Toujours préférer l'hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare.
La FRANCE ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part.
Toujours privilégier l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante, le complot demande un rare esprit.
Tant qu'il ne sera pas possible de garantir à chacun un emploi, il faudra, à titre de réparation, garantir à chacun un revenu.
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Mais la lutte contre la pauvreté ne se résume pas au versement d'un minimum vital. Elle appelle une action coordonnée et en profondeur portant sur les domaines essentiels de la vie : l'éducation, le logement, la santé, l'emploi, la formation. C'est donc un véritable plan national de lutte contre la pauvreté qu'il faudra instituer.
[L'Europe] ne peut donc se définir que comme un club de nations cherchant à intégrer leurs économies, mais par leurs identités nationales.
Mon expérience sur le long terme, c’est qu’au fond il y a deux approches du politique. ll y a l’approche par le goût des choses faites, par le plaisir de résoudre les problèmes. Aristide Briand est probablement l’exemple le plus fort de ce type d’homme politique. L’ autre approche, celle de Clemenceau et de Mitterrand, est fondée sur le goût du pouvoir. Briand n’a pas laissé de Mémoires. Il ne sculptait pas son image, il s’en moquait. Briand ne s’intéressait qu’aux décisions à venir.
Et Chirac me dit quand même : « Méfie-toi de Mitterrand, c’est quand il te sourit qu’il a le poignard le plus près de ton dos. »
Le projet d'une Europe fédérale est mort en 1972.
GEORGES-MARC BENAMOU : Mais qu’est-ce qui fait qu’en France Aristide Briand, Mendès ou Rocard ne sont pas ceux qui gardent le pouvoir ?
MICHEL ROCARD : C’est la nature humaine. Cela n’a rien de spécifique à la France. Ce qu’il y a de spécifique à la France, c’est l’histoire malheureuse du Parti socialiste. Ce qu’il y a de non spécifique, de parfaitement mondial, c’est l’existence de ces 5 % des professionnels de la politique qui exercent le pouvoir pour le goût des choses faites et, au fond, dans l’indifférence des autres...
GEORGES-MARC BENAMOU : Indifférence des autres ?
MICHEL ROCARD : Je ne veux pas dire indifférence privée... Les autres, ce sont les 95 % pour qui la jouissance du pouvoir est du domaine de la relation humaine : jouissance de gratifier, jouissance de retirer, jouissance d’humilier, surtout. La jouissance d’humilier, c’est le plaisir des politiques, comme des forces de l’ordre ou des petits Blancs dans les pays sous-développés. Si celui qui en a le goût bénéficie, en plus, d’un bout d’autorité élective, il est dix fois pire que le fonctionnaire obtus qui a besoin de vous empoisonner la vie pour se sentir exister. C’est la version animale du pouvoir, dont certaines images sont étonnantes. Regardez, par exemple, une salle de congrès. Parfois, les gens se masturbent à travers le micro. Ils masturbent le micro, si j’ose dire..
Je ne suis pas contre le rêve mais je reprochais alors à Mitterrand d’avoir fait rêver sur n’importe quoi... Mendès, lui, a fait rêver une génération. Et moi aussi, avec ce que ma politique préconisait d’aide au développement et de solidarité ! L’imagination sociale a toujours été de notre côté.