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Citations de Nicolas Legendre (55)


Avec les six jours de vacances annuels passés en compagnie de mes parents.
Avec la fatigue qui harassait mon père. Avec ses colères contre « la laiterie », cette entité lointaine qui achetait sa production mais fixait elle-même les prix – toujours trop bas. Avec les centaines de litres de lait qu’on jetait parfois dans le ruisseau près de l’étable, parce qu’on avait dépassé le « quota », parce qu’on risquait de payer des « pénalités » – on tuait alors, sans trop y penser, à la fois l’écosystème du ruisseau et notre honneur de paysans, mais il n’y avait « pas le choix ». Il fallait avancer, nom de Dieu, et se conformer aux règles, aux normes, à la marche en avant de… Quoi, au juste ?
On ne savait pas trop.
Mes parents n’avaient que vingt-cinq vaches et 30 hectares. Ils n’ont jamais cédé aux sirènes de l’agrandissement et de l’élevage hors-sol. Lors de leur installation, une conseillère du Crédit Agricole les avait pourtant
exhortés de « faire des poulaillers » (comprendre : construire des bâtiments d’élevage hors-sol). La banquière avait juré que la ferme, sans cela, ne serait pas rentable. Pas rentable pour ceux qui y travaillaient ou pas rentable pour la banque ? La conseillère s’en est allée avec une fin de non-recevoir. À défaut de gérer des poulaillers, mes parents ont utilisé le temps que les vaches leur laissaient pour s’occuper de leurs enfants et petits-enfants, accueillir tous les amis de passage et s’assurer une certaine autonomie : ils produisaient eux-mêmes leurs légumes, leurs œufs, leur viande, leur cidre et leur bois de chauffage. Le « système », magnanime, les gratifie en retour d’une retraite de misère.
Certains de leurs alter ego ont plongé dans le bain du « toujours plus » : plus d’hectares, plus de machines, plus d’animaux, plus de pesticides, plus de maïs, plus de dettes. Chacun avait ses raisons. Chacun pensait bien faire. La banque, l’État, la coopérative, la chambre d’agriculture et le « syndicat » conseillaient de tirer dans ce sens. Les plus exaltés fonçaient tête baissée, sans trop réfléchir à qui tirait les marrons du feu, à qui était l’esclave de qui, ou de quoi. À l’époque, dans le monde rural, remettre en cause cette logique, même timidement, revenait à blasphémer contre les dieux du productivisme – cette religion dont on ne disait jamais le nom.
On ne disait jamais son nom parce qu’on ne savait pas qu’il était possible de la nommer. Mes parents, comme bien d’autres paysans, étaient les indispensables petites mains d’un complexe agro-industriel dont le fonctionnement s’appuyait sur une idéologie (le productivisme)
répondant à des choix politiques et économiques dans un contexte de pétrole bon marché, de libéralisation des échanges commerciaux, de consumérisme triomphant et d’indifférence à l’égard des enjeux écologiques.
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La Sibérie était – et demeure – un Far West russe. Un Far East, donc. L'histoire de son exploration, presque inconnue en Occident, comporte assez d'épopées, de drames et d'anecdotes pour inspirer un million de films d'aventure. Mais Hollywood se trouve aux États-Unis d'Amérique et les cinéastes n'ont pas puisé dans ce réservoir pour nourrir leurs scénarios. Notre imaginaire grouille de renégats évoluant dans les déserts d'Arizona et de justiciers chevauchant dans les grandes plaines. Mais qui sait que des géographes, naturalistes, mercenaires, trappeurs et brigands s'aventurèrent, à partir du XVIème siècle, avec des moyens rudimentaires, en remontant des fleuves gigantesques, à travers la taïga et les marais infestés de moustiques, royaumes de l'ours et du loup, par 40 ºC au-dessous ou au-dessus de zéro, à plusieurs milliers de kilomètres du village le plus proche, et qu'ils y rencontrèrent des peuples qu'ils affrontèrent et soumirent, que des chefs ennemis fomentèrent des vengeances, que l'on pilla, s'étripa et fraternisa durant des siècles, avec comme décor les espaces les plus vastes et les moins densément peuplés au monde ?
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L'ivresse du pouvoir a de multiples carburants. Elle se nourrit de la psychologie des puissants, de leurs traumatismes, des guerres, de la solitude des hautes sphères, de l'espionnite, de la lutte des clans, de la paranoïa qui finit par rendre aveugle, ou fou, ou les deux, et alors, quand l'alcool et les psychotropes s'ajoutent à ce cocktail, le pot devient vraiment pourri. Et l'on finit par planter des statues dans les montagnes d'Asie centrale. En plus de borner le territoire, les effigies de Lénine symbolisaient le domination de l'homme sur la nature, autre obsession des hiérarques soviétiques. Il fallait barrer les fleuves, araser les collines, défricher les plaines, industrialiser les rivages, et tout cela sans limite, comme si rien ne pouvait arrêter l'Homme. A posteriori, cette philosophie apparaît d'autant plus pathétique ici, au Kirghizstan, où les montagnes tutoient les 7 000 mètres, et où chaque massif, chaque torrent, ridiculise par sa beauté les entreprises ridicules d'Homo Sovieticus.
(p. 180)
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Quelques années après cet échange, Michel transmit sa ferme à son fils, Vincent, qui a vu (encore) plus grand. Qui a avalé d’autres fermes. Qui a robotisé son exploitation. Qui s’est endetté. Qui passait des journées entières
sur son tracteur, du fait de son engouement pour la belle mécanique mais aussi à cause des distances faramineuses qui séparaient désormais ses parcelles. Vincent a arraché des arbres vénérables, dézingué d’antiques talus,
comblé des chemins creux immémoriaux pour agrandir encore sa surface exploitée et grappiller davantage de « prime à l’hectare » – des subventions versées dans le cadre de la Pac.
Vincent s’est épuisé. Il a arrêté avant la faillite, l’infarctus ou le suicide. Il a vendu la ferme. Jadis, dans les campagnes, une telle décision relevait de l’hérésie, mais désormais, on ne s’offusque plus quand un paysan, accablé par le poids du fardeau, cède le patrimoine familial au plus offrant. Vincent a changé de métier.
Game over. Un paysan de moins. Une ferme de moins.
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Elles ont saccagé les locaux de l’association environnementaliste Eau et rivières de Bretagne, à Guingamp et Brest, en 2007. Elles ont déposé une lettre anonyme au ton cinglant chez Yves Pucher, militant écologiste, le jour de son mariage. Et cætera.
Combien de Bretonnes et de Bretons les ombres ont-elles poursuivis ? Combien de destins ont-elles enrayés ? Combien, qui ne sont plus là pour raconter leurs mésaventures, se sont pendus à la branche d’un vieux chêne,
derrière le tas d’ensilage, près d’une désileuse rouillée ou de quelque cuve à fioul, parce qu’ils ne supportaient plus, bien sûr, le travail exténuant, le manque de considération de la part de la « société », le poids des dettes et
l’absence de revenus, mais aussi, dans certains cas, la sournoise présence des ombres ?
Combien de fois m’a-t-on dit « Si ma femme n’avait pas été là », « Si mon oncle ne m’avait pas aidé » ou « S’il n’y avait pas eu les enfants » ? Sous-entendu : je
me serais foutu en l’air. Un jour, au téléphone, un gars m’a déclaré : « Normalement, je devrais être mort. »
Je tourne et retourne, encore, dans mon lit. Je songe au brouillard qui nimbe les questions agricoles agroalimentaires, aux tabous, aux mythes, aux clairs-obscurs du tintamarre médiatique, aux recoins mal éclairés de l’inconscient collectif breton. Oui, me dis-je, les « ombres » existent. La Bretagne en est remplie. Elles sont filles de nos cupidités, mères de nos dénis, passagères de nos névroses. Je pense à tout cela et je vacille.
Le sommeil me happe.
Je ne sais pas quand cette enquête a commencé. Je veux dire : quand elle a vraiment commencé. Peut-être quand mes parents, éleveurs de vaches laitières en Bretagne, évoquaient, à table, les dessous du monde agricole. Je grappillais des bribes d’informations, sans comprendre ce que « remembrement », « quotas », « paye de lait » et « Pac 1 » signifiaient précisément.
Comme tant d’autres Bretons, mes parents ont migré vers Paris durant les Trente Glorieuses alors qu’ils étaient à peine majeurs. Ma mère, d’abord employée de maison chez des Russes blancs fortunés, a ensuite été
embauchée comme secrétaire par une entreprise de télécommunications. Mon père a appris le métier de carrossier. Ma sœur et mon frère ont grandi là-bas. La famille a acquis un petit appartement en banlieue et savouré les
douceurs de la classe moyenne : loisirs, sécurité de l’emploi, pouvoir d’achat.
Vingt ans après son arrivée dans la capitale, mon paternel a fomenté un projet loufoque consistant, grosso modo, à tout plaquer. Il s’agissait de revenir au village dans lequel ma mère et lui avaient grandi et de reprendre la ferme de mon oncle et de ma tante.
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Comme beaucoup d'ex-Soviétiques, Liouba utilise simplement le terme "Soyouz" (Union) pour désigner l'ex-URSS, expurgée de fait des mots "républiques", "socialistes" et "soviétiques", soit tout le baratin politico-dogmatique. Ne reste plus que l'Union, uniquement l'Union : le plus important, au fond. Et Liouba dit cela sur un ton presque chantant, empli d'une nostalgie douce.
— Vous regrettez l'Union Soviétique ? dis-je.
— On est un seul peuple ! Larissa, par exemple, est ukrainienne. Mais elle est russe. Nous, on est kazakhs, mais russes aussi. On ne fait qu'un. Il n'y a pas de différences. C'est l'Union...
Tout le monde approuve et je comprends un peu plus que les liens unissant la Russie à son ex-empire ne consistent pas qu'en tracés de gazoducs et accords douaniers. C'est une question d'hommes, de femmes, une question d'âme et de racines, de culture partagée, un mariage pour le pire et pour le meilleur. Il nous est difficile, vu d'Occident, de comprendre les rapports russo-ukrainiens ou russo-kazakhs, parce qu'on ignore souvent la complexité de ces relations.
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Un petit chien caresse mes mollets.
- C'est pas le nôtre, dit la jeune fille installée à mes côtés. Il était à des vacanciers. La dame est morte il y a trois jours.
- Ah...
- ... Son mari l'a brûlée vive dans son chalet parce qu'elle ne voulait pas lui donner d'argent pour acheter de la vodka.
- Oh !
Je lui fait répéter. Elle confirme. Son père qui a entendu notre conversation acquiesce. Le drame se serait déroulé ici même, il y a une dizaine de jours.
(p. 261)
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En Géorgie, admirer un collègue lorsqu'il triture une canalisation et commenter les événements avec deux autres zigues oisifs n'est absolument pas anormal. On dirait même qu'il est conseillé de prendre du recul et, de fait, de prendre son temps. Les drogués au produit intérieur brut diront qu'un peuple se comportant de la sorte fonce vers l'Apocalypse. On peut aussi penser que ledit peuple se prémunit contre la dépression et l'infarctus. Quand l'Occident aura obtenu la crise de nerfs qu'il fomente, les Caucasiens tranquilles lui diront qu'il n'avait qu'à bosser moins.
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La douanière se lève et, sans desserrer la mâchoire, pose une bouteille de vin sur le comptoir. Il est 4 heures du matin, je n'ai pas fermé l'œil depuis près de vingt-quatre heures. Je crois à une erreur de la banque en ma faveur.
— C'est pour moi ?
Elle acquiesce. Je saisis la bouteille ornée d'une étiquette sur laquelle un laïus rédigé en anglais vante les mérites de la Géorgie, terre d'opportunités pour les entrepreneurs : régime fiscal avantageux, situation stratégique, et cætera. Force du marketing ! Dans la plupart des aéroports, on accueille les étrangers avec – au mieux – des regards torves. Ici, on leur offre du pinard.
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Dans le caractère russe, boire n'est pas seulement gastronomique : le Russe boit quand il va mal ou quand il va bien, quand son fils est né, quand sa grand-mère est morte... C'est traditionnel. Voici le problème : quand le Russe ouvre une bouteille, il ne la referme pas tant qu'elle n'est pas finie. L'autre problème c'est la deuxième bouteille. Le Russe ne comprend pas qu'il y a des limites.
(p. 379)
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Quand le bon citoyen français se réjouissait de la trajectoire miraculeuse du nuage, Hidayat et ses frères raclaient la démoniaque poussière et se constituaient un stock personnel de radioactivité pour les siècles des siècles.
- Tu as des problèmes de santé à cause des radiations ?
- En Ukraine, à l'époque, le médecin m'a dit : "Bois de la vodka tous le jours ou tous les deux jours. C'est bon contre les radiations."
(p. 91)
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'Deux mille agriculteurs qui cassent tout, c'est plus payant que dix mille manifestants qui défilent dans le calme', résumera Alexis Gourvennec.
Six décennies plus tard, on ne compte plus les tonnes de pneus et de palettes brûlés sur la voie publique, les hectolitres de lisier répandus devant les préfectures, les kilomètres de routes bloquées, auxquels s'ajoutent des installations ferroviaires sabotées, du mobilier urbain saccagé, des véhicules de police détériorés à coups de barre de fer, des motos de gendarmes incendiées, des voitures de pompiers endommagées, des porcelets pendus devant les grilles de bâtiments officiels, des glissières de sécurité arrachées, des portiques écotaxe 'démontés', des sous-préfectures et des hôtels des impôts mis à sac, des bureaux d'élus 'visités', des gendarmes séquestrés, des militaires et des sapeurs-pompiers malmenés, des carcasses d'animaux calcinées devant une préfecture, un camion espagnol transportant de la viande étrangère brûlé, un mouton mort déposé dans la propriété d'un député-maire, une voiture de gendarme jetée dans un canal, une prison attaquée (c'était à Quimper en 1983) ainsi qu'un centre des impôts et un bâtiment de la MSA incendié (à Morlaix, en 2014).
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Nicolas Legendre
Ces hommes saturés d'alcool incarnent l'antithèse du concept de "mâle" popularisé par Jean Paul Gaultier. Ils sont à la délicatesse et à la sophistication ce qu'un tortionnaire khmer était à l'humanisme. Ils éjectent des rires depuis leurs entrailles jusque dans la stratosphère. Ils postillonnent et tartinent tout ce qu'ils touchent - verres, bouteilles, cigarettes ainsi que mon carnet - avec la graisse accumulée sur leurs mains. [...] L'un torse nu, exhibe un ventre sculpté par le houblon, arrondi comme un fût. [...]. Aucun de ces gars ne pourrait franchir le seuil d'un établissement parisien sans provoquer quelques gloussements. Mais ils ont une qualité qui fait défaut à beaucoup de métrosexuels snobs : ils sont sympas et hospitaliers. p118
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Peut-on promouvoir la figure de l'entrepreneur agricole hyperconnecté, hypermécanisé, dépendant de multiples acteurs économiques et financiers et -en même temps- celle du paysan autonome, peu endetté, acteur de filières circulaires territorialisées , ayant recours au " low-tech ", éventuellement aux financements alternatifs ? Les règles du jeu ne sont-elles pas faussées, alors même que les aliments cultivés de façon "conventionnelle", dont la production entraîne des coûts cachés importants (liés par exemple à la dépollution de l'eau), sont vendus moins chers en magasin que leurs équivalents plus "vertueux" ? Comment l’État peut-il organiser cette cohabitation quand il a, par ailleurs, failli dans le soutien à l'agriculture biologique, voire qu'il a "freiné" son développement ?
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Allez, on boit un coup! on causera quand on sera sobre p252
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Y en a qui aimeraient voir un hiatus idéologique dans cette affaire des pesticides. Mais c’est pas idéologique. C’est une réalité sanitaire ! On met des intrants qui appauvrissent la terre, puis des produits pour « rebooster » les cultures. La terre est morte et ça contribue à la tuer un peu plus. Nous, à la boîte, on était à peu près tous convaincus du cynisme de ce système. Quand vous faites tous les jours des livraisons de récipients sur lesquels vous avez des petits pictogrammes morbides, si vous prenez pas conscience du problème, c’est que ça va pas dans votre tête. Les collègues ne mettaient jamais ces trucs-là dans leur jardin ! Ils faisaient du bio. Ça allait jusqu’au mal-être. La mauvaise conscience… Devoir gagner sa croûte en vendant du poison… La majorité des collègues en préparation de commandes faisaient leur boulot à contrecœur, écœurés par tout ce qui était balancé dans les fermes. Ce job, c’est purement alimentaire. Cette boîte ne paye pas trop, mais suffisamment pour qu’on n’ait pas vraiment envie de partir. Y a le fatalisme… Et la routine. On parle de tout ça au boulot… On se rend compte qu’on en avait parlé la veille et l’avant-veille aussi, et chacun sait bien qu’on en reparlera… Y a une pollution de l’image de soi qui s’opère au contact du produit. Les gars voient les pictogrammes. Ils voient que c’est un système qui continue de faire gagner du fric à certains alors qu’eux sont encore en bas du panier. La grande question, chez nous, c’est : est-ce que je vais être malade ? On a la « salle de la mort » où sont stockés tous les phytos… Quelqu’un qui n’est pas habitué à l’odeur, il fait demi-tour direct… Alors la question se pose : que respire-t-on vraiment ? On se demande : quand est-ce que je vais être touché, comme les autres collègues qu’ont eu des brûlures, des allergies…
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Jean-François et Olivier Glinec incarnent bien cet attachement qui, d’ailleurs, n’est pas que sentimental. Leur approche est pragmatique : il s’agit de préserver le milieu qui les entoure voire de le « réparer » pour qu’il demeure vivable à long terme, sans jamais perdre de vue la nécessité de produire des aliments et de dégager des revenus. Les frères Glinec travaillent avec le reste du vivant, autant que possible. Pas contre lui. Le temps dira s’ils sont les pionniers parmi d’autres d’un nouveau rapport au monde ou bien s’ils sont les vaines sentinelles d’un combat perdu d’avance.
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Marylise Lebranchu (ancienne maire de Morlaix, élue quatre fois députée du Finistère, nommée trois fois ministre) confie avoir refusé le poste de ministre de l'Agriculture que lui proposait François Hollande, en 2012, par crainte de subir des attaques personnelles dans son fief finistérien :
- J'avais de très mauvais souvenirs de la maison de Marie Jacq arrosée de fioul et entourée de pommes de terre. Je ne voulais pas avoir tout le temps la police autour de ma maison et imposer ça à ma famille.
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Il y a fort à parier qu’une ou plusieurs de ces denrées ont été produites et/ou transformées en Bretagne.
Le prodigieux élan qui a permis l’émergence de cette « puissance » agroalimentaire a un prix, d’autant plus difficile à évaluer qu’il inclut des coûts cachés. Il y a les proliférations d’algues vertes, immanquables pour qui
déambule à Plestin-les-Grèves ou Douarnenez. Il y a la banalisation des paysages, les vastes champs de maïs ayant supplanté les prairies exiguës. Il y a les « cathédrales » porcines ou laitières, ainsi qu’on nomme les plus grands élevages, ces phares d’un nouveau genre qui ont relégué chapelles et calvaires au rang de marqueurs paysagers secondaires. D’autres mutations, moins
visibles, ont affecté les liens sociaux, le rapport à la terre et au temps, les solidarités, les corps humains, la courbure des vallons et la vie des lisières, l’habitat du saumon et celui des orvets. D’année en année, le productivisme
s’est affirmé ici comme un « fait social total 1 ». Il a transformé l’univers mental de communautés entières, acheminant avec lui de nouveaux idéaux et de nouvelles références.
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Ce livre est le fruit de deux ans d’enquête, de 2021 à 2023, qui s’ajoutent à cinq années, entre 2016 et 2020, pendant lesquelles j’ai couvert les sujets agricoles et agroalimentaires pour Le Monde en Bretagne. Durant cette période, j’ai effectué près de trois cents entretiens avec des paysans, chefs d’entreprises, salariés et cadres de coopératives, techniciens, syndicalistes, fonctionnaires, élus locaux, régionaux et nationaux, ministres et anciens ministres, militants environnementalistes, etc.
J’ai visité vingt-neuf fermes de tous types, aux quatre coins de la Bretagne. Ce travail a donné lieu à une série d’articles parue dans Le Monde en avril 2023. De nombreux interlocuteurs ont requis l’anonymat.
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