Extrait du livre audio "Où tu vas, tu es" de Jon Kabat-Zinn lu par François Montagut. Parution numérique le 15 décembre 2021.
https://www.audiolib.fr/livre/ou-tu-vas-tu-es-9791035407728/
C'est si normal de fermer une porte sans y penser, car ça n'a pas d'importance. Mais c'est justement parce que c'est d'une importance relative que la manière de fermer consciemment une porte active et approfondit notre sensibilité en effaçant quelques unes des rides les plus profondes de notre inconscience habituelle.
Tout ce que votre corps fait normalement est tout à fait merveilleux et extraordinaire, même si vous n'y pensez peut-être jamais de cette façon. Marcher est un aussi bon exemple. Si vous avez été un jour incapable de marcher, vous savez à quel point marcher est précieux et tient du miracle.
Nous déployons beaucoup d'efforts pour améliorer les conditions extérieures de notre existence, mais en fin de compte c'est toujours notre esprit qui fait l'expérience du monde et le traduit sous forme de bien-être ou de souffrance. Si nous transformons notre façon de percevoir les choses, nous transformons la qualité de notre vie. Et ce changement résulte d'un entraînement de l'esprit que l'on appelle " méditation".

Une des plus grandes sources de souffrance dans notre vie vient de ce que nous voulons habituellement que les choses se passent comme nous le voulons. Donc, quand les choses "Sont contre nous", quand elles ne se passent pas comme nous le voulons, comme nous nous y attendions ou comme nous l'avions prévu, nous avons tendance à nous sentir contrariés, frustrés, blessés et malheureux, et nous souffrons.
L'ironie veut que bien souvent nous ne savons pas ce que nous voulons vraiment, même si nous voulons tout le temps que cela se passe comme nous le voulons. Si nous avons ce que nous voulons, nous voulons habituellement quelque chose d'autre en plus. L'esprit continue à avoir besoin de nouvelles choses pour être comblé. De ce point de vue, il est rarement satisfait très longtemps avec les choses telles qu'elles Sont, meme si ces choses Sont relativement paisibles et satisfaisantes.
Quand des petits enfants sont boulversés car ils n'ont pas tout ce qu'ils voient et qu'ils voudraient avoir, nous leur disons : "Tu ne peux pas toujours avoir ce que tu veux". Et quand ils disent "Pourquoi?", nous repondons "Parce que" ou "tu comprendras quand tu seras grand " mais nous leur racontons des histoires. Men fait, la plupart du temps, les adultes que nous sommes n'ont pas l'air de comprendre la vie mieux que les enfants.
Nous sommes partie intégrante des mouvements de l'univers. Notre narcissisme, notre égocentrisme et notre vanité risquent de nous en séparer.

La dignité du patient doit être honorée et préservée d'un bout à l'autre de toute la séquence des rencontres médicales, qu'elles conduisent ou pas à une issue pleinement "heureuse"...
Quand nous tombons malades, nous avons besoin de soins médicaux et endossons le rôle du "patient". Nous sommes en général dans un état psychologique particulièrement vulnérable, car nous sommes naturellement concernés par les implications plus larges de notre maladie. Nous sommes aussi en grande partie dans une position d'ignorance considérable et de faible expertise comparativement à notre médecin, même si c'est cependant notre corps qui est le sujet de toute l'attention. Dans cette situation, nous pouvons être inhabituellement sensibles aux messages, tant verbaux que non verbaux, que nous recevons des médecins. Ces messages peuvent nourrir le processus de guérison en nous, ou le subvertir tout à fait si notre médecin est inconscient de ses comportements et des effets qu'ils peuvent avoir sur ses patients.
La pleine conscience nous parle d'être pleinement éveillé dans notre vie. Il s'agit de percevoir l'exquise vivacité de chaque instant. Nous nous sentons plus vivants. Nous trouvons aussi un accès immédiat à nos ressources internes puissantes, ressources de discernement, de transformation et de guérison.

Le procédé que nous utilisons dans la méditation consiste simplement à observer tout ce qui passe par l'esprit et le corps et à en prendre note sans jugement de valeur, sachant que nos jugements sont inévitables et que nos idées sur l'expérience elle-même sont nécessairement réductrices. Ce qui nous intéresse, c'est le contact direct avec l'expérience même de la méditation - qu'il s'agisse de l'inspiration ou de l'expiration, d'une sensation, d'une impulsion, d'une pensée, d'une perception ou d'un jugement. Nous restons attentifs à ne pas juger nos jugements...
Nos pensées colorent habituellement toutes nos expériences, et provenant de réactions et de préjugés basés sur une information limitée, influencées par notre conditionnement passé, elle sont en général approximatives. En conséquence, lorsque nous ne prenons pas conscience de cet état de choses, notre vision du moment présent risque d'être obscurcie. Le simple fait d'être familier avec cette habitude de juger qui est si profondément ancrée en nous, et de l'observer quand elle apparaît, nous conduira à une plus grande réceptivité.
Le pouvoir du moment présent est énorme, et pourtant nous persistons, la plupart du temps, à vivre dans le passé ou dans le futur, dans le souvenir, ou dans l'anticipation constante, tout à nos préoccupations ou à nos planifications. Nous ne réalisons pas, nous ne reconnaissons jamais, à quel point il peut être puissant et guérisseur d'habiter dans cet instant, le seul dans lequel nous soyons vivants.
Le point important à garder à l'esprit est que chaque instant où vous êtes vivant est un instant que vous pouvez vivre pleinement, un instant à ne pas rater.