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Critiques de Nastassja Martin (153)
Croire aux fauves

J'ai adoré ce livre. Mes intérêts personnels me donnent une grande sensibilité à ces thématiques (peuples autochtones, relation à la nature, individualité et altérité) et le roman de Nastassja Martin les aborde avec beaucoup de poésie et de profondeur. Loin d'un roman d'aventure, c'est une plongée à l'intérieur de soi et à l'intérieur des autres, pour se déconstruire et reconstruire. C'est un ouvrage qui prend aux tripes, des réflexions qui résonnent, un appel à regarder plus loin. Je vous le conseille vivement !
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Croire aux fauves

« Mon corps est devenu un territoire où des chirurgiennes occidentales dialoguent avec des ours sibériens. »

Ce petit livre est un trésor…

L’auteure, une anthropologue, se rend au Kamtchatka dans une communauté retirée du monde vivant au plus près de notre mère Nature , les Evènes. Lors d’une sortie, voulant gravir le volcan, elle s’éloigne de ses compagnons et subit l’attaque d’un ours. Elle est seule, désemparée, isolée et souffre terriblement d’une morsure au visage. Pourtant l’ Animal lui a laissé la vie sauve. Est-ce parce qu’elle a croisé son regard, que la bête y a décelé sa part animale, son double? S’ensuit une renaissance où le fauve prend possession de ses pensées, devient son égal, son guide.
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Croire aux fauves

Beaucoup de très bonnes critiques évoquent déjà très bien le livre de Nastassja Martin : Croire aux fauves.

Ce qui m'a le plus fascinée dans cette aventure d'une anthropologue spécialiste de l'arctique dévorée par un ours, c'est le nombre de réédition qu'a connu ce livre depuis sa sortie, sept fois réédité depuis sa sortie en octobre 2019 !

Qu'est-ce qui nous pousse à nous pencher sur un univers et un mode de vie si éloigné du nôtre ? L'exotisme, le regret d'un monde perdu, la fascination pour le danger, l'intérêt pour la nature et les autres êtres vivants, une attirance pour la magie de ceux qui croient aux rêves prémonitoires ?

Je reste dubitative : sont-ce les mêmes qui se demandent si le black friday aura lieu ?
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Les âmes sauvages

Les âmes sauvages est la traduction "grand public" de la thèse de Nastassja Martin, anthropologue qui débarque en 2011 en Alaska, à Fort Yukon, à quelques 13 km du cercle arctique pour étudier les indiens Gwich'in. Comme toute bonne anthropologue, elle va laisser sa problématique évoluer au contact du terrain et finira par étudier sous toutes les facettes le triptyque autochtones-Occident-environnement. Il faut dire que cette région s'y prête particulièrement bien, elle qui concentre tous les enjeux du 21e siècle, qu'ils soient climatiques, économiques ou écologiques.



Sans misérabilisme, ni dualisme, et avec un effort de plume fort remarquable et appréciable quand on pense qu'il s'agit d'un compte-rendu scientifique, elle rend compte avec humilité du mode de vie et de pensée Gwich'in.



Le sujet qui m'a personnellement le plus marquée ? L'analyse écologique, où elle montre avec dextérité que, lorsque les Blancs parlent d'écologie, ils s'adressent aux Blancs, pas aux Gwich'in et moins encore à l'ensemble des êtres vivants. Bref, en faisant le détour par les Gwich'in, non seulement on s'ouvre à une autre façon de "faire monde", mais on se rend compte comment deux collectifs - les Occidentaux et les autochtones - ne parlent pas du tout de la même chose lorsqu'ils se réfèrent à l'environnement, d'où l'incompréhension latente. Et c'est bien là la force de l'anthropologie: offrir des perspectives. Défi rélévé haut la main par Nastassja Martin.
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Croire aux fauves

Les premières et primitives croyances animistes selon lesquelles la nature est régie par des forces de toutes sortes avant de passer le relai aux religions polythéistes représentant ces forces par des figures humaines ou mi animales, Anubis, Zeus etc., ces croyances ont dû apparaître dès que l'homme a été capable de les féconder, c'est à dire dès que son développement intellectuel le lui permit.



Croire aux fauves, deux livres en un pour schématiser s'intriquant pour l'un en toute fluidité, pour l'autre en toute pesanteur discutable.



La fluidité.

Natassja Martin, anthropologue est spécialiste des populations arctiques qui pour la plupart ou toutes en sont restées aux croyances animistes. d'où le laïus introductif. Faut il en faire un modèle et y revenir ? Gardons le bon sans nous opposer au progrès.

Lors d'un voyage d'étude, elle est agressée par un ours et s'en réchappe à coups de piolet. le récit de cette attaque est succinct, blessures à la cuisse et au visage, l'importance n'est pas précisée. Nastassja Martin raconte ses douleurs et le périple chirurgical des confins de la Russie à la Salpêtrière en passant par Grenoble. En parallèle réaction des proches, famille et population locale, son objet d'étude, avec qui elle a partagé un pan de sa vie.

Fluidité donc et admiration.



Pesanteur discutable.

Confrontée à la mort et étudiant une population animiste aux principes de vie aux antipodes des nôtres, dans la solitude de ses pensées, Nastassja Martin nous livre les résultats de ses cogitations aux allures de vérité qui s'imposent à nous d'où un certain agacement pour celui qui ne sera pas d'accord.

Les populations primitives sont elles meilleures que nous car se contentant de l'essentiel ? Surtout si le négatif n'est pas pris en compte. Et à contrario ce que nous vivons n'est il que gabegie et excès ?



Quelques idées.

L'antivie se résumait à la salle de classe,aux mathématiques et à la ville.

L'anthropologie, a été pour moi une porte de sortie.

L'Alaska m'a préparée à cette rencontre avec l'Ours.



Pas d'éléments afin de nous faire comprendre son rejet ayant induit son attrait pour autre chose.

Pas très clair l'Alaska, cheminement de vie ou destinée animiste où tout est déjà inscrit, ne laissant plus rien alors à l'autonomie humaine ?



Miedka.

Idem, Nastassja partage t elle cette idée qu'elle est devenue mi-femme mi-ours. Gare à vous alors.

Que n'eut elle été mordue par un loup ou une chauve souris vampire ou plus trivialement par une araignée ! ( Loup garou, vampire et l'homme araignée )



Juste vivre plus loin.

Idem. Pas clair. Vivre plus loin pour être ailleurs que là où l'on est. Non. Pour ne pas se contenter de ce que l'on est et évoluer. Oui



Croire aux Fauves. Un livre un qui suscite l'admiration. Un livre deux plus discutable et pas très clair.
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Croire aux fauves

Fabuleuse écriture qui mêle le témoignage d'une expérience poignante et éprouvante et, comme un nuage diffus, la présence d'un animisme propre aux régions sibériennes, qui pourtant irradie le roman dès les premières pages et voyage, comme l'auteure rapatriée en avion depuis son accident, des forêts orientales jusqu'à nous.

Un témoignage fort sur un chamanisme raisonné, intellectualisé et, en même temps, vécu dans les tripes et dans la chair.
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Croire aux fauves

Une anthropologue dépressive promène le vide de son existence dans le grand nord sibérien (l'herbe est toujours plus verte ailleurs). Là, elle rencontre enfin quelqu'un, mais manque de chance c'est un ours qui la croque assez méchamment. Suit le récit de ses mésaventures médicales et l'exposé confus de ses états d'âmes.

Ce qui frappe dans ce récit c'est son caractère intégralement autocentré. N'espérez donc pas en apprendre plus sur les peuples autochtones que l'auteure étudie dans les montagnes glacées de l'arctique. Dans le monde de Nastassja Martin, les autres ne sont que des ombres qui servent de décor à la mise en scène de son mal-être.

Alors bien sûr on compatit au parcours hospitalier éprouvant de l'auteure et l'on est bien obligé de la suivre dans son retour en quête de rédemption, dans les forêts sibériennes. Mais l'on s'agace aussi quand on essaie de la suivre dans de sa logorrhée prétentieuse sur la dimension animiste de sa rencontre avec l'ours.

Au final, ce récit narre avec une certaine sincérité la difficile relation de l'auteur avec l'altérité, relation qui trouve son point d'orgue dans sa rencontre avec l'ours. Tout ceci est très embrouillé et j'ai personnellement éprouvé beaucoup d'ennui à la lecture de ce livre et une certaine exaspération face à tant d'égocentrisme.



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Croire aux fauves

Un livre qui attire comme un mimétisme et nous pousse à aller jusqu'au bout. Pendant toute la lecture, je me suis demandée si l'auteur connaissait le conte pyrénéen de Jean de l'Ours. Tantôt j'ai pensé que le fauve était une métaphore des autres qui marquent notre Moi, tantôt j'ai pensé qu'il s'agissait de notre partie animale. Parfois, je n'ai pas compris ce qu'écrivait l'auteur alors j'ai relu puis carrément sauté le paragraphe car l'envie de continuer était la plus forte.
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Croire aux fauves

Nasstasja est une femme de cran. Elle nous offre ses sommets et ses abîmes, à la suite de la rencontre avec un Ours du Kamchatka. Elle partage aussi son amour des peuples chasseurs cueilleurs arctiques, de l'animisme.

Un peu surhumaine et hors-norme, voici une belle âme à l'écriture comme une crête de montagne...
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Croire aux fauves

Le feu brûle, l’eau mouille et les ours ne sont pas les gentilles peluches que l’on offre aux enfants comme doudou. Pour qui a la chance ( ?) de croiser des espèces sauvages aussi puissantes symboliquement autant que biologiquement que l’ours, il existera toujours la vérité, non moins puissante, de la rencontre. L’homme a conquis la planète, ses espaces, ses milieux, ses mers et son sous-sol. Il impose son joug, partout où il passe, partout où il s’installe, du moins partout où son esprit mercantile et propriétaire l’accompagne. Cependant, au sein de la foultitude du vivant, certaines espèces ne craignent pas l’homme, du fait de leur taille ou de la nôtre, de leur statut ou du nôtre – Eduardo Kohn dans « Comment pensent les forêts » le décrit très bien. Dans ces régions reculées du globe où ces espèces ont moins à subir les coups de boutoir de notre « humanité », alors ils vivent comme ils ont toujours vécu et la rencontre n’est pas forcément à notre avantage. Nasstaja Martin ne remet pas en question la rencontre, pas plus qu’elle ne culpabilise de l’avoir faite, ou n’attribue la faute à l’ours. Nasstaja Martin produit une réflexion sur ce qui l’a conduit à se mettre dans la situation de cette rencontre. Car croiser la route de l’ours est marquante pour qui l’a faite, une fois dans sa vie. Nasstaja Martin a vécu l’accolade, elle est entrée dans sa gueule et, plus que d’en être sortie, elle s’en est sortie. Elle, en tant que survivante, qui est-elle devenue ? Il s’agit moins de tirer la leçon d’un instant de survie que d’adopter, ici, la démarche de l’ethnologue. Recueillir les paroles étranges de l’étranger, est au cœur de son écriture, mais l’étrange et l’étranger sont ici en elle et elle tente d’accéder à la pensée et aux représentations qui émergent, étant devenue étrangère à elle-même, dans un visage en reconstruction comme son identité. Nasstaja Martin s’attache au cœur du processus de compréhension de l’autre, de la rencontre avec le sauvage, celui qui ne laisse jamais indifférent et qui parfois, nous marque de son sceau à trop en avoir tenté l’approche.
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Croire aux fauves

L’auteur est anthropologue, donc étudie les cultures et les sociétés humaines en allant sur le terrain.

En 2015 quelque part dans les montagnes du Kamtchatka :

« L’ours est parti depuis plusieurs heures maintenant et moi j’attends, j’attends que la brume se dissipe. La steppe est rouge, les mains sont rouges, le visage tuméfié et déchiré ne se ressemble plus. Comme aux temps du mythe, c’est l’indistinction qui règne, je suis cette forme incertaine aux traits disparus sous les brèches ouvertes du visage, recouverte d’humeurs et de sang : c’est une naissance, puisque ce n’est manifestement pas une mort. »

Dès l’incipit, le lecteur est happé vers ces contrées qui lui sont étrangères.

Il entre dans l’univers très particulier de l’anthropologue qui vit parmi le peuple Evène « les derniers peuples chasseurs de rennes aux croyances marquées par l’esprit de l’ours. »

Mère et frère arrivent en Russie pour la soutenir et l’accompagner dans son transfert à l’hôpital de la Pitié Salpetrière pour une reconstruction maxillo-faciale.

C’est un périple qui lui fait plus peur que les ours.

C’est une famille soudée autour d’elle, et pourtant cette famille subit reproche et conseils comme quoi il faut savoir mettre en laisse ses enfants pour leur bien. Heureusement ce n’est pas leur façon de voir, chacun respecte et soutien Nastassja et garde ses inquiétudes cachées.

Ces passages sont très émouvants et provoquent une réflexion sur la liberté et le prix à payer parfois.

Comment lutter contre cette foi : « Dans la rencontre entre l’ours et moi, dans sa mâchoire contre ma mâchoire, il y a une violence inouïe, qui exprime celle que je porte en moi. Si je déroule le fil de sa pensée, je suis allée chercher à l’extérieur quelque chose qui est en moi. »

« Je ne suis pas en paix. J’ignore même ce que signifie ce mot. »

Lorsqu’elle retourne au Kamtchatka, elle est accueillie de façon mitigée. Ceux qui la considèrent comme faisant partie de leur famille sont heureux de la retrouver. Les autres ont peur, car elle est devenue une « miedka » en langage simple « mi-femme mi-ours » car l’esprit de la bête s’est glissé en elle.

Les passages sur l’animisme sont tellement réjouissant pour moi, et si loin de nos croyances.

L’idée que l’esprit de l’ours et sa force vitale soient en elle, fut une échappée belle pour mon imaginaire.

Ce livre a été aussi déroutant qu’éblouissant, et l’illustration parfaite que la littérature peut nous faire voyager loin.

Je vais conclure avec les mots de Natassja Martin : « Antonin Artaud avait raison. Il faut sortir de l’aliénation que produit notre civilisation. » « Je dis qu’il y a quelque chose d’invisible, qui pousse nos vies vers l’inattendu. »

Je vais lire son précédent livre Les âmes sauvages. Très envie d’en savoir plus.

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 12 décembre 2020.





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Croire aux fauves

L'auteur donne dans la mode chamanique avec un livre emberlificoté où elle en profite pour faire un peu de sa psychanalyse et conte son voyage aux confins de l'extrême tant sur le plan géographique que psychologique mais à la fin on reste sur sa faim.



Difficile de comprendre ce qu'elle cherche et ce qu'elle trouve





Le plus intéressant reste la description cette fois-ci anthropologique de la vie dans les forêts et les volcans glacés avec des personnages qui ont beaucoup plus de profondeur





Alors que finalement elle bénéficie d'une chirurgie recontructrice d'exception qui lui a permis de reparler de remanger correctement et de retrouver un visage elle en profite pour égratigner les équipes chirurgicales qui, faut-il le reconnaître, l'ont sauvée et réparée au moins sur le plan physique.



si vous souhaitez voyager préférez des auteurs nordiques islandais finlandais norvégien ou danois

Votre libraire saura vous conseiller utilement



Que cela ne vous empêche pas d'acheter le livre . vous vous ferez votre propre opinion
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Croire aux fauves

Un livre très fort sur beaucoup de plans. Je ne pense pas avoir tout compris, mais j'ai trouvé beaucoup de passages et de moments fascinants.



La connexion entre une femme et un ourse, après et au delà de leur rencontre et combat physique.



Babel m'oblige a écrire plus, mais je n'ai rien à rajouter. C'est un objet qui doit se découvrir, qui est difficile à raconter.
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Croire aux fauves

Je suis très étonné de la facilité avec laquelle l'auteure parle de l'animisme, sans réelle retenue, mais la sincérité me semble être là. Elle est anthropologue, c'est pour beaucoup dans la qualité de son récit, mais au-delà il y a l'expérience. J'ai beaucoup apprécié la dimension relationnelle, le récit de son tourment avec la médecine, mais moins les développements métaphysiques. C'est un livre à part sur la "religion" universelle, celle qui est traquée par tous les pouvoirs.
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Croire aux fauves

Nastassja est anthropologue et fait une singulière rencontre lors d’une expédition au Kamtchatka. Elle se retrouve face un ours et réussit à s’en sortir vivante mais pas sans blessures. Cette rencontre va changer sa vie et surtout sa vision de la vie à jamais. La convalescence et le fait de s’en sortir évoquent chez elle des sentiments contradictoires et en même temps nouveaux. C’est dans ce livre fort qu’elle partage ses sentiments, notamment un rapport à la nature paradoxalement renouvelé. Le livre est en grande partie le récit de « l’après », le récit d’une guérison.



Ce témoignage écrit à la première personne est marquant et rempli d’humanité. Il fait réfléchir sur les rapports entre homme et nature mais aussi sur les rapports des hommes entre eux. Une surprenante lecture à découvrir.



extrait : « En sortant du cabinet je lève mon visage fatigué vers un soleil blanc. Pourquoi tout ça ? Il va me falloir plonger une fois de plus en moi-même. Je pense à l’ours. S’il est vivant, au moins vit-il sa vie d’ours sans toute cette violence symbolique et concrète dont je fais les frais. Enfin, qui sait ? Peut-être que le peuple des ours a lui aussi ses procédures de mises au ban, ses manières de marginaliser les outsiders, d’écarter ceux qui ne sont plus conformes. Je baisse mes yeux éblouis, j’entre dans la voiture, j’enclenche la clé dans le contact. Quoi qu’il en soit. Je ne verrai plus jamais ces gens. »
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Croire aux fauves

J'ai vraiment aimé me laisser emporter par ce récit qui réunit plusieurs aspects que j'aime : la nature, l'anthropologie, l'animisme et la littérature. D'une très belle plume, l'autrice nous permet de croire à son aventure aux lisières de son humanité. Elle explore l'altérité avec un ours et les croyances d'un autre peuple qu'elle fait sienne et vit véritablement de l'intérieur. Son incroyable aventure est autant une aventure de terrain qu'une aventure intérieure. C'est surtout de la poésie et ça se lit comme un roman passionnant.
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Croire aux fauves

A la lecture du quatrième de couverture, méfiance : la crainte de se retrouver en plein délire présomptueux aux relents New Age se profile-t-elle ? Il n’en est rien ici, ouf. De quoi s’agit-il ? Natsassja Martin, anthropologue française, survit à l’attaque d’un ours aux confins du Kamchatka. C’est un bouleversement ontologique qui s’opère : la plaie béante de l’attaque laisse entrer en elle la respiration de la forêt, des fauves et du vent.

Alors oui, ce témoignage parle d’animisme et il faut sans doute avoir l’esprit disposé à entrer dans une réflexion qui sort des sentiers battus. Mais, au départ d’une rencontre violente et troublante avec un ours, l’auteure partage son expérience intime de façon brute, et livre des réflexions qui invitent à nous questionner sur notre humanité, sans jamais glisser dans le grandiloquent ou le pathétique.

Elle prend le temps de se questionner posément sur le sens profond de cette rencontre et en retire des enseignements pour éclairer son existence. Son expérience personnelle débouche sur un questionnement de la condition humaine en apportant des réflexions déstabilisantes : c’est une invitation à sortir du champ de la pensée rationnelle instituée et incontestée dans la culture occidentale, pour renouer avec d’autres formes de pensées et de langages. Autrement dit, d’autres façons d’appréhender le monde.

Sans sombrer dans un mysticisme halluciné, ce texte désacralise l’intelligence humaine qui occulte d’autres formes d’intelligence non codifiées, non instituées, ignorées et oubliées, sommeillant pourtant au plus profond de nous, et que l’on trouve encore présent dans certaines communautés isolées.

Ce témoignage touche à un questionnement essentiel, ça tient au rapport viscéral de l’homme à la terre, à l’altérité, aux champs magnétiques, aux dialogues de nos rêves oubliés, toutes ces sensations inexprimables car nous avons perdu depuis trop longtemps les mots pour les formuler, le temps pour y prêter attention.

Une expérience racontée avec acuité, sans mièvreries, loin d’un racontar d’illuminé. Un vent de fraîcheur venu du Grand Est, terres lointaines où se perd le chant des origines.

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Croire aux fauves

Août 2015, expédition sur les hauteurs du Kamtchatka à l'est de la Russie. Alors qu'elle décide de marcher seule, Nastassja Martin (l'auteure) rencontre un ours. Ils s'affrontent violement. Vivante mais pas indemne, elle entame une fastidieuse et douloureuse reconstruction physique et psychique.



Au delà, d'un parcours hospitalier et d'une succession d'opérations pour retrouver son visage, elle décrit son métier d'anthropologue, sa vie et révèle une expérience initiatique et spirituelle où elle pense désormais avoir eu un lien unique avec l'ours.



Lecteur, nous assistons a l'introspection profonde de l'auteure. Une épreuve après l'autre, un pas après l'autre elle gravit son chemin de vie certes douloureux mais fort d'une ressource intérieure et d'une connexion avec la nature.



Par métaphore, son récit inspire nos chemins de vie et nos esprits voyagent au rythme d'un récit parfois onirique.
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Croire aux fauves

Nastassja Martin est la sœur de Sylvain Tesson et Philippe Lançon... Elle nous fait cadeau d'un récit passionnant aux résonnances multiples.

Cette anthropologue, au moment des faits, se trouvait au Kamtchatka, dans un clan évène qui a décidé de devenir chasseur-cueilleur à la chute de l'URSS. Elle étudie cette société animiste qui interroge notre rapport au monde tellement auto-centré.

Surnommée matukha, l'ours, par les Evènes, elle devient miedka, mi-femme mi-ours, en août 2015, suite à sa "rencontre" avec un ours qui lui brise la mâchoire et lui mord la jambe et qu'elle met en fuite grâce à son piolet en le blessant à son tour. S'ensuit bien sûr tout un processus médical surréaliste qui est un vrai parcours du combattant, mais aussi et surtout une réflexion passionnante sur notre rapport au monde, sur notre conception de l'identité et de l'altérité.

Je ne saurais que trop vous conseiller d'au moins l'écouter : plusieurs interventions sont disponibles sur le net. C'est une femme passionnée et engagée dont le combat et le champ d'études nous concernent étonnamment énormément.
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Croire aux fauves

[Pour lire la critique complète, utilisez le lien de l'article]



Nastassja Martin est une anthropologue spécialiste des populations arctiques. Elle s’intéresse à la notion d’animisme dans ces peuples au plus proche des animaux jusqu’au jour où elle devient le sujet des histoires qu’elle retranscrit : elle rencontre, lors d’une étreinte féroce, un ours dans les montagnes du Kamtchatka.





Le 25 août 2015, Nastassja courrait presque pour retrouver les bois, après une expédition au plus près des volcans, lorsqu’elle tombe nez à nez avec un ours. Aussi surpris l’un que l’autre, aucun des deux ne prendra la fuite, ils montrent les dents et se battent, s’étreignent dangereusement. L’ours vole à son adversaire une partie d’elle-même : son visage est défiguré, sa mâchoire brisée sous la morsure de l’ours. A partir de ce moment, elle est confrontée aux médecins russes et aux accusations d’espionnage dont l’armée russe la soupçonne : qui survit à l’attaque d’un ours ?





Le corps de Nastassja n’est plus le sien. Il appartient, dès lors qu’il est blessé, aux médecins russes, qui soignent et qui blessent. Ils font avec ce qu’ils ont et ce qu’ils savent. Mais une fois de retour en France, les médecins veulent tout changer, la plaque trop « épaisse » et qui rendrait la rééducation périlleuse. Ils s’acharnent et Nastassja doit prendre des antidouleurs pour la première fois. Elle découvre le système auquel tout bon patient doit se soumettre : « l’échelle de la douleur » et son système bancal. Ils font de la blessure de Nastassja la leur, un sujet d’étude pour les étudiants, un cas à traiter pour une psychologue trop maladroite.





Le corps de Nastassja devient non seulement le lieu de lutte franco-russe et un sujet d’étude, mais il est également le lieu de conflit entre les hôpitaux français. Elle dénonce la « mesquine concurrence entre hôpitaux parisiens (qualifiés « d’usines ») et hôpitaux de province, censés être à taille plus humaine ». La plaque doit être changée, les diagnostiques ne sont pas les mêmes, chacun accuse l’autre d’être en tort. Et Nastassja dans toute cette histoire ? Elle n’est plus que le lieu où se déroule le combat féroce. Elle est ce pays aux frontières fines, dont l’ours a colonisé les territoires par les microbes et sa trace indélébile. Le pays est également envahi par les médecins qui veulent tous y déposer des soldats. Elle doit faire régner l’ordre, et ce n’est pas de tout repos.





Le corps n’est pas le seul à souffrir de cette transformation, il faut guérir l’âme. Cette rencontre avec l’ours est à l’origine d’une transformation à la fois physique et psychologique. Le peuple de Tvaïan lui dira qu’elle est maintenant une miedka, une femme à moitié humaine, à moitié ours. Elle cherche alors ce qui a pu la conduire à cette rencontre avec l’ours, sur les hauteurs sans arbres et sans baies. Elle essaie de trouver la signification de cette rencontre, la symbolique qu’il y a et la façon dont elle s’est orchestrée. Mais aucune des symboliques n’est satisfaisante, « Pourquoi dans cette affaire et pour démêler les fils du sens faudrait-il que je rapporte tout à moi-même, à mes actes, à mon désir, à ma pulsion de mort ? ».
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