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Citations de Mohamed Choukri (65)


Alors je demandais à ma mère :
- Mais pourquoi Dieu ne nous donne-t-il pas un peu de chance comme aux autres ?
- Dieu seul sait. Nous, nous ne savons rien. Ce n'est pas bien d'interroger Dieu. Lui sait. Nous, nous ne savons rien. Il est au-dessus de nous tous.
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Les femmes ! Quel univers compliqué ! Je n'arriverai jamais à les comprendre. Quand on pense qu'elles vont provoquer une catastrophe, elles vous sauvent. Le contraire est vrai aussi. Tout dépend de leur état d'esprit.
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Donc mon père nous exploitait. Le patron du café lui aussi m’exploitait, car j’ai su qu’il y avait d’autres garçons mieux payés que moi. J’avais décidé de voler toute personne qui m’exploiterait, même si c’était mon père ou ma mère. Je considérais ainsi le vol comme légitime dans la tribu des salauds.
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Nous étions plusieurs enfants à pleurer la mort de mon oncle. Avant je ne pleurais que lorsqu'on me frappait ou quand je perdais quelque chose. J'avais déjà vu des gens pleurer. C'était le temps de la famine dans le Rif. La sécheresse et la guerre. Un soir j'eus tellement faim que je ne savais plus comment arrêter mes larmes. Je suçais mes doigts. Je vomissais de la salive.
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Donc mon père nous exploitait. Le patron du café lui aussi m'exploitait, car j'ai su qu'il y avait d'autres garçons mieux payés que moi. J'avais décidé de voler toute personne qui m'exploiterait, même si c'était mon père ou ma mère. Je considérais ainsi le vol comme légitime dans la tribu des salauds.
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La distinction entre riches et pauvres n'épargne pas les morts.
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L'effort physique est plus aisé que l'effort de pensée.
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Le jour de notre départ j'ai pensé à la tombe de mon frère. Une tombe qui restera quelconque, anonyme, sans fleur, sans sépulture. Une tombe qui sera effacée par le temps, petite chose perdue dans un amas de grandes choses .
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Je le regardais sans lâcher mon rêve. Le salaud ! D'un geste il éteignit toutes mes étoiles.
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La maladie rend la solitude encore plus profonde. L'homme se surprend à s'aimer encore plus quand il est envahi de solitude.
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Sans richesse. Les morts n'ont pas peur, ne sont pas tristes et ne se disputent pas. Chacun à sa place. Un mort remplace un autre mort. Si le monde est ancien c'est que toute la terre n'est qu'un immense cimetière.
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...j'avais décidé de voler toute personne qui me vole .
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Elle me laissa l'embrasser sur les lèvres. Une bouche tendre. Un parfum doux derrière l'oreille.
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Je m’imaginais toute la planète dans sa nudité : les arbres perdant leurs feuilles, les hommes abandonnant leurs habits, les animaux quittant leur chevelure. Nu. Tout l’univers se mettant nu. La robe glissa sur le corps d’Assia. Toute nue. Assia complètement nue. La fille du propriétaire du jardin était nue ! Un corps d’une blancheur lumineuse. Une chevelure d’un noir splendide. Une poitrine ferme. Le bout des seins bien visible. La toison de son pubis est trop noire. Je sentis une douleur dans ma verge. Elle avança sur les marches du bassin. Se retourna. Ma douleur s’amplifia. Ses cheveux lui couvraient tout le dos. Elle se baissa et son dos se découvrit. Sa chevelure, en se penchant, glissa sur ses épaules. Je découvris aussi ses fesses traversées par un fil de poils bruns. J’avais l’eau à la bouche, le miel à la bouche. Tout mon corps était secoué par un tremblement de plaisir. J’étais las, heureux sur la branche du figuier. Assia continuait sa descente dans le bassin. Lentement, évitant de glisser sur la verdure moisie. Elle contemplait l’eau et le jardin. Elle se mouillait les seins, l’aine et son bas-ventre avec crainte et prudence. Elle sursautait. Je descendis de l’arbre et, fier de moi, je regrimpai et attendis. Je mangeai les figues avec appétit. J’avais oublié mes petites affaires. Assia nageait, plongeait, jouait avec l’eau, comme une sirène. Elle apparaissait et disparaissait. Le jardin s’enveloppait des cris et chants des animaux. Tout était beau. Elle jouait avec son corps, se mettant sur le dos, sur le côté, les jambes en l’air, la tête dans l’eau… Quelle merveille ! Quelle beauté ! J’étais seul à la contempler.

Tremblante elle sortit de l’eau, une main sur les seins l’autre sur son pubis. Craintive et égarée. « Va, meurs ma bien-aimée ! » Elle retrouva sa robe qu’elle enfila à toute vitesse et disparut. « Va, meurs, belle… ! » La blancheur éblouie quitta ainsi le jardin pendant que moi j’éclatai d’un rire nerveux et fou. De nouveau l’âne se mit à braire. La nuit je rêvai d’Assia. Nue. Tantôt ailée, survolant l’espace, tantôt sirène ambiguë dans l’eau du bassin. Je l’ai suivie dans ses mouvements, nos corps mêlés, enlacés pour un doux sommeil au fond de l’eau, un sommeil où nous cessions de respirer sans mourir.

Je fus longtemps habité par cette image : le corps nubile dans sa nudité révélé. Assia restera dans ma mémoire. Image fugitive et initiation visuelle.
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Et toi, tu l’aimes ?
— Oh ! Je ne sais pas. Je me suis habitué à elle. Si l’habitude c’est de l’amour, alors, oui, je l’aime.
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Je lis tout ce qui est imprimé, des livres empruntés ou volés, jusqu'aux papiers ramassés par terre. Des textes souvent en espagnol. Je me prends de passion pour les enseignes des magasins et des cafés, presque toujours en espagnol elles aussi. Certains jours, je les recopies dans mon cahier de brouillon. Je suis porté par la frénésie d'apprendre, tout et très vite, même dans les pires moments. Rimbaud a bien raison de s'écrier [dans l'une de ses notes d'écolier pendant les cours de grec et de latin : « Album Rimbaud, Gallimard, 1967 » N.d.T.] : « Sapristi, moi je serai rentier, il ne fait pas bon s'user les culottes sur les bancs (sic) saperlipopet-touille ! », lui qui a écrit et qui a vue. L'écriture et la lecture sont devenues pour moi une véritable obsession qui me hante aussi bien dans le sommeil le plus profond qu'éveillé. J'ai parfois la sensation d'être moi-même une lettre de l'alphabet, immense, ou une gigantesque plume. Cauchemar ! Quand je n'ai pas de quoi m'acheter un cahier, je copie les leçons sur des bouts de papier trouvés par terre qui ont déjà servi.
(page 33)
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Un jour elle m’a dit : « Moi je ne conçois l’amour que dans le mariage. » Je lui avais répondu : « Et moi je crains que mon amour ne meure dans le mariage. » Ce qui fait que notre relation se maintient c’est que nous ne sommes pas possessifs. C’est ainsi qu’un certain amour nous unit.
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'Le pain nu' : un récit autobiographique de Mohamed Choukri, dans lequel il s'épanche au sujet de son adolescence marquée par la famine, la phobie de son père, la nécessité de trouver quoi manger, qui découvre la drogue, l'homosexualité, la prostitution etc .. C'est à cette époque que le Maroc dégustait et subissait l'influence européenne.
(Ce livre a été censuré de 1983 à 2000, vue la crudité des passages explicites sur la sexualité)
Bref, c'est un livre qu'il faut lire ..
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Mohamed Choukri
Ah ! L'exil des villes ! Nous ne pouvons aspirer qu'aux masures des djebels (montagnes) et des plaines désolées où l'exode se crée un nouvel asile.
(page 163)
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[À l'hôpital psychiatrique de Tétouan] Abdelhakim m'adresse la parole pour la première fois alors que nous prenons le petit déjeuner. Il me dit :
— Celui qui vient nous voir est notre frère. Celui qui ne vient pas est notre vrai frère.
(pages 161-162)
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