Citations de Maurice Rajsfus (60)
Citoyens de seconde zone, les combattants de "l'Affiche rouge" qui tomberont sous les coups des nazis, en février1944, auront surtout lutté pour la liberté, contre le nazisme, et non pas pour les trois couleurs d'une France qui les avait si souvent maltraités.
Désormais, la francisque de Pétain et la croix du Christ vont se compléter. Il en sera de même, d'ailleurs, pour la croix de Lorraine, quatre ans plus tard.
La francisque gallique devient la nouvelle Légion d'honneur, sous le regard épanoui des bons pères de l'Eglise.
En zone occupée, pour les préfets, l'ordre doit prioritairement régner, et peu importe que ce soit celui des nazis...
Les lois émanant de l'État français de Pétain sont, au départ, plus répressives que les premières ordonnances nazies.
"Madame Don a été appréhendée à la sortie du métro en compagnie d'une Juive. Elle s'entretenait avec la Juive d'une manière amicale et si provocante que j'ai dû admettre que c'était une provocation contre ma patrouille. Je lui ai fait remarquer que sa façon d'agir pouvait être prise pour une démonstration. La femme m'a répondu qu'il n'était pas interdit de parler aux Juifs. [...] La police française l'a arrêtée."
Le corps de phrase : " des Juifs qui se promèneraient en groupe, portant ostensiblement leur insigne" est particulièrement odieux puisque, par ailleurs, il est notifié aux Juifs que "l'insigne spécial" doit être porté très visiblement.
La France des premières années de l'Occupation était-elle véritablement l'héritière de la Grande Révolution de 1789, de 1830, des barricades de juin 1848, de la Commune de Paris et du Front populaire de 1936 ?
Il est permis d'en douter.
En 1942, la France était un champ de ruines, un désert moral peuplé par une caricature d'héritiers du pays des droits de l’homme.
Je viens de découvrir les effets directs du racisme, expression de la haine ordinaire. Serrant les dents, je rejoins le ghetto qui m'est attribué : le wagon suivant. Je me raisonne, estimant qu'il y a plus grave, tout en maudissant ce salaud qui s'estime bien plus français que moi, même s'il vient de se conduire en auxiliaire des nazis.
Se souvenir où peuvent conduire
le racisme des uns
et le désintérêt des autres.
Se souvenir, ce n'est pas cultiver la haine.
Huit semaines après, il ne restera rien de ces enfants.
Rien.
De la cendre en Pologne.
Les opprimés et les indifférents vivent désormais sur des planètes distinctes.La désespérance n'a pas la même signification, selon les situations. Les uns attendent une amélioration du ravitaillement, les autres, la fin de l'oppression.
Le réflexe xénophobe n'est pas spécialement alerté par le développement des idéologie autoritaires.
À la Libération, nul n'évoquait l’ex-camp de Drancy, et le silence recouvre la honte d'avoir accepte en silence.
L’appareil répressif ne desserre jamais les mâchoires lorsqu’il tient une proie
Sujet réduit au statut de l’indigénat, puis pseudo-citoyen de la République, l'Algérien reste un sous-homme qui n'a que le droit de travailler sans broncher.
L'institution policière n'a jamais été mise en cause, aussi bien pour la « petite » tuerie du 14 juillet 1953 que pour l'assassinat de masse du 17 octobre 1961 où, bien sûr, pour sa participation au génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
C'est au nom de la loi qu’ils tuent – comme à la guerre.
Quelle que soit la nature de son délit, le policier n’est jamais un criminel. Il peut violer la loi si ses chefs lui expliquent qu'il la défend. Il peut commettre des actes iniques, pervers, et même provoquer le désordre au nom de l’ordre.
On ne juge pas les serviteurs de l'ordre ! Même s'ils ont largement outrepassé les consignes, que leur comportement est visiblement raciste, brutal ou même sexiste.