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Citations de Michèle Bromet-Camou (17)


Ma compétence n'est plus de me montrer compétente, mais de permettre à ceux que j'accompagne de repérer la leur.
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Page 67 : l'inconscient possède une mémoire, constituée de marqueurs. Il semble conserver tous les éléments du puzzle sur plusieurs générations. Lorsque là ou les génération(s) suivante(s ) viennent recouvrir ces mêmes marqueurs, remettre brutalement dans l'ordre ces différentes pièces du puzzle, ce qui avait été tu, ce qui avait été retenu, explose d'une manière souvent inattendue.
C'est ce que nous appelons le "syndrome anniversaire " : qu'il s'agisse d'un événement heureux ou malheureux, l'inconscient se souvient, et lorsque la vie, les lieux et la temporalité viennent frapper à proximité du moment où du lieu de l'événement initial, le premier événement ou l'impression liée au premier d'événement réapparaît. Lorsque cet événement a provoqué un traumatisme, l'individu se trouve à nouveau transplanté dans cet univers là, et court bien sûr le risque de s'y perdre à nouveau. Tout ceci a lieu la plupart du temps de manière inconsciente.
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Page 137:
Ceci dit, il est bien difficile d'inciter les petites et les grandes familles à ne pas trop désirer pour leur enfant. Dans ma place de thérapeute familial, j'ai entendu de nombreux parents me demander comment ils pouvaient faire avec leurs enfants, cherchant des idées, d'autres manières de s'y prendre. Combien de fois et ai-je eu envie de leur demander de vivre au mieux pour eux-mêmes et de lâcher une partie de leurs attentes concernant leurs enfants... Les attentes sont parfois des freins. Elles empêchent l'enfant d'oser sa propre vie à son propre rythme. Les attentes sont souvent d'autant plus fortes à l'égard de l'enfant que les familles, parfois depuis plusieurs générations, ne se sentent pas vivre leur propre vie et qu'elle comptent sur leur descendance pour leur apporter ce qu'elles-memes n'ont pas réussi à accomplir. Parfois l'enfant ne s'y trompe pas. Nous allons le voir construire une opposition forcenée, refusant d'entrer dans les désirs de ceux qui les élèvent. Cependant, le risque qu'il court est qu'en privant ses ascendants de trouver en lui la réparation attendu, il se prive lui-même de vivre et de mettre en œuvre ce qu'il ne sait même plus qu'il désire. Pourtant dans une sorte de paradoxe dont la vie nous procure de multiples exemples, un enfant ne peut pas grandir sans qu'autour de lui il y ait des attentes...
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Page 129: nous l'avons déjà vu, un être humain « coincé » dans une définition est un individu qui va ralentir une grande partie de son développement pour tenter à tout prix de « coller » à ce qui l'a toujours déterminé, et qui a souvent aussi défini un grand nombre de ses ancêtres. C'est plus fort que lui ! S'inscrivant sans le savoir dans une grande loyauté à son histoire, il reste un arbre qui continue à se nourrir du seul terreau dans lequel il a été planté. Certains de ces arbres vont mourir psychiquement, c'est-à-dire entrer dans une intense et longue dépression. D'autres vont trouver les appuis, se remettre à vibrer, aller « aspirer » une autre énergie. Sans faire l'apologie des séparations conjugales, je constate toutefois que certains êtres ne trouvent pas d'autres moyens pour sortir de cette « définition » que de rompre le lien conjugal qui s'était engagé dans le contexte d'une répétition historique. Parfois, donc, la séparation d'un couple est a considérer comme une tentative mise en place non pas pour se séparer de l'autre, mais pour se dégager d'un ancien soi-même coller jusque-là à l'autre.
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Page 116 : l'enfant aussi se décale, joue avec les images proposées, donne des couleurs et d'autres formats à ses angoisses. Chacun joue sa partition et ce qui apparaissait à la famille comme un amas de noeuds inextricables devient une occasion d'inventer de nouvelles histoires et même de s'amuser.( ... )
c'est parfois l'aîné de la famille qui va d'emblée se positionner ou être positionné comme un arbre solide et bien planté gênant ce qui va se passer pour le plus jeune. Mais ceci n'est pas systématique. Car l'aîné portant les balbutiements anxieux de chaque parent arrive parfois au monde avec un sac à dos empli des interrogations de chacun, ce qui peut contribuer à freiner sa propre évolution. C'est le second enfant, son frère ou sa sœur qui, profitant de l'existence retenue de l'aîné va, lui, prendre son essor et devenir un grand arbre. Cette recherche inconsciente de l'équilibre dans les fratries se poursuit à l'âge adulte et chez les descendants des frères et soeurs qui à leur tour poursuivront le travail commencé, tentant de régler les comptes des fratries précédentes
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Page 101: lorsque nous sommes convaincus que l'histoire est à l' œuvre dans les processus de développement des êtres humains, chaque maillon s'enchaînant à un autre, chaque ancêtre déposant dans le sac à dos de sa descendance le contenu des histoires qu'il n'a pas réglées, vient le temps où nous nous demandons comment permettre aux maillons de s'ouvrir, au forteresse d'abaisser leur pont-levis.
La voie la plus directe dans le domaine de la relation thérapeutique, est rarement la plus droite. Tout attaque des murailles entraîne la plupart du temps des réponses agressives et se termine par la construction de remparts supplémentaires.
Le psychothérapeute expérimenté sait à quel point le travail thérapeutique exige un respect des défenses de chacun et un accueil de ce qu'il est ou de ce qu'il montre qu'il est. Il a aussi à se souvenir que la seule manière respectueuse d'accéder à l'intérieur des forteresses défensives qui protègent les êtres humains est d'utiliser le pont-levis. Enfin, il lui êst utile de se rappeler que les pont-levis ne s'ouvrent que de l'intérieur.
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Page 54 : Alors nous passons notre vie à nous rassurer et à baliser nôtre chemin de vie. Les rituels que le social, le religieux, le familial ont mis en place et dont l'expression s'intensifie au moment des grandes crises de la vie constituent des repères extrêmement rassurants peu à peu, l'enfant grandissant, rassuré dans un premier temps par ces balises, ces points de repère, va se mettre à penser. Et penser c'est se questionner, c'est reculer,s'observer soi-même dans le monde et observer le monde de sa propre place. Mais avant de s'autoriser à reculer, l'enfant fait son chemin au milieu des indications qui se veulent rassurantes, des limites, des marques proposées, voire imposées, par son contexte de vie.
Si la dénomination de ces limites change selon les époques nous pouvons constater que les êtres humains adultes éprouvent le besoin de maîtriser leur descendance en les mettant dans une case Ainsi apparaissent les "cas" : casunemaladie, caapasgrandi, castropgrossi, casrienappris, castropdidées... chaque fois que les hommes et les femmes identifient un "cas" , ils le mettent sur le bord du chemin. À défaut de savoir où ils vont eux- mêmes, ils savent où leur progéniture, le maillon d'après; s'installe. Les cas les aident à se repérer .
Cela fait parfois sale ou de désordonné ces "cas" de chaque côté du chemin ! Puis, ce qui est désagréable, c'est que parfois les hommes et les femmes normaux s'aperçoivent que ce sont eux qui les ont fabriqués. Alors, ils essaient de les remettre dans le bon chemin, en leur expliquant que la grand-route, c'est quand même mieux que les bas-côtés. Encore que l'intérêt de marcher tous au milieu reste à prouver. Quoi qu'il en soit, les "cas"qui sont habitués à être sur le bord du chemin - certains y sont même installés depuis plusieurs générations -ont beaucoup de mal à se remettre au milieu.
Ce que nous repérons, c'est que les enfants sont souvent tellement prêts à soutenir leurs parents, à combler leurs manques, à répondre aux demande qui ne leur sont parfois jamais exprimées, qu'ils se glissent dans la place, inconsciemment attendue. Ainsi naissent et grandissent les casledevoirdaide qui viennent consoler les parents dans la peine, les casdelaclarté qui éclairent les parents perdus, les casplus cagrandirseul qui, ne pouvans pas compter sur leurs parents, grandissent tellement vite qu'ils deviennent des adultes qui ne tiennent plus debout.
Lorsque des parents n'ont jamais été parents, l'arrivée de leur premier enfant entraîne son lot d'inquiétude : Les grands changements sont toujours difficiles à traverser pour les êtres humains, même s'ils sont souhaités. Alors, ces parents qui sont parents pour la première fois ont besoin que leur enfant ne leur pose aucune difficulté. Par ce moyen se manifestent les caspasdeproblèmes qui les rassurent et leur montrent qu'ils sont de bons parents
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Elle était sur ma route. Cela a été « plus fort que moi ». Ne pourrions pas nous dire que, d’une certaine manière nous n’allons pas chercher que ce que nous connaissons déjà ? [...] N’allons nous pas spontanément nous relier a ce qui est prêt en nous a le recevoir ? Ne courons-nous pas le risque de poursuivre les « cercles vertueux » ou « vicieux » que nous avions commencé à emprunter ?
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En repérant les fils invisibles qui nous relient tous, nous parvenons à la certitude que ce qui nous arrive n’est que l’écho d’autres histoires. [...] je constate à quel point cette approche fait s’effacer la notion de faute pour y substituer celle d’écho, d’enchaînement et de transmission inconsciente. Elle permet aux patients qui traversent leur vie avec de forts sentiments de culpabilité, ou de mésestime d’eux-mêmes, de sortir de leur problématique sclérosante et de découvrir des pistes nouvelles pour avancer autrement.
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Page 149
J'ai compris en travaillant ce positionnement-là que dès l'enfance je savais que je ne pouvais compter que sur moi-même. Ainsi, je remets en place le fonctionnement en solitaire qui m'a permis de sauver ma peau d'enfant et qui actuellement ne me sert plus à rien. Il en est de même pour chacun d'entre nous. Nous utilisons à l'âge adulte des manières d'être qui ont été essentielles pendant notre enfance et qui n'ont plus de sens aujourd'hui. Le pli est pris. C'est plus fort que nous
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Page 120 : lorsque des êtres humains ont grandi en ressentant un manque d'attention important, ils vont tenter de le combler grâce à leurs enfants. Nous savons qu'un parent qui a d'abord le souci d'être aimé par ses enfants va avoir plus de mal qu'un autre à vivre des frustrations, comme celle d'entendre son enfant dire : « tu es une méchante maman, t'es pas belle, tu veux jamais jouer avec moi. » ou d'entendre l'enseignant dire à son sujet « il n'y arrive pas... ». touché parce qu'il vit comme des disqualifications de sa propre place, de son rôle, voire de son être, le parent est ébranlé et affaibli. Il ne parvient pas à poser les limites nécessaires à son enfant car il prendrait encore un peu plus de risque de lui déplaire. Ainsi, l'enfant, percevant la fragilité du parent à se positionner, court lui-même le risque de se sentir complètement démuni et développe une très faible estime de lui-même.
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La dynamique évolutive des êtres humains est ainsi faite. Nous avançons comme nous respirons, une inspiration puis une expiration. Aucune inspiration ne peut avoir lieu si elle n’est pas précédée et suivie d’une expiration. C’est en allant jusqu’au bout de l’expiration que mécaniquement nous sommes contraints d’inspirer. L’être humain qui « souffle » prépare sa prochaine progression.
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J’ai compris plus tard que nous ne pouvions pas apprendre, c’est-à-dire mettre en nous quelque chose de nouveau, sans se dévêtir d’autre chose, sans désapprendre, telle la chrysalide qui ne peut devenir papillon qu’en enlevant sa peau morte. Cela s’accompagne parfois d’une douleur intense.
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Lorsque, grâce aux transmissions repérées, et surtout revisitées, notre manière d’être au monde se modifie, ce qui a fait traumatisme devient facilitateur. Nous n’avons plus à être ce que nous sommes par nécessité, nous pouvons choisir de l’être, non pas pour réparer les « fautes » de nos ancêtres, mais pour nourrir notre projet de vie.
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Nous savons que ce n’est qu’une fois rassuré sur son identité première que le patient peut s’aventurer à oser de nouvelles formes de fonctionnement, de nouvelles formes d’infidélité à sa construction historique. Il perdrait d’ailleurs de grands risques à modifier trop vite sa manière d’être au monde. Il serait menacé d’y perdre son identité même. Qui suis-je, pourrait-il penser puisque je ne fonctionne plus comme avant, puisque je ne suis plus la personne que je me pensais être ?
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[...] d’une certaine manière, c’était écrit. Ce qui est écrit dans le grand livre de mon histoire, c’est que depuis plusieurs générations, les femmes comptent d’abord et essentiellement sur elles-mêmes. Elles choisissent leur vie sans s’appuyer sur personne. Elles choisissent de raconter ce qui leur convient ou de ne pas dire ce qui les encombre, mais elles osent : les femmes de ma famille ont osé, osé faire des études, osé « faire tourner » seules la maison pendant que les hommes étaient au travail loin, parfois jusque sur les océans, osé décider de n’avoir que peut d’enfants... La détermination avec laquelle elles ont mené leur vie est en moi. Elle les a animés et elle m’anime.
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Lorsque nous ne trouvons pas ce que nous cherchons, c’est que nous ne cherchons pas au bon endroit ou bien que ce que nous cherchons n’est pas ce que nous avons à trouver.
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