AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Mineko Iwasaki (34)


Je fis la sourde oreille. J'étais hors de moi. Je prononçais d'une voix lente et posée :
- Restez où vous êtes et écoutez bien ce que j'ai à vous dire. Je vais punir ce monsieur. Peut-être même vais-je le tuer. Je veux que vous vous rendiez compte combien je me sens humiliée.
Je pris le couteau et le mis sous la gorge de mon agresseur.
- Frappez le corps, il guérira. Mais une blessure au cœur dure toute la vie. Vous m'avez blessée dans mon amour-propre et sachez que je ne souffre pas l'humiliation. Jamais je n'oublierai ce qui s'est passé ici ce soir. Mais comme vous ne valez pas la peine que j'aille en prison à cause de vous, je ne vous toucherai pas. Pour cette fois. Mais gare à vous si vous recommencez.
Sur ces paroles, je laissai tomber, pointe en bas, le couteau sur le tatami, où il se planta à un centimètre du mauvais plaisant. Puis, la tête haute, je sortis de la salle.
Commenter  J’apprécie          00
Après mon omisedashi, je fus emportée par un courant irrésistible dans un tourbillon d’obligations et de tâches plus ardues les unes que les autres. Entre mes cours à la nyokoba, les répétitions pour les festivals de danse et les banquets auxquels j'assistais chaque soir, j'avais à peine le temps de souffler. Levée à l'aube, je n'étais jamais couchée avant deux ou trois heures du matin.
Commenter  J’apprécie          00
On appelle hikizuri le kimono de la maiko. Il diffère du costume habituel en ce qu'il est pourvu d'une splendide traîne arrondie, que ses manches sont très longues et qu'il laisse la nuque à découvert jusqu'aux épaules. En outre, l'obi de l'hikizuri, qui peut mesurer jusqu'à cinq mètres de long, tombe dans le dos jusqu'aux chevilles.
Le mien était en satin dans de subtiles nuances turquoises. L'épais ourlet de la traîne, teinte dans une gamme orangée, s'animait d'un motif d'aiguilles de pin, feuilles d'érable, cerisiers en fleur et pétales de chrysanthèmes. Sur mon obi en damas noir voletaient de grands papillons aux ailes jaunes vif rayées de noir, identiques au papillon en argent qui ornait ma boucle de ceinture.
Commenter  J’apprécie          00
Quand les liens se nouent à Gion-Kobu, c'est pour longtemps. Le Japon cultive un climat d'harmonie à tous les niveaux, mais c'est particulièrement vrai au karyukai. À cette absence de discorde, on trouve deux raisons. La première tient à ce que, étant très proches les unes des autres, nous avons tout intérêt à vivre en bon voisinage. La seconde découle de la nature même de l'activité qui régit le quartier. Les maiko et les geiko divertissent des personnages provenant de tous les horizons, elles se doivent d'être des diplomates hors pair. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes des carpettes ! Avec le temps, j'ai appris à exprimer mes opinions sans froisser les autres.
Commenter  J’apprécie          10
Dans la vie quotidienne ordinaire, la qualité de ce costume est révélatrice de la personnalité de celle qui le porte. On y devine ses goûts, ses moyens financiers, ses origines sociales même. Ce vêtement n'épousant pas les formes du corps, sa coupe ne varie guère, mais on en trouve tissés dans des étoffes et des motifs d'une grande diversité.
Il faut beaucoup de savoir-faire pour choisir avec discernement son kimono selon les circonstances. D'abord, l'on doit tenir compte de la saison. Au Japon, la tradition veut que l'année se divise en vingt-huit saisons, chacune accompagnée de ses symboles : des rossignols pour la fin mars, des chrysanthèmes pour début novembre.
Commenter  J’apprécie          00
Il est temps de lever le mystère qui plane autour de la vie des geishas. Je vous invite maintenant à me suivre dans le monde des fleurs et des saules.
Commenter  J’apprécie          00
Tout lien durable au Japon, surtout celui qui attache le mari à l’épouse, ou celui qui associe un professeur à un élève, est toujours arrangé par un tiers qui continue ensuite longtemps à jouer les messagers entre ceux-là qu’il a contribué à unir.

Chapitre 31
Commenter  J’apprécie          190
Il existe dans une ochaya une personne spécialement chargée de chauffer le saké : on l’appelle l’okanban. C’est elle qui remplit le cruchon d’alcool et le plonge au bain-marie. À priori, la tâche a l’air simple, mais elle se complique quand on sait que chaque client aime son saké à une température différente. Tout l’art de l’okanban consiste à calculer combien de degrés perdra le liquide pendant son trajet de la cuisine à la salle de banquet, afin qu’il arrive juste à la bonne température.

Chapitre 25
Commenter  J’apprécie          180
Une maiko* en costume est conforme à l’idéal de beauté nippon. Elle ressemble à une princesse de l’époque Heian, au point qu’on la dirait sortie d’un rouleau peint du XIe siècle. Son visage est un ovale parfait, sa peau de lait, sa chevelure aile-de-corbeau. Ses sourcils sont des demi-lunes, sa bouche un bouton de rose. Elle a un long cou gracile et sensuel, un corps aux courbes exquises.

*apprentie geisha
Chapitre 17
Commenter  J’apprécie          180
Hikari était une burakumin, elle appartenait à une caste considérée comme souillée, un peu comme les intouchables en Inde. Jadis ils s’occupaient des cadavres ou manipulaient des substances dites polluantes comme la viande de bœuf et le cuir. Ils étaient croque-morts, bouchers, tanneurs. À l’heure actuelle, leur situation s’est améliorée, mais quand j’étais petite fille, ils faisaient encore l’objet d’une cruelle ségrégation.

Chapitre 11
Commenter  J’apprécie          200
Le placement du maiohgi* entre la maîtresse et soi-même est un acte rituel, indiquant que l’on tourne le dos au monde ordinaire et que l’on est prête à entrer dans le royaume où l’enseignante est toute-puissante. En se prosternant, on montre que l’on est disposée à recevoir son savoir.

*maiohgi : éventail
Chapitre 10
Commenter  J’apprécie          150
De considérables remaniements se produisirent au Japon au milieu du XIXe siècle. La dictature militaire au pouvoir pendant six cent cinquante ans fut renversée et l’empereur Meiji prit la tête du gouvernement. Une fois le système féodal démantelé, nous étions prêts à nous transformer en un État-nation moderne. […] L’empereur décréta alors un changement de capitale : Kyoto, siège du pouvoir depuis plus de mille ans, céda la place à Tokyo.

Chapitre 1
Commenter  J’apprécie          180
Dans mon pays, le Japon, il existe des quartiers consacrés aux arts du divertissement et au plaisir esthétique, où vivent et travaillent des artistes à la formation d'une impeccable rigueur. On les appelle des karyukai.
Karyukai signifie "monde des fleurs et des saules", car si la geisha est une fleur parmi les fleurs, elle possède aussi la grâce, la souplesse et la force d'un saule.
Au cours de nos trois siècles d'histoire, une convention tacite ancrée par la tradition et le caractère sacré de notre profession nous a imposé le silence. L'heure est toutefois venue pour moi de dévoiler nos secrets (...).
Commenter  J’apprécie          358
Dans toutes les disciplines traditionnelle, le nettoyage, qui revêt une signification spirituelle, est considéré comme une partie essentielle de l'apprentissage : purifier un lieu souillé revient à rendre son propre esprit à la pureté.
Commenter  J’apprécie          00
Je suis pleine de reconnaissance pour les grands et les petits bonheurs qui m'ont été prodigués sur les chemins imprévisibles de la vie. Si j'ai réussi à atteindre ces rivages paisibles, c'est grâce à la fierté et à l'intégrité que m'a inculquées mon père...
Commenter  J’apprécie          10
La volonté de mon père et le marché conclu avec l'okiya affectèrent définitivement la vie de notre famille. Mes soeurs furent anéanties quand on leur annonça qu'elles allaient quitter le havre de la maison de nos grands-parents. Yaeko ne devait d'ailleurs jamais se remettre de ce qu'elle considérait comme un abandon... Dans les années qui suivirent, toujours à court d'argent, ils envoyèrent une autre de mes soeurs dans cette même maison Iwasaki, où elle servit d'assistante à la directrice. ..
A ma connaissance, nous n'étions que huit dans la famille. J'avais quatre frères et trois soeurs plus âgées. Je ne me doutais même pas de l'existence des trois autres filles.
Commenter  J’apprécie          10
À Gion-Kobu, on était très pieux. La profession de geisha était étroitement liée à la religion et aux valeurs spirituelles qui sont le fondement de notre culture. Notre vie quotidienne se trouvait ainsi au fil de l'année balisée de cérémonies et de festivals.
Chaque matin, au réveil, après avoir pris soin de se laver la figure, tata Oïma disait ses prières devant l'autel. Je m'efforçais toujours de finir mes tâches à temps pour l'accompagner. Cela demeure encore aujourd'hui ma première action de la journée.
Commenter  J’apprécie          256
Mon père avait deux maximes préférées. La première était une sorte de noblesse oblige à l'usage du samouraï : même affamé, un samouraï doit feindre d'être rassasié - la règle d'or étant qu'on ne doit à aucun prix se départir de sa fierté et qu'il ne faut jamais avouer sa faiblesse face à l'adversité. La seconde tient dans l'expression hokori o motsu : cramponne-toi à ta dignité. Il répétait ces adages si souvent et avec une telle conviction que nous finissions par y croire dur comme fer.
Commenter  J’apprécie          294
On a dit de moi que j'étais la plus grande geisha de ma génération. Certes, j'ai recueilli les plus beaux succès. Mon destin a été jalonné d'extraordinaires défis et de merveilleuses gratifications. Et pourtant les astreintes de ce qui est plus qu'une profession - un véritable sacerdoce - m'ont finalement poussée à l'abandonner... Il est temps de lever les voiles du mystère qui plane autour de la vie des geishas. Je veux briser un silence vieux de trois cents ans. Je vous invite à me suivre dans le monde des fleurs et des saules, le monde de Gion-Kobu.
Commenter  J’apprécie          10
Frappez le corps, il guérira. Mais, une blessure au cœur dure toute la vie.
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Mineko Iwasaki (425)Voir plus

Quiz Voir plus

Colette et les animaux

Quel était le surnom donné par Sido (sa mère) à Colette?

Chatoune
Minet-Chéri
Chaton
Minet d'amour

12 questions
68 lecteurs ont répondu
Thème : Sidonie-Gabrielle ColetteCréer un quiz sur cet auteur

{* *}