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3.63/5 (sur 28 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 11/02/1944
Biographie :

Monique Bourin (Monique Bourin-Derruau) est historienne.

Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Jeunes Filles (Sèvres, promotion 1962), elle est Docteur d’État (1979).

Elle a été professeur d'histoire du Moyen Age à l'Université de Tours (1985-1993) et à l'Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne (1993-2004).

Elle est professeur émérite à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne depuis 2004.

Ses thèmes de recherches sont: histoire de la France méridionale (Xe-XIVe s.); histoire des sociabilités et des pratiques spatiales; anthropologie économique des campagnes médiévales et récemment le décor peint des demeures médiévales.


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Extrait de l'introduction

VINGT ANS APRÈS

Un prénom et un nom pour désigner une personne nous apparaît comme «naturel», d'autant plus que ce système s'est imposé à une grande partie de la planète, au fur et à mesure que s'est étendue l'influence colonisatrice de l'Europe occidentale, où il est né. En France, il est devenu, par étapes successives, le système légal, où le nom s'hérite par voie patrilinéaire, tandis que le prénom permet d'identifier chaque personne, notamment au sein de la famille, parmi tous ceux qui portent le même nom. Il est souvent répété que la création de cet état civil naît lors de l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539. A tort : l'article 51 ne fait que rendre obligatoire la pratique, plus ancienne mais peu répandue, que le curé de la paroisse tienne le registre des baptêmes et il fallut des décennies, voire des siècles, pour que tous les curés de toutes les paroisses le fassent '. A tort aussi, car l'usage de désigner toute personne par un prénom et un «nom de famille» s'est installé beaucoup plus tôt, entre l'an mil et le XIVe siècle. C'est à cette naissance, à ses rythmes, à ses nuances régionales que s'est consacrée l'enquête Genèse médiévale de l'anthroponymie moderne, dont ce volume rapporte la démarche et les principaux résultats.
Il nous a paru plus simple, pour ce faire, de rassembler dans une première partie, plus longue que les autres, les étapes qui nous ont permis de décrire et d'analyser comment, dans la période centrale du Moyen Âge, s'est construite une «nouvelle anthroponymie», pour désigner une partie de la population, les hommes laïcs. Car c'est pour eux que s'est créée l'anthroponymie à deux éléments, le nom et le surnom. Rapidement, cette enquête, partie de quelques régions presque toutes françaises, s'est élargie à l'essentiel de l'Europe. Des historiens anglais avaient déjà leurs propres approches, et les historiens allemands demeuraient, par tradition, plus intéressés par les premiers siècles du Moyen Âge. C'est donc surtout vers la péninsule Ibérique et l'Italie que nous nous sommes dirigés, d'autant plus facilement que nombre de médiévistes français consacraient leur recherche à ces deux pays méditerranéens.
Après avoir retracé la genèse du système anthroponymique à partir de très nombreux mais très laconiques actes de la pratique, le temps vint de chercher les rares mentions, où dans les sources les plus diverses, se seraient glissées quelques explications et quelques détails éclairants. Aiguilles dans un tas de foin ? Cette quête, ô combien patiente, en valait la chandelle. Nous en présenterons les principaux acquis.
Nous souhaitons que ce livre montre les développements qui se sont imposés à nous au fil de l'enquête, telle la question de la stigmatisation par le nom. Peut-être cette question nous est-elle venue en écho à des situations très contemporaines. De même peut-être la dernière phase de l'enquête, consacrée à la manière dont l'anthroponymie réagit aux migrations. À l'origine de cette ultime recherche il y avait évidemment la constatation qu'il était trop simple de se fier au surnom de lieu pour décrire les courants de migration au Moyen Âge. Un migrant est-il toujours désigné par son origine «étrangère» ? Pendant combien de temps, dans le système souple et descriptif qu'est l'anthroponymie médiévale, ce surnom est-il conservé plutôt que n'est adopté un sobriquet exprimant une particularité bien marquée, qu'il s'agisse, par exemple, de l'affection filiale ou d'une chevelure rutilante ? Derrière ces questions, c'est tout le rôle, intégrateur ou discriminant, de l'anthroponymie qui est posé. La société médiévale n'est pas tendre, elle rit de l'aveugle et se moque du boiteux, elle se méfie de l'étranger qui passe, mais elle ne manque pas de solidarité et d'ouverture sur le monde.
Au terme de l'étude de l'anthroponymie des hommes laïcs, qui fut le fil directeur de notre enquête, il convient de faire le point sur les concepts, les méthodes et les instruments statistiques qui ont été mis au point et constituent maintenant un protocole applicable pour de nouveaux corpus.
Puis ce fondement de l'enquête établi - compter et compter aussi juste que possible - le livre abordera des zones «annexes». Annexes, non pas parce qu'elles sont historiquement moins importantes, mais parce qu'elles n'ont pas constitué l'axe principal et premier de notre travail. À commencer par une étude systématique de la manière dont le surnom individuel s'est mué peu à peu en un nom de famille, cet héritage du nom étant plus un droit d'accès à un patrimoine qu'une obligation légale. Comme il en va souvent dans la recherche, le protocole imaginé a été peu utilisé. Peut-être parce que l'enthousiasme du début s'était émoussé, peut-être parce que le protocole d'étude était trop compliqué à suivre, nous n'avons pas pu éclaircir cette évolution autant que nous l'aurions souhaité. Peut-être ne sommes-nous encore pas tout à fait d'accord entre nous, entre ceux pour qui l'hérédité du surnom n'est pas atteinte au terme de la période médiévale et ceux pour qui elle a été presque immédiatement acquise, à quelques exceptions près. La gestion familiale de l'anthroponymie n'en est pas moins essentielle à comprendre et ce livre se devait d'avoir sa branche «familles».
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incipit :
Montaillou n'est pas un village bien doté par la nature : une moyenne montagne ariégeoise ne prédispose pas aux grasses récoltes. Au seuil du XIV° siècle, on s'y nourrit convenablement, de mouton et plus souvent de porc fumé, de laitages, surtout, sous forme de fromages, de fèves, qui apportent les protéines en quantité raisonnable. La soupe aux choux ou aux poireaux avec du lard et du pain est l'ordinaire, et le pain de froment n'est pas si rare. Sans compter les appoints, importants, de la cueillette des noix, des champignons, du ramassage des escargots ou de la pêche aux truites.
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