Citations de Michel Kichka (28)
Croire en Dieu est un libre choix qui relève du domaine du privé. Mais les orthodoxes ont privatisé Dieu. Ceux qui le désirent peuvent le louer et recevoir une carte de fidélité.
Se libère-t-on jamais du traumatisme des parents ? Jusqu'à quel âge reste-t-on leur "enfant" avec tout ce que cela sous-entend ?
- ça m'énerve quand ils se parlent en yiddish !
- quelle drôle de langue !
- on dirait du chinois!
- j'aime pa le yiddish !
Petit à petit, j'ai pris l'habitude de ne pas écouter, même quand ils parlaient en français. Qu'avaient-ils à nous cacher ? Pourquoi étions-nous exclus du débat familial ? C'est dans cette langue qu'ils ont dû se dire les choses qui nous auraient permis de mieux comprendre qui nous étions. La langue ne fait-elle pas partie du patrimoine ?
Maman aimait faire les enfants, pour Papa, mais elle n’aimait pas s’en occuper. Nous avons tous été en pension, loin les uns des autres.
On ne nous a jamais demandé notre avis ni donné d’explication, c’est resté une question qui dérange. Il paraît que l’état de santé de Maman ne lui permettait pas de s’occuper de nous. Il paraît que leur situation économique était plus que précaire. Peut-être ! Mais faire quatre enfants après la Shoah pour les envoyer en pension, c’est pas très logique !
à Auschwitz, des jeunes israéliens défilent avec le drapeau. Je trouve cela déplacé, la Shoah appartient à toute l'humanité. Les camps, du moins ce qu'il en reste, sont d'immenses cimetières où chaque pas soulève les cendres de notre civilisation. Il faut s'y rendre en toute humilité.
Mmmh ! Cette soupe me rappelle Auschwitz ! Vous savez pourquoi ?
Non, Papa !
Parce que là-bas, on n’en avait pas !
Pourquoi un soldat inconnu avait-il une stèle en pierre de taille alors que mon grand-père n'avait même pas une pierre tombale?
Ma famille était partie en cendres, emportées par le vent mauvais de l'Histoire. (celui des fumées d'Auschwitz)
Je n'ai jamais vu Papa pleurer. Je n'ai d'ailleurs jamais vu ses yeux, si petits au fond de ses verres épais de myope. Si petits que je serais incapables d'en dire la couleur. A croire qu'ils ont disparu quelque part entre 1942 et 1945. Ou qu'ils se sont tout simplement éteints.
Il a dû pleurer toutes les larmes de son corps dans les camps. Il a dû pleurer sa mère, son père et ses soeurs. La source de ses larmes s'est tarie à jamais. C'est pour cela que son médecin lui a prescrit des gouttes pour les yeux. (p. 44)
- Au fond, on a étouffé nos révoltes pour ne pas peiner papa !
- Comme si on n'avait pas droit à une crise d'adolescence parce que Hitler lui avait volé la sienne.
- Lors de sa denrière visite, il m'a demandé si j'avais eu une enfance heureuse.
- Et que lui as-tu répondu ?
- Je ne voulais pas l'attrister mais je ne pouvais pas lui mentir.
- Le pauvre !
(p. 75)
La première priorité de mon père fut de fonder une grande famille. Comme dans beaucoup de familles Ashkénazes après la Shoah, nous portions les noms des disparus. (...) Pour Papa, chacun de nous était "une victoire sur les Boches". (p. 26)
A Auschwitz, des jeunes Israéliens défilent avec le drapeau. Je trouve cela déplacé. La Shoah appartient à toute l'humanité. Les camps, du moins ce qu'il en reste, sont d'immenses cimetières où chaque pas soulève les cendres de notre civilisation. Il faut s'y rendre en toute humilité. (p. 89)
Donnez-nous un crayon et une colombe et nous soulèverons le monde !
La liberté d'expression c'est faire couler de l'encre, pas du sang !
Le désespoir ne justifie en aucun cas le terrorisme !
Il s'était même jeté sur un tas de morts le 11 avril 1945, jour de la libération de Buchenwald, pour échapper à un nazi zelé qui tirait sur tout ce qui bougeait. Je suis sûr que tous ces morts ont hanté ses nuits. Il les a balayés sous un tapis de silence. Avec la disparition de Charly, ils réapparaissaient.
pendant dix ans, j'ai été habité par mon livre. Je l'écrivais dans ma tête en arpentant les rues de Jérusalem et de Paris. Des pages se dessinaient dans mon sommeil pour s'effacer au réveil. Je me trouvais toutes les bonnes raisons du monde pour ne pas me consacrer à l'écriture
Il n'y a pas, d'une part, les "bons juifs" et de l'autre les "mauvais" juifs, comme se l'imaginaient certains religieux. D'ailleurs le Dieu d'Israël, s'il existait, ne serait pas videur dans une boîte de nuit réservée aux uns et interdite aux autres. Il serait le DJ et ferait danser le monde entier ensemble.
Maman nous a très peu raconté sur la période où elle était réfugiée en Suisse. Elle a choisi d'effacer son histoire derrière celle de papa. Son histoire avait un happy end puisqu'ils étaient tous revenus.
Pas facile d'élaborer un arbre généalogique dont presque toutes les branches ont été arrachées et brûlées.
Beaucoup de parents ont appris le yiddish à leurs enfants. Il est si riche ! C'est la langue de l'humour juif ! Quel gâchis !! Au lycée j'ai choisi l'allemand en troisième langue pour attraper quelques mots dans leurs conversations.
L'annonce du suicide de mon petit frère Charly m'arriva un soir par téléphone (...) Peu avant mon départ un ami est passé me voir. En m'embrassant il m'a dit : "encore une victime de la Shoah!"
Soutenir honnêtement la paix c’est être à la fois pro-palestinien et pro-israélien.