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Critiques de Mempo Giardinelli (23)
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Le dixième cercle

L'amour physique est sans issue. L'Argentin Mempo Giardinelli nous offre un petit noir bien serré -cent pages denses à souhait- sur un des thèmes archi rebattus du roman noir, la fuite des amants criminels. Un couple adultère de la bonne société argentine s'affranchit des règles sociales et franchit les frontières sur un coup de tête- « Le fait est qu'un après-midi, après avoir fait l'amour, épuisés comme deux coureurs cyclistes après le Tour de France, nous avons fumé une sèche et je lui ai dit, à l'improviste, comme par jeu: « On devrait tuer ton mari. »- jusqu'à l'entre-dévoration.

Antonio Romero entretient depuis quatre ans une relation torride avec Griselda Antonutti, la femme de son meilleur ami. Las de leurs vies parfaites, dans lesquelles ils jouent leur rôles de bons parents et de citoyens modèles, ils décident de tomber les masques. Leur vernis social se craquelle, et libérés du poids des conventions, ils peuvent franchir les cercles de l'Enfer de Dante. Luxure, colère, violence, ruse, trahison… la passion physique les consume jusqu'au point de non retour..

Le dixième cercle est un long monologue nihiliste et désespéré, un constat amer, un état des lieux désabusé du couple et de l'Argentine. « Il n'y a plus d'espoir. Nous sommes un pays de moutons et de désespérés ». En s'éloignant de la ville, de l'autre côté du fleuve, vers le Paraguay, nation où l'on ne fait même plus semblant de vivre dans un Etat de droit, « le signe monétaire de la frontière argentino-paraguayenne se nomme Corruption. C'est un langage multilingue: tout le monde le comprend. », ils font fi des derniers interdits qu'ils leur restent pour ajouter à l'Enfer de Dante un dixième cercle. Mempo Giardinelli est un virtuose qui a su nous étourdir dans ce court roman violent et sensuel. Antonio et Griselda, aussi diaboliques et passionnés que Roméo et Perdita Durango chez Barry Gifford, vont rester dans les mémoires des lecteurs de noir.
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Fin de roman en Patagonie

Au tournant du millénaire, l'auteur, originaire du Chaco, zone tropicale du nord-est de l'Argentine, décide de s'offrir un rêve : parcourir la Patagonie, immense région légendaire du sud de son pays, où il n'a encore jamais mis les pieds. Avec un ami, ils embarquent dans une petite Ford Fiesta rouge, en route pour un périple de 40 jours et de 4000 km, qui les emmène de Corrientes près de la frontière du Paraguay à Rio Gallegos juste avant le détroit de Magellan et la Terre de Feu, en longeant l'Atlantique, avant de remonter par la mythique Ruta 40, parallèle à la cordillère des Andes.



A l'époque, l'Argentine traverse une grave crise financière, et le tourisme n'a pas encore explosé. de toute façon l'auteur et son compère ne sont pas là pour les cartes postales. Si son ami Fernando prend beaucoup de photos, Mempo, lui, est en quête d'inspiration pour le roman qu'il est en train d'écrire. Les deux quinquas baroudeurs parcourent ainsi des kilomètres de ligne droite au milieu de la pampa aride et monotone, déserte et sublime, soumise au terrible vent patagon, avant de crapahuter au pied des montagnes sur des pistes défoncées qui conviendraient bien mieux à un 4x4 de luxe. le voyage est émaillé de visites mais surtout de rencontres souvent improbables, parfois poignantes, de confrontations avec le dénuement et la solitude parfois extrêmes de ces lieux et de leurs habitants. L'auteur tour à tour s'émerveille de ces paysages magnifiques ("Là-bas [...] il y avait la paix, des moutons, des cieux immenses, du vent, la mer et des glaciers parfaits et superbes") ou s'agace de l'incurie et la corruption des autorités, et de l'inertie de ses compatriotes : "Tandis que je conduis sur la route n°40, je suis sans cesse fasciné par tant de beauté stérile. Dans ce pays tout particulièrement, un paradis même s'il est peuplé d'indigents, autant de richesse inutile devrait ébranler toute forme d'indifférence. Mais elle est impuissante dans cette Argentine qu'on dirait blindée. L'immensité et la vitesse réduite me font rêver à tout ce qui pourrait être réalisé ici. [...] En Patagonie, ce n'est pas seulement l'argent qui fait défaut mais l'imagination, l'audace. [...] Mais aujourd'hui, la plupart des jeunes regardent ailleurs : dans la direction indiquée par la télé et la bière. Ce n'est pas leur faute mais celle de la dictature – elle a produit une génération de parents pleins de ressentiment – et de la dissolution de l'Etat". L'auteur trouve aussi ce qu'il cherchait : des idées pour terminer son roman, qu'il continue à écrire au fil du voyage.



Road-trip de l'auteur, road-trip des personnages de son futur roman, cette mise en abyme est parsemée d'extraits de celui-ci, mais aussi de réflexions, de citations et de références (trop) pointues à la littérature et au cinéma sud-américains, et manque donc un peu de fluidité. Mais avec ce ton drolatique et finalement indulgent et bienveillant, avec son émerveillement sincère, l'auteur m'a collé une de ces nostalgies du voyage et des grands espaces... Patagonie, te reverrais-je un jour ?
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Le dixième cercle

Parfois il suffit qu'un seul boulon lâche pour que toute la mécanique parte en vrille, tel un ouragan balayant tout sur son passage.



Construit sous forme d'un aveu tambour battant, ce récit raconte ce moment clé où l'on commet des actes qui font basculer pour toujours nos petites vies bien rangées. Des actes définitifs commis dans une spirale folle qui impliquent qu'on ne pourra plus jamais reprendre sa vie telle qu'elle était.

Mempo Giardinelli raconte avec noirceur comment chacun de nous possède en soi une porte à ne pas franchir, un côté sombre et obscur, une limite qu'on sait indépassable. Lorsque cette porte saute, on découvre de l'autre côté des capacités insoupçonnables.



Entre deux atrocités l'auteur profite pour égratigner la société corrompue et hypocrite où les vrais truands se trouvent au pouvoir et tuent le peuple à petit feu.

C'est noir, c'est affligeant, un road-trip cruel, sinistre et sans limites.



Par contre, le coup de théâtre final est éblouissant !!







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Le dixième cercle

Dans la chaleur d'enfer du Chaco en Uruguay, Alfredo Romero et Griselda vivent une histoire d'amour passionnée. Ils sont amants et s'entendent tellement bien que quand Alfredo suggére à sa maîtresse de tuer son mari, celle-ci accepte immédiatement. Le pauvre homme ne les gêne pas le moins du monde, il est au courant de leur liaison et l'accepte sans broncher. Alors pourquoi vouloir le supprimer ?

C'est juste la méchanceté qui les pousse à donner un bon coup de pelle sur la tête du mari. Cet acte absurde fait sauter chez eux un verrou et les libère d'une colère retenue par les conventions, la morale et leur bonne éducation. Ils sont immédiatement aspirés par un tourbillon qui les entraîne vers une violence incontrôlée. Ils s'en fichent et agissent avec désinvolture même si, comme dit Alfredo: «Je ne sais pas si vous avez déjà tué quelqu'un. Ce n'est pas facile».

Mais c'est juste le premier pas qui coûte.....

Le dixième cercle fait, bien entendu, référence aux cercles de l'enfer de Dante. L'auteur y exploite le thème de la colère, ce "péché capital", pour se livrer à une critique sociale acide.

Dans ce roman, le récit à la première personne nous fait entrer immédiatement dans le monde d'Alfredo, le narrateur. Le rythme est trépidant, l'histoire qui fait juste cent pages se lit d'une traite. Pour l'apprécier, j'ai du faire comme Alfredo et Griselda: lâcher prise sans me demander sans cesse: quel sens?, où tout cela mène?. Je me suis juste laissée aller à l'humour noir tout à fait réjouissant et parfaitement en accord avec l'histoire récente d'un pays imbibé de sang.

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Le dixième cercle

Alfredo, 50 ans, est un homme respectable, il a réussi, il entretient depuis quatre ans une relation passionnée avec Griselda, la femme de son meilleur ami sans que cela paraisse gêner ce dernier. Et pourtant un jour, il annonce à Griselda qu'il devrait tuer son mari.

Il le fait la nuit suivante à l'aide d'une pelle.

À partir de ce moment s'en suit une spirale de meurtres.

Tout nous est raconté par Alfredo lui-même.

Griselda et lui ne cherchent pas à camoufler leurs actes et prennent la fuite vers le Paraguay.

"Ne me faites pas la morale" dit-il au lecteur, ses actes ne lui paraissent pas plus terribles que ceux que l'Argentine, ses politiciens, ses hommes d'affaires font sans en être inquiétés dont il nous décrit l'hypocrisie. La critique de l'Argentine est féroce.

C'est un récit court (103 pages) mais noir, très noir, sanglant, violent, captivant, haletant : une fois commencé, on ne le lâchera plus.
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Fin de roman en Patagonie

Mempo Giardinelli, enseignant, journaliste et romancier argentin traverse la Patogonie avec un ami, à bord d’une vieille Ford Fiesta.

Il nous décrit le paysage, nous fait part de leurs rencontres, et nous raconte comment ce voyage inspire dans l’écriture d’un roman.



Le témoignage de l’auteur sur la société argentine et son regard sur l’histoire du pays sont intéressant, même s’il est désabusé. La dictature a laissé des traces, sans immuniser le pays contre de les excès d’autoritarisme, comme le confirment les nostalgiques que Giardinelli déplore avoir croisé en si grand nombre.



Les développements de l’auteur sur ses sources d’inspiration et sur le processus d’écriture sont en revanche pénibles à lire, de même que le roman qu’il compose durant son périple. Le récit de multiples rêves n'arrange rien.

Ce mélange entre témoignage et fiction en cours d’écriture est l’une des originalités de cet ouvrage, mais elle m’a profondément déplu, à tel point que j’ai dû passer les extraits relatifs aux aventures de Clelia et de Victorio (heureusement imprimés en italiques).



Bel hommage à la Patagonie, mais j'ai lu de bien meilleurs récits de voyage.
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Lune chaude

Mempo Giardinelli, qui se réclame de l'héritage de Hamlet et Chandler, excelle à peindre des atmosphères perverses tout en renouvelant le genre policier d'un fantatstique qui oblitère ou complique la résolution finale de l'énigme. Témoignant des années de plomb de la dictature, l'extrême noirceur de cette oeuvre met au jour la tartufferie d'une petite bourgeoisie argentine ambitieuse à laquelle il ne manque qu'une légère impulsion pour sombrer dans la barbarie la plus frénétique.
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Lune chaude

Mempo Giardinelli, qui se réclame de l'héritage de Hamlet et Chandler, excelle à peindre des atmosphères perverses tout en renouvelant le genre policier à l'aide d'un fantastique qui oblitère ou complique la résolution finale de l'énigme. Témoignant des années de plomb de la dictature, l'extrême noirceur de cette oeuvre met au jour la tartufferie d'une petite bourgeoisie argentine ambitieuse à laquelle il ne manque qu'une légère impulsion pour sombrer dans la barbarie la plus frénétique.
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Lune chaude

Bestial. C’est là, je crois, l’épithète qui sied le mieux à ce roman.



Après avoir obtenu un prestigieux doctorat en droit à Paris, Ramiro, le héros, retourne dans son pays, l’Argentine, en pleine dictature militaire. Bien décidé à faire carrière, il rejoint sa province natale, le Chaco, région frontalière du Paraguay. Le climat politique est pesant, mais la chaleur des nuits chaqueñas l’est encore plus : ne contrôlant plus ses pulsions à cause de cette « lune chaude » qui a donné son titre au roman, Ramiro viole la fille de 13 ans d’un vieil ami de son père décédé puis la tue.



Bestial, ce roman l’est sans aucun doute car il fait appel à nos pulsions les plus animales. Racontant à la manière d’un road trip mi-thriller, mi-humouristique (si, si !) la fuite de Ramiro vers le Paraguay – pays d’Amérique du Sud où se réfugient traditionnellement les voyous, assassins et autres trafiquants –, Mempo Giardinelli opère un véritable tour de force moral et littéraire. Jamais on ne sent d’empathie pour cette petite fille violée puis tuée, toujours on se sent haletant avec Ramiro dans la course contre la montre qu’il tente de mener pour passer la frontière. Va-t-il sauver sa peau, c’est-à-dire la nôtre ?



Luna caliente est, cela ne gâche rien à au plaisir coupable d’une telle lecture, un roman très bien écrit et très bien traduit. À la fois très réaliste et fantastique (et assez fantasque), il met au jour de nombreux thèmes symboliques de la culture latino-américaine : la lune si l’on pense au symbolisme aztèque de la complémentarité entre les astres lune et soleil, le Paraguay eden idéalisé et pourtant repaire de personnages bien peu fréquentables, le machisme qui interroge Ramiro dans des soliloques absolument exquis, la dictature militaire largement moquée et tournée en ridicule.



À la fois drôle et violent, tout en démesure, ce roman est bestial, diabolique, angoissant. Et pourtant, il est impossible de s’en défaire tant que l’on n’a pas tourné la dernière page. À lire donc, à condition d’avoir le cœur bien accroché !


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Fin de roman en Patagonie

Comme l’indique le titre Mempo Giardinelli est romancier. En 2000, avec son ami Fernando Operé, il part pour un périple en Patagonie à bord de sa petite Ford Fiesta rouge ( surnommée La Petite Rouquine ), emmenant avec lui les personnages d’un précédent roman dont il ne parvient pas à écrire la suite des aventures. Au fil du voyage, il laisse les lieux et les belles ou mauvaises rencontres l’inspirer.



Un road-movie dans le road-movie. Mempo Giardinelli est argentin. La découverte de la Patagonie est pour lui un pèlerinage dans cette terre inconnue de son pays, dans son histoire nationale, dans son âme et sa culture latino-américaines d’auteur qui dut s’exiler au Mexique durant la dictature argentine.



Un voyage buissonnier sans préparation » touristique » de quarante jours qui descend la côte Atlantique en partant de la province de Corrientes au Nord Est de l’Argentine ( frontalière avec le Paraguay ) jusqu’à Rio Gallegos avant le Détroit de Magellan et la Terre de Feu, puis remonte le long de la Cordillère des Andes, quatre mille kilomètres; une aventure humaine et littéraire de paysages, de récits de vie, de souvenirs, de rêves, d’évocation de lectures et d’écriture. C’est l’immensité de ce bout du monde entre abandon et exploitation et l’intimité de l’écriture. Le » Patagonia Blues, la Pampa et le Désert » mêlés au » problème narratif » et » désir plumitif « .



C’est le ton de l’auteur de romans noirs sud-américain, à la fois toujours étonné et toujours désabusé, l’élaboration du roman, les réflexions sur la création, un véritable voyage dans la littérature latino-américaine et la Patagonie entre » mythe et réalité « . Une incroyable fluidité de lecture pour ce récit atypique qui présente des pages de fictions, des notes informatives historiques sur cette terre ou culturelles sur des écrivains, comme des notes, des paragraphes qui se détachent de la narration. Le temps d’un voyage, un voyage dans le temps, l’espace et le temps de l’écriture dans « cette région d’une monde d’une poésie infinie et d’une infinie tristesse [...]. Image de mon pays éprouvé, cette incompréhensible absurdité. «
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Fin de roman en Patagonie

L'auteur embarque un ami universitaire dans un road-trip en Patagonie.



Le lecteur avide de grands espaces trouvera son lot d'immensités désertiques et de grèves battues par les vents.

Une galerie de portraits, compilés au hasard des rencontres, à la fois réalistes et fantasmés étanchera sa soif d'authenticité et, comme dans Tintin, il aura droit à son condor et à ses guanacos.



Sympathique mais un peu court !

Rassurez-vous, Giardinelli n'est pas du bois des besogneux qui prennent la plume pour tartiner la voix off d'un reportage sur Arte.

Pour le meilleur et pour le pire, il est de cette génération d'intellectuels sud-américains qui a connu l'exil politique.



Dès lors le récit de sont voyage déborde obligatoirement du champs de la géographie vers celui de l'histoire et de la politique, récentes et moins récentes, de l'Argentine.

Mails il ne limite pas son discours à la critique des régimes autoritaires et de leur héritage, avec humour et dérision, il pointe les disfonctionnements et l'immobilisme de ceux qui leur ont succédé et l'apathie fataliste de ses compatriotes.



Le package, quoique peu original, pourrait sembler suffire si Giardinelli n'était furieusement pris de littérature comme on peut l'être de boisson.

Car la littérature, principalement sud-américaine, imprègne le texte sous forme de citations, de récits de rencontres, de confidences, d'amitiés partagées.



Les questionnements qu'elle suscite constituent peut-être le principal enjeu du livre et sont illustrés par un récit enchâssé présenté comme un projet laborieux de l'auteur.



Si cet aspect quelque peu nombriliste m'a moins intéressé, j'ai en revanche été comblé par les pistes de lecture suggérées par les nombreux auteurs et textes évoqués par Giardinelli.





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Lune chaude

Lune Chaude. Âme sensible s’abstenir. Ce récit est particulièrement pervers, pas seulement par son sujet mais également par sa trame, sa narration, son contexte, ça poisse, ça palpite, c’est oppressant d’angoisses, de chaleur et d’urgence. C’est un véritable abime.



Mempo Giardinelli met en scène, sur une écriture qui semble distanciée, les troubles et la folie dans lequel son personnage principal est pris lors de son retour, après des études universitaires parisiennes, dans un pays où l’on traque et on enrôle, ce sont des affaires d’ordre politique, d’intérêt national, c’est un processus où le véritable ennemi c’est la subversion, l’objectif est d’exterminer le terrorisme, pour instaurer une société nouvelle… Le lecteur est littéralement cerné, serré de toutes parts, par le rythme, le suspense, englué dans les pensées de Ramiro entre dégoût et rage, dans les rouages abjects de la dictature.



Trois jours et trois nuits de décembre 1977. Argentine. Folies meurtrières.



« Ne vous imaginez surtout pas que nous sommes en France, docteur«



C’est toute la puissance, tout le dérangeant, de ce roman écrit en 1983 – du noir, du vrai – qui libère les monstres et les fantômes, de rendre toute cette dimension de violence humaine dans ce/du contexte des années d’horreur argentines.



C’est infernal, c’est excellent.
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Fin de roman en Patagonie

Quel étrange ouvrage inintéressant !



Je suis dur, mais cette accroche lapidaire est à l’image de ma frustration, suite à la promesse faite par le 4ème de couverture qui vendait de l’aventure et du rêve. La Patagonie (mon plus beau voyage), le road-movie, la vieille voiture (au lieu de la moto, mais, soit, je pouvais accepter cette entorse) et la gestation d’un roman : tous les ingrédients d’un roman que je rêverais d’avoir le talent d’écrire.

En fait de roman, il s’agit plutôt d’un récit à la croisée d’un journal de voyage, d’un reportage et d’un relevé d’opinions sur plein de sujet différents (littérature, socio-politique, économie, écologie et j’en passe).



L’auteur, bien qu’ayant une belle écriture, n’a aucun talent pour faire passer la moindre émotion, ni faire vivre ses personnages, à commencer par son compagnon de voyage dont il parle comme il parle de sa voiture : sans âme ni présence, simple décor à son nombrilisme.

Faute de talent, l’auteur nous assène sans cesse des preuves de son érudition sous forme de citations ou de listes de ce qu’il a lu ou vu, ou des auteurs qu’il côtoie, et il plaque tout ça dans un récit qui ne décolle jamais.

Probablement par manque d’inspiration, les descriptions des villes qu’il traverse se résument généralement à des informations que ne renierait pas Wikipedia (nombre d’habitants, activité économique) et il a un avis sur tout, asséné de façon péremptoire. Exemple à propos du manque d’éoliennes en Patagonie, qui frise l’ultracrépidarianisme (suite à un pari perdu, je devais le placer absolument celui-là !) : « Un imbécile comme il y en tant, un ignorant, un chauvin local, tente une explication impossible devant mes protestations; il parle des difficultés du terrain, du fait qu'il s'agit là d'une technologie encore expérimentale. Je lui rétorque qu'on l'a trompé. » (nous sommes en 2000)



Il semble constamment aigri contre tout et tout le monde (et détail rigolo, semble obsédé par le goudronnage des routes, sans doute faute d’avoir changé les amortisseurs de sa voiture avant d’entreprendre un tel périple) :



« Pour une raison inconnue, il n'y a pratiquement aucune ville ou village au bord de l'eau. Je ne sais à quoi est due cette absurdité mais certains Patagons l'attribuent à l'un des deux arguments habituels ici : le vent. Les Patagons accusent toujours le vent ou encore les moutons pour expliquer leur indolence. »



« Il n'y aura jamais d'investissements en Patagonie si on ne prépare pas d'abord le terrain pour permettre le changement : voilà ce que les responsables locaux se refusent à comprendre. Mais, pour cela, il faut éduquer, goudronner, établir des colons et leur donner des crédits. »



N’hésite pas à donner des leçons à longueur de pages :



« Si j'avais vingt ans, je n'hésiterais pas à venir ici en pionnier. Mais, aujourd'hui, la plupart des jeunes regardent ailleurs dans la direction indiquée par la télé et la bière. »



A se demander s’il a finalement aimé la Patagonie, qu’il décrit souvent comme un lieu désolé, monotone et ennuyeux (surtout le long de la côte).



Pour couronner le tout, il place en italique des extraits du roman qu’il est censé écrire par une mise en abyme bien lourdingue, mais également des morceaux de pensées, de poésies, de rêves, de textes divers qu’il place ici parce qu’il ne sait visiblement pas trop quoi en faire, mais ne veut pas le perdre à la postérité, ou bien veut montrer des faces cachées de son talent. Bon, là, j’extrapole peut-être un peu, mais ce monsieur a quand même une très haute opinion de lui-même :



« Pourquoi et pour qui écrire ce que j'écris ? Serai-je capable de me rendre compte un jour que ce que je fais ne sert à rien et, pire encore, saurai-je admettre que cela n'intéresse personne ? » (puisqu’il le dit)



« Mon expérience, … , est peut-être trop présomptueuse : jamais je n'ai accepté les changements proposés par un éditeur ou un traducteur. Je veille à ce que mon écriture ne perde pas de saveur tout en essayant, en même temps, de la rendre capable de renfermer tous ses lecteurs possibles. »



« Même s'il s'agit d'inconnus, comme le sont la plupart des lecteurs anonymes, j'en tiens toujours compte pour trois raisons : parce que l'acte esthétique a besoin du regard et de la sensibilité de l'autre; parce que l'autre t'accorde toujours une chose précieuse : son temps; et parce que, de surcroît, il peut même aller jusqu'à payer pour ça. Il faut être très reconnaissant envers les lecteurs. C'est pourquoi la superbe de tant d'écrivains prétentieux et bouffis d'orgueil est agaçante. » (je suis entièrement d’accord)



Bref, si la Patagonie vous fait rêver, ne lisez surtout pas ce livre…

(désolé, je suis très dur, mais cette lecture m’a vraiment agacé).
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Fin de roman en Patagonie

Voyager en compagnie de deux quinquagénaires baroudeurs et candides, s’imprégner de déserts, de beauté et de vent. Fulminer contre l’incurie des autorités qui laisse ce paradis hostile et merveilleux aux mains d’incapables, de corrompus, et d’ignares. Côtoyer sur le siège arrière de la « petite rouquine » tout ce que le continent Sud américain compte d’écrivains puissants et légendaires…. Un voyage inoubliable.

La mise en abîmes est trompeuse. Giardinelli mêle roman et récit, digressions, citations, réflexions et exercices littéraires.

Au gré des kilomètres de pistes âpres et monotones, au détour de virages qui révèlent ce que la nature a généré de plus tellurique, imposant et somptueux, le road-movie déroule un flot de pensées, de rencontres, de mots lâchés dans cette immensité pour créer plusieurs voyages en un, universel, celui-là.



Un seul bémol. Trop de référence tue la pertinence. A moins de maîtriser la culture sud-américaine sur le bout des doigts, certains passages laissent perplexes. On est bien d’accord, Giardinelli côtoie les plus grands, mais est-ce si nécessaire de tant l’écrire ?
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Fin de roman en Patagonie

Coup de foudre! Un récit de voyage faussement modeste, sincèrement érudit, curieux, bienveillant et plein d'humour.

Deux amis, l'auteur, et son copain madrilène professeur aux USA, décident de partir dans une voiture tout ce qu'il y a de plus normale faire le tour de la Patagonie. Ils prennent aussi une guitare et une roue de secours, et n'utiliseront jamais ni l'une ni l'autre. En effet, pas de panne durant leurs vacances de cinquantenaires aux cœurs d'ados. Juste des rencontres parfois poignantes, parfois drôles, parfois les deux. Ils décident de ne rien relire sur cette région, car les deux érudits ne veulent pas découvrir la Patagonie sous un autre regard que le leur. Cela n'empêche pas Mempo Giardinelli de faire référence à ses souvenirs d'anciennes lectures sur le sujet, et d'égrener de quelques citations le récit de voyage. Celui-ci est aussi agrémenté d'extraits du roman qu'il est vraiment en train d'écrire à ce moment là et de souvenirs personnels sur l'histoire de sa famille. Le tout forme pourtant un projet cohérent qui ne peut que donner envie de découvrir ou redécouvrir ces paysages époustouflants et ces gens à nuls autres pareils.
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Lune chaude

C'est un roman qui fait froid dans le dos, qui mélange subtilement hyperréalisme et fantastique dans une moiteur malsaine et torride, comme celle qui règne dans le Chaco, cette partie du nord de l'argentine.



Un avocat de 28 ans va vivre une relation avec une gamine de 13 ans qui sera plus que malsaine et qui va tourner au cauchemar..



Il y a un mélange de froide logique avec des situations absurdes, ce qui fait que le lecteur naviguera entre réel et fictif.
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Fin de roman en Patagonie

C'est un livre très amusant et réaliste qui a été couronné par le Prix Grandes Viajeros 2000, accordé à des récits de voyage amusants et bien écrits.

En voilà un, où il y a une vraie histoire, ou plutôt deux histoires imbriquées, un livre dans le livre, une belle mise en abîme, une chouette road story.

C'est Mempo Giardinelli qui est le protagoniste avec un ami espagnol; ils traverseront la Patagonie argentine à bord d'une petite voiture qui tiendra parfaitement la route.

Ceci nous vaudra des descriptions de paysages de la Patagonie absolument fabuleuses et hyperréalistes pour ceux qui connaissent cette partie de la Terre particulièrement peu habitée. J'ai eu la chance de la traverser en partie avec mes parents et je puis assurer que c'est exactement comme cela. Je croyais entendre hululer le vent par moments.

Cette lecture a ravivé mes souvenirs et ce fut à nouveau une vague de bonheur.
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Saint-Office de la Mémoire

Le meilleur livre , à mon humble avis, lu à cet auteur argentin, originaire justement de la province du Chaco, au nordest de l'Argentine où se passe l'action de ce roman fleuve. Ce roman a été distingué par l'excellent prix en langue espagnole qui est le Prix Romulo Gallegos 1993 et aussi, il a été reconnu parmi les 100 meilleurs livres en langue espagnole des 25 dernières années (Revue Semana de Colombie).

C'est un roman fleuve, une saga familiale qui raconte par le menu l'immigration en Argentine au XIXème siècle, d'un couple de pauvres italiens du Frioul.(plus de 6 millions d'immigrants en Argentine au XIX, plus qu'aux USA).

Ils feront racine dans le Chaco et la famille deviendra tentaculaire, clanique autour de l'aïeule, la Nona, une maîtresse femme. Il y a tant de personnages hauts en couleur, inoubliables.

Le billet détaillé sur le livre, est seulement accessible aux bilingues.
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Lune chaude

Si vous cherchez un livre qui torturera votre sens moral, alors félicitations : vous êtes au bon endroit. Luna Caliente, c'est le genre de roman à la frontière des genres qui dérange, qui vous mettra VRAIMENT mal à l'aise.

En un mot, voilà le topo : pédophilie. En deux : un viol. En trois : elle aime ça.

Ça y est, vous commencez à vous sentir mal ?

Attendez. On vient à peine de commencer...



Pour situer le contexte, Ramiro Bernárdez vient tout juste de rentrer au pays après huit ans d'absence et va rendre visite à un vieil ami de son père, Braulio Tennembaum. Il se trouve qu'il a une fille de treize ans (et non pas quatorze comme le dit la quatrième de couverture - l'éditeur n'assumait pas ?) et qu'en la voyant, les désirs sexuels de Ramiro s'emballent. Le voilà plongé dans un cercle vicieux, jusqu'à se retrouver au poste de police plusieurs fois, jusqu'à mentir et même tuer...



c'est improbable qu'un homme de trente-deux ans ne soit pas capable de réfréner ses pulsions envers une gamine de treize ans (aussi belle soit-elle) simplement parce qu'elle l'a fixé toute la soirée et que son pied a effleuré sa cheville. Quand même, il est loin de l'adolescence, le gars. Ça fait longtemps qu'il aurait dû être capable de gérer ses désirs. Et puis une fillette, aussi bimbo et peste soit-elle, ne peut pas aimer se faire violer - à quoi pensait donc l'auteur ?



Pour toutes ces raisons (et pour d'autres que je ne vous dévoilerai pas), je pense qu'il y a une bonne part de surnaturel dans cette oeuvre. Ce qui me fait dire cela, plus spécialement, c'est la toute dernière phrase de l'épilogue. Si vous faites comme moi et qu'il vous arrive de lire la dernière page pendant votre lecture, surtout ne le faites pas avec Luna Caliente. Jamais. Je me suis spoilé une sacrée chute.







Malgré le fait que je n'ai pas du tout aimé l'histoire, je dois admettre que Mempo Giardinelli écrit très bien. Son langage est clair, simple et direct. C'est admirable. Les personnages sont réalistes et je n'ai pas pu m'empêcher de souhaiter que Ramiro ne subisse pas les conséquences de ses actes - qui sont malgré tout affreux et qui auraient mérité une punition.

J'ai été fascinée par Araceli, jeune beauté un peu chaudasse sur les bords (mais quels secrets cache-t-elle ?).

Bref, la mayonnaise a pris pour les personnages et l'écriture. Et si vous aimez les histoires glauques, malsaines et érotiques, lisez ce livre.
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Lune chaude

Une pâle copie de Lolita, le célèbre livre de Nabokov, sans la nouveauté du thème. Et sans dénoncer quelque chose. Se veut un roman policier. Pas convaincue.
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