AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Michel Thouillot (12)


" Je ne demande pas de feindre des sentiments que tu n'aurais pas, car toi et Dieu savez bien que tu ne m'a pas étouffé de caresses ni de tendresses depuis que je suis au monde, et tu as bien fait, car si tu m'avais aimé comme tu as aimé Henri, je serais sans doute où il est ; et dans ce cas, tu as été une bonne mère pour moi."
Honoré de Balzac, Lettre à sa mère , le 22 mars 1849.
Commenter  J’apprécie          31
Pourquoi, issus du même ventre, ont-ils pris des voies si divergentes, si opposées?
Honoré a édifié une œuvre gigantesque pour conjurer le désespoir pesant [.....] celui d'être privé de tendresse maternelle. A t' il véritablement profité de son succès dans son travail toujours recommencé de séduction? Henry qui a grandi dans la tiédeur fade d'être l'élu incontestable de sa mère, n'a pu déployer ni ambition, ni volonté personnelle. Il a été une girouette brandie par les uns et les autres, une girouette il restera, mais désormais, il n'aura plus de vent pour s'orienter.
Car à la réflexion, son frère ainé lui a souvent tenu de père depuis la mort de M. de Balzac en 1829 ...... (p. 234)
Commenter  J’apprécie          21
«Tu as alors compris que pendant les affaires de justice, le coupable était pris en charge par les professionnels, qu'il était entre leurs mains comme une souris que l'on disséquait au labo du lycée. Tu étais progressivement effacé pour devenir un étranger à toi-même, réinventé par l'avocat à chaque question du juge instructeur. Tu t'es même par moments demandé si c'était bien toi le criminel»
Commenter  J’apprécie          00
p. 12 à propos de Nawal, la militante salmyrienne
Je puise mon courage des femmes, très nombreuses à être sorties de chez elles et à s’exposer avec des bébés en bas âge dans les bras ou de jeunes enfants à la main, aussi naturelles que si elles allaient faire des courses ! Avant de quitter l’appartement, j’ai donné la consigne formelle à Hussein et à Ishtar de ne mettre le nez dehors sous aucun prétexte, et même de sécher les cours ! Je crains de les offrir en pâture aux têtes brûlées qui pourchassent les activistes de mon acabit. Je ne suis pas sûre qu’ils bénéficieraient de la protection de Nihad, leur père dont je suis séparée depuis six mois. Notre parti pris de pacifisme, notre refus de riposter à la violence par la violence vont à coup sûr mettre à cran tous les caciques du régime. Nos armes sont le nombre et l’unité. Nous savons tous que du sang coulera encore longtemps avant qu’ils ne déguerpissent, une fois lâchés par les exécutants de leurs basses œuvres. La semaine dernière, ils ont fait abattre des soldats qui n’ont pas tiré sur la foule, et sur les réseaux sociaux circulent des rumeurs de désertion d’officiers de l’armée, proches des hautes sphères du pouvoir. Je me mets à espérer que très bientôt Nihad franchira le pas, même si au fond de moi j’ai toujours su que son soutien inconditionnel à la dictature lui offre l’occasion d’assouvir impunément ses pulsions les plus brutales. (p. 12-13)

Lorsque l’étau se resserre autour d’un opposant, lorsque la pieuvre s’installe et menace de l’étouffer, il ne lui reste plus qu’à déménager pour tenter de leur échapper. À trouver un logement dans un autre quartier, sans donner à personne sa nouvelle adresse. Mais comment annoncer et imposer un tel bouleversement à mes enfants amoureux de leur luxe ? Comment leur faire accepter des consignes de prudence dignes de conspirateurs ? Pour desserrer le nœud qui m’étreint la gorge et lutter contre la folie qui s’invite, je me dis que je devrais me lancer dans l’écriture du roman total de la révolution, au-delà de la compilation sinistre des morts qui dénonce les diktats de l’oppresseur. Au-delà de mon cas personnel. Il faudrait impérativement pénétrer au fond de tous ses acteurs, sans exception, sans tabou, sans se cantonner aux valeurs héritées des Lumières, qu’elles viennent de l’Occident ou de l’Orient. Dans cette guerre civile, c’est une fois de plus l’homme dans son intégralité qui est en question. (p 67)

P 98 à propos de Souleymane le djihadiste français
Parmi les émissions télévisées, celle qui a les faveurs de Souleymane, Le Repos du djihadiste, montre des combattants assis par terre autour d’un café ou d’un thé partagés, sur fond d’hymnes islamiques a capella, dans le strict respect de la loi. Ils racontent sincèrement la rédemption qui les a conduits à faire le djihad, dans une ambiance de franche camaraderie virile. Où donc pourrait se nicher la monstruosité de ces hommes courageux ? (p. 98)

p. 121 à propos de Christophe le journaliste français
Christophe se revoit dans son école de journalisme : Pierre Robert, le célèbre reporter de guerre, énumère les qualités requises pour accomplir au mieux ce métier ingrat : être maître de soi, mettre entre parenthèses ses émotions devant toutes les scènes impensables de sauvagerie primitive révélée lors de chaque conflit. Surtout ne pas tomber dans l’empathie, mais garder son sang-froid pour shooter efficacement, faire corps avec l’objectif de son appareil de photo, voir à travers lui, penser au cadrage pour fixer ces moments de pure cruauté. (p. 121)
Commenter  J’apprécie          00
Tu refusais d'admettre être né et avoir vécu dans un pays colonisé, mais, malgré les affirmations du journaliste, la colonie algérienne comme toutes les autres n'est pas "intangible", "immortelle". Toute ta vie on t'a trompé, tu t'es trompé : tu as eu l'illusion d'être ici chez toi, d'y être libre alors que cette liberté non partagée avec des Algériens considérés comme mineurs te plaçait en dépit de ta pauvreté - ton alibi inconscient -, du côté des maîtres et te serait forcément arrachée un jour. Quand tu t'es retrouvé sur la plage face à "l'Arabe", celui que tu nommais ainsi parce que tu avais fait l'impasse sur l'histoire de son pays et de ses habitants [...] (page 156)
Commenter  J’apprécie          00
En retournant tout cela dans ma tête, je me dis qu'il existe maintenant chez les indigènes une vaste fraction qui revendique la jouissance des mêmes droits que nous les Français ou Européens naturalisés venus de tant de pays, qu'ils ne vont pas tarder à profiter de la situation internationale dégradée depuis la déclaration de guerre. Ils vont rompre un jour avec la France si elle est incapable de leur donner in extremis satisfaction. Peut-être est-il déjà trop tard. (page 155)
Commenter  J’apprécie          00
[...] quelques mois plus tard sont apparues sur les murs, le sol et les panneaux publicitaires de la ville des inscriptions que les policiers effaçaient le plus vite possible mais qui renaissaient le lendemain :
"Le nationalisme algérien vaincra", "vive nos frères", "vive l'islam", "vive l'indépendance et la démocratie".
Personne n'en parlait chez moi et au bureau, comme si cela n'existait pas. (page 110)
Commenter  J’apprécie          00
[...] le barbu a fondé un parti politique qui vient d'être dissous. [...] C'est la deuxième fois que le gouvernement le met en prison pour provocation des indigènes, désordre et organisation de manifestations contre la souveraineté française. [...] En passant près d'eux, Daniel a surpris dans une conversation [...] "L'Afrique du Nord n'est rattachée à la France par aucun sentiment si ce n'est la haine que cent dix ans de colonisation ont créée dans nos cœurs. Si vouloir vivre en hommes libres, c'est être anti-français, alors nous le serons toujours." (page 108)
Commenter  J’apprécie          00
Avant le meurtre, en vivant parmi leurs semblables, je les ai en fait côtoyés, ou plutôt ignorés, comme ils m'ont sans doute eux aussi côtoyé et ignoré [...].
Avant le meurtre, ils faisaient partie dans la journée de mon paysage familier mais n'avaient pas de réelle existence. Le soir, ils disparaissaient [...] pour rejoindre leurs quartiers, la Casbah, ou le Hamma, ou encore des villes de banlieues lointaines inconnues. Ils nous laissaient le centre ville asphalté et illuminé presque entièrement à nous. Je pensais que c'était comme ça depuis toujours et que ça le resterait. (Pages 42 et 43).


parmi leurs semblables, je les ai en fait côtoyés, ou plutôt ignorés, comme ils m'ont sans doute eux aussi côtoyé et ignoré [...] Le soir ils disparaissaient en autobus ou en tramways, quand
Commenter  J’apprécie          00
Quand je dis que je me suis battu avec un arabe, il coupe net la conversation et rejoint les autres ; à partir de ce moment, ils me fixent d'un drôle d'air. [... ] Comme j'ai l'ouïe fine, je traduis mentalement des mots comme 'frère" "vengeance" "justice française" "peuple algérien" "demain" "oui" "non", "immédiatement". Je comprends qu'ils se demandent comment ils vont me régler mon compte. (page 42)
Commenter  J’apprécie          00
J'ai quand même tué un arabe [...] l'opinion est largement en ma faveur [...] les gens disent que je n'ai pas eu le choix, que j'ai du me défendre contre une agression caractérisée, et que nous serons balayés un jour d'ici si nous n'avons pas le courage de riposter comme je l'ai fait ce jour là sur la plage [...] Beaucoup auraient fait la même chose que moi dans les mêmes circonstances. (pages 7-8)
Commenter  J’apprécie          00
" Je suis venu vingt ans trop tôt. "
Mohamed Abdelkrim al Khattabi, sur le bateau de l'exil, en 1926.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel Thouillot (14)Voir plus

Quiz Voir plus

Le gone du Chaaba

A coté de quel fleuve le Chaaba est-il?

La Seine
Le Rhône
La Loire

10 questions
262 lecteurs ont répondu
Thème : Le gone du Chaâba de Azouz BegagCréer un quiz sur cet auteur

{* *}