AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Odile Baltar (73)


J’étais en plein trip animalier, mais pas seulement, car je comprenais déjà que ma paranoïa était encore du nombrilisme, tout comme mon incapacité à communiquer. L’envie de jouir seule de mon chagrin, mon désespoir confortable, mon refus absolu de l’empathie, tout ça, ainsi que la frénésie et les sarcasmes, s’étaient placés dans un engrenage déraillant où j’étais l’unique tarée à pédaler autour de mon ego.
Commenter  J’apprécie          00
Tout s’était figé. J’ai fait pipi, comme ça, debout. J’ai senti l’urine chaude dégouliner le long de mes jambes nues. J’aimais bien, c’était les bières du Café de l’Église. Le chien a reniflé le sol, ça lui a plu et lui aussi a pissé en s’accroupissant un peu. En voyant sa manière de faire, je me suis dit que c’était une chienne. J’ai regardé entre ses pattes, il avait des petites couilles, toutes noires, j’ai compris que c’était juste un jeune chien qui n’avait pas encore besoin de lever la patte pour marquer un territoire.
Je me sentais plutôt bien.
Pourtant je pressentais que le calme ne durerait pas. La danse des folles pensées recommençait déjà, je voulais ne pas avoir fait ça, je voulais que Pascal se relève maintenant et que l’on discute. Ne fallait-il pas être bêtes pour s’enfoncer ainsi dans le silence quand on s’aimait comme nous deux ? C’est important de discuter dans un couple, non ?
Commenter  J’apprécie          00
J’aurais tant voulu me calmer, me retourner dans un grand sourire, l’embrasser en sanglotant. Il m’aurait rassurée, cajolée, bécotée, léchée, défoncée. Nous aurions mélangé nos larmes et autres humidités. Je lui aurais demandé pardon pour mes trop nombreuses conneries, il m’aurait confirmé que j’avais un pass illimité en me berçant contre ses larges épaules.
Commenter  J’apprécie          10
Je le tourmente, le stimule, l’encourage, je lui dis qu’il est un homme, un vrai, bien dur, que je suis fière de lui, je lui cuisine du navarin et de l’osso-buco, je lui achète des caleçons en simili-léopard pour le taquiner et lui suce la queue pour l’exciter. Puis je le trompe pour ne pas l’abandonner.
Son beau visage était crispé et marqué par ces traces de coups que, plus tôt, j’avais aperçues et accueillies avec indifférence.
Commenter  J’apprécie          10
J’étais émue par l’exubérance de sa joie et me suis dit qu’un chien hypocrite, ça n’existait pas. Il a avalé le reste de cacahuètes que je lui tendais en léchant ma main salée. Il avait faim. Moi aussi. Pascal cueillait des épis de blé dont il remplissait ses poches.
Commenter  J’apprécie          00
Le son était coupé, je regardais ces visages tragiques de gens fraîchement endeuillés, ces images interchangeables qui bercent notre indifférence. Je pensais encore à moi et à mes suicidés. Pour m’endormir, je pouvais désormais les compter. Mon père en premier, puis les suivants, ceux que j’avais connus plus tard, un peu ou beaucoup. À la télé, défilaient des malheureux qui rêvaient de tranquillité, et autour de moi des crétins dépressifs bafouaient la vie.
Commenter  J’apprécie          00
Je me suis souvenue que, plus jeune, j’avais feuilleté avec délectation un recueil de lettres d’adieu de condamnés à mort de la Seconde Guerre mondiale. L’élégance et la grâce qui se dégageaient des phrases de ces inconnus désespérés m’avaient enchantée.
Commenter  J’apprécie          00
Non, je ne me laisserais pas atteindre, il fallait éviter une explosion de chagrin inutile, fatigante. Je refusais la soi-disant catharsis des grandes larmes. Un chagrin austère… voilà, j’étais une spartiate.
Commenter  J’apprécie          10
Il m’a fait mal en me pénétrant, mon vagin était sec et ça brûlait. Petit à petit, je me suis détendue, ses coups de bite me relaxaient, je me suis surprise à geindre tendrement, comme une petite musique pour accompagner la danse des mots bavards dans ma tête. Mes doigts sur le grand chêne se concentraient pour capter les vibrations de l’arbre. Il y avait quelques rayons de soleil qui passaient à travers les feuilles et éclairaient mon bras gauche, cela donnait une jolie couleur à ma peau. Je réussissais encore à penser à moi. J’étais vivante.
Commenter  J’apprécie          00
Mes pensées n’ont pas obéi, elles ont continué leur sarabande. Je leur ordonnais de se taire, mais elles gémissaient les mêmes refrains : j’étais malheureuse, nulle, coupable et si triste. Je me suis servi un verre de vin rouge.
Commenter  J’apprécie          10
Je pensais encore. Des pensées pareilles à une tornade de film américain. Un cyclone ravageur galopait dans ma tête comme dans un désert poussiéreux et emportait des éclats d’idées à toute allure. Quelle est la vitesse d’une pensée effrénée ? Combien de pensées peuvent s’enrouler dans un cerveau en moins de trente secondes ? Je réfléchissais à ça aussi – est-ce que des neurologues s’étaient intéressés au sujet ? –, avant de me souvenir que la mère de François était une vraie mégère, sournoise, mesquine, mais que, la pauvre, j’étais quand même désolée pour elle.
Commenter  J’apprécie          00
Je prenais même le temps de me moquer de moi, de me rappeler que François disait justement de la culpabilité qu’elle était une des formes les plus accomplies de l’égocentrisme, un perfide jeu de toute-puissance, car imaginer que l’on a la moindre responsabilité sur la vie des autres n’est qu’une habile manière de centrer le problème sur soi. Alors je me suis rendu compte que François allait me manquer. Comment allais-je donc faire, moi – encore moi –, sans lui ?
Commenter  J’apprécie          00
J’aurais pu interroger Pascal, lui offrir ce fameux comment ? qui accueille toute annonce de suicide. J’aurais pu déverser un torrent de paroles incrédules pour éviter de plonger seule dans le tourbillon qui déchiquetait mon cerveau. Au lieu de ça, je suis restée silencieuse. Figée. Je me contemplais. Les larmes coulaient sur mon visage comme la garniture grasse et sucrée d’un gâteau d’anniversaire polonais, des larmes écœurantes que je léchais avec une gourmandise honteuse. Une fois de plus, le chagrin accourait les bras ouverts en gueulant mon prénom.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Odile Baltar (45)Voir plus

Quiz Voir plus

La faune de Malronce

Comment les longs marcheurs appellent ces vers de toutes tailles, petits comme des limaces ou long comme des cocombres suspendus aux câbles des pylones électriques à l'entrée des villes ?

Les vers communautaires
Les vers solidaires
Les cuculombricées
Les vers limaces
Les cuculimacées

11 questions
105 lecteurs ont répondu
Thème : Autre-Monde, tome 2 : Malronce de Maxime ChattamCréer un quiz sur cet auteur

{* *}