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Critiques de Octave Mirbeau (316)
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Le jardin des supplices

Je viens de lire un roman très particulier...



Je pensais, avant d'en entamer la lecture, avoir affaire à un texte plutôt classique -sa première publication remonte à la fin du XIXème siècle-, relativement sage...

Sans doute cela tient-il au patronyme de l'auteur. Octave Mirbeau, cela évoque la petite bourgeoisie un peu coincée, la littérature de boudoir...

Bon, j'exagère un peu : pour avoir lu "Le journal d'une femme de chambre", je savais l'homme un peu polisson, voire politiquement incorrect.



Mais de là à m'attendre à ÇA !



Nous sommes loin, ici, des salons normands où Madame se plaint de migraines pendant que Monsieur retrousse les jupons d'une domesticité pas vraiment consentante...

Et le dépaysement procuré par "Le jardin des supplices" n'est pas seulement géographique.



L'intrigue part d'un postulat énoncé lors d'une conversation d'après dîner entre membres de la bonne société : la propension de l'homme au meurtre. Et chacun d'évoquer une anecdote pour illustrer cette affirmation... jusqu'au moment où l'un des convives entend quant à lui démontrer que les femmes n'ont rien à envier aux représentants du sexe fort, pour ce qui est de la cruauté et des pulsions meurtrières.

Ce qu'il raconte alors dépasse l'imagination...



Afin de se faire oublier suite à quelques magouilles et une piteuse défaite électorale, notre homme a, quelques années auparavant, pris la route de Ceylan, où un ami ministre (et aussi escroc que lui) lui avait trouvé une mission. C'est sur le bateau qui doit l'amener à destination qu'il rencontre Clara, une belle et sulfureuse anglaise qui réside en Chine, où elle le convainc assez facilement de la suivre en lui faisant miroiter une existence de plaisirs et de liberté.



Il y connaîtra un univers macabre, et d'une extrême violence, dont les odeurs de pourriture vous prennent à la gorge, où le raffinement chinois est mis au service de l'élaboration de luxuriants jardins aussi bien qu'à la conception des tortures les plus inventives et les plus cruelles. La luxure y côtoie la mort, la belle Clara se faisant l'ambassadrice de plaisirs barbares et vénéneux.



Octave Mirbeau ne ménage ni son lecteur, ni son personnage. Mais il serait réducteur de ne voir dans son "Jardin des supplices" qu'une simple volonté de choquer. Si la mise en scène de la cruauté chinoise lui permet d'aborder une analyse sur la barbarie de l'homme en général, et sur son voyeurisme malsain, ses descriptions

horrifiantes de scènes de torture sont aussi une incitation à une réflexion décomplexée sur la relativité de la morale, et sur la barbarie que dissimule -mal- l'ordre établi des sociétés occidentales décadentes, corrompues et hypocrites. Il nous rappelle en effet que, par l'intermédiaire de la guerre ou de la colonisation, ces dernières légitimisent le meurtre, permettant ainsi aux citoyens d'assouvir en toute impunité leurs instincts violents.



L'ironie est ici poussée à l'extrême, et si la démonstration peut sembler un peu outrée, on appréciera l'humour -certes très noir- déployé par l'auteur.

La fin, en revanche, m'a un peu déçue. J'ai eu le sentiment que le récit s'achevait de façon brutale, et laissait en suspens certaines des questions que je m'étais posées au cours de ma lecture.
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Le jardin des supplices

Livre pervers, sadique, délicieux de descriptions indescriptibles et somptueuses sur la flore, l'amour et le stupre. J'ai adoré, j' m'y suis baigné, vautré avec culpabilités; le pire supplice, celui du mot "FIN". C'est grave ?
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Le jardin des supplices

Le "Jardin des supplices" est un livre audacieux qui même en 2018, continue de sentir le souffre. Nous suivons les aventures d'un homme de classe sociale aisée, qui suite à un épisode politique calamiteux, exerce un chantage de la dernière chance auprès d'un vieil ami ministre corrompu et sans scrupules, qui a le bras long et les moyens de le sortir de son marasme économique. Son ami l'expédie à Ceylan pour le faire occuper un emploi "fictif" d'embryologiste, afin d'acheter du temps et de le faire taire. Sur la route des Indes, notre narrateur fait la rencontre d'une créature divine, riche et belle, "un peu piquée" selon le capitaine du navire, dont il tombe éperdument amoureux et qu'il décide de suivre en Chine, abandonnant ses projets initiaux.



Surprise !

Clara voue une passion macabre à la civilisation chinoise, qui loin de l'hypocrisie des pays occidentaux, s'illustre par un raffinement exceptionnel très assumé tant dans l'horticulture, la céramique que dans l'art de "faire mourir". Homme de petite vertu, mais parfait occidental, notre narrateur découvre avec horreur ce qui incarne à ses yeux la quintessence de la barbarie et de la sauvagerie humaine. Le beau appliqué au supplice corporel, ou comment immiscer la mort dans chaque parcelle de chair et de sang d'un corps humain, pour lui faire "savourer" sa mort prochaine. En cela, la mort est aussi puissante que l'amour et elles deviennent indissociables. Elles s'unissent complètement dans l'acte d'amour, générant la pulsion sexuelle, permettant la jouissance des sens. C'est en tout cas ce qui semble bien résumer la perversion de la belle Clara, qui retourne inlassablement au jardin des supplices pour nourrir sa libido et son âme malade.





Selon Clara, qui nous donne comme au narrateur, une bonne leçon de morale, l'Occident qui se prend pour une civilisation supérieure, et vante ses mérites en matière de progrès technologique, de respect de la race humaine, se fourvoie complètement. Les nations modernes et barbares, pilleuses de ressources qui institutionnalisent et légalisent la sauvagerie à travers les organes de pouvoir et de diffusion du pouvoir, n'auraient donc rien à envier à la "sauvagerie" chinoise.





Le parcours initiatique du héros commence d'ailleurs par une discussion de boudoir entre individus de l'intelligentsia parisienne, qui désirant "tuer" le temps sur le bateau qui vogue vers les Indes, partagent leur faits d'arme, leurs expériences de chasse, de cannibalisme, de tueries de masse, de massacre de faisans comme de massacre d'êtres humains. La vie humaine na valant pas plus que celle d'un animal, pourquoi ne pas s'en donner à coeur joie ? La mort n'est pas chose sérieuse, surtout lorsque l'on parle comme nos protagonistes de petits africains, et mérite d'être abordée avec la plus parfaite légèreté pour faire bien en société.





Mirbeau accuse le "deux poids deux mesures" caractéristique des nations occidentales qui ne voient la barbarie que là où ça les arrangent tout en se refusant à une très salutaire introspection. "On voit la paille dans l’œil de son voisin, mais on ne voit pas la poutre dans le sien" est une formule qui résumerait, à mon sens, cet excellent livre de Mirbeau. Après avoir un peu flatté notre sadisme ontologique d'être humain, le récit nous élève à des considérations politiques et philosophiques qui semblent toujours d'actualité en 2018. En cela, j'ai trouvé cet ouvrage passionnant en plus d'être très bien écrit.



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Le jardin des supplices

Avertissement vrai !

Je déconseille vivement la lecture de cet ouvrage aux âmes sensibles, aux neurasthéniques et aux psychopathes. Pour tous ceux qui se sentent bravaches parce qu'ils ont vus tous les épisodes de Games of Thrones, tâtez de la puissance de l'écrit…



Critique classique de ces contemporains chez Mirbeau le sociopathe , le livre ne se différencierait en rien de sa production habituelle s'il ne lançait son héros à la suite d'une créature envoutante au sein du terrifiant Jardin des Supplices, en Chine.

L'auteur a-t-il voulu nous convaincre de la perversité de l'homme qui torture comme de celui qui regarde ? On sait que des balcons se louaient fort chers aux exécutions capitales en France et qu'on n'y forniquait ardemment tout en regardant Damiens se faire écarteler.

Eros et Thanatos avant le père Freud et depuis la descente d'un autre jardin, celui du Paradis. Rien de nouveau à la surface du globe, et ce n'est pas la pauvre inventivité des Daeschiens qui me contredira. L'humain est ainsi, salement satanisé.

L'oeuvre est forte. Encore une fois totalement originale, incroyable d'audace, même après le divin Marquis. A quelques défauts près, déjà repérés dans « Le journal d'une femme de chambre », Mirbeau se confond avec ses personnages. Son héros, ici peu instruit, est pourtant capable de nommer la totalité des fleurs et plantes qu'il croise au cours de sa visite du Jardin. Même le Stéphane Marie de « Silence ça pousse » en serait incapable !

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Le jardin des supplices

j'ai aimé ce livre encore plus je respecte ce livre y'a beaucoup de verité et j'admire le fait que mirbeau denonce les pays colonisateurs y compris son pays la france toutes les atrocités commises envers les peuples du tiers monde juste pour piler leurs richesses les reduire a des esclaves y'a une scene qui m'a touché et qui fait vraiment dresser la chair de poule les anglais faisait enfermer les noirs dans des cages et qu'ils regardaient comme des animaux dans ils les reduisaient a des betes. c'est la triste verité de ses barbares qui se vantent pourtant d'etre des homo sapiens se sont des barbares et des criminelles ce livre montre bien cela vraiment personne ne sortira de ce livre indemne respect pour mirbeau il avait la hardiesse de dresser devant ses gens leurs verités a la face
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Le jardin des supplices

Difficile de donner un avis sur cette oeuvre baroque au sens propre de bizarre...

On croit d'abord lire le récit d'un dîner mondain comme chez Maupassant, où des hommes - uniquement - se confient après le souper ou après une bonne partie de chasse, parlant, forcément de violence et de femmes - qui motivent toujours la violence et la mort.

On passe ensuite à un roman de Zola, en décrivant les dessous sales de la politique, avec "Son Excellence Eugène Morin" qui fait penser à son Excellence Eugène Rougon, tirant les ficelles dans l'ombre grâce à ses agents exécutant les besognes illégales mais nécessaires. Sauf que ce n'est plus l'Empire, mais la IIIème République, celle du scandale de Panama, où la corruption est courante, même chez ceux qui ont combattu les excès de l'Empire. Comme chez Zola, le sexe et le pouvoir se mêlent, de façon plus crue encore.

Le texte bascule ensuite en un récit de voyage, décrivant les passagers et leurs loisirs, en cette fin de XIXème - début du XXème siècle où les riches occidentaux voyagent pour le plaisir ou pour la science dans un monde devenu mondialisé par la colonisation, où les Egyptiens sont des boys et les Chinoises des femmes de chambre, où les Noirs africains sont des esclaves modernes sans le nom - puisque l'esclavage n'existe officiellement plus, mais qui sont de la chair à canon au sens propre pour qu'un officier teste ses nouvelles balles, qui sont exploités pour produire du caoutchouc ou un autre matériau exotique, et à qui l'on coupe les mains pour les civiliser. On croit ensuite lire une idylle, mais le personnage féminin au centre de l'attention de tous les hommes est vite conquis...

C'est ensuite la partie qui donne son nom au livre, où le personnage principal qui nous semblait dépravé, sans morale, faiblit face aux cruautés judiciaires et sexuelles qu'il contemple, mais surtout face au caractère de celle qu'il croyait aimer et qu'il découvre être un monstre pervers et dominateur, narcissique et violent. Comme dans un roman inversé à nouveau de Zola - La Faute de l'Abbé Mouret, ou plus généralement à rebours de tout l'imaginaire voyant dans le jardin le lieu des délices et des voluptés, ici, c'est le jardin des supplices. Et la beauté et le parfum des fleurs se mêlent à la pourriture de la décomposition, les pistils et les pétales aux morceaux de chair.
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Le jardin des supplices

Tout commence par une discussion entre bourgeois qui cherchent à démontrer que le meurtre est inscrit dans le coeur de l'homme. Comme il serait l'objectif suprême de l'individu, la société s'est construire autour de la répression de cette envie : lois, gouvernements, polices tout contribue à aliéner cet instinct.

La première partie du livre est là pour démontrer que la société protectrice est, en fait, aux mains des plus corrompus et écrase les plus honnêtes.

Le "héros" bien que fort retors ne l'est pas suffisamment pour être dans les gagnants, on lui propose donc un exil confortable en Asie. Durant le voyage il rencontre une aimable anglaise qui s'avérera être son mentor en perversité.

Voilà donc le résumé d'un roman qui mélangeant pamphlet social, orientalisme, érotisme et morbidité, s'avère plutôt ennuyeux et sans profondeur.



La critique sociale est convenue, l'érotisme digne de Emmanuelle en Chine et le catalogue des supplices indigeste.

Reste une belle écriture, élégante et riche (à la limite du traité de botanique) avec un bon moment d'humour noir quand un bourreau chinois, assez dépité, explique que les européens sont nuls en torture et lui gâchent le métier : ah ma pauvre dame ils massacrent en masse sans aucun goût !

Un peu juste pour recommander cette lecture.
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Le journal d'une femme de chambre

nul

Nul il ne se passe rien de passionnant le livre est dur a finir trop lassant heureusement il est gratuit sur kindle vue la médiocrité du livre je ne payerait pas pour aller voir le film
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Le journal d'une femme de chambre

On dit de Molière que ses pièces, et la multiplicité de ses personnages, lui ont servi à étudier les mœurs et les caractères de son temps. Dans ce roman, nous ne sommes pas si loin de ce procédé, si ce n'est le fait que Mirbeau n'a pas utilisé le biais de la comédie mais celui des confidences. Une autre façon de faire, qui a son charme. Le ton et le vocabulaire, bien souvent fleuris, sont ceux d'une jeune fille de modeste condition, mais qui a probablement eu le temps de parfaire son éducation. Une jeune fille qui prend le temps de tisser un lien de complicité avec son lecteur. Une jeune fille qui annonce la couleur dès le premier paragraphe, on est loin d'un style pontifiant d'un Flaubert.



Célestine est un sacré personnage. Loin d'être la première bécasse venue, son regard aigu, inquisiteur, ne laisse rien passer, sa tête archive la moindre bribe d'information et sa langue est assez acérée, et sans filtre, pour procéder, à chaque fois, à un abattage en règle de ses maîtres, et de ses maîtresses, surtout. Car Célestine n'a pas froid aux yeux, débrouillarde comme elle l'est depuis son jeune âge. Cette diablesse de Célestine qui, enchaînant les anecdotes, prend plaisir à évoquer tous les petits - comme les gros - travers de ses employeurs, qu'elle ne manque pas de tourner en dérision. Pour le plus grand plaisir de son lecteur, sans aucun doute. Avarice, luxure, Orgueil, Colère, Envie, Paresse, Gourmandise, les sept péchés capitaux y passent, dans cette société pourtant toujours prompt à ériger leur Dieu en témoin de leur bonne foi et de leur droiture. On apprécie, on sourit, on rirait presque si ça ne cachait pas une vérité crue et glauque : le viols successifs, et presque rentré dans la norme, des servantes, la maltraitance de leur personnel de service, guère mieux considéré que leur pot de chambre



Mais le monde de la domesticité n’est guère plus brillant, Si ce n’est, peut-être, qu’ils savent peut-être mieux profiter du peu de luxe qu’on leur accorde. Célestine n’est pas une sainte, et le portrait au vitriol qu’elle dresse de ces bourgeois, ils pourraient tout autant en faire de même pour elle et le reste des domestiques. Mais le propos est ici d’égratigner la belle image qu’ils veulent bien donner d’eux, et on redemande. Alors, quand bien même la déliquescence les touche autant les uns que les autres, que Célestine ne soit pas plus vertueuse que ses maîtres qu’elle pointe volontiers du doigt, il n’en reste pas moins que le plus insupportable, et ainsi injuste, reste ce sentiment de domination qui régisse leur relation. Alors même que l’instrument de cette domination n’est pas celui des valeurs mais de l’argent, souvent acquis de façon tout aussi injustement de façon malhonnête, dont ils ne savent même pas profiter.



Célestine, ce doux prénom, que l'on penserait à tort être celui d'une jeune ingénue, est en réalité est tout sauf cela. Mais on se prend à l'apprécier, avec tous ses défauts, avec son caractère, son insolence, avec toute sa coquetterie, sa fierté parfois mal placée, cependant avec toute sa clairvoyance, aussi abrupte soit-elle. Célestine peut devenir aussi mauvaise que les gens qu'elle décrit et, de facto, on devient juge de Célestine comme elle l'est de ses contemporains. Insolente, provocatrice, aguicheuse, peste, voleuse, vulgaire, si on ne peut pas dire que Célestine soit un modèle de vertu et de sagesse, son regard a, au moins le mérite de la franchise, et la justesse, tant sur elle-même que sur ceux qu'elle sert avec acrimonie. C'est un regard précieux que le sien, une étude des mœurs et caractères de ceux qui entendent se poser en modèles d’intégrité et de moral. Ne nous étonnons pas du tour que prend ce roman, qui s'érige conte les valeurs de l'époque, quand on sait que Mirbeau était un anarchiste convaincu. Et quand bien même Célestine est loin d'être la jeune femme respectueuse et honnête dont elle se donne l'air, elle est tout de même plus vivante et pétillante que les maîtres qu'elle sert servilement, aussi ternes et tristes que les meubles entre lesquels ils se meuvent ou même certains de ses congénères, pauvre ères accablées par la rudesse et l’austérité de leur vie, qu'elle a parfois l'occasion de rencontrer. Au-delà de tout, c'est surtout la découverte d'une jeune femme, du monde laid qui l'entoure, d'un côté comme de l'autre. Une jeune fille désenchantée, désabusée, et qui en est devenue blasée à force d'avoir vu l'envers des choses, la laideur et la crasse qui se cachent sous une épaisse couche de poudre et de parfum. Une jeune fille malgré tout intelligente, fine et observatrice, qui n'est pas l'idiote sourde et muette telle l'image qu'elle s'échine à donner d'elle-même



C'est un texte piquant, où les attaques n'ont de cesse de fuser dans tous les sens, où la moquerie est poussée à un point tel que les personnages deviennent de véritables caricatures, y compris la principale intéressée qu'est notre jeune femme de chambre. Mirbeau a le don de savoir utiliser à bon escient la raillerie et l'humour pour capter et garder l'attention de son lecteur. Et cette manière d'explorer et exploiter chaque petite manie des maîtres et maîtresses successifs de Célestine est plaisante et divertissante. Tout le monde en prend pour son grade, évidemment, "cette tristesse et ce comique d'être un homme", comme le dit l'auteur dans son courrier, qui tient lieu de préambule, n'a jamais été mieux illustrée que par son oeuvre. . Ce roman a plus d'un siècle mais d'une intemporalité remarquable. Et rien que le nombre d'adaptations dont il a été et dont il est encore l'objet, je crois que Mirbeau a su toucher, avec talent, le cœur, en même temps que le pire, de l'homme en privé comme en société. Je laisserai le dernier mot à Michel Piccoli, qui n'a certes pas exercé le même Art que Mirbeau, mais qui a su si bien exprimer leur finalité à tout deux "Nous sommes des loueurs de miroirs que nous offrons au public afin que ce dernier se contemple".
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Le journal d'une femme de chambre

A travers l'expérience et l'évolution même de Célestine, une jolie femme de chambre qui voyage , un peu malgré elle, de place en place, nous découvrons la France de 1900 : un monde triste dont les piliers s'effondrent, où tous sont pourris jusqu'à la moelle et baignent dans le vice jusqu'au cou. Sous la plume acérée d'Octave Mirbeau, les visages se suivent les uns après les autres, les noms s'estompent assez vite, et tous pourtant, étrangement semblables, rivalisent de bêtise, de perversion ou d'inhumanité - ou des trois à la fois.



Bourgeois, nobles, militaires, religieux, domestiques, ... tout le monde en prend finalement pour son grade : Octave Mirbeau est un "arracheur de masques". Il nous révèle les dessous des ménages respectables et nous emmène dans les coulisses du grand spectacle social pour nous montrer du doigt les acteurs sans maquillage ni lumière. Et le tableau n'est plus si réjouissant que cela.



Le journal d'une femme de chambre est d'un pessimisme radical, mais servi par un humour grinçant sans qui il serait sans doute tout à fait insoutenable : avant d'être malfaisants, les figurants de cette fresque au vitriol sont tout d'abord ridicules. Entre le vieillard fétichiste des bottines, les salons mondains où intellectuels et artistes discutent de psychologie et d'extases mystiques et le capitaine Mauger qui balance des pantoufles dans le jardin de son voisin et se gargarise de manger absolument tout ce qu'il peut trouver -la liste est encore longue -, on ne peut s'empêcher de (sou)rire. Mirbeau joue habilement avec ça, combinant les passages émouvants, révoltants, et les instants de vrai Ridicule où ses pantins font absolument n'importe quoi, rendant ainsi son œuvre à la fois légère et subversive, drôle et tragique.



Et par cette œuvre brûlante et démystificatrice, Mirbeau nous donne finalement à voir, dans toute sa vérité, «cette tristesse et ce comique d’être un homme. Tristesse qui fait rire, comique qui fait pleurer [...] ». Je me répète mais : un coup de cœur.
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Le journal d'une femme de chambre

Je ne m’amuserais pas ici à faire des comparaisons entre le roman et le film, ce n’est pas le propos, mais j’invite très chaleureusement les lectrices et lecteurs à lire ce chef-d’œuvre (si si !) de la littérature française. Reprenons depuis le début… Célestine décide d’écrire son journal intime en s’adressant à un hypothétique lecteur pour lui conter les déboires de la vie tourmentée et tumultueuse d’une domestique naviguant de maître en maître sans pouvoir se faire une place pérenne. Puisque nous sommes (prétendument !) dans un journal intime, l’auteure peut tout se permettre, tout dire, exposer les recoins les plus sombres de son intimité et faire partager au plus près son expérience physique et psychologique de femme plongée dans un état de servitude sexuelle et sociale, malgré une gouaille cinglante et un caractère bien trempé qui font des ravages. C’est bien simple, une fois lu Le journal d’une femme de chambre, vous ne pourrez plus jamais oublier Célestine, cette femme incroyable et complexe, qui va jouer avec l’amour et la mort tout au long de sa vie. Et quelle vie ! Octave Mirbeau, dans un style superbe, classique et limpide, va tirer à boulets rouges sur l’aristocratie et la bourgeoisie mais sans faire du « petit peuple » un monde de saints, loin de là ! Si le roman est enjoué, enlevé et parfois érotique, sa noirceur apparaît bientôt jusqu’à engloutir complétement le récit, personne n’en sort indemne et surtout pas le lecteur ! Au vu de certaines scènes ahurissantes (dont je ne dirais pas un mot ici pour vous laisser la surprise), on se demande vraiment si ce roman dantesque a bien été écrit en 1900 tant on est choqué par la crudité sombre et sensuelle qui s’empare de Célestine. Bref, Le journal d’une femme de chambre est un véritable choc littéraire que je vous recommande !
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Le journal d'une femme de chambre

Afin de prévenir les éventuelles critiques de ceux qui auraient jugé ce journal censément écrit par une femme de chambre peu crédible d'un point de vue stylistique, Octave Mirbeau a mis en place une parade efficace : il prétend, en préambule à son roman, que son auteure elle-même l'a prié d'y apporter corrections et modifications.

Il déplore ce faisant la perte d'une partie de la spontanéité, du charme et du mordant de la soi-disant version originale !



N'ayez crainte : "Le journal d'une femme de chambre" n'en reste pas moins un récit fort réjouissant, dont l'humour caustique et la plume acérée permettent au lecteur de passer un merveilleux moment.



Lorsqu'elle débute ce journal, Célestine vient d'être engagée dans un petit château normand, dont la renommée locale n'occulte ni sa décrépitude, ni la réputation désastreuse des maîtres des lieux, les Lanlaire, héritiers d'une fortune dont l'origine est sujette à suspicion...

Monsieur est de plus connu pour avoir engrossé une bonne proportion de la jeune population féminine du village, dont les habitants, avisés de l'abstinence que lui impose Madame, sont malgré tout enclins à l'indulgence.



Cette lecture m'a véritablement enchanté !

J'ai particulièrement apprécié le personnage de Célestine, qui sait jouer d'une fausse ingénuité pour souligner les travers de ses maîtres, fait preuve d'une grande clairvoyance quant à la nature des individus, et sait aussi se faire manipulatrice, jouant de ce que les autres attendent d'elle pour parvenir à ses fins.

Sa perspicacité, alliée à l'expérience acquise au sein de maisons très différentes les unes des autres, lui permettent, pour notre plus grand bonheur, de brosser de ses employeurs successifs des portraits drôles, acides, et très imagés.

Il faut dire que la "bonne société" auprès de laquelle sert Célestine se prête à l'absence de concession de son regard, et à la perfidie de ses réflexions...

En contact direct avec l'intimité de ses bourgeoises de patronnes, elle est un témoin privilégié de leurs petites manies, leur hypocrisie, leur perversion, leur avarice...



L'écriture est un régal, les scènes dépeintes souvent très cocasses...

En bref, ce "Journal d'une femme de chambre" est un roman à (re)découvrir !
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Le journal d'une femme de chambre

Le journal d’une femme de chambre dénonce l’état de servitude dont sont victimes les domestiques à la Belle époque, sous fond d’affaire Dreyfus.

Célestine, ballottée de place en place, exploitée économiquement et la plupart du temps perçue comme une travailleuse sexuelle à domicile, nous dresse un portrait bien noir de la bourgeoisie de cette époque. Vile, hypocrite, avare, vaniteuse, elle traite ses domestiques comme de la marchandise.

Les domestiques ne sont pas épargnés non plus par ce roman. Ils copient les vices de leurs maîtres, ils empruntent leur idéologie. Ils n’ont « le courage que pour souffrir », mais pas pour se révolter. Ils sont fatalistes : « C’est la vie ». Il leur manque la culture pour s’émanciper. Sans cela, même s’ils deviennent riches à leur tour, ils ne vaudront pas mieux que leurs anciens maîtres, ils seront même pires.

Célestine, bretonne courageuse, intelligente, est au-dessus des autres, elle a un esprit critique et une volonté de vie meilleure. Elle espère sortir de sa misérable existence, dans laquelle elle est plongée depuis son enfance à Audierne. Avec sa riche expérience de femme de chambre, aura-t-elle les moyens et la culture suffisante pour s’émanciper et mener une vie honnête, loin de toutes ces vilenies ?

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Le journal d'une femme de chambre

Alors ce roman m'a un peu déroutée, l'auteur y exerce une verve presque meurtrière contre la société et tout le monde en prend pour son grade. Notre héroïne vient de prendre une place à la campagne et profite de ses rares moments de pauses pour tenir un journal et revenir sur ses expériences passées en tant que femme de chambre. Chaque épisode est une occasion pour montrer que derrière les façades de la respectabilité bourgeoise se déroulent les pires perversions. Célestine nous raconte aussi les mille humiliations que doivent subir sans cesse les domestiques. Le texte est plutôt cru et les portraits des employeurs dépeints par la jeune femme sont ou grotesques ou pitoyables. La narratrice elle-même ne s'épargne pas lorsqu'elle parle de son penchant pour les canailles. Tout au long du récit l'humanité nous est montrée sous son pire jour : cruauté, mensonge, antisémitisme, nationalisme.



Quelque part ce récit, tout en étant passionnant, dénote d'un dégout réel pour les réalités humaines et nous montre à voir l'enfer social dans lequel sont condamnés les protagonistes. Un roman marquant qui nous parle d'un esclavage de classe presque consenti par ses victimes. Oppressant...
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Le journal d'une femme de chambre

Mirbeau a un grand talent pour la nouvelle, qui se voit paradoxalement dans ce roman, fait de chapitres et d'anecdotes aisément lisibles comme des histoires à part entière cousues ensemble, dans une forme de "journal" assez peu convaincante et peu travaillée. Il prend le masque d'une femme de chambre pour décrire, cercle après cercle, l'enfer bourgeois où son personnage se débat et se complaît. Cet enfer est essentiellement sexuel, et le roman est un catalogue hilarant de toutes les perversions et pratiques étranges dont la narratrice est le témoin. La satire de la classe dominante est féroce, impitoyable, drôlatique, même si l'on comprend mal que la sexualité bourgeoise, malgré son hypocrisie, soit ridiculisée d'un côté, et louée d'un autre côté quand la sensualité de l'héroïne est présente. La méchanceté de ce roman est réjouissante et son amoralité fracassante assure au lecteur un plaisir de tous les instants.
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Le journal d'une femme de chambre

Lire le journal de Célestine, c'est comme explorer un secrétaire aux cachettes nombreuses et insoupçonnées qui contient souvent des secrets inavouables.

C'est aussi admirer un meuble d'exception en apparence mais qui recèle en réalité des trésors tous plus dérangeants les uns que les autres.

Célestine est à la fois pétillante et impertinente. Dans son journal, elle nous propose un ballet de chambre des maisons bourgeoises agrémenté d'une palette de nuances merveilleuses tel un tableau dévoilant l'intimité et souvent l'indicible.



Un journal ambitieux et audacieux qui mérite amplement d'être lu pour passer un moment délicieux au cœur des maisons bourgeoises et de leurs domestiques, à Paris et en Province, à la seconde moitié du XIXème siècle.

Tous les ingrédients sont présents : travers, déboires, ragots, perversion, cabrioles, dénonciation de la bourgeoisie, ironie mordante.

Je conseille vivement.
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Le journal d'une femme de chambre

Un récit très surprenant par sa modernité.

Très clairement, je ne m’attendais pas à autant apprécier ce livre. Il relate la vie fictive d’une femme de chambre des années 1900 par le biais d’un journal intime dévoilé. L’ensemble des évènements relatés sont vraiment bien abordés, laissant toute la place aux ressentis ce qui lui donne un côté très réaliste.

Niveau texte, forcément, on fait ici face à la plume d’un auteur de la fin du XIX- début XX mais l’ensemble est si agréable à lire que très vite le problème d’un vocabulaire ancier et de tournures de phrases de l’époque s’efface pour ne laisser place qu’à la curiosité du lecteur.

Niveau personnage, Célestine est totalement un personnage haut en couleurs mais les autres ne sont pas en reste. L’auteur est parvenu à leur créer à chacun une phase aussi sombre qu’elle peut être lumineuse, accentuant le réalisme mais aussi une sorte de dénonciation des faux semblants qui finalement, trouvent leur place dans toutes les classes sociales.

Je ne dis pas que je lirai ou ne réécouterai pas ce récit à l’occasion parce qu’il m’a déplu, bien au contraire, je trouve qu’il donne une autre facette de la population de l’époque sous la forme d’une satire mais pour moi, je pense qu’une seule lecture me suffit pour le moment.

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Le journal d'une femme de chambre

Livre lu à la suite de la vision au cinéma de la nouvelle adaptation cinématographique de Benoît Jacquot , sorti le 1er avril dernier, et qui nous propose une nouvelle lecture plus proche du roman initial.



Octave Mirbeau publie ce roman insolent et virulent en 1900, réquisitoire féroce contre une classe dominante au détriment de la condition esclavagiste des gens de maison, ainsi qu'une critique caustique de l'étroitesse d'esprit de la bourgeoise provinciale.



Le ton est y alors très moderne pour l’époque tant cette critique d'une société totalement compartimentée, est acerbe, incisive, est elle l’occasion de brosser au scalpel une étonnante galerie de portraits, dans une violente satire des moeurs provinciales et parisiennes de la Belle Époque.



Si Jacquot ne retrouve sans doute pas tout à fait le mordant de la plume de Mirbeau, il parvient quand même à retranscrire avec une pertinence saisissante ce monde alors en pleine mutation , et d'avoir su s'emparer de cette esprit de révolte, encore feutré, mais déjà suintant, que l'on sent partout dans l'air ambiant....suite de la chronique sur le blog
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le journal d'une femme de chambre

« Il est près de deux heures, et ma lumière va s’éteindre … moi aussi, je vais être obligée de me coucher … Mais je sens que je ne pourrai pas dormir … Ah ! ce que je vais me faire vielle dans cette baraque ! »



Comme son intitulé l’indique, le journal d’une femme de chambre raconte les mémoires d’une jeune femme de chambre, Célestine, décrivant son vécu et les souvenirs marquants de sa vie parmi les domestiques, au sein des différents foyers qu’elle a servi.



Le journal nous emporte aussi bien dans le présent tel qu’il est vécu et ressenti par Célestine, où elle décrit la vie des domestiques, des maîtres et les tourments de la servitude, que dans les paysages flous de ses réminiscences douloureuses, recueillies des années de service errant, flottant d’une maison à une autre.



Le journal raconte les tourments de Célestine, une jeune femme bien faite au cheveux blonds, belle et d’un caractère malicieusement impétueux. Son esprit est hanté par une perpétuelle recherche de soi étouffée par la pauvreté et la misère, son cœur est enflammé par une avidité poétique de sensations fortes frustrée par la piqure des amours bouleversants et inachevés. Seul l’espoir flétri d’un avenir meilleur émeut l’existence endurcie de Célestine.



Le tempérament impulsif et fougueux de l’héroïne lui cause un emploi instable, ne dépassant pas six mois dans chaque foyer, tantôt congédiée, tantôt partie de plein gré par un moment de rébellion, qui finit par approfondir la gangrène de son désespoir.



Célestine nous raconte, avec un humour délicieusement tordu, ses déceptions amoureuses, les habitudes secrètes de ses maîtres bourgeois, leurs conflits familiaux interminables et leurs bassesses les plus sombres, en nous emportant dans leur univers et leur psychologie dérangée.



S’aventurer dans cette lecture requiert un détachement des conceptions morales et un courage à se lancer dans l’exploration des contradictions du cœur humain, des désirs les plus obscurs de l’âme, transcendant les valeurs, la pudeur et le sens du devoir et de la loyauté, vers des sensations étranges, une ivresse poétique de l’âme, allant même à l’admiration amoureuse du crime.



La plume talentueuse de Mirbeau, à travers le journal d’une femme de chambre, et les malheurs de Célestine, nous peint d’une forte sincérité, le portrait de la condition domestique, les vices de la société bourgeoise, et dresse ainsi une imposante satire sociale.



Vivement recommandé.

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Le journal d'une femme de chambre

Dans ce roman, Octave Mirbeau donne la parole et la plume à Célestine donc, une jeune femme qui vogue de place en place de domestique, et qui n'a ni les yeux ni la langue dans sa poche. Dans un récit qui prend la forme d'un journal, Célestine raconte son quotidien dans une nouvelle maison, et glisse dans ses souvenirs plus ou moins cocasses, plus ou moins coquins aussi. Grâce à elle, nous nous immergeons dans une époque, dans les secrets d'alcôves de familles qui voudraient être bien sous tout rapport et dont on découvre rapidement qu'elles cachent toutes manigances et mesquineries.



Le format du roman (journal) offre un léger, très accessible. Célestine est une femme du peuple : il serait saugrenu de la voir employer un langage châtié. Mirbeau réussit à nous plonger dans son cynisme quotidien et dans son hypocrisie de façade. Si, pour moi, Le journal d'une femme de chambre était avant tout symbolisé par une paire de bottines, j'ai rapidement compris pourquoi, et rapidement découvert que le roman ne s'arrêtait pas à un fétichiste des chaussures : dans chaque maison qu'elle fait, Célestine a bien des choses à raconter sur les pratiques sexuelles de ses maîtres, mais aussi des domestiques !



Avec ce roman, j'ai découvert un romancier à l'univers digne de Zola. Sans concession pour la bourgeoisie, il pointe les travers des plus riches, de ceux qui profitent de leur position pour exploiter de nouveaux esclaves. Il montre les défauts d'une société qui laisse de côté les plus précaires, précaires qui n'ont plus que leurs yeux pour croquer avec ironie ce monde qui les entoure. Un classique particulièrement moderne et enlevé !
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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