Citations de Neil deGrasse Tyson (44)
Il y a plus d'étoiles dans l'univers que de grains de sable sur n'importe quelle plage, plus d'étoiles qu'il ne s'est écoulé de secondes depuis la formation de la Terre, plus d'étoiles que de mots et de sons prononcés par tous les humains qui ont jamais vécu sur Terre.
Et maintenant, imaginez un monde dans lequel chacun, en particulier les gens qui ont le pouvoir et l'influence, possède une vision étendue de notre place dans le cosmos. Avec une telle perspective, nos problèmes rétréciraient, ou ne se poseraient jamais, et nous célébrerions nos petites différences terrestres tout en rejetant le comportement de nos prédécesseurs qui s'entretuaient à cause d'elles.
L'astrophysique utilise les boîtes à outils que sont la relativité générale d'une part et la mécanique quantique de l'autre pour résoudre des problèmes de types très différents.
Mais qui pense ainsi de nos jours ? Qui à l'occasion de célébrer la vision cosmique de la vie ? Pas l'ouvrier agricole obligé d'émigrer. Pas le travailleur qui s'échine dans un atelier clandestin. Certainement pas le SDF qui fouille les poubelles pour manger. Il vous faut le luxe de ne pas passer votre temps à survivre. Il vous faut vivre dans un pays dont le gouvernement reconnaît l'importance du questionnement sur notre place dans l'Univers. Il vous faut une société dans laquelle la pratique intellectuelle peut vous mener jusqu'à la frontière de ce qui est connu et dans laquelle vos découvertes peuvent facilement être disséminées. De ce point de vue, la plupart des citoyens des pays industrialisés s'en tirent bien.
Cependant, la vision cosmique a un coût. Lorsque je parcours des milliers de kilomètres pour me placer quelques instants fugitifs sur le chemin de l'ombre de la Lune lors d'une éclipse de Soleil, il m'arrive parfois de perdre de vue la Terre.
Lorsque je réfléchis à notre Univers et à la fuite impétueuse des galaxies enchâssées dans le tissu éternellement en expansion de l'espace-temps à quatre dimensions, il m'arrive parfois d'oublier qu'une population innombrable – dont un nombre disproportionné d'enfants - foule cette Terre sans nourriture et sans abri.
Lorsque je révise les données qui établissent la mystérieuse présence de la matière noire et de l'énergie sombre partout dans l'Univers, il m'arrive parfois d'oublier que chaque jour - à chacune des rotations de la Terre – des gens tuent ou se font tuer au nom d'une conception de Dieu prônée par quelqu'un d'autre, et que ceux qui ne le font pas au nom de Dieu le font en vertu des exigences de tel ou tel dogme politique.
Lorsque je suis les orbites des astéroides, des comètes et des planères, pirouettant comme les danseurs d'un ballet chorégraphié par la gravité, il m'arrive parfois d'oublier que trop de gens ont un mépris éhonté pour les interactions délicates des océans, des continents et de l'atmosphère, avec des conséquences que nos enfants et les enfants de nos enfants paieront de leur santé et de leur bien-être.
Et il m'arrive parfois d'oublier que les puissants font rarement tout ce qu'ils peuvent pour aider ceux qui ne peuvent s'aider eux-mêmes.
Il m'arrive d'oublier toutes ces choses parce qu'aussi grand que soit le monde - dans nos cœurs, nos esprits et sur nos cartes numériques géantes - l'Univers est bien plus grand. Une idée déprimante pour certains, mais une idée libératrice selon moi.
Ici sur Terre, les astrophysiciens de l'université de Cambridge, en Angleterre, eurent un moment de perplexité similaire en 1967. En scrutant le ciel avec un radiotélescope à la recherche de sources intenses d'ondes radio, Antony Hewish et son équipe découvrirent quelque chose de vraiment bizarre : un objet qui pulsait à des intervalles précis et réguliers d'un peu plus d'une seconde. Jocelyn Bell, une étudiante de troisième cycle de Hewish à cette époque, fut la première à le remarquer. Très vite, Bell et ses collègues établirent que la source de ces pulsations était très lointaine. L'idée que ce signal était d'origine technologique - qu'une autre culture émettait des indices de son activité à travers l'espace semblait irrésistible. Comme le raconte Bell : «Nous n'avions pas la preuve qu'il s'agissait d'une émission radio entièrement naturelle... J'étais là, essayant d'obtenir une thèse en travaillant sur une technique nouvelle et voilà qu'une bande de petits hommes verts stupides avaient choisi mon antenne et ma fréquence pour communiquer avec nous.»
L'espoir : c'est tout ce qui vous reste quand vous réalisez que vous ne maitrisez plus complétement ce qui vous arrive. Mais sans lui, comment pourrions nous affronter les défis de la vie?
Après neuf milliards d'années de cet apport, dans une région quelconque (le bras d'Orion) d'une galaxie insignifiante (la Voie lactée) perdue dans un secteur tout à fait ordinaire de l'Univers (la périphérie du superamas de la Vierge), naquit une étoile banale (le Soleil).
Il faut bien avouer que même un scientifique ne peut s'empêcher de considérer de temps en temps le tableau périodique comme une sorte de zoo où chaque cage contiendrait l'unique exemplaire d'un animal imaginé par un savant fou. Comment croire sinon que le sodium est un métal empoisonné violemment réactif qu'on peut couper avec un couteau à beurre ? Que le chlore pur est un gaz odorant et mortel. Mais qu'ensemble ils forment le chlorure de sodium, un composé inoffensif, indispensable à la vie qu'on appelle le sel de table ? Et que dire de l'hydrogène et de l'oxygène. Le premier est un gaz explosif, l'autre provoque des combustions violentes, mais ensemble, ils forment l'eau qui éteint le feu...
Au commencement, il y a presque quatorze milliards d’années, tout l’espace et toute la matière et toute l’énergie de l’univers connu étaient contenus à l’intérieur d’un volume mille milliards de fois plus petit que le point qui termine cette phrase.
The day our knowledge of the cosmos ceases to expand, we risk regressing to the childish view that the universe figuratively and literally revolves around us. In that bleak world, arms-bearing, resource-hungry people and nations would be prone to act on their “low contracted prejudices.” And that would be the last gasp of human enlightenment — until the rise of a visionary new culture that could once again embrace, rather than fear, the cosmic perspective.
Les cosmologistes ont un ego développé. Comment faire autrement quand votre boulot consiste à comprendre comment l'univers tout entier est né !
Durant notre bref séjour sur Terre, nous nous devons, à nous-mêmes et à nos descendants, de saisir les opportunités d'explorer le monde. En partie parce que c'est marrant. Mais il y a une raison bien plus noble. Le jour où notre connaissance du cosmos cessera de s'étendre, nous risquons de retomber dans la croyance infantile que l'univers tourne autour de nous, au propre comme au figuré. Dans ce monde désolé, les gens et les nations, armés et affamés, auront tendance à agir sur la base de "leurs préjugés les plus bas". Et ce sera là le dernier souffle de l'entendement humain - jusqu'à ce qu'émerge une autre civilisation visionnaire, à nouveau capable d'embrasser, et non de craindre, la perspective cosmique.
Au moins une fois par semaine, si ce n'est tous les jours, nous devrions réfléchir aux futures vérités cosmiques qui attendent peut-être la venue d'un esprit brillant, d'une expérience ingénieuse ou d'une mission spatiale novatrice pour être découvertes. Nous devrions réfléchir aussi à la façon dont ces découvertes pourraient un jour transformer la vie sur Terre.
La perspective cosmique nous permet de voir au-delà du quotidien pour transcender notre quête primaire de nourriture, d'abri et de partenaires.
La perspective cosmique trouve la beauté dans les images des planètes, des lunes, des étoiles et des nébuleuses, mais elle célèbre aussi les lois de la physique qui les façonnent.
Si un gouffre génétique nous séparait de nos plus proches parents dans le règne animal, nous aurions des raisons de célébrer notre intelligence. Nous aurions le droit de marcher la tête haute en pensant que nous sommes très différents de nos amies les bêtes. Mais ce gouffre n'existe pas. Au lieu de cela, nous ne faisons qu'un avec le reste de la nature. Notre place n'est ni au-dessus, ni en dessous, mais dedans.
Si une infime différence génétique entre nous et nos amis les grands singes est à l'origine de ce qui nous semble une immense différence d'intelligence, alors peut-être qu'après tout, cette différence n'est pas si immense que ça.
Imaginez une forme de vie dont la puissance cérébrale serait à la nôtre ce que la nôtre est à celle du chimpanzé.
Permettez moi de suggérer que c'est ce professeur et non moi qui a mal compris la nature. Pour commencer, son ego était trop grand, gonflé par l'illusion de son importance et nourri du présupposé culturel selon lequel l'être humain est supérieur à tout le reste dans l'univers.
Et maintenant, imaginez un monde dans lequel chacun, en particulier les gens qui ont le pouvoir et l'influence, possède une vision étendue de notre place dans le cosmos. Avec une telle perspective, nos problèmes rétréciraient - ou ne se poseraient jamais - et nous célébrerions nos petites différences terrestres tout en rejetant le comportement de nos prédécesseurs qui s'entre-tuaient à cause d'elles.
Nous autres adultes, sommes-nous capables d'admettre que nous avons aussi, collectivement, une vision immature des choses ? Sommes-nous capables d'admettre que nos pensées et nos comportements découlent de la croyance que le monde tourne autour de nous ? Apparemment pas. Et pourtant les preuves sont là. Tirez le rideau qui recouvre les conflits culturels, raciaux, ethniques, religieux ou nationaux de nos sociétés et vous verrez l'ego humain aux manettes.