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Citations de Nicholas Monsarrat (29)


Durant quelques minutes la lune posa sa froide lueur sur la surface de la mer et sur les fronts des hommes dont les têtes étaitent encore droites; puis elle se retira et se voila brusquement, comme si, pleine de pitié et de stupeur, elle en avait assez vu et savait que des hommes ne méritaient dans une telle extrémité que la miséricorde décente des ténèbres.
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Ceci est l'histoire - la longue et véridique histoire - d'un océan, de deux navires et d'environ 150 hommes.
L'histoire est longue parce qu'elle raconte une interminable et furieuse bataille, la plus dure qui puisse être livrée au cours d'un guerre.
On y met en scène deux navires parce que le premier fut coulé et remplacé par le second.
Elle concerne 150 hommes parce que c'est un nombre d'individus dont on peut facilement relater les aventures.
Elle est véridique, enfin, parce que seule une histoire vraie mérite d'être écrite.
Voici d'abord l'océan, l'Atlantique et ses houles gigantesques....
(extrait du premier chapitre de l'édition parue chez "Presses-Pocket" en 1979)
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Jamais il n'oublierait l'une de ces nuits. Le vent venait de tourner au nord, l'ouragan faisait rage. Une houle gigantesque se ruait sur eux par le travers. Le Compass Rose montait sur les vagues à la vitesse d'un ascenseur, se balançait un moment sur leur crête, puis retombait lourdement dans le creux, où il se couchait dangereusement, en attendant que la lame suivante le soulevât et le roulât de nouveau avant qu'il eût eu le temps de se relever. Des tonnes d'eau s'abattaient sur la passerelle et sur le pont, dispersant une grêle d'embruns que le vent rejetait brutalement au visage, et c'est alors que le cœur défaillait. La mer cognait avec un bruit sourd contre la coque, le vent hurlait avec l'implacable volonté de les épouvanter. Autour d'eux, rien qu'un désert d'eau, dont une mousse blanchâtre avivait çà et là la lividité lugubre. Au loin, dressé comme une muraille terrifiante, l'horreur et le chaos des ténèbres.
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Immobile, son pavillon pendant sans le moindre frémissement, le Compass Rose attendait deux choses : la remise en marche de la machine et une éventuelle attaque-surprise qui le laisserait sans défense. Comment savoir ce qui se cachait sous la surface de cette sombre mer? Comment savoir si un œil malveillant ne les regardait pas à cette minute même? Dans ce silence énervant, oppressant, de telles pensées s'imposaient à l'esprit.
A l'arrière, quelques hommes pêchaient. Si Ericson leur avait dit que la profondeur atteignait au moins mille brasses, ils eussent sans doute continué malgré tout. Pêcher, même à la mie de pain à mille brasses au-dessus du lit de l'océan, cela valait en un pareil moment certainement mieux que ne rien faire.
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La manœuvre du bâtiment pendant la nuit était une autre source de préoccupations. D'après leurs instructions, les escorteurs devaient naviguer en zigzag afin de diminuer pour eux les risques d'un torpillage et de marcher toujours à bonne allure. La précaution était nécessaire, mais suivre une ligne brisée quand la nuit est impénétrable et que le voisinage de trente navires complique d'une menace de collision l'obligation de ne pas lâcher le convoi, est une affaire autrement délicate que ne le suppose l'auteur d'une instruction en quatre lignes.
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Lockhart, lui, se sentait à bout de résistance et presque anéanti. Son corps mince et frêle n'était pas construit pour supporter le froid. Il n'avait pas l'habitude de veiller alors que tous ses nerfs imploraient le repos, et un froid cruel et l'insomnie étaient tout ce que le moment pouvait leur offrir. Si Bennett esquivait son quart pour en passer la plus grande partie dans la cabine de l'asdic, il ne pouvait en faire autant. Quatre heures en haut, quatre heures en bas, tel fut son lot pendant dix-sept jours. Ses gardes sur la passerelle le mettaient dans un état de tension insupportable qui conduisaient sa vue et son corps aux limites des forces humaines. et quand il dégringolait l'échelle à la fin de son quart, il ne pouvait compter sur aucune détente. Il avalait du thé et du corned-beef dans le désordre des flaques du carré balayé par l'eau, où les meubles étaient amarrés dans un coin; il s'efforçait de dormir, arc-bouté sur sa couchette, secoué par le roulis sous l'ampoule toujours allumée en prévision d'une alerte, terrassé par l'énervante pensée qu'il lui faudrait dans quelques heures affronter de nouveau la tourmente et la mer. C'est avec un corps vidé de tout instinct, sauf celui de tenir, qu'il se retrouvait face à la tempête qui flagellait sa figure et lacérait ses vêtements tandis que le Compass Rose vacillait sous ses pieds comme si l'univers tout entier était ivre.
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-Alors, on ne salue pas? aboya Bennett.
Ils saluèrent.
-Je suis le second, leur rappela-t-il. Arrangez-vous pour ne pas l'oublier.
-Aimable personnage, déclara Lockhart sur le chemin du retour. Nous nous entendrons comme dans une maison qui brûle, mais j'espère que ce chameau grillera vif.
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Même quand les vagues retenaient un moment leurs coups, le vent, qui hurlait et s'acharnait dans le gréement, serrait de peur chaque cœur ; car s'il était capable d'arracher de matériel du pont, les hommes ne pourraient résister à sa force terrible. Pour l'équipage du Saltash, il n'y avait plus de convoi et plus d'autres vaisseaux que le leur ; ils étaient depuis tant de jours et tant de nuits effroyables la proie des éléments qu'ils pouvaient être vaincus par leur seule brutalité. Le Saltash avait déjà affronté bien des tempêtes et avait eu souvent de la force de reste pour venir en aide à d'autres navires en difficulté, mais à présent uniquement occupé de lui-même, il peinait pour rester à flot, accomplissant heure après heure et jour après jour, les manœuvres désespérées d'un bateau qui refusait, sous la contrainte la plus violente, de se laisser engloutir. Pendant tout ce temps, un plaisantin ne cessait de chanter dans le haut-parleur une berceuse censée calmer le navire et la mer.
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Quand ils reprirent la mer, ils essuyèrent une tempête d'une violence telle que, lorsque le cinquième jour se leva sur la lutte fantastique que soutenait le Saltash contre les flots déchaînés pour arriver seulement jusqu'au sud de l'Islande, Ericson se dit que c'était le pire temps de toute la guerre, le pire du monde entier. La mer était devenue comme un champ de bataille rugissant, où l'ouragan chassait et soulevait les navires comme des bouts de papier. Le convoi n'avait plus la forme d'un convoi ; un bateau était à peine un bateau dans cette immensité hurlante. Ce tumultueux coup de vent du sud, croissant en furie de jour en jour, semblait animé d'une méchanceté à laquelle on ne pouvait échapper ; chaque navire était comme un fugitif désespéré, condamné à être lynché par une foule dont les mouvements avaient passé d'une mauvaise humeur maladroite à une rage aveugle. De gigantesques vagues se précipitaient en grondant sur les pygmées qui devaient être leurs proies ; parfois la surface tout entière de là mer se soulevait d'un coup, et le navire qui se trouvait sur le chemin son assaut tremblait et chancelait tandis que des tonnes d'eau verte s'écroulaient sur son pont et dévalaient en torrent sur toute sa longueur. Les embarcations étaient fracassées, les cheminées bosselées, les passerelles et les roufs écrasés; des hommes disparaissaient par-dessus bord sans une trace, sans un cri, balayés de la vie comme des images effacées d'un tableau noir par un impérieux coup d'éponge.
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