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Critiques de Michèle Cointet (15)
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Secrets et mystères de la France occupée

« Et si on essayait d’oublier l’idéologie ? » demande malicieusement Michèle Cointet à propos de cette Occupation sur laquelle, selon ses inclinations politiques et ses jugements a posteriori souvent ineptes, chacun a son opinion sans l’avoir étudiée. Étudier, c’est précisément ce que fait l’auteure dans un essai sans concession et parfaitement documenté. Tout y passe, donc, sans souci de plaire aux uns ou aux autres.



Les icônes ne sont pas épargnées, pas plus que les salopards ne sont exagérément dépeints. Ainsi, de De Gaulle : « Charles de Gaulle n’est pas un officier banal. Il a une ambition supérieure, tôt révélée, qui le rend souvent odieux à ses camarades mais qui suscite quelques dévouements admiratifs. L’envol en Angleterre sera moins surprenant quand on saura que Charles de Gaulle est déjà lié au milieu politique et particulièrement averti des enjeux internationaux. »



Le régime de Vichy n’est certes pas encensé. Mais on peut lire par exemple des faits historiques avérés : « Il est incontestable que la mortalité infantile – très élevée dans la France de l’entre-deux-guerres – a diminué sous l’Occupation dans les milieux populaires avant d’exploser à nouveau après la Libération. » Car Vichy avait une politique nataliste très soucieuse et des nouveau-nés et des mères, que ces dernières veuillent ou non les garder (bien entendu, l’avortement est farouchement combattu, comme dans la plupart des autres pays d’ailleurs).



Cela à une époque où, surtout par la volonté de l’Occupant accapareur, aidé par des profiteurs de guerre : « La gymnastique mentale pour calculer les rations familiales finit par remplir l’esprit de préoccupations matérielles obsédantes, éloignant d’autant des questions politiques. Pour certains, le jugement politique vient de l’estomac. » Mais : « Sans l’organisation du Ravitaillement, les Français les plus riches auraient en effet accaparé les denrées dont les prix auraient explosé et la famine aurait touché les pauvres. »



Plus loin, évoquant un sujet encore tabou, à savoir les bombardements alliés sur la France dont le caractère stratégique est pourtant nettement plus discutable que son bilan meurtrier, Michèle Cointet pointe les historiens idéologues : « Les jeunes des Équipes nationales, que des historiens au jugement rapide présentent comme des “fascistesˮ alors qu’ils accomplissent un service de protection civile, dangereux et utile, apportent leur aide. »



Elle enfonce même le clou : « Les bombardements de 1941, 1942,1943 n’étaient pas indispensables. Semer la mort dans un pays qui n’était pas en guerre et dont la population était bien disposée est une décision, à bien des égards, criminelle. Les installations industrielles travaillant pour les Allemands ont été souvent manquées. »



Pire, elle moleste l’Oncle Sam (qui n’aurait jamais gagné la guerre sans le sacrifice des millions de Russes au passage) : « Quant aux Américains il est maintenant admis qu’ils se sont exercés pendant plusieurs mois au-dessus de la France afin de se former dans un espace moins dangereux que celui de l’Allemagne. » Autant de vérités historiques mises (trop longtemps) sous le tapis, de peur de valider les accusations proférées par Vichy contre les bombardements alliés.



Pareillement, l’auteure ne cède pas à l’idolâtrie concernant les maquisards, responsables d’opérations désastreuses, dont celle de Tulle qui occasionna des représailles sanglantes. Oradour-sur-Glane suivra : « Il n’y avait pas de résistance particulière à Oradour-sur-Glane qui subit une opération programmée de terreur militaire. » Mais qu’attendre de SS abreuvés de haine ? Ici encore, Michèle Cointet brise les mythes en n’épargnant pas les Alsaciens protestant contre la condamnation des leurs au procès d’après-guerre et qui avaient tout de même participé à ce massacre calqué sur ceux pratiqués par les Allemands à l’Est.



S’agissant encore des Américains sur le sol français, il est indéniable que « nombre de soldats américains se comportent dans la France amie comme de véritables occupants méprisants et violeurs ». Quant aux procès qui auraient concerné essentiellement des soldats noirs, le wokisme est revu à la baisse par l’historienne, révélant que leur condamnation ne relève pas exclusivement du racisme. Même s’il est indéniable qu’être Noir dans les années 1940 aux États-Unis n’était pas une sinécure.



Autour de Pétain, Michèle Cointet s’en tient encore à l’Histoire et non à l’émotion mensongère. Toutefois, on notera que Pétain, qui aurait pu vivre sous la protection de la Suisse, a préféré se rendre aux autorités françaises et affronter son destin, face à des magistrats qui, ironie du sort, lui avaient presque tous prêté serment quelques années plus tôt ! Idem pour les communistes revanchards et qui, avant l’invasion de l’URSS par les Allemands, en juin 1941, n’avaient pas trop résisté, mais se gonflèrent d’importance à la Libération, oubliant que les premiers résistants étaient souvent des cathos réacs. Tout comme les flics ne furent pas tous des monstres lors des rafles et prévinrent des familles juives en amont, beaucoup protégées par les populations, notamment les enfants.



Non, la France n’était pas une succursale du IIIe Reich, contrairement aux allégations qu’on peut entendre çà et là.



Conclusion, le texte de Michèle Cointent, très savant et en dehors de toute forme de récupération, est d’une salubrité telle qu’il en devient indispensable.



[Un point, cependant : on ne peut comprendre l’Occupation si on ignore 1914-1918. En effet cette saignée aura une incidence incalculable sur l’avenir.]

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Les françaises dans la guerre et l'Occupation

Avec ce livre, l’auteure tente de redonner aux femmes le rôle qu’elles ont réellement tenu dans l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Rôle qui a été en grande partie occulté parce que l’Histoire a été le plus souvent écrite par des hommes et parce que la plupart des femmes n’ont pas raconté ce qu’elles avaient vécu pendant cette période. Malgré le manque de sources et de témoignages directs, Michèle Cointet réussit à faire un tour d’horizon assez complet de ce qu’a été la vie des femmes à cette époque. Qu’elles aient été épouses des hommes de Vichy, collaboratrices, résistantes, infirmières, déportées, mères, victimes ou héroïnes, nous découvrons quels ont été les défis auxquels elles ont du faire face, les malheurs qu’elles ont subi, les motivations qui les ont poussées à agir ou à rester dans l’ombre.



L’intérêt des chapitres m’a paru assez variable. Celui sur les femmes des dirigeants de Vichy, par exemple, m’a paru assez long et pas très passionnant, ce qui tombait assez mal puisque c’est par là que l’auteure a choisi de commencer. Ce choix s’explique sans doute par le fait qu’au fil des pages on aborde des sujets beaucoup plus difficiles, pour terminer sur les femmes déportées et le retour de guerre.



J’ai appris beaucoup de choses grâce à cette lecture. J’y ai retrouvé des figures célèbres, comme Berty Albrecht ou Germaine Tillion, mais c’est le sort des moins connues et des anonymes qui m’a le plus touchée. Certains passages, notamment ceux sur la déportation, ont été particulièrement durs. Même en sachant déjà des choses sur le sujet, impossible de rester insensible (et heureusement!).



On apprend également beaucoup sur la condition des femmes avant, pendant et après la guerre. Je ne me considère pas comme inculte sur le sujet, pourtant j’ai découvert un tas de choses que j’ignorais et qui m’ont fait grincer des dents: c’était encore pire que ce que je croyais, dans certains cas. D’autres choses étaient inattendues dans le bon sens du terme et tout aussi intéressantes.



La plume de l’auteure est plutôt agréable, même si on peut lui reprocher parfois un peu de sécheresse dans le propos. Quelquefois, on est plus face à une énumération de noms et/ou d’évènements qu’à un récit, ce qui peut être assez fastidieux. Le point fort est que Michèle Cointet raconte sans porter de jugement, ce qui est finalement plus parlant.



Dans l’ensemble, une lecture très intéressante et instructive, que je vous recommande si vous vous intéressez à la Deuxième Guerre mondiale ou à l’évolution de la condition des femmes.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Les françaises dans la guerre et l'Occupation

Petite déception à la lecture de cet essai consacré aux femmes dans la Seconde Guerre mondiale.

Vaste tableau dont l'approche est très superficielle , les actions et le rôle que ces femmes ont tenu sont traités en deux ou trois pages alors que pour certaines d'entre elles il aurait fallu sortir des généralités et développer leurs actions.

Bref une approche du sujet qui donne envie d'en savoir plus .





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L'Eglise sous Vichy 1940-1945 : La repentan..

Bonjour,



J'ai tenu à lire cet ouvrage didactique et clair pour faire le point sur l'idée que je me faisais de l'Eglise sous l'occupation et sous le régime de Vichy, que l'on dénonce facilement comme complice du régime "fasciste".



J'avoue ne pas avoir été déçu : le regard que pose Michèle COINTET sur cette période et les hommes qui la marquent, dénué de parti pris, nous fait découvrir les courants de pensées, les positions politiques, les traditions, replacés dans le contexte historique de l'époque.



J'avais déjà lu Rerum Novarum, l'encyclique sur la doctrine sociale de l'Eglise par Léon XIII à la fin du XIXème siècle et son appel à rallier la république. j'ai été très agréablement surpris des positions du pape Pie XI en particulier, contre le racisme, et de découvrir comment le Vatican durant l'entre-deux-guerres évince les évêques les plus conservateurs au profit de prélats d'origines modestes, mais disposés à favoriser l'action catholique, à mettre en œuvre la doctrine sociale de l'Eglise, impliquant une appropriation plus grande de l'Eglise par les laïcs au sein des structures de l'action catholique. Au fond, c'est le nid dans lequel est né le concile Vatican II.



On découvre aussi qu'il ne fallait pas attendre du haut clergé de l'Eglise française, qu'il prenne la tête d'une révolte contre un pouvoir fasciste qui ne laissait pas de place à l'expression publique d'une opposition, bien que les distances aient été prises à compter de la publication du second statut des juifs en juillet 1941, par lequel l'Etat vichyste met la main sur leur patrimoine.



Le traitement par thème se révèle très intéressant : la question de l'enseignement libre, son financement, l'encadrement des jeunes (l'Eglise encadre durant cette période près de la moitié des jeunes) et les structures (telles les patronages, les scouts de France ...), ce que font ces jeunes, puis d'autres mouvements comme la Légion des Volontaires Français et le rôle d'un prêtre qui s'égare à la soutenir en s'y enrôlant comme aumônier.



On découvre les prélats clairement antisémites et l'on découvre aussi tous ceux qui ont agi pour protéger les juifs ou favoriser la résistance, et tous ceux aussi qui l'ont payé de leur vie en déportation.



Au final, seuls 3 évêques seront écartés à la libération, dont l'archevêque de Paris, Mgr SUHARD.



Je comprends mieux que François Mitterrand ait toujours refusé que l'on brocarde trop facilement le pouvoir à Vichy, tout au moins tant qu'il contribue à préserver une zone libre jusqu'en 1942. Il avait eu la prudence de refuser le commissariat aux questions juives.



On connaît mieux les noms des ultras qui sont à l'origine des mesures les plus extrêmes du régime : Raphaël ALLIBERT, LAVAL, Joseph DARNAN ...



Je recommande chaudement la lecture de cet ouvrage ...

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La milice française



Les Français ont eu, longtemps, du mal à regarder en face l’histoire de l’Occupation, du régime de Vichy considérés comme des révélateurs désagréables de certains pans de l’histoire de France, de l’existence de courants d’idées contraires à nos valeurs républicaines.



Michèle Cointet, historienne spécialisée dans l’histoire de la Collaboration, de la Résistance, et du gaullisme, énonce dans son livre La Milice française un terrible constat : la Milice, par ses crimes et ses exactions, s’est hissée au même niveau de barbarie que les SS, confirmant ainsi le caractère décisif, et douloureux, d’un réexamen de cette période de l’Histoire de notre pays, dramatique à plus d’un titre.

Ce qui frappe, dès les premiers paragraphes, c’est le malentendu originel sur lequel est fondée la création de la Milice le 31 janvier 1943. Laval, en confiant le commandement de ce corps à Joseph Darnand, pense que « ses hommes l’aideront sans trop l’engager .Sur cette erreur commence l’aventure de la Milice française. »



Qui s’engageait dans la Milice ? Des employés, des cadres, des artisans et commerçants. Ce sont les classes moyennes, originaires d’un milieu urbain qui dominent. Ce constat contredit l’idée, couramment répandue, que la Milice aurait recrutée chez les déclassés.

Quelles étaient, selon Michèle Cointet, les principales motivations d’un engagement dans la Milice ? L’auteure recense l’anticommunisme, l’antisémitisme, la revanche contre le Front populaire, la république ; le tout porté à un niveau de haine et de rancœur inimaginable .Ainsi, Bénouville s’exclame-t-il lors d’une réunion de la Légion de Nice en 1940 : « Il faut que justice se fasse, il faudra que les têtes tombent. »Ou encore Joseph Lécussan, tristement célèbre dirigeant régional de la Milice à Lyon, déclare-t-il : « Il y a des Français qui se sont exclus de la communauté nationale. Ce sont d’abord les Juifs que la race sépare de nous. ( …) Pour ceux-là, aucune pitié : ils doivent être tués .Il n’existe d’ailleurs qu’une seule solution au problème juif : les supprimer. »

Tout est dit, déjà. Les exactions perpétrées par les Miliciens sont de tous ordres : violences contre des habitants de villages, prises d’otages, tortures plus atroces les unes que les autres, instauration de cours martiales on ne peut plus expéditives .On retiendra bien sûr l’assassinat de Victor Basch, président de la ligue des Droits de L’homme, celui de Jean Zay et de Georges Mandel, crimes à ajouter à la liste des crimes commis par la Milice. Cette dernière se distingua lors de la prise du plateau des Glières, en 1944, lorsque la Wehrmacht décida de d’emparer de ce camp retranché sur lequel des centaines de maquisards s’étaient réfugiés. La répression y fut effroyable …



Ce qui ressort de la lecture de ce livre, c’est un démenti cinglant : non, la Milice ne fut jamais un frein à la répression de l’occupant allemand ; elle fut tout au contraire son auxiliaire zélé, le concurrençant dans la barbarie, resituant en cela le rôle du régime de Vichy dans l’Europe de Hitler.

Ouvrage à lire en raison même de cette remise en perspective à laquelle cet essai apporte une contribution décisive.



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L'église sous Vichy

Voici un livre qui aurait pu s’attirer les suffrages d’une majorité de lecteurs, tant il est propre à conforter plusieurs camps opposés dans leurs convictions antagonistes.

D’un côté, il ravira les anticléricaux, car ici, l’Eglise, c’est bien sûr l’église catholique. Les « bouffeurs de curés » y trouveront la confirmation du tropisme pavlovien que le goupillon a toujours conçu pour le sabre. Le 19 mai 1940, devant la débandade de nos armes, l’état républicain demande à l’église d’intercéder pour que Dieu protège la France. Après la prise de pouvoir par Pétain, les évêques font bloc autour du gouvernement et son idéologie de repentance dans l’idée de rechristianiser la France : « Car Pétain c’est la France, et la France, aujourd’hui, c’est Pétain ! » s’exclame en chaire Mgr Gerlier, le 19 novembre 1940. Pendant toute la Résistance, les évêques refusèrent toujours de donner des aumôniers aux maquis, ne les traitant jamais que de terroristes…

En échange, l’Etat Français témoignera de sa reconnaissance en atténuant les excès les plus criants des lois de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état. Comme, par exemple, en autorisant partiellement la réouverture des congrégations religieuses, supprimées à l’époque.

D’un autre côté, cet ouvrage contentera aussi les tenants de la doctrine sociale de l’église. Car si la hiérarchie catholique, à quelques exceptions près, s’est fourvoyée sans rémission dans le mauvais camp, les premiers résistants furent des chrétiens et, proportionnellement à leur place dans le corps social, les prêtres et les religieux ont été sur-représentés dans les camps de concentration. Dès 1941, les « Cahiers du Témoignage Chrétien », édités par le Père Chaillet, sont un des premiers journaux antiallemands et antinazis publiés en France.

Enfin, même les catholiques les plus conservateurs y trouveront quelques raisons de ne pas désespérer. Quand vint le temps des persécutions contre les juifs, (organisées par un catholique conséquent, Xavier Vallat, commissaire aux questions juives), nombre de prélats emboitèrent, -plus ou moins timidement il est vrai-, le pas à Mgr Saliège qui, dans sa lettre pastorale du 23 aout 1942, rappelait que les juifs sont frères des catholiques et s’élevait courageusement contre ces persécutions.

Je n’en écrirais pas plus sur les thèses exposées. Il est vain de vouloir résumer ce livre foisonnant et extrêmement documenté en quelques lignes. Il constitue, probablement, la somme de référence la plus complète publiée à ce jour sur ce sujet bien particulier. Mais son intérêt profond réside dans le fait qu’il évite tout simplisme et tout manichéisme, ce qui, en notre époque de « cancel culture » toujours réductrice, me semble être une œuvre de salubrité publique. Sa lecture en est passionnante. Je le recommande fortement à tout lecteur intéressé par cette période de notre histoire.

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La milice française

Née à Poitiers, agrégé d'histoire et docteur ès lettres, elle a été professeur d'histoire contemporaine à l'université de Tours. Spécialiste du régime de Vichy, elle a obtenu plusieurs prix pour ses ouvrages.

Livre fort documenté, normal pour un travail d’historienne, qui oblige souvent à interrompre sa lecture pour rechercher les références documentaires sur internet !

Qui sont les miliciens ? D’après M. Cointet, une majorité de commerçants et artisans, des ouvriers, des cadres, peu d’agriculteurs. Des hommes, mais aussi des femmes y ont été actives et féroces sanguinaires. Ils s’enrôlent par antisémitisme, par anticommunisme, par opposition aux socialistes : Blum, Mandel, Mandès-France (également à de Gaulle), par rancœur du front populaire, avec un niveau de haine porté au paroxysme.

Après sa création par la loi du 30 janvier 1943, en accord avec le maréchal Pétain, Laval en a confié le commandement à Joseph Darnand, militant d’extrême droite qui s’engage dans les Waffen-SS en 1943. C’est lui le véritable chef opérationnel de la Milice française, une organisation de type fasciste, supplétive de la Gestapo, chargée de la traque des résistants, des Juifs et des réfractaires au STO. Ses exactions sont de tous ordres, nombreuses et barbares : piller les villageois, bruler les fermes, violer les femmes, torturer, massacrer :Victor Bash 80 ans, juif, président de la ligue des droits de l’homme et sa femme Hélène, Georges Mendel, jean Zay…, par l’instauration de cours martiales expéditives (pas d’avocat), et par l’atrocité de ses crimes, s'est hissée au même niveau de monstruosité que les SS. Elle s’est distinguée aussi lors de la prise du plateau des Glières en mars 1944 en aidant la Wehrmacht à éliminer le camp des maquisards, encadrés notamment par des anciens du 27e bataillon des chasseurs alpins d'Annecy.

Dès aout 1944, quand la débâcle allemande se profile, les cadres de la milice prennent la fuite en Allemagne, beaucoup s’engagent dans la division SS Charlemagne et y laissent leur peau. D’autres sont passés par les armes, c’est le début de l’épuration. Et puis vinrent les procès : Laval, Pétain, Darnand et les autres. Cependant, à l’instar des SS, leurs frères d’âme, un certain nombre est passé au travers des mailles du filet en s’enfuyant, notamment en Argentine. Francis bout de l’an, ordure, s’enfuit et meurt en 1977 en Autriche. Jean de Vaugelas, impliqué dans le massacre des Glières, engagé dans la division Charlemagne fuit en Argentine et meurt en 1950. Joseph Lecussan, assassin de Victor Bash et de sa femme, ordonnateur du massacre des puits de Guerry (36 juifs envoyés vivants au fonds d’un puits), est fusillé en 1946, Raoul Dagostini et sa maitresse sanguinaire, Maud Champetier de Ribes seront fusillés en 1944.

La milice fut la plaie béante de l’histoire de Vichy. Heureusement des historiens sérieux sont là pour restituer la vérité politique et sociale.

A lire et faire lire.
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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La milice française

Excellente évocation de ce que fut la milice . Michèle Cointet explique parfaitement le contexte politique de l'époque qui a vu naitre cette abomination que furent les miliciens .

Elle insiste également sur les protections qu'on connu les miliciens importants au sortir de la guerre et ce principalement de l'Église catholique qui mis ses couvents à leur disposition .

Un livre dur même si l'auteur n'insiste pas sur les atrocités commises par la milice mais bien par le fait que bien qu'ils ne furent pas très nombreux à porter l'uniforme milicien ils ont été une des facettes de la France sous l'occupation . France qui était loin d'être peuplée de résistants comme l'a fait accroire le pouvoir en place à la libération. Ouvrage à lire également pour ne pas oublier alors qu'à notre époque même les idées défendues et la vision du monde par les miliciens refont surface avec insistance.
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Les françaises dans la guerre et l'Occupation

Les Françaises dans la guerre et l'Occupation est donc une très bonne introduction pour celui qui veut s'informer sur la vie des femmes pendant le second conflit mondial.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Nouvelle histoire de Vichy

Tout en gardant à l’esprit que l’histoire ne se répète pas ,il est toujours instructif pour la lecture du présent de se plonger dans le passé comme y invite l’excellent livre de Michèle Cointet. De ces analyses précises et documentées on peut tirer quelques remarques : l’existence simultanée de politiciens médiocres , rompus aux jeux de couloirs et de pouvoirs et aux compromis qui permettent de conforter les petits privilèges ( Flambynoïdes quoi…) avec des ambitieux prêts à toutes les manipulations, toutes les les trahisons , à tous les soutiens mêmes les plus douteux ( pour certains ce fut Hitler ou Musssolini, pour d’autres la Lybie ou le Quatar) pour accéder au pouvoir ou y revenir a amené le gouvernement de la France aux pires reniements . Il ne reste à souhaiter que nous ne soyons pas confrontés à des circonstances aussi dramatiques que dans ces années noires…
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Les françaises dans la guerre et l'Occupation

Voici un livre qui répare une injustice complaisamment entretenue. Les images horribles de femmes tondues à la Libération pour avoir côtoyé d'un peu trop près les soldats de la Wehrmacht ont eu tendance à occulter une réalité moins spectaculaire: l'engagement de nombreuses Françaises dans le camp antinazi.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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La milice française

Bien documenté
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Nouvelle histoire de Vichy

Le travail de synthèse de Michèle Cointet est une contribution de poids à la compréhension des quatre années les plus dramatiques de notre histoire contemporaine.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Vichy capitale, 1940-1944

Pourquoi chacun s'extasie-t-il devant le livre de Paxton sur Vichy ? Pourquoi le livre de Michèle Cointet consacré également au régime de Vichy n'a-t-il pas connu le même succès ? Parce qu'elle était française et pire, provinciale, et que l'autre était américain, donc forcément plus excitant? Mystère...

Ce livre est épatant, remarquablement documenté, fourmille d'anecdotes savoureuses, et de plus se lit avec grand plaisir.

Bien sûr, Michèle Cointet ne prétend pas à l'exhaustivité comme Paxton: elle limite l'exploration du régime à la capitale de l'Allier: elle n'en est que plus, beaucoup plus crédible.

Elle nous conte "le petit royaume du Maréchal", le passage du Vichy thermal au Vichy-Etat avec verve. A acheter absolument si l'on s'interesse à la période.
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La milice française

La Milice Française . Me revoilà après un long moment sans lire sur la deuxième guerre mondiale. L'année 2022 je l'ai traversée en conversion, je me suis fait baptisée dans l'Église catholique @nad.in.christo je ne pouvais être au four et au moulin, j'ai consacré plus heures par jour à mon cheminement et j'ai ressenti l'envie de replonger dans cette période aussi sombre que fascinante qu'est la deuxième guerre mondiale .



Ce livre de Michèle Cointet nous présente la milice française sous le régime de Vichy. Créée le 31/01/1943 par Pierre Laval elle devait rassembler des volontaires pour défendre l'ordre contre la résistance et les Alliés. Le portrait du milicien est assez effroyables... Des criminels tortionnaires .

Lucie Aubrac la décrit ainsi : " Elle est composée de Français bien payés, armés, qui vont se conduire aussi sauvegement que la Gestapo. Ils sont souvent plus terribles qu'elle, volent et tuent en toute impunité. De juin 43 à juin 44 il n'est pas un jour qui ne soit marqué par les incendies, des tortures, des exécutions sommaires."

À Montech des miliciens enterrent vivants deux prisonniers. Ils vendalisent mairies, bureaux de tabac, les maisons de familles"suspectes", juifs ...

C'est un bon livre qui développe de nombreux sujets sur la milice, le profil, ses dérives, ses crimes, sa fin, sa fuite (qqs un en Argentine), l'épuration et ses cours martiales, l'oubli volontaire de la mémoire française de la milice qui opérait essentiellement dans le sud de la France. Leur uniforme est, me semble t'il interdit lors des reconstitutions historiques. Leur chef Joseph Darnand dont sa biographie est relatée est condamné à mort et exécuté le 10/10/1945.

Bossompierre est le dernier milicien à être fusillé en France.

Si vous trouvez ce livre lisez le ^^.

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