Dans sa tête, Laura avait toujours vingt-cinq ans, et lorsqu'elle regardait les autres femmes d'un certain âge, elle était souvent fascinée de constater que les années gagnaient du terrain, avant de s'aviser qu'elle appartenait à la même génération.
Elle savait que des fissures commençaient à apparaître. (...) Et les fissures , quand ça s'installait, ça s'agrandissait, ça laissait un trou de plus en plus profond.
Alice était tellement déconnectée de la réalité à laquelle les jeunes de l'âge d'Emma étaient confrontés, en particulier dans le milieu de la télévision, où la concurrence et l'exploitation étaient omniprésentes, qu'elle ne serait pas parvenue à l'appréhender quand bien même Emma la lui aurait expliquée un million de fois. Non, Alice appartenait à une génération déphasée par rapport aux nouveaux arrivants sur le marché du travail. Pour elle, si Emma avait été vraiment douée, quelqu'un l'aurait déjà remarquée.
Une demi-heure à chanter des comptines cruelles ( qui donc, un beau jour, avait bien pu se dire qu'une chanson sur une souris trempée dans l'huile conviendrait à de jeunes enfants ? ), (...).
C'était lui qui s'était absenté toutes ces années. Que savait-il du travail de titan que demandait l'éducation d'un enfant? De l'attention requise tout entière lorsqu'ils étaient petits, du manque de sommeil, des lingettes pour essuyer les joues, les mains , les fesses, les tables, les chaises hautes, frotte par-ci, frotte par-là ? De l'impossibilité d'aller seul aux toilettes ; de l'absolue certitude qu'un câlin suffit à apaiser les coups et les bleus, et de l'impérieuse nécessité que lesdits câlins soient disponibles à tout moment ; des combines de tous les instants - psychologie inversée, humour et tactiques de diversion -, indispensables pour survivre à n'importe quelle journée avec un enfant en bas âge ?
Tooting, c'était ce qu'elle avait trouvé de plus proche du centre de la capitale, la hausse des loyers faisant office de buisson de ronces qui l'empêchait d'aller plus loin.
Mais en fait... J'aurai bientôt un travail.(...) J'attends qu'oncle Vic me trouve une ouverture dans l'édition. Un ami de la famille(...)
Et en plus elle sera prise, pensa Cherry, lugubre. Sans aucun égard pour les candidats qui auront travaillé dur dans l'espoir de mettre un pied dans le métier, ni même pour les candidats plus qualifiés, plus passionnés, qui auraient été dix fois meilleurs qu'elle.
Elle aimait par-dessus tout le fait de ne pas savoir quel tournant tout cela allait prendre, l'exaltation ressentie en voyant s'accomplir chaque événement marquant de la vie d'un enfant. Serait-ce une fille ou un garçon ? A quoi ressemblerait-il, quelle serait sa personnalité ? Comment se débrouillerait-il à l'école, qui seraient ses amis ? Quelles études déciderait-il de poursuivre, qui choisirait-il de devenir ? Il n'existait pas de meilleure loterie que celle de la maternité.
Oh, Cherry avec Daniel. Il est tellement adorable... Il m'a beaucoup plu, je te jure. Oh, on dirait un conte de fées. Comme les deux, là, Kate et William.
Cherry se demanda ce qu'une femme pouvait bien ressentir en apprenant que la maîtresse de son mari n'était pas aussi jolie qu'elle.