Citations de Neil Gallen (42)
—Je pensais pas que... enfin... qu'on pourrait se...
—S'embrasser ?
Valentin hocha lentement la tête.
—C'est pour ça que tu pleures ?
Valentin pinça les lèvres, contrit.
—Te fous pas de moi, marmonna-t-il entre ses dents.
Benjamin retint un petit rire de justesse, et il inclina légèrement la tête.
—J'me fous pas de toi. C'est mignon. Tu veux que je t'embrasse encore ?
—D... demande pas ça comme ça ! C'est encore plus gênant quand tu sais ce que tu fais !
—Et donc ? Tu veux que je t'embrasse, ou non ?
Quand Bastien ne parlait pas, il était beau.
Quand Bastien pleurait, noyé dans son désespoir, avide de contact et d'affection, il était magnifique.
Quand Bastien jouissait sous ses doigts, il...
Dissiper les doutes de Guillaume sur ses facultés intellectuelles post-nuits endiablées avec un inconnu était toujours un défi qu’il prenait plaisir à relever haut la main. Il avait du bagout et il le savait pertinemment. Une grande gueule, comme on le lui disait couramment, que beaucoup aimaient voir se refermer sur plus intéressant qu’un hamburger.
Le silence.
Je suis seul.
J'ai pourtant l'habitude.
Je suis toujours seul.
Il n'y a pas un son dans tout mon appartement.
Je n'ai pas d'horloge à aiguilles.
Je n'ai pas d'appareil qui vrombit.
Je n'ai pas d'animal de compagnie.
Je suis seul.
Le karma rattrapait toujours les gens, c’était ce que lui disait sa grand-mère lorsqu’il vivait avec elle. À une époque, ça lui renvoyait une balayette dans la tête pour le calmer quelque temps, mais à présent il avait le sentiment d’enfin respirer. Contrairement à ce qu’il avait redouté, la fidélité ne s’était pas avérée être un problème. Glissant un regard vers Thomas qui s’affairait un peu plus loin, il retint un sourire : il avait comblé tous les vides et recollé tellement de ses morceaux que Kyle avait l’impression qu’il n’avait jamais été si plein. Dans tellement de sens du terme que c’en était grisant et trop salace pour une telle heure de la journée.
Il y a toujours des moments, dans une vie, durant lesquels vous vous demandez franchement ce que vous foutez. Ou, plutôt, ce que foutent les gens autour de vous, qu’ils vous soient proches ou non. Et, parfois, c’est même l’ensemble de ces gens qui pose un problème : les proches et les moins proches, alliés pour le meilleur et surtout le pire. Ils sont persuadés de faire ce qui est le mieux pour vous, pour votre bien-être. Car ce sont toujours les autres, si on observe attentivement, qui doivent décider ce qui est bon pour vous et ce qui ne l’est pas.
Votre bien-être doit impérativement passer par autrui et, de préférence, par eux.
Eux, ce sont vos amis et votre famille.
Maintenant qu’il est sous mes mains, je me sens… étonnamment fébrile. Comme si j’allais faire une connerie. Ou un truc beaucoup trop important. C’est quoi la différence entre les deux, au juste ?
— Un point pour toi. Qu’a fait Théo quand il a découvert son anniversaire-surprise ?
Kyle s’étouffa au souvenir. Impossible d’oublier ça. L’homme qu’ils avaient célébré la veille détestait être au centre de l’attention.
— Il a menacé son mec de retourner chez ses parents et de faire des gosses avec une nana.
La tête du compagnon de leur ami, le danseur vedette de l’établissement transformiste où travaillait Guillaume, avait été impayable. En revanche, attendre une heure que le duo revienne s’était avéré moins amusant. Leurs mains étaient liées si fort qu’elles en changeaient de couleur, leurs joues rougies ne laissant aucun doute à la façon dont ils s’étaient réconciliés. Un couple plutôt mignon, si on omettait qu’ils étaient gigantesques et dérogeaient, malgré eux, à une foule de clichés tout en cochant tous les autres.
Il n’aurait jamais pensé que Kyle, un jour dans leur vie, serait porteur de conseils. Et pourtant, il avait raison. Si Éric avait commencé à défaire les nœuds, trop serrés, qui le maintenaient attaché, Kyle avait amené son canif pour aller plus vite en besogne. Il avait tenté de faire dans la délicatesse, les premières minutes, et avait finalement abandonné, atterré par la tournure qu’avait pris la situation et les marques que portaient encore Théo à l’idée de s’engager dans quelque chose.
Ça prenait du temps, mais son cœur s'y engouffrait sans difficulté lorsqu'il cessait de se torturer l'esprit. Et c'était beau, c'était bon, comme une de ces sucreries dont on ne se lassait jamais.
Si leurs univers étaient radicalement différents, de même que leurs personnalités, Léo adorait chaque instant de ce qu'ils créaient à eux deux, aspirant à être présents pour l'autre chaque fois qu'ils le pourraient.
Comment était-il possible que la situation de Kyle semble pire à chaque pas qu'il faisait vers lui ?
-Un jour, quelqu'un arrivera et t'emmènera sur son blanc cheval, princesse Théodore, renifla Éric en repliant le carton vide de sa pizza.
Le blond rit aux mots, l'idée amusante, malgré tout. Ça paraissait toujours mieux quand Éric parlait.
C'était la magie du Manoir Pourpre.
Abolir les frontières
Martin amène une petite étincelle qui manquait cruellement dans ma vie jusque-là et je me prends à penser que ce placard, un mois auparavant, est définitivement une bénédiction.
Tout est calme, silencieux et son sourire en coin me fait penser que je suis au bon endroit, au bon moment. Avec la bonne personne.
Même si mon coeur se serre et me fait mal, surtout avec le souvenir récent des bras de Yohann autour de moi et tout ce qui a suivi, il y a cette partie affolée et apeurée qui habite mon cerveau depuis des heures. Depuis que j'ai passé la porte de mon appartement.
Je veux y croire. Pourtant, alors que je fixe mon écran redevenu noir, j'ai le sentiment d'être revenu longtemps en arrière, à une époque où il était déjà là, à mes côtés.
Et à deux doigts de m'abandonner.
Tomber amoureux de Yohann, pour la deuxième fois de ma vie, était peut-être la pire chose que je pouvais faire.
Surtout en ne m'étant jamais relevé de la première.
Dans ma chambre, les étagères parcourent les murs avec tous les ouvrages que ma Colette a laissés derrière elle en me quittant. Alors je les lis. Je les dévore pour suivre ce qu’elle a vécu à travers tous ces mots. Je reste avec elle autant que possible, pose mes doigts sur les siens dans une étreinte fantôme.