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Critiques de Maurice Lévy (4)
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Ouvrez les yeux

Petit essai court et efficace. L’auteur tire de son expérience sondagière une espèce d’image imparfaite mais assez réaliste de la majorité relativement silencieuse (hors épisode réprimé des gilets jaunes) qu’il qualifie dans son livre de « France moyenne ».

Je ne comptais pas le lire, juste le survoler, en mode « doute » quand à la sincérité de l’auteur : il officie dans un corps de métier dont l’utilité publique ne me semble pas indispensable selon les critères de nos délites qui les utilisent pourtant énormément souvent pour les instrumentaliser.

Mais je dois admettre que les précautions qu’il prend, avouant qu’il appartient à la classe sociale supérieure (d’où ma première remarque) et qu’à ce titre il ne prétend pas représenter ... qui ?

Les français objet de ses études : interviewés dans des formats « tables rondes digitales » à l’ancienne mais version numérique où chacun peut s’exprimer autrement que par les questions pré formatées habituelles des sondages genre :

Pour la prochaine présidentielle souhaitez vous

a) Un chef de guerre jeune, sans complexe et sans pellicules répondez un

b) Quelqu’un d’autre et le chaos (avec ou sans pellicules) répondez deux.

Ici, c’est selon lui ouvert et l’auteur fait le tour de toutes les questions, tous les sujets de débats qu’il a supervisé.

« l’Observatoire FreeThinking, une plateforme digitale afin d’être au plus près de ce que les gens pouvaient penser, ressentir. En leur donnant la parole avec une plus grande liberté d’expression, loin de la présence d’un modérateur, et aussi en écoutant un nombre plus important de participants, deux à trois cents personnes, et ce non pas pendant trois ou quatre heures, mais une à deux semaines, nous approchions d’une solution plus juste. ».

Il passe tout un tas de sujets en revue. Pour un observateur avisé de la vie politique française, pas de surprises, pour un néophyte, cela peut être intéressant.

Personnellement j’ai été jusqu’au bout et j’ai trouvé l’ensemble tout à fait fréquentable, un état des lieux intéressant.
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Lovecraft, ou, Du fantastique

Maurice Lévy, en son magnifique et très court essai "Lovecraft ou Du Fantastique" (initialement, thèse de lettres modernes, paru ensuite chez l'éditeur "10/18" en 1972, réédité en 1985) -- en lecteur érudit -- a bien vite percé le mystère de l'écrivain : nous comprenons, grâce à cet ouvrage pertinent, comment nous sommes passés du ressenti et du descriptif fantasmatique des "étrangers" new-yorkais, tous unanimement "répugnants" (Noirs, Italiens, Latinos, etc.) aux tentacules, puanteurs et autres abominations indescriptibles semblant si naturels aux "Grands Anciens" qui, réunis, formeront la joyeuse tribu de l' "indicible" Mythe de Cthulhu... Sans parler de "l'indice" de la syphilis paternelle, source de honte personnelle pour Howard, comme de refoulement de sa propre sexualité durant toute sa brève existence...



De la névrose comme du racisme plus que "maladif" à la Genèse progressive d'un cosmos personnel aussi épouvantable, cohérent et... aussi artistiquement abouti. Au fond, une bien étrange alchimie personnelle ! Et l'on songera évidemment aussitôt à l'existence mouvementée d'un certain Docteur Destouches...



Ouvrir les yeux sur l'existence d'un être humain dont nous plaignons secrètement les tourments personnels sans que son oeuvre s'en déprécie : un tour de force...



Un ouvrage rafraîchissant, extrêmement "instruit" et instructif, diablement éclairant et percutant, dont la lecture n'oblitère en rien notre plaisir à lire ou relire les contes fantastiques du grand Reclus de Providence (1890-1937).



Maurice Lévy est également l'auteur d'un essai érudit et volumineux sur "Le roman gothique anglais, 1764-1824", paru à Toulouse en 1968 (750 pages !)
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Le roman gothique anglais 1764-1824

J'ai acheté ce pavé de 700 pages environ cet été mais, jusqu'à ces jours derniers, je n'avais pas encore été tentée de le lire jusqu'au bout. C'est fait cependant et, si l'ouvrage n'est pas d'un style particulièrement emballant, il se révèle une véritable petite mine pour les aficionados du roman gothique, genre qui préfigure les grands succès d'épouvante et d'horreur du XXème siècle.



Lévy évoque tout d'abord Horace Walpole, auteur de l'immortel "Château d'Otrante", devenu quasi illisible aujourd'hui sauf pour les fans et les chercheurs. C'est le seul roman de son auteur. Paru en 1764, il donna le branle de la vogue gothique qui allait submerger l'Europe jusqu'au tout début du XIXème siècle, où le "Frankenstein" de Mary Shelley en sonnera paradoxalement le glas.



Mais les parties les plus intéressantes de cette histoire du roman gothique sont incontestablement celles que Lévy consacre à Matthew Gregory Lewis, auteur du "Moine" et bien entendu à Charles Maturin, pasteur protestant irlandais qui allait produire ce chef-d'oeuvre du gothique littéraire qu'est "Melmoth ou l'Homme Errant."



L'analyse du "Moine" y souligne une fois de plus l'étrange emmêlement du sadisme, de la nécrophilie et du gothique : les châteaux, les couvents et les caveaux qui parsèment l'oeuvre du Divin Marquis sont bel et bien les jumeaux de ces constructions noires et désertées où errent les spectres du gothique anglais. Un peu plus de puritanisme cependant, anglicanisme oblige. Au demeurant, on ne peut que sourire devant les libertés que ces anti-papistes convaincus prennent avec, par exemple, le secret de la confession, les horaires habituels au rituel catholique, etc, etc ... La fascination des ors et des pompes vaticanes est encore bien présente au pays d'Elisabeth Iere. Laughing



Si l'on est un peu déçu par la personnalité geignarde qui fut celle du révérend Charles Maturin, cette histoire du gothique ne peut en revanche qu'inciter à lire et relire son "Melmoth." Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Oscar Wilde en exil prit plus tard le pseudonyme de Sébastien Melmoth (le prénom peut-être en hommage à St Sébastien percé de flêches, une "icône gay" comme nous dirions aujourd'hui et le nom saluant sans équivoque ce damné magnifique qu'est le Melmoth de Mathurin.) ;o)
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Le roman gothique anglais 1764-1824

Je n'ai rien à ajouter. L'analyse de Woland est excellente.

Je reviendrais simplement sur le contexte historique et culturel qui donna au roman gothique anglais cette patine qui renaît aujourd'hui à travers le roman fantastique.

Entre 1642 et 1651 a eu lieu une guerre civile anglaise, qui conduisit en 1660 à la restauration de la Monarchie constitutionnelle. La réforme protestante ruine le pouvoir de l'église catholique romaine. Elisabeth 1re est la souveraine de l'église anglicane.

Naît en Europe, le siècle des Lumières (1715-1789). A l'obscurantisme et à la superstition, se développent la philosophie et les sciences. Ce siècle transforme les sensibilités et les mentalités. Il symbolise aussi la fin de la tyrannie religieuse et du despotisme féodal.

Le roman gothique anglais se nourrit aux sources de la littérature romantique, de l'architecture médiévale. Ce mouvement littéraire apparaît à la fin du XVIIIème siècle en Allemagne. L'art comme la peinture est aussi alimenté par tous ces bouleversements.

L'époque victorienne où les doctrines de Darwin surgissent, affaiblit le roman gothique anglais qui disparaît dans sa forme.

Cette étude très documentée transmet une envie d'en savoir plus sur ces romans et sur l'histoire européenne. Merci à Maurice Lévy.
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