foin de considérations politiques ou économiques. C’est le cœur, la chair, les sens qui parlent. C’est poignant, ironique, vrai. C’est de la grande littérature.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          180
Marx et la poupée

Maryam Madjidi nous offre des bribes de souvenirs, du plus violent au plus généreux. Elle est née en Iran durant la révolution au milieu de parents militants, se servant d’elle pour transporter des documents secrets dans ses couches. Son quotidien d’enfant est bercé de réunions clandestines auxquelles elle assiste malgré elle. Et puis un jour les bassidis débarquent, il faut fuir le pays.

« Le foulard de ma mère glisse sur ses cheveux noirs, elle le remet, il retombe, des mèches de cheveux s’envolent. Les pans de son manteau ample et long sont comme deux mains qui se soulèvent et flottent dans l’air, applaudissant notre départ, notre course effrénée vers l’avion, vers la liberté. »

L’exil vers la France débute alors ; ce pays inconnu, cette langue inconnue … Maryam a des débuts difficiles dans sa scolarité, ne parle pas mais observe et écoute. Comment dompter cette langue étrangère ? Comment s’intégrer lorsqu’on se sent si différente ? Elle raconte à tous son histoire jusqu’à être hantée par les fantômes de sa famille notamment son oncle Saman emprisonné pour ses idées politiques. Elle se heurte à son père qui veut qu’elle n’oublie pas la langue persane. Maryam grandit, évolue, mûrit, maîtrise cette réalité de vie d’exilée pour s’intégrer au mieux.

Ce roman autobiographique se présentant comme un journal intime, nous livre des allers-retours de la vie de Maryam Madjidi.

« Je déterre les morts en écrivant. C'est donc ça mon écriture ? Le travail d'un fossoyeur à l'envers ? »

Il nous confronte à cette réalité de révolution iranienne, face à ces abandons d’identité, d’histoire, d’ancêtres, et des siens. L’exil est fort dans ce récit, touchant et douloureux pour cette famille qui veut survivre. On est sensible à l’intégration difficile dans un pays étranger, un parcours du combattant au quotidien.

Maryam Madjidi a su trouver les bons mots, justes et puissants nous poussant à la réflexion sur ce parcours de femme libre ; mêlant les cultures, les langues, les joies et les peines. Roman riche à lire et relire.


Lien : http://mesecritsdunjour.cana..
Commenter  J’apprécie          20
Marx et la poupée

Voilà un nouveau roman qui marque ! Maryam Madjidi nous raconte son enfance d’exilée, ses douleurs, ses rancœurs et ses années de doutes sur cette binationalité qu’elle n’a pas choisie. Ce livre est très actuel même si l’histoire a commencé il y a 30 ans. L’intégration à l’école, les migrants, ..., tous ces sujets évoqués par les candidats aux présidentielles et qui divisent la France sont évoqués de façon simple et très poétique. Je garderai un très bon souvenir de ce livre et regarder le passage de l’auteure à la grande librairie maintenant que je l’ai lu ! Merci les filles des 68 premières pour cette découverte.
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Maryam Madjidi (1076)Voir plus

Quiz Voir plus

La Princesse de Clèves

De quoi traite principalement "La princesse de Clèves" ?

d'un complot
de la guerre entre catholiques et protestants
de la passion amoureuse
du libertinage

12 questions
2302 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}