Citations de Michel de Montaigne (959)
Celui qui va en la presse ( foule, politique ), il faut qu'il gauchisse, qu'il serre ses coudes, qu'il recule ou qu'il avance, voire qu'il quitte le droit chemin, selon ce qu'il rencontre ; qu'il vive non tant selon soi que selon autrui, non selon ce qu'il se propose, mais selon ce qu'on lui propose, selon le temps, selon les hommes, selon les affaires.
.... Du peu que je me suis essayé en cette vacation, je m'en suis d'autant dégoûté.
La corruption du siècle se fait par la contribution particulière de chacun de nous : les uns y confèrent la trahison, les autres l'injustice, l'irréligion, la tyrannie, l'avarice, la cruauté, selon qu'ils sont plus puissants ; les plus faibles y apportent la sottise, la vanité, l'oisiveté, desquels je suis.
NDL : Très sensible à toutes ces "nuisances mentales" non punies par la loi, ou très peu, j'ai beaucoup à dire là dessus. D'abord, ce n'est pas la corruption du siècle, elle cohabite avec l'homme de tous temps, et la "guérison" est loin d'être abordée. Ensuite, un classement plus judicieux s'impose, par "ordre de nuisance", la paresse dont se targue notre ami n'étant pas pour moi, une "corruption". Enfin, l'orgueil ( à distinguer de la tyrannie ) et l'avidité ( à distinguer de l'avarice ) ne sont pas abordés. Et je pourrais vous en tartiner des pages... bien que, tout comme l'auteur, je ne sois pas parfait.
Mon métier et mon art, c'est vivre.
Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage.
Tout ce qui peut estre faict un autre jour, le peut estre aujourd'huy.
(p.86)
(Tout ce qui peut être fait un autre jour, peut se faire aujourd'hui.)
Sur le plus haut trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul
L'homme est bien insensé. Il ne saurait forger un ciron, et forge des Dieux à douzaines.
Berne un ennemi, il te célébrera ; Berne un ami, et il se vengera.
Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies.
Je n'aime quant à moi, que des livres ou agréables ou faciles, qui me charment, ou ceux qui me consolent et me conseillent pour régler ma vie et ma mort.
Dans cette école du commerce des hommes, j'ai souvent remarqué ce défaut, (à savoir) qu'au lieu de chercher à connaitre les autres, nous ne faisons effort que pour faire connaitre et sommes plus soucieux de débiter nos marchandises que d'en acquérir de nouvelles. Le silence et la modestie sont des qualités très favorables aux relations humaines.
Comme nous voyons des terres oisives, si elles sont grasses et fertiles, foisonner en cent mille sortes d'herbes sauvages et inutiles, et que, pour les tenir en office, il les faut assujettir et employer certaines semences, pour notre service ; et comme nous voyons que les femmes produisent bien toutes seules des amas et pièces de chair informes, mais que pour faire une génération bonne et naturelle, il les faut embesogner d'une autre semence : ainsi est-il des esprits. Si on ne les occupe à certain sujet qui les bride et contraigne, ils se jettent déréglés, par-ci par-là, dans le vague champ des imaginations. [...]
L'âme qui n'a point de but établi, elle se perd : car, comme on dit, c'est n'être en aucun lieu, que d'être partout.
Chapitre VIII : De l'oisiveté.
La vie n'est qu'un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs.
Nous les pouvons bien les appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toutes sortes de barbarie.
Je désire singulièrement qu'on nous juge chacun à part soi, et qu'on ne me tire en conséquence des communs exemples.
Versez-leur du bon vin, ils vous feront de bonnes lois.
Si la vie n'est qu'un passage,sur ce passage au moins semons des fleurs.
Ce n'est pas sans raison qu'on dit que qui ne se sent point assez ferme de mémoire, ne se doit pas mêler d'être menteur
C'est un subject merveilleusement vain, divers et ondoyant, que l'homme. Il est malaisé d'y fonder jugement constant et uniforme.
Chapitre premier : Par divers moyens on arrive à pareille fin.
Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent la raison de mes voyages que je sais ce que je suis mais non pas ce que je cherche.