Citations de Miri Yu (58)
Tous mes souvenirs de ce passé dont je ne pouvais me débarrasser étaient enfermés dans une boîte dont le temps avait scellé le couvercle. Il ne fallait pas l'ouvrir.
je l'ai regardé. Son visage couleur de terre était plein de rides, et ses cheveux avaient blanchi. Il avait énormément vieilli pendant l'année où nous ne nous étions pas vus. Dans le soupir de sa bouche entrouverte, j'ai perçu l'odeur douceâtre de la vieillesse
Quelqu’un qui tombe dans un piège pourra réussir à s’en extraire, mais quelqu’un qui dévisse du haut d’une falaise verticale ne parviendra plus à reposer ses pieds dans la vie. Seule la mort mettra fin à la chute.
Le calendrier sépare aujourd'hui d'hier et de demain, mais dans la vie,mais dans la vie, rien ne sépare le passé, le présent et l'avenir.
Des groupes de jeunes s'étaient mis à attaquer les SDF à Tokyo, à Yokohama et à Osaka, nous avions tous peur d'être le prochain et j'étais terrorisé chaque fois que j'entendais parler de lui.
Les jeunes frappaient les sans-abris à coups de bâton ou de batte métallique, mettaient le feu aux abris...
Ils lançaient des pétards dans les cabanes et jetaient des pierres sur les hommes qui en jaillissaient, terrifiés...
Ils attaquaient les tentes à l'extincteur et quand on en sortait, on se faisait asperger de neige carbonique, tirer dessus au pistolet à bille ou frapper avec des panneaux ou des barres en métal...
Une fois qu'ils avaient assommé à coups de poing et de pied leurs victimes, ils les aveuglaient en faisant éclater un pétard tout près de leurs visages, et les achevaient au couteau...
Je croyais que la mort résoudrait quelque chose. Je pensais qu'à l'instant final, le sens de la vie et de la mort m'apparaîtrait nettement, comme lorsque le brouillard se lève.
Mais je me suis rendu compte que j'étais revenu dans ce parc. Je n'étais arrivé nulle part, je n'avais rien résolu.
Une volée de moineaux vint se poser sur un des saules et le cerisier pleureur voisin, comme une poignée de graines semées par le ciel.
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SDF : personne qu'on fait semblant de ne pas voir quand on la croise, mais que de nombreux yeux surveillent.
Le bruit des vagues s'est amplifié.
J'étais seul dans les ténèbres.
La lumière n'éclaire pas.
Elle trouve seulement des endroits à illuminer.
Moi, elle ne m'avait pas trouvé.
Je resterais toujours dans la pénombre.
Une volée de moineaux vient se poser sur un des saules et le cerisier pleureur voisin, comme une poignée de graines semées par le ciel.
Les trois moineaux ont disparu du réverbère. J'aurais aimé croiser un regard dans cette journée qui me tourmente, ne serait que celui d'un moineau. (p. 95)
Je tremble comme un roseau solitaire alors que je voudrais dire tout ce que je peux dire, je ne sais comment m'y prendre, je cherche une issue, je voudrais tellement en trouver une, mais l'obscurité ne vient pas, et la lumière ne brille pas non plus...(p.19)
Ce matin là, l'air ne sentait rien.
J'entendais des gouttes tomber du toit.
Je me suis dit qu'il pleuvait fort.
J'ai ouvert les yeux et regardé le plafond.
La lumière qui filtrait par les rideaux teintait l'intérieur de pluie.
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Je croyais que la mort résoudrait quelque chose. Je pensais qu'à l'instant final, le sens de la vie et de la mort m'apparaitrait nettement, comme lorsque le brouillard se lève.
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Aujourd'hui, il n'y a que le silence.
Entendre.
Parler, c'est trébucher sur les mots, hésiter, s'interrompre : entendre, c'est aller tout droit - je peux toujours entendre.
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Personne n'a de parapluie. L'asphalte est sec à présent.
Le temps est changeant...
Aujourd'hui...
Un jour...
Ce jour là, il pleuvait. La tête baisée pour éviter les gouttes glaciales, le regard tourné vers la pluie qui rebondissait autour de mes chaussures trempées, j'avançais sous la pluie la tête dans les épaules.
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Depuis que je l'ai rencontré,je me fais vraiment l'effet d'un enfant en train de creuser dans un bac à sable.L'enfant creuse-t-il parce que sa mère l'a encouragé? Parce qu'il l'a voulu,ou pour imiter les autres enfants? Tout ça n'a pas d'importance. L'enfant se contente de creuser.
Je n'ai pas eu le sentiment de vivre, seulement celui d'avoir vécu.
Le grand bombardement de Tokyo par l'aviation américaine a commencé à zéro heures huit le 10 mars 1945. Trois cents B-29 volant à basse altitude ont largué mille sept cents tonnes de bombes incendiaires sur la partie la plus densément peuplée de Tokyo, la ville basse. (...) Au moins cent mille personnes ont péri en deux heures cette nuit-là mais il n'existe à Tokyo aucun monument officiel à leur mémoire comme on en voit à Hiroshima ou à Nagasaki.
Je n'avais jamais rien fait qui m'empêche de marcher la tête haute. Je n'avais jamais réussi à m'habituer. Je m'étais habitué à tous les emplois que j'avais occupés, mais jamais à la vie. A ses souffrances, ses chagrins, ses joies.