AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Michel Bataille (51)


Le ciment des sociétés humaines, c'est la routine et la bêtise. Si, par malheur, chacun se mettait à penser, au lieu de ressasser indéfiniment les mêmes conneries, comme c'est heureusement le cas, tout s'emballerait. Le moteur de la machine sociale chaufferait au rouge, puis à blanc et exploserait, dispersant la baraque dans l'éther.
Commenter  J’apprécie          242
On vit, dans une lueur violente, au milieu de l'espace nu, un enfant aux cheveux blonds trop longs, flottant sur les épaules, qui tenait au poing une flamme. À vrai dire, il ne la tenait plus; il n'avait déjà plus de main. Au bout de l'avant-bras, la boule de feu en occupait la place. Illuminé de la tête aux pieds, entouré de foudre, il dressait son bras droit terminé par un soleil rouge. Un projecteur, blanc, cruel, chirurgical, le saisit dans son pinceau. En une fraction de seconde, avec une infinie lenteur, les spectateurs atterrés, indifférents, virent ce boulet incandescent jeter tous ses feux puis, rougeoyant, s'éteindre. Là où il avait brûlé, du poignet coupé, un jet de sang s'élevait. Plus de main.
Commenter  J’apprécie          232
Tout se défait. Les maréchaux eux-mêmes perdent leur sang-froid. Murat, beau-frère de l'Empereur, éclate en imprécations contre lui, oubliant qu'il lui doit tout. Tout le monde est à bout.
Plus de trois cent mille hommes sont morts de faim, de froid, sous la mitraille…

… La Grande Armée a cessé d'être.
Commenter  J’apprécie          110
La Bastille dort, blanche sous la lune, haut donjon imprenable dont les murs presque aveugles dominent tous les immeubles d'alentour. On dit qu'ils délimitent une cour sans une seule fenêtre, puits de maçonnerie où l'on devient fou.
Commenter  J’apprécie          00
Tout le monde se dirige vers le lieu consacré à la cérémonie. C'est le grand bassin des Tuileries sur lequel on a posé un plancher. Une très grande pyramide y est édifiée. Elle est en bois mais tendue de serge noire.

Sur chacune de ses faces ont été inscrits les noms des massacres que l'opinion publique impute au parti du roi. Dans la nuit, on allume des torches dont les lueurs dansent sur les visages. Mais les flancs sombres et mats de la pyramide ne renvoient pas les reflets. Ils se dressent, noirs et tristes, précis, sur le ciel bleu sombre parcouru de nuages gris fer. La foule silencieuse est groupée sous les arbres. Vers les Champs-Elysées, au-delà de la place de la Révolution, dans la direction de l'ouest et du soleil couchant, le bleu du ciel est encore baigné de lueurs marines et, de là, comme les vents dominants de Paris sont les vents d'ouest, la flotte vaporeuse des nuages se dirige, avec une majestueuse lenteur, vers la pyramide noire.
Commenter  J’apprécie          32
Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre à la Hongrie. La Hongrie est loin, on ne sait pas exactement où, et personne n'y prend garde. Le roi fait à l'Assemblée un discours médiocre et ensommeillé, comme d'habitude. Pourtant la guerre ne cessera plus jusqu'en 1815, à Waterloo.
Commenter  J’apprécie          20
Derrière le général en chef de l'armée d'Egypte, les savants de l'Institut en groupe, bavardent, Monge regarde Bonaparte de profil - sourcils froncés, chapeau enfoncé sur le front -
Commenter  J’apprécie          00
La France, à l'ouest de l'Europe, est un pays qui sommeille sur ses œuvres.
Commenter  J’apprécie          70
- Je commence à assimiler votre style, dit le directeur. Mais il me semble difficile d'aller beaucoup plus loin…
- On peut toujours aller plus loin.
- On ne peut être péremptoire jusqu'à l'absurde.
- Si.
- Mais…
- Monsieur le directeur, vous connaissez le proverbe : « Chien qui aboie ne mord pas ». Nous sommes en ce pays parmi les plus grands braillards du monde. Quand on braille, on ne mord pas. On a la bouche grande ouverte, on avale tout.
- Il y a tout de même une différence entre les chiens et les hommes…
- Oui, les chiens sont fidèles.

(page 115)
Commenter  J’apprécie          10
- Albert, demande le président, les jeunes, tu y crois ?
- Tu connais la réponse : ancien enfant moi même …
- Je ne les sens pas. D'ailleurs, je ne crois pas aux catégories. J'ai toujours traité les enfants comme des adultes et les adultes comme des enfants…
- Et les chiens comme des hommes et les hommes comme des chiens.
- Tu m'as compris. Je m'en suis toujours bien trouvé. Mais ils sont dangereux.
- Pourquoi ?
- Parce qu'ils sont souvent très intelligents. Le ciment des sociétés humaines, c'est la routine et la bêtise. Si, par malheur, chacun se mettait à penser, au lieu de ressasser indéfiniment les mêmes conneries, comme c'est heureusement la cas, tout s'emballerait. Le moteur de la machine sociale chaufferait au rouge, puis à blanc et exploserait, dispersant la baraque dans l'éther.
- Rassure-toi; elle explosera de toute façon.
- Oui, mais nous ne sommes pas pressés. Que dit la presse ?

(page 16)
Commenter  J’apprécie          00
La louve s'accroupit près de lui et le regarde faire. Parfois elle se lève et prend dans sa gueule quelques poignées de paille pour en modifier la place et la disposition. D'autres fois elle s'étend, comme pour procéder à l'essai de leurs aménagements, et prend la main de l'enfant entre ses mâchoires, lui témoignant sa camaraderie et sa fraternité.

(page 212)
Commenter  J’apprécie          60
Rien ne le surprend. Il en est à ce point de vieillesse où l'on a enfin compris que le monde est radicalement fou, jusqu'à l'os, que personne n'a sa raison et que rien n'a de sens, de manière que, si la vie quotidienne est démente même quand elle est normale, elle ne saurait l'être davantage quand on la croit extraordinaire.

(page 165)
Commenter  J’apprécie          00
Et, au fond, il ne s'agit en rien d'assujettir les gens ni de les émerveiller. Il suffit de les distraire. Ils s'ennuient tous, et celui qui rompt l'ennui sera le mieux aimé.

Page 61.
Commenter  J’apprécie          40
Ce survivant des guerres géologiques ancestrales [le basalte noir] a la dureté de l'acier ; il est cent fois plus résistant que le calcaire des plaines. Quand l'homme de l'Ouest aura disparu, quand Paris sera réduit en poussière, après l'un des aimables conflits mondiaux dont nous avons le secret, les murs de quelque masure auvergnate demeureront debout, défiant les temps futurs.

Page 53.
Commenter  J’apprécie          00
Le sordide secret des affaires est infiniment simple : personne n'a d'avis très arrêté sur rien. On a des attitudes. Aussi l'entrée de jeu d'un homme résolu fait place nette et balaie l'échiquier.

Page 41.
Commenter  J’apprécie          60
Et s'il s'agit de l'explosion d'un des grands oiseaux atomiques occidentaux, je peux compter sur l'accord tacite de toutes les forces militaires pour nier l'évidence aussi loin qu'elle sera niable.

Page 35.
Commenter  J’apprécie          10
Et si c'était ?... Oui, c'est peut-être bien, en effet... Ni l'un ni l'autre, nous n'osons nommer la "chose" fatidique.
- En Corse, gémit le gendarme... On aura tout vu.

Page 31.
Commenter  J’apprécie          00
Pensant qu'il s'agit du propriétaire et qu'il convient de le dédommager de notre présence intempestive, je prépare des billets dans ma poche en m'approchant de lui. A peine ai-je croisé son regard que je comprends que c'est une erreur : ce paysan pauvre entre les pauvres fait partie des seigneurs.

Page 24.
Commenter  J’apprécie          00
Et comme tout, dans la vie, finit par survenir à son heure, mais qu'en général elle sonne trop tard, nous finissons par découvrir "notre" plage, mais c'est trois jours avant de repartir.

Page 23.
Commenter  J’apprécie          10
Voilà un sujet de réflexion pour la psychologie des profondeurs : l'enfance redécouvre par elle-même les grands symboles magiques.

Page 20.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel Bataille (377)Voir plus

Quiz Voir plus

Le vieil homme et la mer

En quelle année est paru ce texte ?

1951
1952
1953

10 questions
245 lecteurs ont répondu
Thème : Le Vieil Homme et la Mer de Ernest HemingwayCréer un quiz sur cet auteur

{* *}