Et au milieu coule une rivière (A River Runs Through It), film américain réalisé par Robert Redford, sorti en 1992, tiré du roman La Rivière du Sixième Jour de Norman Maclean. Bande-annonce
Il m'a dit : "Ils se nourrissent de mouches de rocaille noyées."
Je lui ai demandé : "Et comment as-tu découvert ça ?...
- L'idée, a-t-il dit, c'est de repérer un truc qui te permet de voir un truc que tu n'avais pas remarqué jusque-là et qui, lui, te permet de repérer un truc qui n'est même pas visible."
J'ai dit à mon frère : "Passe-moi une cigarette et explique-moi ce que tu veux dire."
La Rivière du sixième jour.
A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
Je suis hanté par les eaux.
Ceux avec qui nous vivons, qui nous sont proches, et que nous sommes censés connaître le mieux, sont ceux qui nous échappent le plus.
En fait, si on pense à la vie humaine, on voit bien que la plus grande partie se passe à marcher pesamment au fond de l’eau pour un bref moment d’envol, trop tôt et déjà trop tard.
Le lever du soleil, c’est le moment parfait pour se dire qu’on va sûrement trouver le moyen d’aider quelqu’un qui vous est proche et dont on pense qu’il a besoin de votre aide, même si lui est persuadé du contraire. Au lever du soleil, tout n’est pas clair peut-être, mais tout est lumineux.
Pour un garçon jeune, c’est une expérience sans pareille que de pisser au milieu des étoiles. Pas sous les étoiles, au milieu des étoiles. Même la nuit, sur les grandes montagnes, il semble qu’il y ait toujours de grands vents et la cime des arbres s’incline, et le garçon qui est là sans rien d’autre à faire que d’observer a l’impression que le ciel lui-même s’incline, et que les étoiles viennent tomber au milieu des arbres, cependant que la Voie lactée va se perdre dans quelque forêt lointaine.
Devant moi, je voyais le soleil. La lumière éblouissante jaillissant soudain de l’ombre où je me trouvais donnait l’impression qu’une rivière née dans les entrailles de la terre et moi-même allions brusquement faire notre apparition sur terre. Je ne voyais encore que le soleil lui-même, et pas ce qui se trouvait dans sa lumière, mais je savais que mon père était assis quelque part sur la berge.
Le lancer est si souple et si lent qu’on peut le suivre comme on suivrait des yeux une cendre qui vole dans la cheminée avant de venir se poser. C’est l’un des plaisirs rares et subtils de la vie que de se voir de l’extérieur en train d’accomplir l’acte qui fait de vous l’auteur de quelque chose de beau, même si ce quelque chose n’est rien d’autre qu’une cendre qui vient se poser sur l’eau.
La vraie puissance, ce n’est pas de faire porter l’effort partout tout le temps, mais de savoir où et quand l’appliquer.
Alors, dans le demi-jour boréal du canyon, tout ce qui existe au monde s’estompe, et il n’y a plus que mon âme, mes souvenirs, les voix mêlées de la Blackfoot River, le rythme à quatre temps et l’espoir de voir un poisson venir à la surface.
A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d’un élan surgi de l’origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d’une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l’émanation des rochers eux-mêmes.