Une femme trompe par faiblesse, un homme par attirance. L'homme est donc infidèle.
Tout homme a son prix mais certains n'ont aucune valeur commerciale, ce qui les sauve.
Elle était l'amie des hommes et l'amant des femmes, ce qui, pour des natures ferventes et pleines d'initiatives, vaut mieux que l'inverse.
Les amants devraient avoir aussi des jours de sortie.
L'amant aussi est l'ennemi de la femme.
... Et en dernier, Dieu créa l'homme.
Nous nous ressentons de la fatigue du créateur.
Préface de Paul Géraldy :
* L’artiste vaut non tellement par ce qu’il est que par ce qu’il s’efforce d’être et se consume à devenir. Il est son œuvre plus que soi. « Serais-je ce que je cherche ? » interroge Natalie. N’en doutons pas.
* Faut-il mettre au-dessus de tout l’actuel, le concret, le charnu, le vivant, tenir pour seuls valables les brûlants témoignages des sens, s’attacher à capter surtout le fugitif, ou préférer les fins filtrages de la mémoire, ses délicates mises au point, la fine liqueur distillée dans les alambics de l’esprit, lentement mûrie dans ses caves, les subtiles, impalpables, enivrantes vapeurs de cette essence : le souvenir ? Irréductible antinomie ? Nos deux écrivains (Colette et Natalie Clifford Barney) arrivent à la même conclusion : « ces plaisirs que l’on nomme à la légère physique », songe Colette. Et Natalie : " Ce que nous apprenons de plus surprenant et de plus mystérieux dans l’amour, c’est que l’amour n’est pas physique " Elle n’a qu’indifférence ou commisération pour les amants, " ces paresseux qui se contentent de la première volupté venue ". L’amour ? Elle n’a jamais pu décider, dit-elle, si on le fait pour le chanter ou le chante pour pouvoir le faire.
Avertissement de Natalie Clifford Barney :
J’aime ma vie. D’abord parce que j’ai su la garder libre pour pouvoir mieux la donner. Guidée par l’amour – celui qui nous oblige à nous dépasser – j’ai aimé avec ferveur mes semblables, les plus semblables possibles… Presque personne ne s’occupe de la seule chose qui me semble essentielle : l’amour. L’amour, ce parfait medium entre le ciel et la terre – car il spiritualise le matériel et matérialise le spirituel à la mesure de notre être, doué d’un corps et d’une âme que seul l’amour arrive à réunir.
Ne nous imaginons pas toutefois que la vocation d’aimer soit un enchantement sans épreuves : c’est plutôt une tension continuelle où il s’agit de guider et de garder ce qu’on aime, d’exercer toute sa clairvoyance et son charme pour renouveler son bonheur. Pour qu’il puisse durer, il faut que l’amour soit fait de tous les amours. Je suis peut-être une mystique de l’amour, ce qui ne m’a pas détournée de ses exaltantes pratiques.
Si mes études furent nulles, c’est que
" My only books / Were woman’s looks…
Mes amours ? Multiples
Mes amitiés ? Fidèles et loyales.
Ma jeunesse ? Elle dure encore, comme pour le vieux Goethe : que de premières amours vont à la rencontre de nos dernières amours ! Et que d’affinités électives s’y retrouvent ! J’ai ausculté bien des cœurs, en les comparant au mien.
Que de beautés, que de candeurs
Ont réveillé mon faible cœur
Qui restera ce cœur d’amant
Jusqu’à son dernier battement
Ce dernier battement que je ne souhaite ni ne redoute.
Je ne m'explique pas, je m'obéis.
Pierre Louÿs, qui n’avait rien d’un mystique en amour, devait certes préférer “des jeux latins et des voluptés grecques” aux préoccupations exagérées des “femmes damnées” qui, avec leur sentiment du péché, ont peut-être inconsciemment voulu rehausser et aggraver leurs passions par des périls imaginaires.