Vu le thème abordé et le fait qu'il s'agit d'un témoignage, vous comprendrez bien qu'il ne m'est pas possible de rédiger un "avis", une "chronique" et encore moins une "critique".
Je peux parler de ce livre, je peux donner mon sentiment de lecture, je peux espérer vous donner envie de le découvrir, parce que c'est un témoignage important. Mais je me retrouve bien embêtée, parce que c'est compliqué. Je n'ai pas envie de ne pas rendre justice à ce qu'il faut de force et de courage pour relater cette expérience tragique qu'a vécu Nadia Murad.
Un peu de sobriété et de retenue pour aborder ce qu'il se passe dans notre monde à nous, sûrement encore en ce moment même et dont on parle bien trop peu.
Nadia Murad avait une vie, avant. Pauvre, certes, mais pleine de joie de vivre, de promesses d'avenir, d'espoirs, de rêves. Elle avait une famille, unie, soudée, des amis. Elle faisait partie d'une communauté solidaire, qui essayait de vivre en harmonie avec ses voisins au mépris des différences de culture.
Puis Daesh est arrivé.
Les habitants de son village ont été parqués, tués, vendus, torturés, violés, utilisés, battus. Objectifiés. Assassinés, même pour ceux qui restaient. Quand on est réduits à moins qu'un animal, moins qu'une plante verte, est-ce qu'on est encore vivant ?
Nadia Murad ne fait pas dans le voyeurisme, dans le sensationnel. Elle s'en est sortie, elle a eu de la chance. Mais la culpabilité du survivant hante chacun de ses mots. La culpabilité de la victime aussi. Quand elle se reproche de ne pas s'être débattue davantage, de ne pas avoir crié, frappé, mordu, impossible de ne pas se remplir d'empathie. Chacun réagit comme il peut, et essayer de se retrancher dans une partie de soi qui demeure inaccessible à l'extérieur est une manière de se défendre aussi valable qu'une autre, et pas forcément moins efficace.
Mon cœur s'est serré plus d'une fois à la lecture de ce texte, parce que je sais que c'est arrivé. Ce n'est pas de la fiction, même si ça pourrait ressembler à ce que n'importe laquelle de ces dystopies qui traîne dans votre bibliothèque dénonce.
Vous n'aurez pas le détail de ce que cette jeune femme a pu vivre de glauque, de scabreux. Vous aurez un témoignage sobre et sans fioritures. Un de ceux qui marque et qui révolte.
J'espère que vous le lirez. Que ce texte sera partagé, qu'il fera du bruit et qu'il sera un véritable coup de poing dans la figure pour chacun de ses lecteurs. Mais surtout qu'il participera à ce que notre monde change un petit peu.
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