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3.59/5 (sur 39 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Orange , le 10/01/1953
Biographie :

Michel Agier est un ethnologue et un anthropologue français.

Chercheur invité visitant l'Université de Bahia en 1991, 1992 et 1994, il vit de 1986 à 1994 au Brésil. Puis à Cali, en Colombie, de 1997 à 1999. Il rejoint Marseille puis Paris en 2001.

Il a été directeur du Centre d'Études africaines de 2004 à 2010.

Il est directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement et directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).

Ses recherches portent sur les relations entre la mondialisation humaine, les conditions et lieux de l'exil, et la formation de nouveaux contextes urbains.

Depuis 2013 il dirige le projet "Paysage Global de Camps" au sein du programme MobGlob (Mobilité globale et gouvernance des migrations) de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR France).

Réagissant à la crise migratoire en 2015, Michel Agier milite pour l'ouverture des frontières aux migrants.

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Source : Wikipédia
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Samedi 1er octobre 2022 "La mer est un désert" avec Michel AGIER, anthropologue (Ehess et IRD), Éric FOTTORINO, écrivain et journaliste, Camille SCHMOLL, auteur, animé par Étienne AUGRIS, professeur d'Histoire-Géographie et auteur pour l'Eléphant


Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Les visiteurs d'un jour vont repartir, en voiture ou en camping-car, vers leur grand ensemble et leur banlieue, certains d'entre eux rêvant d'un pavillon qui les préserverait à la fois de l'anonymat et des voisinages envahissants (les fuites d'eau du dessus, le téléviseur du voisin, les portes qui claquent).
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Le renvoi des populations du Sud « chez elles », propre aux actuelles politiques sécuritaires européennes, utilise le même argument identitaire du retour « chez soi ». Pourtant, très souvent, les êtres en exil, au moment même où les organisations internationales, ou bien les États, prévoient celui-ci, ont déjà fait l’expérience d’un nouvel emplacement dans les zones urbaines ou sur les sites humanitaires où ils se sont retrouvés d’abord confinés malgré eux, et dont ils ont dû s’accommoder durant plusieurs années. Cette constatation est plus importante encore dans le cas de la « seconde génération » de réfugiés, c’est-à-dire ceux qui sont nés dans les camps ou qui y sont arrivés enfants.
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La question des sans-État n’est pas nouvelle [...] mais aujourd’hui elle refait surface d’une autre manière : en tant que variante de la conception biopolitique de la gestion de la vie, elle se transforme en un problème d’encombrement urbain, c’est-à-dire d’ordre public. En ne parlant que de circulations et de flux, de gestion des entrants ou de contrôle des encombrants, on ne dépolitise pas uniquement la question des sans-État, on la déshumanise. Ceci étant conséquence de cela, car la technique des cartes, des grands nombres et des flux contribue à désubjectiver les catégories de population gérées par le dispositif selon un principe biopolitique.
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Faire exister "l'étranger" dans nos esprits et dans les politiques xénophobes est le seul résultat, et la seule vérification empirique d'une "identité nationale" improbable. Cette politique de l'identité prend la forme caricaturale de l'inventaire de traits ethno-nationaux comme aux temps les plus reculés de l'ethnologie folkloriste. Et le contrôle de la conformité à ce "kit identitaire" national, enfermé et appauvri sur le plan culturel, est l'instrument de la politique de rejet de "l'étranger".
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Signe et condition de cette fiction et de cette toute-puissance de l’humanitaire, l’étrange présence-absence de ses ayants droit. Symboliquement omniprésent mais intellectuellement absent, ce monde à part – le monde, inévitablement ambigu, des « victimes » – est bien parfois exhibé sous des formes outrées : celle du journal de 20 heures montrant fugitivement des images de désespoir ou celle de l’affiche de telle organisation humanitaire avec gros plan sur les yeux suppliants et le corps squelettique d’un enfant noir nu. Mais il n’a aucune place dans les conceptions du monde social que notre propre monde produit. Que dire de ces ayants droit, sinon les plaindre ou les condamner ? Une forme de relégation intellectuelle accompagne la mise à l’écart des populations « victimes » et tout autant indésirables, lesquelles n’apparaissent en général que sous la forme révélée de « l’impensable », de « l’intolérable », de « l’indicible ». Autant de figures extrêmes de la pensée, parfois « scandaleuses », parfois effrayantes, qui provoquent la sidération et confirment ainsi, par une mise en scène émotionnelle, le caractère exceptionnel de leur incursion inattendue dans les images du monde.
[...]
L’émotion (peur, compassion, haine) occupe alors la place de la réflexion, se diffuse sur la page blanche. Et le geste lié à l’émotion (celui du bienfaiteur qui donne ou du volontaire qui décide de partir) est directement relié à l’image de la souffrance qui est une image « révélée » de forme absolue : sans avant et sans après, sans contexte. Émotion, bienfaisance, souffrance, révélation absolue : ces élans de soi vers le monde composent les ressorts les plus puissants de l’élan humanitaire. Le geste moral qui se pense comme une réponse immédiate à la révélation de l’extrême souffrance peut même être assumé par son auteur comme spontané, révolté, non réflexif ! Il se laisse alors le droit d’être tout autant dominateur que donateur. Les figures du héros, du sauveur ont un redoutable revers de médaille dans celles du tout-puissant qui veut « contrôler la situation » et du maître à penser qui dicte les « bonnes » réponses aux ayants droit. Leur geste moral se veut réparateur, mais il construit une victime qui garde l’apparence de la victime absolue, sans nom et sans voix : celle-ci doit savoir se conformer à son image victimaire, recevoir l’argent sans le « détourner », sans le « gaspiller », sans utiliser les aides à d’autres fins que celles conçues par le monde des donateurs (personnes, associations ou pays donateurs), bref sans désordre. La victime doit savoir recevoir en restant à sa place. La même exigence morale se reporte sur les organisations chargées de transférer le don charitable au loin, vers une souffrance généralement maintenue, par le monde riche et do(mi)nateur, dans la modalité du spectacle et de la virtualité qui sont des expressions de la mise à distance.
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Le constat est évident : partout, les catégories légales de « réfugiés » cèdent progressivement la place aux « déboutés » de toutes sortes. Or ce sont ou ce pourraient être les mêmes personnes. Elles deviennent des sans-État, sans le moindre recours et... illégales. Sur le curseur de la biopolitique, elles s’éloignent du « faire vivre » et s’approchent du « laisser mourir ».
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« Les années 1980 et 1990 ont été les années de la découverte sidérée des très grands "déplacements de populations" et des camps africains : foules massives, tout à la fois ethnicisées et dépersonnalisées, marchant le long des routes, recevant au passage des frontières l'attribution collective du statut de réfugié, s'entassant dans d'immenses camps de fortune – lieux de protection en urgence contre la guerre, mais aussi lieux de propagation des épidémies et de nouvelles violences. Dans cette temporalité-là, les solidarités politiques ont cédé la place aux inquiétudes diffuses suscitées par les images de masses en mouvement, africaines et orientales, d'individus en errance, effrayés, d'anonymes "victimes" tout autant perçues comme des surnuméraires indésirables. Les urgences de la gestion biopolitique des masses déplacées ont pris le dessus sur les questionnements existentiels, moraux ou politiques posés par la perte de lieu et la place de l'exilé. » (p. 37-38)
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« L'exil naît lorsque manque une place dans un monde commun – ou que l'on a cru commun d'abord, et cette croyance a rendu le départ pensable. Il est un exil intérieur lorsque ce chemin prend l'apparence d'un dehors dans ce monde même. Il faut une fiction d'extraterritorialité pour que, dans la somme de ces espaces où la vie biologique continue (la vie nue), les histoires individuelles, elles (la vie sociale, la biographie de chacun), soient stoppées. […] Ni ici ni là, les "enfermés dehors" – ceux dont a parlé Michel Foucault, pressés dans les boat people (des camps de réfugiés errant en pleine mer) – sont des mis à l'écart dedans. La "chose" extraterritoriale n'a pas de définition intrinsèque, seule une décision juridique ou rhétorique la fait exister par la parole ou le décret […]
[… par ex. en France] la nouvelle proposition de loi présentée devant le Parlement en septembre 2010 et relative "à l'immigration, à l'intégration et à la nationalité" (la cinquième en sept ans) prévoit de créer automatiquement la "zone d'attente" en tout lieu, quel qu'il soit (une plage, un sentier de montagne...), où l'étranger indésirable pose le pied sur le sol français afin de le considérer juridiquement en dehors du territoire national. Selon ce principe d'exception, où qu'il aille, le corps de l'étranger s'entoure d'un "lieu" qui se déplace avec lui, hors de tous les lieux. […]
Mettre à l'écart (dehors) et tenir sous contrôle (dedans) : ces deux poussées en sens contraire produisent des vides, des interstices, des situations liminaires, des exceptions et suspensions du temps, comme un ligne de frontière (border line) qui s'élargirait indéfiniment. Ce temps suspendu en régime extraterritorial informe le voyageur qu'il n'y a pas d'arrivée pour lui. » (p. 22-23).
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Dans le mouvement migratoire que nous vivons depuis 2015, c’est dans les villes et au niveau des villes que se pose la question de l’accueil ou du non-accueil. Mais qui est « la ville » ? Est-ce la mairie ? Les habitants ?
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L’image du réfugié s’est profondément modifiée depuis les années 1930 et 1950. Il y a cinquante ou soixante-quinze ans, les dimensions intellectuelles ou politiques de l’exil étaient valorisées et enclenchaient des solidarités fortes et partisanes envers les vagues de réfugiés espagnols, juifs, hongrois, russes, etc., qui trouvaient refuge, certes dans des camps, mais aussi dans des familles ou auprès d’amis politiques ou intellectuels en Europe ou aux États-unis. À l’autre bout de cette trajectoire du réfugié se trouvent les années 1980 et surtout 1990, après la chute du mur de Berlin : ce sont les années des « déplacements de populations », des foules massives et dépersonnalisées marchant le long des routes, balluchon sur la tête et enfant dans le dos, ou entassées dans d’immenses camps de fortune, principalement en Afrique ou en Asie. Ainsi se multiplient les passages de frontières par des hordes anonymes de fuyards déroutés : cette nouvelle situation a justifié l’attribution collective et dans l’urgence – par la procédure dite de 'prima facie' – du statut de réfugié. Dans ce cadre, les solidarités politiques ont progressivement laissé place aux inquiétudes suscitées par ces masses en mouvement, en errance, perçues certes comme des masses de « victimes », mais tout aussi souvent comme des populations surnuméraires et indésirables.
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