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Critiques de Nicolas Bourcier (5)
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Le dernier procès

Quand l’Allemagne tente de racheter ses fautes…

[...]

« Pouvez-vous imaginer un instant des Allemands se dirigeant vers vous et vous donnant l’ordre de venir avec eux ? Qui pourrait refuser cela ? Des Allemands qui vous offrent de collaborer, qui était en mesure de refuser cela ? C’était la guerre. ». Assénées par Iwan Demjanjuk à ses détracteurs, ces questions taraudent le lecteur tout au long du Dernier procès.

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Sur le champ judiciaire, la justice israélienne puis la justice allemande ont tranché : chaque maillon de la chaîne porte la responsabilité des actes commis et contre lesquels il ne s’est pas rebellé, et Iwan Demjanjuk est déclaré coupable. Accusé de complicité de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, il n’échappera à la peine de mort en Israël qu’à la faveur du bénéfice du doute accordé lors de son procès en appel. Un tribunal allemand s’empare à son tour du dossier pour briser une règle tacite qui empêche l’Allemagne de juger les étrangers qui auraient collaboré avec les Nazis, et le condamne à cinq ans de prison pour complicité d’assassinat.

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Quant aux autres questionnements philosophiques ou moraux que suscite le livre… c’est au lecteur que revient le soin de trouver des éléments de réponse. Ayant pris le parti de proposer un récit très factuel, Nicolas Bourcier laisse à chacun la liberté de se forger ses opinions sur les évènements qu’il relate et la signification qu’ils revêtent. A contrario, on peut regretter un manque d’analyse et de prise de recul face à des problématiques d’une telle ampleur : l’auteur aurait ainsi pu insister sur les ressemblances et divergences entre ce procès et ceux des autres criminels de guerre, tenter d’expliquer pourquoi certains trawnikis ne sont pas dans le box des accusés mais simples témoins au procès de Demjanjuk.

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Néanmoins l’essentiel est bien présent dans cet ouvrage : la traque interminable de tous les responsables, quels qu’ils soient, la volonté farouche de punir pour l’exemple à défaut de pouvoir juger tous les individus, la volonté de l’Allemagne de racheter ses fautes… Le dernier procès marque les esprits longtemps après sa lecture, tant les problématiques qu’il soulève imprègnent encore notre société.
Lien : http://litteratureetchocolat..
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Le dernier procès

Tout récemment, en mai 2011, le tribunal de Munich rendait un verdict très particulier. Un homme, John Demjanjuk, se voyait condamné à une peine de cinq ans de prison. La peine est immédiatement aménagée. L’inculpé ne retourne pas derrière les barreaux, en raison notamment de son âge. Il a 91 ans et est accusé de crimes effroyables, qu’il aurait commis il y a des dizaines d’années.



Mais qui est donc cet homme ? Son nom de baptême est Iwan Nikolajewitsch Demjajuk. Il est né le 3 avril 1920 en Ukraine, à Dubovi Macharynzi. Fils d’Olga Demjajuk et de … son mari (je vous fais grâce de ce nom à rallonge). Il a migré aux états-unis après la guerre, où il a fait oublier ses origines et son passé trouble, en se rangeant et en changeant de nom. Il se fait appeler John (quand même plus simple que Nikolajewitsch) . Aidé par l’expansion de l’industrie de l’automobile, il fait une carrière d’ouvrier. Mais le passé le rattrape à toute vitesse, cette période trouble de la seconde guerre. Le gouvernement américain découvre qu’il a menti sur ses origines, et qu’il n’était peut-être pas la victime qu’il prétend être. Il se pourrait même que ce soit un bourreau, celui que l’on dénommait « Iwan le terrible », tortionnaire sans merci, responsable direct de la mort de 28.000 personnes !



Immédiatement après la guerre, les dignitaires nazis ont été jugés, et la plupart condamnés, au procès de Nuremberg. Les années qui suivirent furent celles de la chasses aux « assassins de bureau », comme Eischmann, condamné à mort en 1961 en Israël. Ensuite les sous-fifres ont été traqués. Enfin ce fut la chasse aux exécutants, ceux sans qui, comme le rappelle justement l’auteur, le génocide n’aurait pas eu une telle ampleur. C’est là que John Demjajuk apparait. Il était à Trablinka et Sobibor. Mais bien qu’il clame son innocence et prétende obstinément avoir été un simple détenu, des informations sont remises à jour. Notamment, une carte d’identité, dite « Trawniki », délivrée aux gardiens de camp. Le gouvernement russe donne une copie de ladite carte. Demjajuk a des défenseurs. Certains voudraient expédier ces vieilles histoires, comme les élus républicains. D’autres, comme les lobbies ukrainiens, dénoncent une manœuvre du gouvernement russe pour discréditer leur ennemi héréditaire, l’Ukraine. L’affaire n’est décidément pas simple. Le temps a effectué son travail de sape, et même les derniers rares survivants ne sont plus sûrs de rien.



Commence alors un long travail de recherche, mené de prime abord par l’Osi, agence créée pour résoudre ce genre de question. Au terme d’années de procédure, la justice américaine se déclare incompétente pour juger un crime commis en Europe. Néanmoins, John sera déchu de se nationalité américaine pour fausse déclaration, et sera extradé vers Israël. En Israël commence alors un autre procès. Demjajuk sera d’abord condamné, avant d’être acquitté, en raison des doutes qui subsistent sur son identité. A nouveau extradé vers l’Allemagne, c’est finalement là qu’il sera condamné. Si ce procès tardif et en demi-teinte peut laisser perplexe, il est cependant instructif à différents titres.



Ce qui est emblématique dans ce cas-ci, et l’auteur le démontre fort bien, c’est qu’il est possible de dénoncer un crime longtemps après les faits, et d’effectuer un minutieux travail juridique en dépit du temps et des tensions de toute sortes, au niveau international. L’auteur nous conduit pas à pas dans le dédale de cette affaire, il en démontre les tenants et les résultats. Un livre passionnant, étayé d’éléments concrets, avec de nombreuses références en bas de page. Cependant, il se lit facilement, comme un roman, et le lecteur n’aura aucun mal à suivre. Il constitue sans nul doute un document historique important. L’auteur a publié de nombreux travaux de recherche sur l’Allemagne contemporaine. Il est connu en particulier pour son livre « J’étais garde du corps d’Hitler ».
Lien : http://livrogne.com/2011/09/..
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J'étais garde du corps d'Hitler

La vie d'un jeune homme dans l'Allemagne nazie ou comment protéger sa vie et celle des siens durant les atrocités de la guerre.

Rochus Misch relate sa vie et explique comment il en est arrivé à occuper un des postes les plus détestable : garde du corps d'Hitler.

A travers ce livre, nous autres lecteurs de de livres d'histoires ou spectateurs de documentaires télévisés, pouvons entrevoir le raisons qui ont pu pousser de jeunes gens à mettre de côté leur morale et participer à l'une des pires ignominie contemporaine.
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J'étais garde du corps d'Hitler

Passionnée par les récits de vies et autres témoignages, notamment sur la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, il y avait pour moi une évidence à lire le récit autobiographique de Rochus Misch, présenté comme "le" garde du corps d'Hitler.



Après avoir lu assez rapidement les 254 pages de ce livre rédigé avec le concours de Nicolas Bourcier, journaliste au journal le Monde, je dois dire que s'il est correctement écrit sur la forme, j'ai été quelque peu déçue par le fond. J'ai d'ailleurs apprécié les quelques pages de préface de ce journaliste qui précise les conditions dans lesquelles il a été amené à s'intéresser à l'auteur et comment il l'a accompagné dans son récit.



Certes, ce récit donne à voir comment un jeune homme d'une vingtaine d'année, pas particulièrement sensible aux thèses nazies ni membre du parti, mais néanmoins désireux de trouver un emploi bien rémunéré lui garantissant une certaine protection (à savoir la garantie d'avoir à court terme un emploi dans l'administration) s'est trouvé enrôlé dans le commando des gardes du corps de l'homme à la tête du 3e Reich allemand. Et comment il a vécu, de près, ces cinq années aux côtés de ce leader détesté par le monde entier.



Déçue disais-je, car on s'aperçoit assez vite que Rochus Misch n'est qu'un garde du corps parmi tant d'autres, un uniforme parmi d'autres et non "le garde du corps d'Hitler" (je trouve qu'il y a là tromperie sur la marchandise de la part de l'éditeur). Il n'avait pas vraiment un rôle de protection (pas vraiment formé au maniement des armes, pas vraiment militaire ni ayant les capacités physiques de défendre) mais bien plutôt un rôle de factotum faisant essentiellement de la présence pour répondre aux besoins éventuels du Führer et des gens proches qui gravitaient autour de lui : à savoir, passer des appels, transmettre du courrier, faire des courses, voire exceptionnellement assister à des réunions... Somme toute un tout petit rouage de l'organisation administrative de la chancellerie du Reich.



Déçue disais-je, car si on entre assez bien dans le vécu assez fade du quotidien de la chancellerie, on y apprend pas vraiment grand chose. Sinon, peut-être, l'extrême organisation ruisselante (du haut vers le bas) et l'extrême discipline des Allemands affectés à diverses tâches qui semblent totalement se désintéresser du pourquoi du comment : ces gens-là ne parlent jamais entre eux de ce qu'ils observent, de ce qu'ils entendent, de ce qu'ils craignent, ni de ce qu'ils pensent des événements extérieurs qu'ils sont amenés à vivre de l'intérieur. Engagement entier ? Conditionnement ? Ignorance réelle ? Crainte de se faire dénoncer ? Déni ? ou volonté de transformer la réalité de la part de l'auteur ? On a vraiment le sentiment, à le lire, qu'ils n'étaient aucunement affectés, de quelque façon que ce soit, par cette guerre totale qui touchait pourtant de nombreux pays et de nombreux peuples.



Déçue disais-je, car l'auteur donne à voir une vision quasi caricaturale de Hitler qui semble gérer ses "troupes" en bon père de famille, certes distant mais apparemment pas le névrosé pathologique qu'on connaît. Il semble connaître le nom des gens qui le servent ; il semble se souvenir de leur situation personnelle et être à l'écoute des besoins éventuels. Là encore, on a quelques doutes sur la véracité des faits tels que racontés par l'intéressé (surtout quand on les croise avec d'autres témoignages).



Déçue disais-je, car on en apprend très peu sur les aspects stratégiques de la guerre et sur les volontés des uns et des autres de mener à bien "la solution finale" (par contre, on sait tout sur les divers déplacements en train ou en avion d'Hitler - ouf ! et sur ses multiples résidences). C'est clair, selon l'auteur, ce n'est qu'à la fin de la guerre et au cours de sa captivité de plusieurs années en Russie qu'il apprendra la réalité de la Shoah. Si c'est avéré, on comprend comment les choses ont été cloisonnées de façon systémique afin que les personnes impliquées dans la réalité de la vie d'Hitler ne puissent être informées et comprendre ce qui se déroulait à l'extérieur. Pour ma part, j'en doute et je penche vers la volonté délibérée de l'auteur soit de ne pas avoir voulu entendre ni voir, soit celle d'oublier après-coup très opportunément tous les aspects "gênants" de son récit.



Déçue disais-je, car si la relation entre Hitler et Eva Braun est évoquée succinctement, on reste quand même largement sur sa faim.



Déçue disais-je, car alors même que l'intéressé est présenté comme étant l'un des derniers témoins présents dans le bunker d'Hitler au moment de sa mort et de celle d'Eva Braun, en fait on s'aperçoit qu'il n'a quasiment rien vu ni entendu. On a donc des doutes légitimes - doutes d'ailleurs partagés longtemps par les Alliés dont les Russes qui ont été amenés à envahir le bunker - sur la réalité des personnes retrouvées mortes (on sait, et c'est confirmé dans le livre que Hitler avait plusieurs sosies prêts à le remplacer au pied levé).



Je trouve néanmoins qu'il est important que ce livre existe, tant pour l'intéressé et ses descendants que pour l'opinion publique. Il donne à voir un aspect des choses, selon le point de vue particulier de l'intéressé qui, faut-il le rappeler, a été très jeune formaté pour obéir, ne pas avoir une pensée propre, ni critiquer la figure d'autorité. Il est important de lire d'autres témoignages de personnes peut-être plus impliquées et plus lucides pour se faire une opinion de ce qui a réellement été.



Il donne par ailleurs à voir (c'est intéressant), dans le cadre de notices biographiques présentes en annexes sur plusieurs pages, la façon dont certaines figures nazies ont été amenées à créer et à organiser les structures d'appareil, à prendre des fonctions, ont été emprisonnées, jugées ou mortes ou comment elles se sont, après-guerre, réinsérées dans la société.



Pour information, Rochus Misch est décédé en 2013 à quatre-vingt-seize ans.





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J'étais garde du corps d'Hitler

Ce livre se lit très vite ... Malheureusement, je trouve qu'on n'apprend pas grand'chose sur la guerre en elle-même. Du moins, il n'y a rien de bien neuf.

On entre malgré tout dans la vie de Rochus Misch de son enfance à nos jours. Il est finalement tombé dans le bain nazi un peu par hasard. Il n'était qu'un jeune soldat parmi tant d'autres. Il a eu la chance de ne pas voir les atrocités de cette maudite guerre de près ... Peut-être ne voulait-il pas les voir non plus.

R. Misch n'a jamais cherché à voir plus loin que ce qu'on lui faisait voir dans le cadre de son travail. Aurait-il dû chercher à en savoir plus ? Rien ne pouvait lui laisser imaginer ce qu'il se passait par delà les murs de la chancellerie.

Il ne faisait que son travail.
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