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Critiques de Nicolas Offenstadt (28)
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Le pays disparu : Sur les traces de la RDA

Pinocchio âne âgé dans les musiciens de Brême. les débuts du pays suscitent de nombreux espoirs. Le gouvernement répond par la construction d’un mur. La concurrence est forte entre ces deux Républiques. L’exercice de la dictature du parti. Le manque de liberté politiquedans un pays complètement ravagé par la guerre. un mur qui sépare Berlin-ouest de Berlin-est. La Stasi devient une vaste agence de surveillance politique. Le Parti communiste multiplie les structures d’encadrement de la population. Les années 70 se marquent par un dégel des relations entre l’est et l’ouest. Le désir de consommation des allemands de l’est. La monnaie unique est instaurée. La RDA est morte. Une annexion ou le début de la colonisation . La rda occupe une place à parts ans le bloc de l’Est. Marx rosa Luxembourg, Liebknecht , tant de résistant au Nazisme. Échec d’une dictature .dont l’histoire est une succession de crises. Pays de brocante à l’horizontale. L’est sert de négatif à l’Ouest. L ‘urbex de la d’éprise économique. Une dememoire de Régine Robin

De non-lieux. Lla dialectique de l’effacement
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Le pays disparu : Sur les traces de la RDA

Dans cet ouvrage passionnant, Nicolas Offenstadt nous invite à un voyage sur les traces d’un pays disparu, la RDA.

Une image frappante pour évoquer ce pays disparu, il parle d’un pays à l’horizontale, qu’on retrouve dans les objets souvenirs qui se vendent sur les tables des brocanteurs, dans les débris qui jonchent le sol des usines abandonnées....

Ce livre est d’abord un ouvrage scientifique, complet, érudit, suivant une démarche de chercheur, mais il se lit comme un roman, voire comme un roman policier.

Il regorge de rencontres avec des habitants de la RDA, de passages dans des lieux emblématiques ou improbables, il fourmille d’anecdotes passionnantes. Je me suis régalée en le lisant et il m’a donné envie de lire certains des romans cités dans le chapitre consacré aux traces littéraires de la RDA pour continuer le voyage.
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Le pays disparu : Sur les traces de la RDA

« Quand on parcourt l'ancienne RDA, partout, ou presque, s'engagent ainsi des conversations, autour de « traces », de souvenirs, de petits lieux, d'objets. Souvent, aussi, des anciens de l'Est tiennent à rappeler ce qui fut alors réalisé, ou simplement vécu, et qui a disparu. D'autres, parfois les mêmes, dénoncent différentes formes d'oppression ou de contrôle. Les petits ânes de la RDA sont rares, mais, en Allemagne de l'Est, les ruines, les friches industrielles, les plaques de mémoire, les documents à l'abandon, les objets de brocante, les petits musées personnels sont, eux, innombrables. Ces « traces » sont la matière de ce livre, mais non pas les plus visibles, non pas les plus formelles, non pas les plus officielles. »



Note : le petit âne fait référence à « Pinocchio » petit âne du zoo d'Halberstadt, en ex-RDA



Selon Carlo Ginzburg, l'histoire est irrémédiablement liée au concret, et l'historien tel un chasseur d'indices, traquant des signes marginaux en apparence négligeables, des traces souvent considérées comme non révélatrices, peut retrouver le fil ténu de l'histoire et saisir une réalité profonde, impossible à atteindre autrement. Bâtiments abandonnés, sacs-poubelles éventrés, objets du quotidien, musées individuels faits de bric et de broc, ce sont ces traces de l'Allemagne de l'Est que l'historien Nicolas Offenstadt a suivi, loin des politiques mémorielles des grands musées allemands.



Urbexer parcourant l'ex-Allemagne de l'Est, il a exploré des centaines de lieux utilisés ou habités à l'époque de la RDA et aujourd'hui en ruine, et collecté des bribes, des objets vendus dans les brocantes, des histoires de vie dans les archives abandonnées et rencontré ses anciens citoyens, de manière fortuite ou planifiée.

Nicolas Offenstadt fait « parler » les traces des lieux pour reconstituer le passé, et faire surgir en faisceau une vision historique et politique de ce pays disparu et de ce qui en subsiste, qui ne s'inscrit pas uniquement dans le prisme de l'histoire politique d'une dictature répressive, où l'Est sert de négatif à l'Ouest, selon les mots de l'historienne Sonia Combe : « À n'étudier la RDA que comme dictature, on prive de sens des vies entières qui s'étaient consacrées à l'édification de cet Etat austère et autoritaire et qui ont été flouées. » (Sonia Combe, Usage savant et usage politique du passé – La Découverte, 2009)



« Tous ces objets-traces seront au coeur de notre propos. Nous prêterons attention à leur « biographie », à leur « carrière » pour reprendre des termes utilisés dans les sciences sociales. Nous les prendrons au sérieux. C'est-à-dire que nous n'en ferons pas des reliques figées mais que nous réfléchirons à leurs trajets, aux retournements de leur emploi, à ce qu'ils disent des temps qu'ils ont parcourus, à leurs changements de statut, et ce que ces changements disent sur les humains qui les accompagnent, ou ce qu'ils leur font. »



Comme avant lui Svetlana Alexieivitch dans « La fin de l'homme rouge », Nicolas Offenstadt met en lumière dans cet essai paru en 2018 chez Stock les paradoxes du ressenti des citoyens est-allemands envers la RDA, combinant les regrets envers la protection sociale (droit à l'emploi, accès gratuit à l'éducation et aux soins…), la nostalgie de l'utopie et les espoirs qui ont succédé à la période dramatique du nazisme, malgré la dictature du parti, le manque de liberté politique et les pénuries récurrentes, les citoyens affirmant « regretter la RDA non telle qu'elle était mais telle qu'elle aurait dû être ». (Marina Chauliac, « Ostalgie sans regret »), une utopie désenchantée évoquée avec tant de puissance dans le roman de Lutz Seiler, « Kruso » (2014, éditions Verdier).



Se fondant sur une méthode peu orthodoxe qu'il a construite au fil de ses explorations, Nicolas Offenstadt passionne en montrant que l'Histoire et le rapport au passé sont une matière vivante, au fil des exhumations de ces traces qui s'effacent, des rencontres et des signes qui mettent en lumière la nostalgie ressurgissant après une période de tabula rasa, marquée par la liquidation du patrimoine industriel, la mise à l'écart des élites et l'écrasement économique et symbolique de l'ancienne RDA après la chute du Mur. Fruit d'une enquête qui s'est étendue sur plusieurs années, richement illustrée de photos de l'auteur, « le pays disparu » montre ainsi les évolutions et les contradictions qui traversent le rapport au passé des citoyens de ce pays disparu, et l'articulation complexe et mouvante entre passé et présent, entre oubli et Ostalgie.



Nicolas Offenstadt sera l'invité de la librairie Charybde (129 rue de Charenton, Paris 12ème) le jeudi 7 février en soirée pour une rencontre-discussion autour du « Pays disparu ».



Retrouvez cette note de lecture et et beaucoup d'autres sur le blog Charybde 27 ici :

https://charybde2.wordpress.com/2019/02/02/note-de-lecture-le-pays-disparu-nicolas-offenstadt/
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Le pays disparu : Sur les traces de la RDA

Une enquête à travers la RDA, l'ex-RDA en fait pour voir ce qu'il reste de ce pays disparu.

( Un livre-enquête avec participation insistante de l'historien-narrateur. C'est parfois tout à fait passionnant, et les rencontres sont riches.

Mais je ne comprends guère cette posture relativement nouvelle chez certains historiens de nous livre non pas seulement le fruit de leurs travaux, mais tout le work in progress, à la manière d'un écrivain voyageur.

Franchement quand j'ai envie de lire Nicolas Bouvier ou Paolo Rumiz je prends l'un de leurs livres.

L'égo de Nicolas Offenstadt ne m'intéresse pas, éventuellement en tant que spécialiste, ses conclusions sur le sujet oui.)

Un brin nombrilisme à mon goût malgré un sujet à priori passionnant...

Relue après coup je ne partage plus exactement cette vision du livre car en relisant certains chapitres ils m'ont paru plus intéressants que ce que j'en avais pensé au moment de cette critique. Certes le livre est un peu hybride mais il n'en reste pas moins très intéressants, le chapitre sur les musées est à cet égard emblématique.

J'avais sans doute mal jugé ce livre !
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L'historiographie

En toute franchise, j'étais partie avec un gros a priori négatif.



Lecture obligatoire pour la licence, je pensais : "encore un bouquin bien universitaire et théorique et ronflant".



Et en fait, pas du tout !!! Je ne vais pas aller jusqu'à dire que j'ai "adoré", ce n'est pas non plus un roman, mais dans l'idée... c'est clair, intéressant, agréable à lire.

C'est universitaire et théorique, mais c'est vraiment eh bien... passionnant.
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Urbex RDA : L'Allemagne de l'Est racontée par..



Un livre très riche et intéressant à plusieurs niveaux :d’abord par les aperçus sur l’ « Urbex » (exploration urbaine) , une pratique qui se développe. Ensuite par les éclairages qu’il apporte à ce que fut la vie quotidienne en RDA et l’organisation sociale trop souvent occultées dans les œuvres par l’omniprésence de la STASI . Egalement par une iconographie remarquable qui , même si elle se défend de tout esthétisme n’en porte pas moins une « poétique des ruines » assez prenante .Enfin parce qu’il suscite une réflexion sur la mémoire et son effacement (plus ou moins idéologique) . Riche , beau et passionnant !
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Le pays disparu : Sur les traces de la RDA

Comment certaines villes sont encore aujourd'hui marquées par la période de la RDA, plus de 30 ans après sa disparition... Que ce soit de manière plus ou moins subtile, plus ou moins visible - par les traces évidentes comme les bâtiments, les noms, les tracés de rues, ou celles moins tangibles comme la mémoire et l'art. Faire "parler" des objets abandonnés, tel est le processus établi par l'auteur afin d'aborder ces questions, permettant une approche touchante de l'Histoire. Seul le choix des objets, guidé par le hasard, réduirait pour moi, l'aspect "scientifique" de la démarche, mais qui reste néanmoins captivante.
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Le pays disparu : Sur les traces de la RDA

Historien et spécialiste des questions mémorielles, Nicolas Offenstadt, nous emmène dans un voyage en ex République Démocratique Allemande (RDA, 1949-1990).

Le livre est sous- titré « Sur les traces de la RDA », car c’est ce qu’a voulu entreprendre l’auteur : «  un travail sur les traces, sur la trace aussi comme figure de l’histoire, selon les principes d’une anthropologie symétrique, qui invite à ne pas lire l’histoire des «  perdants » autrement que celle des « vainqueurs », a lui donner la même consistance, à prendre autant au sérieux l’histoire des uns que celle des autres »



C’est donc un ouvrage d’exploration urbaine, à la découverte de plus de 200 sites abandonnés , de friches industrielles, d’anciennes écoles ou maisons de la culture, dans lesquelles Nicolas Offenstadt retrouve parfois des dossiers entiers d’anciens salariés ou des traces plus symboliques comme des paquets de cigarettes ou de cafés estampillés RDA. C’est la recherche de toutes les statues , plaques ou mémoriaux érigés à la gloire de certaines grandes figures de l’histoire : Marx et Lénine bien sûr , les dirigeants de la RDA comme W Pieck, les grandes figures des « partis frères » comme le Français Maurice Thorez, mais aussi les héros communistes antifascistes et résistants aux nazisme ou les socialistes anti militaristes comme Karl Liebknecht assassiné en 1919. La plupart de ces œuvres mémorielles ont été soit déboulonnées, soit déplacées soit abandonnées à terre , sans distinction. Une volonté d’effacement et d’abandon, comme s’il ne fallait rien garder ou quasi rien de la RDA, comme si cette Allemagne là n’avait jamais existé. «  Un pays à la brocante, un pays à l’horizontal » dit il de l’ex RDA.



Ce sont aussi des rencontres faites à l’occasion de ces déambulations que raconte ce livre, des conversations avec ces Ossis (habitants de l’ancienne RDA) qui ont vu une partie de leur vie et de leur histoire « effacée » lors de la réunification. Il parle aussi des « résistances » à cet effacement et des traces que l’on retrouve de cette histoire récente dans la littérature et le cinéma : pour les Français, cela se résume essentiellement en 2 (très bons) films : « Good bye Lénine » et «  La vie des autres » !



Pour qui s’intéresse à l’histoire, c’est un livre vraiment passionnant sur le fonds et original sur la forme . On arpente l’ex RDA avec l’auteur, on rentre avec lui , parfois par effraction, dans des bâtiments à l’abandon ou dans des brocantes , à la recherche d’indices du passé , on assiste à des « journées anniversaires » de la RDA.



Nicolas Offenstadt mène ses recherches muni de vieux plans du pays; on a envie, après l’avoir lu, de refaire son parcours , son livre en mains !



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Le pays disparu : Sur les traces de la RDA

La RDA qui s'en souvient ? Ce pays né le 7 octobre 1949 et est mort le 3 octobre 1990. Il a vécu 41 ans. En 41 ans, la RDA a construit un système, une société, une culture, une économie, certes allemands mais de l'Est avec tout ce que cela charrie. Aujourd'hui que reste-il de ce pays après la chute du Mur, l'euphorie de la réunification, la fin de la Guerre Froide et l'entrée dans un monde multipolaire ? C'est à travers ses produits alimentaires, ses appartements et leur intérieur, ces écoles, rues, musées, hôtels, combinats industriels etc...que Nicolas Offenstadt retrace une histoire de ce pays disparu. A travers son enquête, ses découvertes ou ses redécouvertes, il interroge le concept d'Ostalgie, il met en évidence une historiographie prise en main par l'Ouest avec insistance pour faire de la dictature RDA la continuité de la dictature nazie et un effacement frénétique dans certains cas de toutes traces de ce que fut la société et l'économie socialiste est-allemandes. A côté, les Allemand.es de RDA dont beaucoup ne regrettent pas la RDA telle qu'elle était : un pays sous dictature socialiste encadré par un système policier répressif incarné par la Stasi, mais regrette ce qu'elle aurait dû être : un pays socialiste oui mais où les citoyens seraient libres, vivant en paix, ne manquant de rien, véritablement solidaire où chacun pouvait devenir quelqu'un sans se soucier des lendemains.

Nicolas Offenstadt essaie de comprendre ce regret, cet histoire. Sans jamais être tranchant mais tout en étant réaliste et direct, il nous fait découvrir, à nous Français.es, qui voyons la RDA à travers son mur, ses sportifs dopés et sa Stasi, découverte sur le tard, un pays qui avait ses héros, ses bons côtés, ses côtés sombres et cachés. Il discute de cette historiographie qui voit en la RDA la continuité du régime nazie. La RDA était un maillon de l'autre grand totalitarisme du XXème siècle mais son fondement idéologique, son fonctionnement ne relevaient pas du nazisme. Elle s'est construite en réaction au nazisme et au capitalisme.



Le livre de Nicolas Offenstadt nous présente des objets, des lieux, des statuts et leurs histoire intégrées dans l'Histoire. C'est une démarche originale et intéressante car vivante quasi palpable. Il nous amène à nous demander : fallait-il quasiment éradiquer tout lieu, tout objet, toute marque, tout nom de rues etc... de ce pays, certes dictature, disparu ? Parmi les Allemand.es de l'Est, artistes, écrivains, politiques, sportifs qui certes ont cru en ce socialisme, ont soutenu, collaboré avec cette dictature, certain.es ne pouvaient-ils pas être sauvés de cette lessive, ce lessivage par leurs actions de résistants, d'anti-fascistes convaincus, d'enfants du pays ? Pourquoi avoir mis du zèle à traquer les membres de la Stasi et leurs suppôts, quand l'Allemagne a pratiqué une dénazification passive voire cosmétique ?



Pas de réponses fermes et impératives dans le livre mais des pistes de réflexion, des témoignages, parfois ambigus voire arrangés (mais l'auteur n'est pas dupe), des objets, des traces laissées malgré tout dans le paysage etc...



Quelques bémols : le début du livre m'a fait un peu penser à un catalogue où l'on passe en revue plein d'objets, de lieux les uns après les autres. Certes Nicolas Offenstadt n'est pas dupe sur certains de ses témoins mais peu de véritables démontages de leur témoignage. Idem un exposé clair de cette historiographie reprise en main par l'Ouest avec toutes ses contradictions et des portraits intéressants des détracteurs de cette reprise en main mais pareil pas d'analyse qui dépasse le concept RDA = continuité du nazisme. En revanche, une dernière partie sur les anciens de la RDA qui la défendent bec et ongles avec une commémoration chaque octobre de sa naissance. Et une belle réflexion laissée à la sagacité du lecteur : certain.es Allemand.es de l'Est bien que conscients du système policier répressif mis en place préféraient être privés de bananes et de liberté mais avaient le bénéfice d'une sécurité socio-économique et sociale quand d'autres aspiraient vraiment à être libres de leurs mouvements du corps, de l'esprit etc...et voulaient avoir la liberté de manger des bananes. Beau sujet de philosophie !
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L'historiographie

Qu'est que l'historiographie ? Nous pouvons résumer par "l'histoire de l'histoire" ou plus précisément : l'étude de la méthodologie utilisée par les historiens depuis Hérodote, communément accepté comme le père de l'histoire. Depuis l'antiquité, les hommes se sont penchés sur leur passé. Nous verrons dans ce livre que ce passé n'est pas une donnée fixe.





Pour commencer, l'auteur nous entraine dans une rétrospective des différents courants historiques depuis l'antiquité avec une part importante pour le XIXe et XXe siècle. Ce n'est vraiment qu'à ce moment que l'histoire prend le sens moderne que nous lui connaissons, à savoir la critique de sources et la création de codes communs de travail. Depuis le XIXe, ces codes ne sont pas homogènes, entrainant la création de nombreuses écoles, souvent contradictoires, comme par exemple le "Méthodisme" ou le "Scientisme". L'histoire doit elle être associée à une science dure, au même titre que les mathématiques ou s'inspirer des connaissances et de l'expérience, comme une science de l'esprit ? C'est également au XIXe siècle que l'histoire devient vraiment une discipline à part entière. Jusqu'à présent, elle été attachée aux Belles-Lettres. Mais de plus en plus, les amateurs sont écartés (pour enseigner l'histoire, parfois, juste un baccalauréat suffisait), laissant place aux savants. Ce n'est qu'en 1907 que l'histoire devient une devient une discipline autonome. Avant de parler du XXe siècle, je souhaiterais ouvrir une parenthèse pour citer un mouvement qui a marqué le XIXe. Ce que l'on a nommé le "roman national" : la création, par les historiens et encouragée par le gouvernement, de faits ou de personnages marquants qui servent de héros, exacerbant le sentiment d'appartenance à une nation. Ce mouvement a peut être son utilité (diffusion de la connaissance historique via l'école ?) mais son revers est le nationalisme et les conséquences que nous connaissons. Bien, sûr, cela fait longtemps que les historiens ont modifié leur méthodologie. Cela n'empêche que la formule "nos ancêtres les gaulois" est ancrée dans notre mémoire, notre inconscient, devrais je dire ! Et au vu des faits présents, je me demande souvent quelles peuvent en être les conséquences ? Fin de la digression. Revenons à l'historiographie du XXe siècle ! L'histoire est enfin acceptée comme discipline mais aussi comme science. Non pas une science dure, mais sociale. L'étude se détache de la chronologie pour se concentrer sur l'homme (influence du Marxisme). L'autre point important est celui du mélange des disciplines (économie, anthropologie, archéologie, sociologie….) Elle accepte même de revenir aux sources orales concernant des faits récents (ex, la décolonisation de l'Afrique). Le mouvement le plus connu du XXe sont les Annales. Ce mouvement reprend le mélange des disciplines, se détache de l'histoire politique mais s'intéresse à la conjecture du présent. Les Annales ont permis de faire de l'Histoire une science sociale de premier plan. Pour conclure, nous abordons la "global hystory" ou comment "provincialiser l'Europe". A ne pas confondre avec l'histoire mondiale qui décrit le monde via les occidentaux. Pour cela les historiens s'inspirent des travaux des sociologues et des anthropologues. Plus que jamais, les historiens ne s'isolent pas dans leur discipline mais s'appuient sur les autres sciences sociales pour aborder leur étude.





La deuxième partie de ce livre traite de la base même du travail de l'historien, à savoir les sources. De nouveau nous remontons le temps mais l'auteur s'attarde encore une fois sur le XIX et XX siècles. Il nous fait découvrir la variété infinie des sources, comment les aborder, comment les conserver, etc.…. Une source n'est pas seulement un vieux parchemin. Plus le champ d'étude historique s'élargie, plus les sources se diversifient. C'est encore vers les autres disciplines, essentiellement la sociologie (étude entre individus) que l'histoire se tourne et s'empare de ses méthodes de travail (la socio-histoire). L'historien est un homme de son temps. Même le plus impartial sera soumis au contexte politique et religieux de son époque. Ainsi, les écrits des historiens précédents deviennent à leur tour des sources à étudier. Mais qu'en est-il précisément de cette écriture ? Nous l'avons vu précédemment, l'histoire n'est devenue science qu'au XIXe siècle. Auparavant, elle était associée à la littérature ou à la philosophie. Et là se pose un débat important : l'historien, pour transcrire ses travaux doit-il se contenter d'établir des faits scientifiques ou doit-il rendre la lecture agréable ? Le cas le plus emblématique est celui de Jules Michelet, qui enseigna l'histoire et la philosophie. Directeur des archives et écrivain. Chercheur et romancier. L'histoire a besoin d'une ligne conductrice, d'acteurs, de sources documentées, du point de vue de l'historien. Le tout être homogène et cohérent. Pour rendre lisible des sources qui ne le sont pas forcement, l'historien peut avoir recours à l'imagination qui servira d'articulation entre des faits qui ne s'imposent pas obligatoirement. On peut alors se poser la question sur la part de la vérité historique et la partie romancée, ce qui discrédita longtemps l'histoire en tant que science. Nous finissons ce livre par un sujet actuel qu'est la loi mémorielle ou comment un gouvernement s'immisce dans l'histoire (enseignement et recherche). Mais une question se pose : comment gérer la mémoire ? Y a-t-il une mémoire plus légitime qu'une autre ? Le danger est de vouloir créer une mémoire universelle qui mettrait au même niveau victime et bourreau.





L'historiographie était ma matière préférée mais à la lecture de ce livre, je me suis aperçue que je n'avais fais que survoler cette discipline. Elle a également beaucoup évoluée au point de devenir un mouvement à part entière. Je peux regretter le survol de la partie allant de l'antiquité au XIXe siècle (pourquoi, par exemple, Hérodote est considéré comme le père de l'histoire). D'un autre côté, la partie XIX et XXe est tellement dense que parfois il est difficile de suivre son raisonnement entre tous les mouvements contradictoires. L'auteur explique l'importance de la clarté de l'écriture et j'ai pu constater qu'il mettait en pratique ce qu'il décrit : le texte est fluide, explicite, je ne dis pas toujours facile d'accès mais toujours agréable à lire. Une bonne introduction à l'historiographie à conseiller aux passionnés d'histoire et pas seulement aux étudiants.

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L'historiographie

L'histoire est "à part", définitivement. Elle peut s'appliquer à tout champ de la connaissance humaine : de l'art à la physique, en passant par la physique et... l'histoire elle-même !

Ce livre retrace les grands débats qui ont animé les historiens au cours des siècles : dans quelle mesure l'historien influence-t-il le sujet qu'il développe ? comment choisir les limites dans l'espace et le temps du sujet étudié ? comment juger de la fiabilité des sources ? l'histoire est-elle une science (humaine) ou un art (littéraire) ?

Très bien fait, clair et précis. Tout ce qu'on attend d'un "Que Sais-Je ?".
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Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire ..

Une étude magistrale sur les fusillés pour l'exemple!
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Le pays disparu : Sur les traces de la RDA

Au détour d’un podcast passionnant sur l’urbex (exploration urbaine) dans l’ancienne RDA avec Nicolas Offenstadt, j’ai souhaité en apprendre plus.



Mon choix s’est naturellement porté sur le livre de Nicolas Offenstadt qui portait sur l’ancienne RDA. L’auteur, historien, parcourt les anciens sites fermés et oubliés de ce que fut ce pays. Il s’interroge sur les traces laissées par la RDA aujourd’hui.



Il visite d’anciennes usines et fait la découverte de nombreuses archives oubliées. Ces archives (dossiers individuels, objets, livres,…) recèlent un pan d’histoire occultée par lors de la réunification des 2 Allemagnes.



J’ai adoré les 2 premiers chapitres dans lesquels il nous fait découvrir des gens et des objets de ce pays effacé. C’est l’occasion de voir les illusions et les désillusions de gens qui ont vécu en RDA et qui aujourd’hui se sentent abandonnés. Les objets sont également riches en enseignements pour comprendre un pays, sa culture.



Par la suite, l’auteur nous invite davantage à nous questionner sur ce qu’était la RDA et ce qu’elle est encore aujourd’hui.



Bref un essai historique très intéressant et qui a trouvé un écho pour l’archiviste que je suis.

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Urbex

Une véritable bible de l’exploration urbaine, historique et contemporaine, à la fois très accessible et subtilement exigeante, par un historien praticien n’hésitant pas à donner à la théorie et à la politique leurs places nécessaires.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/08/25/note-de-lecture-urbex-nicolas-offenstadt/



On savait depuis son bel essai de 2018, « Le pays disparu », consacré aux traces laissées par la RDA dans le tissu quotidien abandonné post-réunification (chroniqué par ma collègue et amie Marianne sur ce même blog, ici) que l’historien Nicolas Offenstadt, spécialiste des questions mémorielles, était un pratiquant convaincu de l’urbex. En nous proposant, chez Albin Michel en mars 2022, cet ouvrage sous-titré avec une légère emphase tongue-in-cheek « Le phénomène de l’exploration urbaine décrypté », il nous en propose, plutôt qu’un décryptage proprement dit, une passionnante visite guidée qui inclut aussi bien les différentes généalogies de cette pratique, avec leurs tentatives éventuelles de mise en théorie, les formes de naissance officielle ou officieuse, les différents types de communautés d’urbexeurs et leurs façons de procéder que (peut-être surtout, in fine) les inscriptions sociales et politiques de cette forme si particulière d’exploration.



Incluant même un ensemble non négligeable de conseils très pratiques et d’exemples pour faire de l’urbex de façon suffisamment « sûre » et néanmoins suffisamment « intéressante », l’ouvrage de Nicolas Offenstadt révèle toutefois sans doute tout son potentiel à la jonction du socio-politique et de l’urbain, lorsque l’urbex en tant que telle, et surtout comme il la conçoit, preuves et illustrations à l’appui, devient plus ou moins subrepticement une partie intégrante d’une prise de conscience individuelle et collective de la politique de la ville, créée par le surgissement de la perspective historique et de la mise en caducité de tant de lieux construits par l’homme. En évitant soigneusement de la confondre avec quelque nostalgie des ruines, l’historien nous offre ainsi une précieuse approche physique et esthétique, dans laquelle la part du jeu n’est pas interdite, d’une sensation intellectuelle nécessaire.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Urbex RDA : L'Allemagne de l'Est racontée par..

Un livre captivant.

C'est le travail d'un historien qui pratique l'Urbex et dans cet ouvrage il réunit ses photos et ses recherches pour faire une description très documentée de la vie en RDA.



La manière dont les photos et les explications sont imbriquées rend l'ouvrage très agréable à lire, il est très visuel et les explications sont toutefois très précises sans rentrer dans des détails superflus, on se retrouve donc immergé très facilement dans le contenu.



On peut aisément constater que cet ouvrage découle d'un travail colossal quand on s'aperçoit de la quantité et de la qualité des documents produits et mobilisés.

Ce travail est également remarquable car les contenus documentant le passé de la RDA ne sont pas nombreux.





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Le Chemin des Dames

Une étude magistrale qui montre que Nivelle ne doit pas être le seul à porter le chapeau de cette sanglante et inutile bataille qui vient s’ajouter à le liste des tueries de la Grande Guerre.
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Le pays disparu : Sur les traces de la RDA

Une recherche passionnante sur les traces de l'ancienne République d’Allemagne de l'Est... et un document essentiel sur la société allemande et son travail de mémoire contemporain.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Historiographies, tome 1 : Concepts et débats

Véritable outil de travail pour l'historien en devenir !
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L'espace public au Moyen Âge : Débats autour d..

Les très riches heurs et malheurs de la notion d’espace public en son voyage au temps jadis.


Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Urbex

Les explorations urbaines font l’objet d’un intérêt sans cesse croissant auprès du grand public, notamment des jeunes. Mais derrière ce succès, de quoi ces immersions participent-elles ?
Lien : https://laviedesidees.fr/Qu-..
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