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Critiques de Michael J. Sandel (18)
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La tyrannie du mérite

Ce livre est réjouissant à tous points de vue.

Soyons brefs et efficaces : il est États-unien mais peut très bien être transposé dans notre petite société française (et d’autres dont je connais moins le système éducatif). Il suffit de remplacer l’Ivy League (Harvard, Yale, Columbia, etc ....) par X, Mines, Centrale, Sans Pot, etc, etc ...

La base communément admise (apprise plutôt car pas réellement pensée) est que la seule chose qui compte est « l’égalité des chances » sur la ligne de départ de la vie.

Hormis le fait qu’elle n’est jamais réalisée, quand bien même nous eûmes il y a quelques dizaines d’année un système éducatif relativement performant produisant des « ascenseurs sociaux » permettant de pourvoir aux postes qualifiés qui l’exigeaient, elle n’est jamais interrogée sur son fondement philosophique et moral.

En quoi une course à l’apprentissage de leçons de grammaire bien apprises, de résolution d’équation différentielle ou de maîtrise d’une ou plusieurs langues étrangères marquerait une supériorité intrinsèque de celui qui a la chance au départ d’y être mieux prédisposé ?

L’auteur remet en question le mantra du fameux « si on veut on peut » qui entraîne par effet d’équivalence logique : si tu n’y es pas arrivé, c’est que tu ne mérites rien. Que les miettes d’un salaire universel que l’on se prépare à te servir avec la bénédiction des médias que possèdent les « mieux armés » pour que tu n’imagines pas un autre genre de système...

Pour discuter assez souvent avec des professeurs, je crois que ce livre leur est indispensable car ils sont bercés par l’illusion (louable souvent) qu’ils participent par leur engagement à cette égalité de façade, cette « méritocratie » qui justifie aujourd’hui que deux mondes se côtoient sans se rencontrer. Celui qui va bientôt pouvoir se payer un voyage dans l’espace, qui passe son confinement dans une île paradisiaque, et celui à qui on enseigne à l’école de ne pas prendre la voiture pour se déplacer, c’est polluant et on peut apprendre à distance via une plateforme payante dont les actionnaires sont les premiers cités. Mais qui le méritent vu les belles années d’étude qu’ils ont fait avant d’en arriver là.

C’est ce « là » qu’interroge M. Sandel. Il montre que les enseignants, même animés de la meilleure foi du monde, ne font partie que d’une vaste machine à trier et qu’ils devraient plutôt contribuer à une réflexion sur les parts respectives du mérite et du bien commun dans une société plus juste.

Dans sa conclusion, l’auteur cite l’exemple qui m’a rappelé le récent film de Regina King : « One night in Miami »

Henry Aaron avait treize ans lorsque Jackie Robinson, un joueur noir comme lui, lui laisse espérer un avenir dans les meilleures équipes de baseball. Sans balles, sans batte, il s’entraîne avec ce qu’il a, frappant avec un bâton les capsules de bouteille que son frère lui lançait. Plus tard, il battit le record de « home run » du blanc George Herman Ruth Jr.

Il est difficile de ne pas y voir une victoire du talent sur les préjugés, le racisme et l’inégalité des chances et d’en tirer la conclusion qu’une société juste est une société méritocratique, où tous les individus ont des chances égales de se hisser aussi haut que leurs talents et leur travail le permettent.

Franchir ce pas serait pour M. Sandel une erreur.

« La morale de l’histoire de Henry Aaron n’est pas que nous devrions aimer la méritocratie, mais que nous devrions mépriser un système d’injustice raciale auquel on ne peut échapper qu’en battant le record des circuits. L’égalité des opportunités est le nécessaire correctif moral à l’injustice. Mais ce n’est qu’un principe rectificatif, et non pas un idéal adéquat pour une société bonne. »

Amis enseignants, bonne lecture et faites circuler...

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Justice

Deux livres en un. D'abord un excellent ouvrage didactique sur la philosophie de la Justice, d'Aristote à Rawls. Sandel est un pédagogue hors pair, qui sait prendre son lecteur par le revers du col pour le mener dans les démonstrations des différentes écoles en présence. Utilitarisme, libertarisme, kantisme... : les concepts sont brillamment expliqués, partant d'exemples de la vie courante, mais sans facilité ni démagogie. Et puis, en sus, en deuxième livre, il y a la démonstration de l'auteur lui-même: la nécessité de faire société, de créer des solidarité, de retrouver le sens de la chose publique et partagée. Etonnant! Je ne pensais pas que la pensée républicaine (au sens français du terme!) pouvait ainsi être enrichie par un apport venu d'Outre Atlantique.
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Justice

L'auteur, dans une démarche pédagogique, se penche sur les dilemmes moraux auxquels nous sommes confrontés dans la vie quotidienne. Il évoque les principaux courants de la morale et les sujets comme les valeurs, la justice, la liberté, le sens du bien commun.



D'après l'auteur il y a notamment trois courants de pensée :

** un de ces courants est centré sur le bien-être ou le bonheur du plus grand nombre – c'est l'utilitarisme

** le respect des droits individuels et de la liberté – « c'est le credo d'une école à ramifications multiples » (p36), dont le libertarisme

** le troisième courant voit la justice liée à la vertu et à la vie bonne.



Le sujet est fort intéressant, en revanche le discours a des faiblesses. Voilà, je commence avec le point fort de Sandel : il s'agit des situations concrètes comme point de départ de son argumentation. Exemples : la torture et le sacrifice dans certaines situations extrêmes, la discrimination positive, la vente d'organes, la redistribution des richesses via l'impôt, le renflouement des banques (sauvetage de 2008), le suicide assisté.



Points faibles : l'ensemble est trop verbeux à mon sens, des digressions et des argumentations trop longues. Par exemple, quinze pages sur un débat judiciaire autour de la gestation pour autrui (mère porteuse), la barbe !

Autre faiblesse : la traduction. Parfois le propos est distendu et flou.



Troisième point de ma critique : j'ai déjà mentionné les situations concrètes comme point fort. En revanche, lorsqu'il s'agit d'une problématique abstraite, le discours reste dans le vague, ou alors manque d'efficacité. Exemple : le chapitre consacré à la pensée morale de Kant.

J'aurais souhaité plus de rigueur et une économie de moyens adapté au sujet. Mon hypothèse : c'est l'éditeur américain qui a poussé à l'inflation de nombre de pages au détriment du style. Hé oui, le style …



Extraits : (ces extraits sont neutres, ils ne sont pas liés à mes reproches ci-dessus)

Les théories antiques de la justice commencent par s'interroger sur la vertu, tandis que les théories modernes commencent à s'interroger sur la liberté. Nous nous attacherons à explorer les forces et les faiblesses de chacune de ces approches. p19

Les Américains condamnent plus sévèrement l'échec que la cupidité. p29

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Justice

Remarquable ! Cet essai sur la justice est tout simplement extraordinaire !



Qu'est-ce qui est juste ? Selon les convictions philosophiques, religieuses ou politiques que vous avez, la réponse va différer. D'où les difficultés de trouver un compromis dans une loi juste. Car ce qui est juste pour les uns ne l'est pas pour les autres. Faut-il une justice égalitaire, une justice qui prône des valeurs morales, une justice qui respecte avant tout la liberté de chacun.



L'auteur, professeur à Standford, examine les différentes hypothèses à la lumière des grandes ou petites questions d'aujourd'hui, de manière très respectueuses des opinions de chacun.



Ce n'est pas un roman, mais cela se lit aisément car les exemples retenus sont très parlants et intéressants.



N'hésitez donc pas et plongez dans cette lecture fort instructive.
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Justice

Bien évidemment, le féru de philosophie creusée, argumentée et développée n'y trouvera pas son compte. L'auteur est américain et cela se sent immédiatement, mais plus pour le meilleur que pour le pire, dirais je. La force de Sandel, et son succès inimaginable, tient dans son talent d' installer Kant, Rawls ou Aristote à coté de nous, loin de tout jargon mais sans trahison. C'est un art appréciable. Certains, parmi les puristes, ne le supporteront pas, la philo est souvent chassée gardée, d'un élitisme réservé aux érudits. C'est tout l'inverse ici et franchement, j'ai apprécié cette honnêteté. Le monde des idées appartient à tous et avoir le courage de confronter les siennes appelle plutôt au respect, quitte à pour cela admettre un discours accessible.



Sur le fond, le sujet intéresse tout un chacun(e). Qu'est ce qui est juste ? Comment arrive-t-on à considérer tel acte, telle décision comme juste ? L'auteur embarque dans une longue critique, plus des trois quarts du livre, des paradigmes classiques à l'oeuvre.



L'utilitarisme d'abord, défendu par Bentham et Stuart Mill, pour qui la justice procède d'un calcul visant à "maximiser le bien être collectif". Pour l'utilitariste, c'est le bonus de l'addition qui compte, quel qu'en soit le prix individuel. Une version très sacrificielle de la justice dont le prototype est le militaire, jeune et plein d'avenir, envoyé à la mort pour la nation. Autant dire que Sandel n'éprouve que peu de difficulté à moucheter cette théorie.



Le libertarisme ensuite, la liberté à tout prix, qu'elle soit issue de Kant qui avance sa célèbre conception de la liberté comme une loi que l'on se donne et qu'on respecte, donc dont on consent, ou de Rawls qui "voile d'ignorance" un groupe d'humains pour interroger l'individu sur ce qu'il considérerait comme juste en ne connaissant pas sa place à l'avance dans la société qu'il projette, position qui fait tout aussi appel à son consentement. Et là non plus, il n'est pas compliqué pour Sandel de mettre à mal nombre d'injustices émergeant de ce modèle.



Reste sa position, et là c'est plus problématique. D'abord, parce qu'elle ne concerne que la fin de l'ouvrage et s'en trouve donc peu développée. Ensuite par ce que cet aficionados d'Aristote polit longuement l'idée du maitre mais peine à la mettre en pratique. Cette idée vise à avancer une justice basé sur la "vie bonne". La justice aujourd'hui comment l'erreur d'être neutre, en quelque sorte. Tout à l'opposé, Sandel prône une justice qui défendrait une conception assumée de ce qu'est une "vie bonne". Mais précisément, qu'est ce qu'une "vie bonne" ? Chaque religion, chaque philosophie à son idée, évidemment incompatible avec celle du voisin. On se rend compte du danger de cette option. A cela, l'auteur ne sait finalement que répondre et c'est sans doute la faiblesse de l'ouvrage. Il est certes tentant de cheminer vers une justice meilleure mais sommes nous disposer à payer le prix de la liberté de choix de nos valeurs ? That is the question !



Chaque chapitre met en lien les théories présentées avec des exemples très concrets de la vie, politique notamment. C'est extrêmement plaisant, souvent surprenant et très clarifiant. On en redemanderait à chaque page. Un ouvrage de philo pour tous donc, un livre qui ouvre les esprits, tous les esprits. Grandement apprécié...
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Justice

Ouvrage de vulgarisation philosophique, on y apprend les différentes théories de la justice argumentées et contredites. Adepte de philosophie, cet oeuvre permet à tout à chacun de comprendre les différentes implications de la morale humaine, oscillant entre le juste et le bien. Les exemples sont présents pour illustrer ces différentes théories. On ferme ce livre avec davantage de savoir mais aussi d’humanité, tant il nous rapproche de ce qui fait l’essence de l’être humain : la Justice.

Je recommande ce livre.
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Justice

Drôles et imagés, les dilemmes du philosophe américain ont conquis la planète. Ils ouvrent la voie à une réflexion utile sur la notion de vertu.
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Ce que l'argent ne saurait acheter : Les li..

Michael J. Sandel fixe des limites morales à l’argent roi.
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Ce que l'argent ne saurait acheter : Les li..

Que dire… La préface donne le ton en annonçant que l’ouvrage n’a été traduit en français qu’après avoir déjà connu un succès internationale, de peur que le public français n’y soit pas réceptif.



C’est la 2ème fois que je lit une préface de ce type, et la deuxième fois que je suis convaincue.



En effet il y a dans ce livre à la fois des aberrations existantes qui semble d’autant plus outrante de ce côté de l’océan, mais ce qui est décrit comme pouvant être souillé par les marchés revêt d’une évidence absolue de mon point de vue.



L’auteur, économiste, philosophe, décrit ses collègues économiste tel que j’ai aujourd’hui un profond mépris pour tout ce corps de profession (tout du moins aux usa), groupe d’individus qui pensent pouvoir régir l’ensemble des lois sociales par des lois de marchés.



Votre domaine, celui des marchés et du capitalisme se porte assez mal comme ça, vous devriez commencer par vous occuper de ça avant de vouloir vous insinuer dans des domaines comme l’éducation, le loisir ou les transports.



Globalement le livre est bien écrit, accessible à tous, et regorge d’exemple tout de même très parlant, je ne pense juste pas être le public cible
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Justice

Décevant, la leçon de vie attendue n'est pas vraiment au rendez-vous selon moi.
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Justice

Si vous comprenez l’anglais, je vous recommande les enregistrements vidéos des cours de Sandel
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Ce que l'argent ne saurait acheter : Les li..

C'est intéressant de voir comment l'argent peut souiller les rapports humains dans la relation marchande. Michaël Sandel illustre avec des exemples à s'arracher les cheveux pour le plus puritain des économistes. Pourquoi un village suisse n'accepterait pas d'héberger un site d'enfouissement de déchets nucléaires contre une compensation financière, alors qu'il le ferait gratuitement?

Même si les positions mériteraient d'être exposées un peu plus clairement, c'est une approche plus qu'intéressante. Je chicane quand-même si la notion de valeur, qui est décidément parfois bien différente de ce que je pense. Ou alors, elles ne sont pas assez clairement exposées. On parle de valeurs sans les énumérés, c'est un défaut que je reproche à pas mal d'essayistes. Comme si tout coulait de source à ce niveau...
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Ce que l'argent ne saurait acheter : Les li..

Ces chroniques pourraient sembler anecdotiques et répétitives si elles ne rassemblaient pas des histoires que Sandel juge symptomatiques de notre époque.
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Justice

Ce livre n’est pas un livre de philosophie avancée, ce n’est pas son objectif (il est donc normal qu’il ne le remplisse pas). La qualité du livre ne réside pas dans la complexité des idées présentées, mais dans le fait de rendre aussi accessibles les idées qui façonnent la philosophie morale. Michael Sandel se veut plus professeur que philosophe dans ce livre. J’ai lu dans quelque critique qu’en termes de niveau, il aurait pu être écrit par un undergraduate motivé. Et c’est vrai. Mais ce n’est pas le point. Là où Justice fait fort, c’est dans la pédagogie de l’auteur, dans la clarté des propos, dans le caractère extrêmement agréable à lire du livre. Sandel a réussi à rendre simples à comprendre et agréable à lire des thématiques a priori peu accessibles, et qui pourtant sont d’une importance capitale pour n’importe quel citoyen. Cet essai est d’utilité publique : il offre un très bon entraînement à la réflexion rigoureuse, ô combien nécessaire ; savoir, après s’être interrogé sur pourquoi notre intuition diffère entre deux situations pourtant a priori comparables, isoler précisément l’élément qui nous fait basculer, c’est indispensable pour que nous puissions tous ensemble avoir des discussions justes, pertinentes et rigoureuses. Je prie pour que ce livre soit diffusé au maximum.
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Contre la perfection

Un travail de vulgarisation plutôt intéressant sur la question de l'augmentation génétique des sportifs et des enfants à naître ; des anecdotes et des expériences de pensée qui rendent la lecture plaisante. C'est un peu court, en particulier sur la question sportive, identifiée à une célébration des vertus et talents naturels qui serait incompatible avec toute forme d'augmentation génétique.
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La tyrannie du mérite

Le mérite est un concept douteux : nos talents sont le plus souvent immérités et très largement dépendants des contextes sociaux et familiaux. Mais c’est aussi un concept dangereux : les perdants du système ont une mauvaise image d’eux-mêmes.
Lien : https://laviedesidees.fr/Mic..
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La tyrannie du mérite

MON MEILLEUR ESSAI CETTE ANNEE ! mais l'année n'est pas terminée :)

Michael J. Sandel rappelle qu'il est plus que jamais nécessaire de revoir notre position vis-à-vis du succès et de l'échec, en prenant davantage en compte la part de chance qui intervient dans toutes les affaires humaines et en prônant une éthique de l'humilité plus favorable au bien commun.Après l'immense succès de Justice, Michael J. Sandel, professeur renommé de philosophie politique à l'Université de Harvard, examine avec force les maux et les nouveaux défis auxquels se trouvent confrontées nos sociétés actuelles.

GENIAL !

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Contre la perfection

La médecine doit-elle répondre à nos désirs de jeunesse éternelle ou de perfectionnement physique ? Pour M. Sandel, l’amélioration génétique est une atteinte à notre dignité. Il faut, dit-il, apprécier la vie comme un don. Mais dans ce qui nous est donné, tout est-il bon ?
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