Citations de Miri Yu (58)
SDF: personne qu on fait semblant de ne pas voir quand on la croise ,mais que de nombreux yeux surveillent.
Je pense que mes parents, arrivés en passagers clandestins sur un cargo après avoir abandonné tout espoir à propos de leur pays, ne peuvent faire autrement que de continuer à fuir jusqu'à la mort.
Tout est fini, mais tout persiste... l'angoisse... le chagrin... la tristesse...
Je pensais qu'une fois mort, je pourrais retrouver les autres morts.
Que je pourrais m'approcher de ceux qui étaient loin, les toucher, les sentir à tout moment. Je croyais que la mort résoudrait quelque chose. Je pensais qu'à l'instant fatal, le sens de la vie et de la mort m'apparaîtrait nettement, comme le brouillard se lève.
Mais je me suis rendu compte que j'étais revenu dans ce parc. Je n'étais arrivé nulle part, je n'avais rien résolu, j'étais taraudé par les mêmes doutes. Je continue à réfléchir, à ressentir, en tant qu'être qui a perdu la capacité d'exister. (p. 103)
Leurs visages sont comme des petites flaques d'eau, rien de plus.
Je croyais que la vie était comme un livre, on l'ouvrait à la première page, on passait à la deuxième, on continuait et on arrivait bientôt à la dernière, mais la vie n'a rien à voir avec ce que racontent les livres.
Lorsque je me réveillai, j'avais la migraine et la nausée. Je ne pouvais plus supporter de rester un instant de plus dans cette pièce, il fallait que je sorte si je voulais échapper à cette léthargie.
En me réveillant, je croyais que c'était le matin, mais tout était sombre derrière les fenêtres. Je m'étirai pour rassembler mes forces épuisées par le sommeil, mais sans résultat. Je m'étais couchée sans même me laver les dents et j'avais la bouche pâteuse, comme de la crème de lait chaud collée sur ma langue.
Personne dans la trentaine de personne n'a soufflé mot, et la pendule a sonné sept fois comme pour souligner le silence.
Page 70.
Quand la dernière vibration s'est éteinte, la maison est devenue aussi silencieuse que si elle avait sombré au fond de l'eau.
Page 65.
Après ma première visite, je ne retournai pas dans la maison de mon père pendant un mois. Je ne voulais pas le voir parce que j'avais beau lui expliquer cent fois pourquoi je ne pouvais pas vivre avec lui, il ne me comprenait pas. Après le départ de ma mère, de dix à seize ans, j'avais constamment fait le va-et-vient entre la maison du quartier ouest et l'appartement qu'elle partageait avec son ami. Ensuite, j'avais vécu dix ans sans mes parents. Mon père avait peut-être bâti cette maison pour renouer les fils de notre famille, mais en ce qui me concernait, la page était déjà tournée.
Ce jour-là, ma soeur m'appela :
- J'ai pas l'intention d'y vivre ! Ça lui suffit si toi tu y habites. T'as toujours été sa préférée. Dis, va plutôt voir mon film. Bon, il passe dans une seule salle à Shinjuku, c'est dans un cinéma porno. C'est pas terrible mais vas-y, d'accord ?
un jeune homme (...) passe sur le pont Tenryubashi, et s'immobilise devant la fontaine à l'entrée du temple. Il prend la louche de la main droite, puise de l'eau, la verse sur sa main gauche pour la purifier, transfère la louche dans son autre main et procède de la même manière pour la droite. Il termine en faisant couler de l'eau dans sa bouche pour la rincer. il tape ensuite une fois dans ses mains devant la boîte à aumônes du temple de Benten, puis passe d'un pas rapide, en haletant, devant les diverses stèles (...). Le jeune homme sort un billet de mille yens de son sac banane, achète une plaque votive vierge au bureau du sanctuaire, y écrit son vœu au feutre noir et la suspend ensuite au panneau qui leur est destiné.
Celui qui a reçu un secret est obligé de rendre la pareille. Un secret n'est pas nécessairement quelque chose qui doit être caché. Les choses dont on ne parle pas en devienne, même si elles n'ont rien de honteux.
Suivant la direction du vent, j'entendais les trains qui entraient en gare, les gens qui en descendaient et en montaient même si je ne les voyais pas, buoon, goo, goto goto, gotogotogoto, goto, goto... une volée de martellements métalliques dans ma tête... gotton, gotton, go, ton, go... ton, buun, lou... (...) busshuuukiki, ki, kii, ki... ki... ki... (...) Des files s'étaient formées sur le quai.
La mort, était-ce comme si le temps s'arrêtait et que l'on reste seul dans l'espace... ou bien était-ce comme si l'espace et le soi s'effaçait et que seul le temps continuait à passer.
Le parc d'Ueno compte plusieurs restaurants établis de longue date. La plupart des sans-abris savent que leur local à poubelles n'est généralement pas fermé et qu'ils y trouveront sur une étagère les restes emballés dans des sacs individuels. Les supérettes du quartier font de même avec les boîtes-repas, les sandwichs et les gâteaux dont la date de péremption est dépassée et chacun peut aller se servir avant le passage des boueurs.
Des voitures descendent l'avenue Yamashita-dôri en direction d'Uguisudani, le feu passe au vert pour les piétons, un gazouillis d'oiseaux indique aux malvoyants que la voie est libre, et les gens qui quittent la gare d'Ueno par la sortie traversent la rue.
Les trois moineaux ont disparus du reverbère.J aurais aimé croiser un regard dans cette journee qui me tourmente ,ne serait -ce que celui d un moineau.