AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nazanine Hozar (65)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Aria

Je n'avais jamais lu de roman se déroulant en Iran au moment de la révolution islamique et pourtant ce pays comme cette période résonnent particulièrement pour moi. J'ai donc apprécié cette fresque, l'évocation des splendeurs et richesses de quelques grandes familles affiliées au Chah, la misère noire qui amène les habitants des quartiers sud de Téhéran à mener une vie indigne. Les differents courants d'opposition, communistes ou religieux, l'insouciante liberté des plus nantis, les illusions de ceux qui ont vu Khomeini comme un humble religieux inoffensif, la grogne toujours plus forte des gens du bazar et la misère monstrueuse de familles entières, tout ceci est rendu d'un ton juste. Cela sert de fond à la vie d'Aria, personnage éponyme dont les trente premières années sont la trame du récit. D''autres personnages viennent mêler leur existence à celle de la jeune femme et permettent de décrire différents milieux. Ca maintient le suspense et montre bien ce que cette société avait d'ouvert et d'anticonformiste par delà les clivages religieux ou économiques. Mais tout ceci a un petit convenu et ce n'est pas dans ces inventions que le roman est le meilleur à mon sens.

J'ai été egalement assez dérangée par le mode de narration. C'est vivant, assez bien écrit et pourtant, il est très difficile de s'attacher aux personnages. D'une part parce que, à l'intérieur des grandes parties du roman qui couvrent plusieurs années, il n'y a quasiment aucun repère chronologique permettant d'apprécier l'âge des protagonistes ou le temps durant lequel se vivent les situations dépeintes. D'autre part, et surtout, parce que le lecteur ne peut jamais accéder à l'intériorité des personnages. On découvre ce qui leur arrive sans jamais savoir comment ils l'éprouvent, quelle lecture ils en font. Ainsi, les histoires d'amour ou d'abus restent opaques, les deuils et les séparations tout autant. Aucune parole ne viendra éclairer les motivations de tel ou tel alors que bien des conduites auraient eu besoin d'être élucidées a mes yeux en tout cas. C'est sans doute voulu et cela confère à l'ensemble des péripéties un caractère inéluctable. Comme si les ressorts de l'action étaient indépendants de chaque destinées individuelles, comme si les protagonistes étaient eux mêmes opaques à ce qui se jouait en eux et qu'il n'y avait là que d'impuissantes volontés face à l'Histoire en marche. Comme ce n'est absolument pas ainsi que je perçois le cours des choses, ça m'a de plus en plus gêné au fil de ma lecture.

Finalement, j'ai trouvé cette lecture intéressante mais je n'ai pas ressenti l'enthousiasme que brandissaient Margaret Atwood et John Irving sur la couverture.
Commenter  J’apprécie          51
Aria

Aria ne connaît pas son père mais est élevée par Behrouz, chauffeur iranien, qui la sauve de la rue alors qu’elle n’a que quelques jours.

Aria a trois mères : celle qui l’abandonne, celle qui la déteste et celle qui n’arrive pas à lui parler.

Aria a trois amis. A moins qu’elle n’en ait aucun.

Aria a les yeux très bleus, un prénom de garçon, un caractère bien trempé et un destin qui se mêle à celui de son pays, l’Iran, entre 1953 et 1981.

Des personnages très attachants, un récit dense et instructif, qui brosse un portrait précis de la société iranienne et de ses multiples facettes. J’ai été un peu moins convaincue par l’écriture de l’auteure. Mais peu importe, ce premier roman gagne à être lu et partagé. Et je suivrai avec intérêt le parcours de Nazanine Hozar.

Commenter  J’apprécie          50
Aria

Un destin singulier qui m’a fascinée. Je suis sortie de cette lecture touchée et emportée par cette jolie plume qui me rappelle à quel point les premiers romans me plaisent tant !
Lien : https://actualitte.com/artic..
Commenter  J’apprécie          00
Aria

Ce roman retrace la vie de Aria à Téhéran de 1953 à 1981. La destinée de cette jeune fille est liée aux événements se déroulant en Iran à cette époque, de la fin du Shah à la prise de pouvoir par Khomeini. J'ai aimé l'immersion dans cet Iran, la description des difficultés des habitants, de leurs doutes et contradictions. Les personnages sont complexes et les figures féminines fortes. Par contre, j'ai trouvé la trame du roman peu fluide et j'ai manqué parfois de compréhension sur le déroulé des événements.
Commenter  J’apprécie          20
Aria

Ce roman, basé sur 30 ans d'histoires personnelles des protagonistes mêlées à 30 ans d'histoire de l'Iran, à pour principal intérêt de montrer l'accélération de celle-ci et la la montée des extrêmes quand tous les ingrédients sont présents. Et, comment l'on tombe dans une spirale incontrôlable: pour assoir son pouvoir le Shah réprime les pauvres et la jeunesse et les empêche d'évoluer ceux-ci se tourne vers les extrêmes (communisme et Islamisme) jusqu'à l'avènement de la république Islamique qui est concrètement un mélange d'idéaux politiques du début du 20éme et de visées idéologiques religieuses qui prends son essor après 1950.
Commenter  J’apprécie          100
Aria

Épopée iranienne de 1953 à 1981 que nous offre l'auteure dans ce 1er roman vaste et dense !

Aria, nourrisson de 3 jours à peine, est abandonnée parmis les poubelles dans une petite ruelle de Teheran. C'est Behrouz, chauffeur de l'armée iranienne, qui l'a trouve et l'a ramène chez lui. Son épouse, Zarha, femme cruelle et sans cœur, ne peut la souffrir et la maltraite. Aria grandit dans la pauvreté et ce n'est que l'affection de Barhouz et d'un petit voisin au bec de lièvre qui lui apportent quelques rayons de soleil. Et puis Aria croise la route de Fereshteh, femme riche et seule, qui lui offrira éducation et sécurité. Aria, devenue adolescente fera connaissance avec la mystérieuse Mehri et sa famille. Dès lors où Berhouz a trouvé Aria, la vie de plusieurs personnes voir de plusieurs familles en sera totalement bouleversée, le destin de chaque protagonistes prendra une voie totalement inattendue car comme le disait Berhouz "Aria, Aria, la merveilleuse, je t'ai trouvé sous la lune".

C'est assez captivant comment l'auteur nous plonge intiment dans le cœur de ces femmes iraniennes, au coeur de Teheran qui sera bouleversé par la révolution iranienne de 1979. J'ai adoré suivre la vie d'Aria jusqu'à qu'elle devienne elle-même maman, entourée de ces hommes et ces femmes profondément réalistes, que ce soit dans leurs humanité ou leurs cruautés. L'auteure dans les remerciements en fin d'ouvrage, nous explique que "les éléments de ce récit sont inspirés par des personnages ayant réellement existé et des événements véridiques" ce qui donne encore plus de poids, d'intérêt à une lecture intense ! J'ai BEAUCOUP aimé ce roman !
Commenter  J’apprécie          30
Aria

Coup de cœur!

Quelle belle histoire que celle d’Aria, enfant abandonnée dans une ruelle de Téhéran en 1953!

Un destin tragique qui, au contact de plusieurs femmes, connaîtra de nombreux rebondissements, avec en trame de fond la révolution iranienne, la fuite du shah et, ensuite, le retour d’exil de Khomeiny avec l’instauration de la république islamique.

C’est une histoire de filiation; la filiation biologique étant rapidement rompue, elle sera remplacée par la filiation adoptive par un père aimant qui n’aura de cesse de conduire sa fille vers le bonheur, essayant de lui dessiner un futur meilleur que celui qui l’attend dans les quartiers Sud (les quartiers pauvres) de la capitale.

C’est également une superbe histoire d’amitié, de partage, et d’humanité.

Je serais bien tentée de vous raconter, en grandes lignes, l’histoire de la vie d’Aria (le livre la retrace de 1953 à 1981) mais ce serait vous gâcher le plaisir de la lecture!

Pour vous parler de la plume, il s’agit ici du premier (excellent) roman de Nazanine Hozar – auteur canadienne mais ayant fui l’Iran en 1985, à l’âge de 8 ans. L’auteur m’a véritablement transportée à Téhéran! Ses personnages sont d’une telle justesse, d’une telle sensibilité que l’on aimerait tant que le livre comporte plus de pages (et pourtant, il en fait déjà 517!).

Un vrai coup de cœur que je vous invite à découvrir au plus vite!
Lien : https://letempslibredenath.w..
Commenter  J’apprécie          80
Aria

Le roman débute en 1953 par la découverte par Behrouz, pauvre chauffeur de l'armée du shah, d'un bébé abandonné dans les ruelles de Téhéran. Il se termine en 1981 toujours à Téhéran où Aria, devenue jeune maman, subit la tyrannie des Gardiens de la révolution. 30 années d'histoire de l'Iran, vue principalement à travers les yeux d'Aria, enfant dans les quartiers pauvres de la ville, adoptée ensuite par une femme riche et venant alors en aide par l'éducation qu'elle leur donne aux filles d'une famille, dont elle apprendra à la toute fin du roman, que ce sont ses demi-soeurs.

L'auteure par la description de nombreux personnages, de différentes origines religieuses et sociales et des évènements qui parsèment leurs vies, nous fait vivre les dernières années du règne du shah et la montée de l'intégrisme religieux. Les différents personnages sont complexes : nul n'est blanc ou noir. Chacun essaye de vivre au mieux, certains essaient de changer leur pays. Ils en seront pour la plupart très mal remerciés. En quelques mois, c'est une chape de plomb qui s'abat sur le pays.

On sent tout l'amour de l'auteure pour son pays par l'attention aussi qu'elle porte aux paysages, qu'elle décrit de façon très imagée.

C'est une fresque historique ambitieuse. J'ai été parfois un peu perdue entre les différents groupes politiques, les différentes religions, et qui était lié à qui. Mais le roman est instructif, mêlant les destins individuels des quelques personnages à l'histoire du pays, ce qui nous permet de mieux la comprendre.

Merci aux éditions Stock pour le partage de ce roman qui donne un éclairage de l'intérieur sur la révolution iranienne #Aria #NetGalleyFrance

Commenter  J’apprécie          190
Aria

La lecture de ce vaste roman m'a pris plusieurs fois à la gorge, au ventre, au coeur et à l'âme.

Je l'ai découvert grâce à Gérard Collard dans une de ses chroniques de septembre.

Ayant terminé ma lecture et préparant ma chronique pour Babélio, je « tombe » sur la chronique de Canetille qui m'a paru tellement belle, et si juste, et si proche de ce que j'avais ressenti en lisant ce roman, que j'ai pensé ne rien pouvoir écrire d'aussi bien et donc rien de plus intéressant pour nos amis.

Mais ce tellement beau roman mérite que chacun s'y intéresse, s'exprime à son tour et c'est ainsi qu'on va le faire vivre et lui rendre hommage.

Ce qui m'a attiré d'abord avant même de l'avoir lu, c'est l'Iran. Depuis mes lectures de Zoya Pirzad, j'ai découvert un Iran si multiple, si divers, si riche, et ma démarche a été clairement de vouloir entrer dans la réalité et passer les très mauvaises informations serinées, celles qui oublient les êtres humains.

Avec ce magnifique roman, Aria, l'humain, on en a plein. L'humain, enfant, balloté, souffreteux, courageux, Kamran, petit garçon amoureux d'une petite fille maltraitée par une espèce de belle-mère rapportée et si aigrie, si acariâtre, que rien, jamais ne pourra la sauver, Mitra, amoureuse ignorée, qui sacrifiera sa jeune vie pour sauver ses amis et l'amour de son adolescence, Berghouz, homosexuel d'abord refoulé qui connaîtra brièvement un véritable amour avec Rameen, et qui agira toujours par amour… Sauf Zahra, tous les personnages, hommes et femmes, sont mus, sont sauvés ou sauvent par un amour furieux qui dépassent, transcendent les religions et les autres conflits.

Car des conflits, il y en a… ce roman démarre en 1953, et se termine vers 1981. Il nous permet de relire ou de lire, toute cette histoire de l'Iran, les enjeux, les ballotements entre l'Occident et l'Orient, cette Perse qui n'est pas arabe, mais qui n'est pas chrétienne non plus. Elle est si riche avant d'être anéantie par un extrêmisme religieux, d'un sectarisme inouï, mortel.

Les personnages de ce roman, extrêmement dense, sont tous magnifiquement attachants. J'ai senti un amour fou dans leur peinture.

Les critiques ont mis en avant les portraits des femmes. Mais moi j'ai aimé les hommes dans ce roman. le personnage de Kamran est si touchant, j'aurais aimé le prendre par la main, lui montrer une autre voie possible, celui de Rameen est admirable, quant à Berghouz, de mon point de vue il incarne l'Iran.

Les religions sont aussi les héroïnes de ce roman. L'Iran a été le centre de toutes les religions, pas seulement les grandes religions monothéistes, non toutes, et surtout celles décriées par les dominantes monothéistes.

Le livre comporte néanmoins quelques défauts ou faiblesses, des petits détails, mais il ne me semble pas inutile de les signaler afin de pallier des découragements éventuels…

Il y a quelques longueurs….

Et parfois au niveau de la chronologie en raccord avec l'histoire du pays mais aussi de l'évolution des personnages, j'ai ressenti une confusion.

Mais cela reste un super roman, magistral et puissant, à dévorer.

Commenter  J’apprécie          263
Aria

Nous sommes en 1953. Behrouz, modeste chauffeur de l’armée iranienne, trouve un nourrisson abandonné dans une ruelle des quartiers populaires de Téhéran. Il prénomme l’enfant Aria et l’emmène chez lui. Maltraitée par Zahra, l’épouse de Behrouz, Aria grandit dans la pauvreté avant de s’attirer la protection d’une vieille femme riche, Fereshteh, qui lui offre aisance et éducation. Sa route croisera aussi celle de sa vraie mère, Mehdi. Mais son destin sera bouleversé par la révolution iranienne de 1979, rapidement suivie du début de la guerre avec l’Irak.





Aux côtés d’Aria, ce sont trente ans de vie dans la capitale iranienne que nous offre cette vaste fresque, du règne du dernier shah jusqu’à l’instauration de la république islamique de Khomeiny. Des quartiers pauvres aux milieux aisés, dans un melting-pot de religions – musulmane, zoroastrienne, chrétienne, juive -, l’on est baigné dans l’atmosphère de la ville et des montagnes environnantes, en compagnie de personnages tous aussi intéressants et approfondis les uns que les autres. Insensiblement se mêlent à la trame du récit les mille détails qui nous permettent de vivre au plus près la montée de la contestation dans de nombreuses franges de la société iranienne et la mise en place des éléments précurseurs à la révolution. Grands sont les espoirs, vite douchés par la chape de plomb que le nouveau pouvoir met aussitôt en place sur le pays.





Cette épopée qui, au travers des difficultés, des espérances et des désillusions de ses protagonistes, réussit à nous faire vivre de l’intérieur un grand pan de l’histoire récente iranienne, s’avère passionnante de bout en bout. Fictifs, les personnages témoignent néanmoins d’une réalité vécue de près par l’auteur et ses proches, puisque Nazanine Hozar et sa famille durent fuir l’Iran et la guerre en 1985. L’on ressort de cette lecture plein d’empathie pour une population dont on sait les coercitions et les exactions qu’elle a subies, en même que charmé et dépaysé par un territoire et une culture pour lesquels l’on ressent tout l’amour de l’auteur.





Aria est un roman vaste et puissant, une peinture ambitieuse et réussie de l’Iran des années cinquante à quatre-vingts, et une magnifique rencontre avec l’âme, la culture et les paysages persans.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          914
Aria

Voyage : Destination l’Iran.

Tout au long de ce roman, on suit la vie d’Aria, petite fille abandonnée et sauvée par un homme au grand cœur. On grandit, évolue avec elle au cœur d’une Iran en pleine (r)évolution.

Dans cet œuvre, tout est lié : contexte politique, étapes de la vie, figure maternelle, figure paternelle... Et c’est cela aussi qui fait que l’on s’attache autant à cette petite fille, femme différente et indépendante.

Son histoire m’a bouleversée et captivée. J’ai littéralement dévoré ce livre avec pour titre un prénom pas comme les autres.

Et comme toutes les histoires de vie, il y a des moments de joie mais aussi des moments de tristesse... alors ne vous y trompez pas, ce livre est superbe mais loin d’être facile !

Pourtant, je vous le conseille ++++, c’est un vrai coup de cœur
Commenter  J’apprécie          30
Aria

"Aria" est un roman de la collection "Cosmopolite" de la maison d'édition Stock, premier roman enfanté par une jeune femme canadienne d'origine iranienne qui nous plonge dans les années troubles de la révolution, au coeur de sa capitale, Téhéran. Un roman qui mérite une critique complète digne de sa richesse.





Enfant stigmatisée dès la naissance en raison de croyances voulant que les yeux bleus portent malheur, la petite Aria est abandonnée un soir enneigé par sa jeune mère, Merhi, sous un murier, dans les pauvres quartiers sud de Téhéran. Recueillie par un jeune homme doux nommé Berhouz Baktiar, elle est nommée "Aria", dans son sens musical, mais que les gens prennent à tort pour le nom iranien Aria, un prénom de garçon. Elle sera élevée et marquée par trois femmes. Dans sa prime enfance, elle sera sous le joug de la colérique Zahra, femme de Behrouz, qui déteste autant son mari que sa fille adoptive. Lorsqu'elle développe une maladie occulaire autours de cinq ans, elle fini entre les mains protectrices de Fereshteh Ferdowsi, femme brisée, riche et ayant du mal à verbaliser ses émotions, qui a néanmoins le désir sincère d'offrir une meilleure vie à la petite fille. Scolarisée par la suite, Aria ne traine donc plus avec son ami Kamran, son seul ami, qui l'avait initiée à grimper dans les arbres et qui lui confectionnait des bracelets de perles. Cependant, dans cette école pour nantis où elle amorce ses études, Aria se fait alors deux nouveaux amis: Mitra, fille d'un communiste qui passe plus de temps en prison qu'à la maison, et Hamlet, fils d'un joaillier proche du Shah, le monarque du pays. Entre les mouvances religieuses qui ne parviennent pas à coexister en paix, le pétrole spolié par les autres pays, la grogne populaire et les tentions politiques, Téhéran est en ébullition. Aria poursuit ses études, affine sa vive intelligence, sa répartie, sa conscience sociale, démontrant une force de caractère et une opiniâtreté de plus en plus évidentes. Elle se fait poussé par sa "Mana" ( surnom maternel donné à Fereshteh) à aller enseigner l'écriture et la lecture aux petites filles d'une famille pauvre, les Shirazi, dont elle découvrira que leur religion est très mal vue par les iraniens et sans connaitre le lourd secret que porte la mère de cette famille. Mme Shirazi est la troisième femme marquante dans la vie d'Aria.





Je me rappelle une photographie tirée du National Geographic qui illustrait en première page une jeune femme afgane aux superbes yeux verts pommes, un voile léger sur la tête. Visiblement pauvre, elle semblait néanmoins avoir une vielle âme et semblait nous transpercer de ses iris anormalement pâles. Je ne peux m'empêcher de penser à Aria de cette manière: une sorte de force de la nature que l'on peut voir à travers ses yeux.





Ce roman n'est pas seulement le récit d'Aria, élément central et réunificateur pour les autres personnages, mais une fresque sociale. On aura donc aussi le point de vue de plusieurs personnages tels que Berhouz, modeste chauffeur et papa d'Aria, si gentil et patient, qui est néanmoins homosexuel, bien que marier. Une orientation sexuelle illégale. On suivra justement sa rencontre et relation avec le beau capitaine Rameen, cultivé et nanti, porteur d'idéaux, mais réduit à la réclusion. On suivra Kamran, voisin d'Aria durant l'enfance, à la lèvre déformée, créateur de bracelet, amoureux d'Aria, qui va tendre vers de mauvaises fréquentations, des activités illégales et finalement adhérer à un groupe armé semant la peur dans un Téhéran radicalisé. Nous suivrons Fereshteh et sa famille, anciennement zoroastriens , religion païenne, une famille qui s'est convertie et a connu son lot de problèmes, dont Fereshteh est l'aînée et la responsable. Tous ces personnages semblaient n'avoir en commun qu'un lien plus ou moins proche avec Aria, mais au final, ils convergent tous les uns vers les autres, au fur et à mesure que s'enchainent les évènements menant à la révolution.





C'est un roman très complet, sur un pan d'Histoire très complexe, dont le langage même est parfois difficile à suivre. En effet, les diverses factions, religions, groupes, mentalités, titres et appellations sont typiques ou propres à l'Iran et son ancienne affiliation à l'Empire Perse. Beaucoup de mots ne sont pas familiers à nos oreilles occidentales. Néanmoins, il est très intéressant de plonger dans cette ville animée, colorée, cosmopolite et extrêmement vieille, alors que les passions sont exacerbées, les inégalités criantes et les enjeux nombreux. C'est dans ce contexte hautement tourmenté que prend place l'histoire de la petite fille aux yeux bleus. À travers ses yeux, c'est aussi la beauté, l'exotisme et la culture iranienne qui prend vie.





Il se dégage beaucoup de poésie dans le texte de Nazanine Hozar, malgré quelques petites difficulté de lecture, souvent tributaire d'un manque de détail sur certaines spécificités locales ou quelques formes étranges dans le dialogue. C'est néanmoins un beau roman, qui séduit par ses paysages, sa culture riche et le tumulte de la ville. Aria, loin d'être faible, endosse le rôle principal avec majesté. de plus, au-delà de la fenêtre sur cette région mal connue, on y parle aussi de l'importance de l'éducation des filles. le roman transpire le féminisme, grâce à des femmes variées, toutes issues de contextes variés, de castes différentes et luttant toutes à leur manière contre l'oppression de plus en plus manifeste à leur endroit ou, au contraire, à survivre au mal qu'on leur a fait.





Il y a donc beaucoup de dimensions dans ce roman, qu'elle soit historique, psychologique, ethnologique, sociologique, sociale ou théologique. Hozar amalgame beaucoup d'éléments et le fait bien. C'est merveilleux de voir des romans nous mener dans cet Iran dynamique qu'on ne connait pas vraiment, et de remonter à certaines de ses sources. Cette historie m'aurait fait voyager et m'aura porté à revoir mes propres jugements. Il m'aura fait rire et aura su m'attendrir, tout en m'ayant fait ressentir l'indignation et l'injustice. Un premier roman humain, exotique et touchant.
Commenter  J’apprécie          62
Aria

Comment se laisser happer par la ville de Téhéran, depuis 1953, quand Behrouz trouve un bébé en pleurs sous un mûrier et le ramène chez lui. On accompagne alors Aria, jusqu'à la révolution iranienne, vers l'enfance puis la jeunesse, auprès de ses trois figures maternelles, ses souffrances, ses espoirs.

On vit aussi "de l'intérieur" les inégalités sociales, culturelles, les différences religieuses et surtout la chute du Shah, l'arrivée des mollahs, et l'instauration de l'état islamique qui s'appuie sur les plus paumés.

Je me suis trouvée plongée dans ce roman à la fois exotique et familier. Je me suis attachée au personnage de Aria, très courageuse et obstinée, j'ai découvert des bouts de la culture persane.
Commenter  J’apprécie          20
Aria

Un livre puissant, passionnant et troublant ! Le meilleur que j'ai jamais lu sur les révolutions en Iran de 1953 à 1981.

Vu par les yeux d'une enfant abandonnée à la naissance, Aria, recueillie par un homme qui l'a entendue pleurer dans les rues sombres et sales de Téhéran, confiée à sa femme qui la déteste, passée de mains en mains, du pire au meilleur, d'indigente elle parvient à faire des études supérieures, à se marier avec qui elle veut et à avoir un enfant, une fille.. qu'elle gardera, contrairement à son père qui avait voulu la tuer car fille !

Les personnages sont pleins, pleins de vie, pleins de sentiments, pleins de retenue également, sous la pression de la société, du monde environnant, du monde en évolution, ils ne sont ni noirs ni blancs, mais humains. Venus de différentes couches de la société iranienne en ces années là, ils se retrouvent dans des camps opposés lors de la révolution de 1979, la prise de pouvoir de l'ayatollah Khomeini de sinistre mémoire, les voiles noirs recouvrant les femmes et toute personnalité se cache dans l'anonymat de ces tchadors honnis par les plus jeunes mais choisis par la majorité pour avoir la paix !

Toutes les religions se côtoient également, chrétiens, Zoroastres interdits et islamisés, les noms sont changés, juifs cachés , les sacrifices d'animaux pour acheter la clémence d'Allah, les refus et les autorisations, les pratiques anciennes revivent une fois par an, tout ce méli melo de la perse à l'Iran !



Téhéran fait également partie des personnages centraux de ce livre, décrite parfaitement des quartiers nord aux quartiers sud si diamétralement opposés , pas uniquement géographiquement !!

Et pour couronner le tout, de magnifiques descriptions des paysages iraniens, des montagnes et de la mer Caspienne qui donnent envie de les admirer de nos propres yeux pour comparer avec ce que l'auteure a fait passer.



Un grand merci à netgalley
Commenter  J’apprécie          10
Aria

Une belle plongee dans l'histoire iranienne qui demarre au debut des annees 50 et se termine apres la revolution au travers d'Aria.

Petite fille, jeune fille et ensuite femme qui va devoir composer avec 3 meres et surtout avec les differentes religions qui sont presentes dans ce pays



Commenter  J’apprécie          00
Aria

Cette Rentrée Littéraire 2020 aura vraiment été celle des titres aux sujets forts, et souvent féminins. Aria n’échappe pas à la vague.



Ce récit nous raconte l’histoire d’Aria, une petite fille aux yeux bleus, signe du diable, recueillis par Behrouz dans les rues de Téhéran. Elle va grandir, au milieu de ce pays en plein bouleversement politique, et tentera de se faire une place, sous l’égide des trois femmes qui marqueront sa vie. Ne vous attendez pas à un roman joyeux, car Aria a un vie difficile, en tant que femme et en tant que personne aux yeux bleus. La violence, de sa mère et des autres, est son quotidien. Et au coeur de cette violence, les changements politiques et religieux de l’Iran, qui passe de la dictature moderniste du Shah à celle religieuse de l’ayatollah Khomeini. Cet événement est évoqué de manière allusive, car Aria ne s’y intéresse que peu, mais c’est assez mis en avant pour donner envie aux lecteur.ice.s de se renseigner sur le sujet. A titre personnel, j’ai découvert un pan de l’Histoire que je ne connaissais pas du tout.



Au cours du roman, la place des femmes est importante car c’est entourée de femmes qu’Aria va grandir. Cette petite fille, abandonnée par sa mère biologique, n’aura de cesse que de chercher un substitut dans les différentes femmes qu’elle rencontrera, même lorsqu’elles sont cruelles comme Zahra. Que ce soit Zahra la cruelle, Ferdowsi la riche silencieuse ou Mehri la mère invisible, chacune participe à construire Aria, à en faire une femme forte et indépendante. Car Aria est un personnage singulier, elle a une vision du monde bien à elle. On referme le roman en se demandant comment elle évoluera par la suite et il est impossible de réellement le savoir.



Le tout est porté par une très belle plume, qui montre toute la dureté mais aussi la beauté du monde. Ce roman est très dur mais également sublime.
Lien : https://leslubiesdeole.wordp..
Commenter  J’apprécie          00
Aria

Bien qu’elle ait dû porter le hidjab à 6 ans, qu’elle ait été témoin des humiliantes coercitions infligées aux femmes de son entourage et qu’elle ait connu les exactions de l’Etat policier des mollahs, Nazanine Hozar a dédié son premier roman à sa mère, et aussi à l’Iran et à la culture persane dont elle ­célèbre la beauté.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          00
Aria

Aria est une fillette de Téhéran qui porte un prénom de garçon. On lui en fait la remarque tout au long du roman de Nazanine Hozar, elle-même née en Iran mais qui l'a quitté tôt pour rejoindre le Canada. "Un Docteur Jivago iranien" ainsi Margaret Atwood qualifie t-elle le livre de sa compatriote, une assertion quelque peu audacieuse même si la fin de l'ouvrage se déroule pendant la révolution islamique. Il s'agit avant tout d'une fresque qui se développe autour de son héroïne durant prés de trente ans, du temps du Shah aux événements qui porteront l'ayatollah Khomeini au pouvoir avant la guerre contre l'Irak. Les personnages sont nombreux, de confessions diverses (zoroastriens, chrétiens, musulmans), pauvres ou aisés selon le quartier de Téhéran où ils habitent. Et ils ne sont surtout pas unidimensionnels, c'est l'une des grandes qualités du livre, complexes dans leur psychologie, à l'image de Zahra la mère adoptive d'Aria, laquelle a été abandonnée à la naissance. Sans aucune des béquilles habituelles des romans contemporains (narrateurs multiples et/ou désordre chronologique), Nazanine Hozar déroule une histoire dense aux ramifications nombreuses, sans jamais nous perdre. Aux frontières du mélodrame, la romancière alterne tendresse et cruauté des comportements et ne cède à aucune facilité dans une langue ample et colorée. Nul doute que le livre pourrait donner un grand film de cinéma mais même avec le talent du David Lean du Docteur Jivago, il ne pourrait jamais atteindre cette sorte d'intensité intime, c'est un presque un oxymore, de ce très beau roman, hommage au peuple d'un pays martyrisé depuis presque toujours par la soif de pouvoir et l'obscurantisme de ses dirigeants.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          210
Aria

Ce roman est une magnifique histoire sur Iran.

C est surtout l histoire d Aria que l on suit de bébé à jeune fille

Les coutumes les différentes religions ne rendent pas la vie facile

J ai beaucoup aimé cet histoire

Un livre de plus de cette rentree litteraire dont on ne parle pas beaucoup hélas

C est un pavé mais il est très facil à lire.
Commenter  J’apprécie          30
Aria

Une histoire passionnante qui se lit d'une traite. On suit la destinée d'Aria, jeune bébé abandonnées par sa mère pauvre et recueillie par un jeune soldat iranien, qui l'élèvera comme sa fille, qu'il n'a pas.

Aria, va avoir un destin pas commun : enfant maltraité par sa mère adoptive, Zahra, aimé par sa seconde mère adoptive, qui n'a pas eu d'enfant, elle découvre à la fois un autre milieu social, des autres coutumes, et une autre religion à travers l'aide qu'elle apporte à la famille de Mehri.

Mais tous ces destins s'entrelacent, et Aria, en est le point commun.

Dans le contexte historique de la révolution iranienne, et des changements de vie quotidienne, cette belle fresque familiale et humaine, est un plaisir de lecture.

La couverture est magnifique et fait penser à un beau coucher de soleil sur les monts de Téhéran, où Aria Berrhouz aimaient aller.

Un plaisir de lecture !



Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nazanine Hozar (356)Voir plus

Quiz Voir plus

Comment te dire Adieu ?

Tous les garçons et les filles de mon âge Se promènent dans la rue deux par deux Tous les garçons et les filles de mon âge Savent bien ce que c'est d'être ...?...

deux
affreux
heureux
vieux

10 questions
149 lecteurs ont répondu
Thème : Françoise HardyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}