Nicolas Bonnafous

La lumière animait le monde, cette simple réalité revenait chaque matin, allumait la vie, réchauffait la vie, reflétait la vie. Je pense furtivement aux reflets luminescents qu’offrent les grandes toiles noires de Pierre Soulages, ces éclats qui expriment au-delà du noir, la lumière naissant du noir, de nos instants in utero, éclat du Big Bang premier ; outrenoir…

Alors, me dis-je, au bout de la fatigue et de l’épuisement, la petite sœur de la mort viendra sûrement me prendre dans ses bras.

La Terre avalait la terre et toutes constructions, donnant un cycle
aux civilisations
jusqu’à l’ignorance d’un lent mouvement du temps, recouvrant et
découvrant les turpitudes humaines qu’un peu de sable façonne et
puis efface…

Les premiers dieux, là, dans ce lieu, soufflaient une perfection d’ordre anarchique, entre chocs et impulsion…

La nature est le premier nom de dieu, et les mots suivants demeurent épuisés.

Tu y crois encore aux levées des consciences, aux pierres, aux grands soirs d'orages, Quand les sombres jouent de leurs mensonges
aux foules apeurées. Un pas de côté enivré et tranquille dans les herbes hautes, Je pisse…

On colonise les esprits comme une terre qui serait à reprendre.

Au début, les Hommes étaient des arbres,
et la nature curieuse a peu à peu
guidé leurs racines,
déplaçant les rhizomes entre les petites
fougères,
et des fougères aux sorties de la forêt.
Pieds de terre qui cherchaient le ciel,
marchant maintenant sur toute la terre,
enlace les arbres pour t'enlacer,
voyage au bout du monde
pour en aguerrir le retour.
De tes racines élargies et profondes,
fines têtes chercheuses,
Il nous reste tant d'étoiles à retrouver
sous les pieds d'un seul arbre

si ma mémoire se perd,
si j'oublie jusqu'à mon nom,
si mes mains restent posées sur la table,
et sans mouvement, je reste infini...
Mettez dans mes mains avec la douceur de
l'amour,
de petites choses simples,
comme des crayons et du papier,
ou de la terre glaise à modeler.
Et si votre esprit perd ce que vous avez connu
de moi,
mes mains vous montreront qui j'étais...

J'ai caché la mystique de l'amour
dans les petites choses des rivages,
Bien en évidence à aucune vue,
Elles seront emportées
par le courant chaud du large,
Aux vapeurs des pluies du ciel
et les pattes des goélands.
J'ai caressé en plein vol des gouttes
qui toucheront dans leurs chutes,
Les coeurs les plus durs et les plus purs,
quand ceux-ci n'attendront plus la pluie.

L'architecture retient le temps et cache l'amour dans le creux des petites choses.

les petits oiseaux dans
les hautes branches me paraissaient tellement
solides et courageux, dans ma tristesse et mon
malheurs moi, je regardais bas, la ligne,
l’interligne, les arrondis, deux carreaux après
la marge, lignes bleues, espace blanc, plume,
encrier, à en crier!!!

Si l'on doit revenir à l'origine... au début, il y a
une boule de feu qui a pété, puis des
mollusques ont créé une immense piscine où
ils se promenaient toute la journée en glandant
et en bouffant du plancton. Ça ne pouvait pas
durer, ces feignasses n'avaient aucun projet ni
perspectives concrètes...
Après, de gros vilains lézards très énervés sont
arrivés, ils n'avaient pas connu encore, les jeux
du cirque, ni la Playstation et le football pour
se défouler de leur semaine de tabassage de
gueule, se sont fait péter la tête parce qu'ils
mangeaient tout autour d'eux et ont reçu un
strike dans leurs museaux, puis un singe s'est
relevé plutôt embrouilleur, bricoleur et
randonneur qui a lui aussi mangé tout ce qu'il
trouvait... Et Steve Jobs est arrivé ; il a
reconnecté le cosmos à la carte bleue...

Le monde avance, les strates se fissurent parfois, mais que la statue est belle.

Féminin, pas féministe
Masculin, pas masculiniste
Humain, pas humaniste

Elle ne lisait que des livres épais aux
couvertures sans photos ; vu toute cette
densité dans laquelle elle plongeait ses
journées, elle ne levait la tête uniquement pour
revenir dans le réel à la fermeture de la page
claquant l'entracte du jour.

Nous n'aboutissons, il me semble, à rien d'autre qu'à apaiser l'angoisse, la peur et la mort, la grande inspiratrice partout se logeant où la course se mène.

Œuvrer humblement aux dialogues profonds du silence sera le reste de ma vie.

J'ai vu le visage, les yeux des rivières couler dans les méandres un soir d'été, les nuées d'éphémères bouillonnantes partir dans le courant et retourner au monde.

J'ai toujours pensé que l’écriture du roman était une fuite de la réalité, sa lecture une aide à vivre, la poésie une acceptation de sa tragédie.