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Citations de Nicolas Weill-Parot (11)


Quand ce qui était ombreux s'illumine, quand ce qui était brouillé devient net, le chercheur éprouve le sentiment fugitif de l'accomplissement.
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“Les humanités ne peuvent se plier à cette exigence d’instrumentalité, parce qu’elles participent elles-mêmes de la finalité humaine; elles sont ce pour quoi les hommes vivent, deviennent, s’illustrent et sont ce qu’ils sont. La bibliothèque est la châsse où est gardée la mémoire de leurs faits, de leurs pensées et de leur œuvre. On pourrait imaginer que toutes les bibliothèques du monde seraient reliées entre elles par des galeries secrètes et que le lecteur, le chercheur, parcourrait indéfiniment tout au long de sa vie ce même et unique labyrinthe.”
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Quand ils travaillent, ces lecteurs que l’on voit assis assez banalement vivent chacun à un moment différent de l’histoire ; leur présence corporelle est une illusion, leur esprit habite chacun un temps révolu ou un lieu inaccessible. Ils s’engouffrent dans la parcelle de temps qu’emprisonnait le manuscrit qu’ils viennent d’ouvrir. (p.75)
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LE BOUT DES DOIGTS se pose avec précaution sur le papier de l’épais volume. Le murmure des lecteurs s’estompe, le bavardage du personnel de la bibliothèque s’est assourdi, même les klaxons qui longent l’Arno sont devenus lointains, presque imperceptibles.
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Sanguinaire et ultraviolent, c'est toujours l'image que renvoie la vulgate journalistique. Dès qu'il s'agit de stigmatiser les archaïsmes et la barbarie, c'est le moyen âge qui est montré en exemple. La justice "moyenâgeuse" et , "au moyen âge, la violence est nécessairement "barbare", comme si elle pouvait être plus ou moins douce selon les époques... Ce sont des préjugés difficiles à déraciner.

P. 155 - Valérie Toureille
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Normalement, l'étude historique fait progresser notre connaissance du passé ,lorsqu'elle est menée de manière méthodique et sincère, en prenant le temps de faire de l'érudition et de remettre en question certaines idées reçues, en acceptant de mettre en lumière des choses qui ne plaisent pas beaucoup. C'est une discipline de l'esprit et un effort, une entreprise exaltante aussi, qui se pratique depuis longtemps, et que nous devons nous efforcer de perpétuer, en nous gardant de travailler trop vite, de chercher à gagner de l'argent et du renom par des livres séduisants mais incomplets ou fallacieux.

p. 106 - Dominique Berthélémy
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Récemment encore, un journaliste me disait : "il y a encore des gens pour dire que le jihad, c'est la guerre sainte, alors que tout le monde devrait savoir que c'est un combat intérieur ; le jihad comme la guerre sainte, cela n'a jamais existé, cela a été inventé de toute pièce par les Européens..."
C'est évidemment lui qui se trompait. Dans la revue L'Histoire, à chaque fois qu'il est question d'un article sur l'islam, on me demande de préciser ce qu'est le jihad, et à chaque fois je suis obligé de réécrire les mêmes 3 lignes donnant la définition banale mais juste. Eh oui, le jihad c'est la guerre sainte ou légale.
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“Une société de producteurs et de consommateurs, qui ne se soucierait que de rentabilité immédiate, serait sans doute très performante à court terme; mais en cessant le retour vers ce qui fut, elle perdrait toute profondeur et tout avenir, car elle signerait l’arrêt de mort de la civilisation qui l’a fait naître et qui jusqu’alors lui donnait sa substance. Certains aujourd’hui jugent inessentielles les lettres, la philosophie et l’histoire au prétexte que le progrès des sciences nouvelles les aurait frappées d’obsolescence. Aurions-nous donc subitement cessé d’être humains au point que les humanités puissent nous apparaître comme des vieilleries “ornementales” sans doute formidables mais dont on ne voit pas vraiment pourquoi il faudrait y consacrer du temps et de l’argent ?"
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La recherche est une aventure dont il est impossible de fixer le point d’arrivée avant de s’y être engagé pleinement. Qu’une vague idée lui serve de départ ou que ce soit une source précise, le bon chercheur est celui qui entreprend un voyage incertain. La destination qu’il s’était fixée est souvent bien éloignée de la terre où ses pas le conduiront. Il doit quitter le dernier hameau connu. D’abord l’allée est large, toujours entretenue ; il y croise encore quelques promeneurs attardés. L’allée fait place à un chemin, puis à un sentier envahi de broussailles, qui finit par se perdre dans une forêt épaisse. Le soir tombe. Lorsqu’il n’y aura plus personne à qui demander sa route, c’est là, dans une solitude aussi angoissante qu’exaltante, que se jouera l’épreuve de son initiation : soit il rebroussera chemin, soit il s’égarera, soit il saura atteindre cette clairière insoupçonnée, ce village oublié, ce palais secret qui l’attendaient quelque part au-delà des confins du monde connu.
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"Selon une idée générale très répandue, dans les médias, dans la classe politique, parfois dans les manuels scolaires, il y aurait eu au coeur de ces conflits de civilisation une oasis de paix et de tolérance : al-Andalus.

Jacques Berque a écrit un livre pour tenter de rapprocher les deux rives de la Méditerranée, un de ses derniers, qui s'intitule Andalousies. Comme se ce mot magique suffisait, un peu comme la lecture d'Avérroès, à rapprocher les civilisations. C'est malheureusement totalement faux. Ce qu'on présente comme la tolérance andalouse, c'est la tolérance du monde islamique à l'égard des religions qui ne sont pas l'islam mais qui font partie des "religions du livre" citées dans la Coran ; cependant, cette tolérance, la dhimma, implique une forme de soumission, un statut d'infériorité. Ce qu'on mesure mal dans notre civilisation moderne, où la tolérance date de la fin du 17ème siècle, c'est que, lorsque la tolérance s'est exercée dans le monde ancien, y compris dans l'Empire romain, mais surtout dans le monde islamique, elle ne signifiait jamais l'égalité. Au contraire, la condition de la tolérance est l'inégalité. En d'autres termes, vous tolérez un inférieur,celui qui vous prête son concours, qui vous donne ses impôts, son travail. [...]"
Pages 79-80. Historien : Gabriel Martinez-Gros.
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"Parleriez-vous d'un sentiment national français au Moyen Âge ?

L'expression "sentiment national" ne se rencontre pas à l'époque. Si l'on considère que, pour qu'une idée existe, il faut qu'elle ait une expression linguistique, alors il faudrait conclure cette idée n'existe pas au Moyen Âge. Mais peut-on être aussi catégorique ? Je retiens un élément : le roi de France passe pour une incarnation de la France, indépendamment de ses qualités propres ; donc s'il est chassé, supplanté, la France elle-même est menacée dans sa survie. L'idée était admise et ancrée que le roi de France devait être un Français. Des textes produits au XIVème siècle dans l'entourage de Charles V le disent expressément, cela pour ruiner les prétentions des rois d'Angleterre, présentés comme des étrangers : "Nul de succède [à la couronne de France] qui est d'étrange pays." Christine de Pizan dit très nettement que les français ont la chance d'avoir toujours été gouvernés par des gens de chez-eux. Il y a donc bien une sorte d'identification entre le roi et ceux qui lui sont soumis dans les limites de sa souveraineté, de son ressort et de son hommage ; et d'un point de vue émotionnel, effectivement, la présence anglaise a été vécue comme une invasion suivie d'une occupation

La France existait donc bien au Moyen Âge...

Il ne paraît pas absurde, en effet, de parler de France et de Français dans les derniers siècles du Moyen Âge. C'ets dire que je suis loin de blâmer les historiens du XIXème siècle, de Michelet à Lavisse, qui ont comme on dit maintenant, crée et raconté le "roman national". Pour eux, ce n'était pas un roman, c'était un récit, composé de bonne foi. Ce n'était pas l'histoire d'un mythe, c'était l'histoire d'une réalité. Il se peut qu'ils aient surestimé tel élément et qu'ils aient volontiers retenu des textes ou des faits répondant ç leur attente et à celle de leur public, mais ils ne les ont pas inventés. Lorsque Jeanne d'Arc déclare dans sa fameuse lettre au roi d'Angleterre (mars-avril 1429) qu'elle veut le "bouter hors de toute France", il ne s'agit évidemment pas simplement de la région parisienne. Entendons-nous bien : être Français, être bon Français, à l'époque, c'est une détermination géographique, mais c'est aussi l'adhésion à la lignée des Valois. En disant tout cela j'ai l'impression de proférer de évidences, mais apparemment, cela mérite encore d'être dit."
Pages 20-21. Historien : Franck Collard.
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