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Critiques de Odile d` Oultremont (187)
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Baïkonour

Elle, c’est Anka. Fille de pêcheur, elle ne connaît qu’un seul homme, son père Vladimir, elle ne connaît qu’une île, la mer bleue. Elle grandit avec le bleu comme immensité dans ses yeux.

Pourtant, comme le chantait l’autre, c’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme. Vladimir, son homme, son père, son héros est repris à l’océan. Six pieds sous terre. Naufragé laissant une mère et une jeune fille échouées sur la plage de leur vie.



Lui, c’est Marcus. Marcus il est grutier. Parce que de la haut, il voit la mer, parce qu’il voit le monde plus petit qu’il pourrait le tenir dans la paume de sa main.

Marcus il n’a qu’un père. Un père qui n’en est pas vraiment un. Qui ne sait pas vraiment aimer. Pour Markus, il ne reste plus que sa grue et toujours l’immensité de la mer bleue dans ses yeux un peu tristes.



C’est l’histoire de deux êtres pas vraiment heureux, en manque de quelqu’un, en apnée devant un rendez vous sous la bonne étoile. Ce n’est pas vraiment une histoire d’amour, ce n’est pas si simple les histoires d’A. Mais faudrait pas croire non plus Catherine Ringer qui crie que toutes les histoires d’amour finissent mal.



Il y a un manque, une obsession, une vie à vivre. Il y a la mer qui à elle seule est un personnage à part entière. La maîtresse du Baikonour, celle qui attrape les pêcheurs pour les faire danser avec les sirènes dans les abysses maritimes.



C’est un beau roman, doux, éloquent, mélodieux, inspirant, c’est un roman bleu, un roman qui fait chanter les galets sur la plage de Bretagne. Un roman qui respire une plénitude à peine torturée, juste assez pour nous attacher à Anka et Markus, un roman qui surfe sur une vague où le désir est palpable et magnétique, parce que ceux qui doivent s’aimer finissent toujours par se trouver.



C’est un très beau roman. Baikonour mon amour.
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Les déraisons

Sur mon bateau ivre, j’ai rencontré un bien joli couple haut perché sur le sommet de l’arc en ciel. Adrien et Louise s’aiment. Ils ont besoin l’un de l’autre. Ils fusionnent. Aucun vide entre eux ne peut être grignoté, ils sont tout à l’autre.

Adrien est salarié chez AquaPlus. Au moment où il atteint dix ans d’ancienneté, pour le féliciter, on le permute dans un autre bureau aux allures de cagibi insalubre, sans ordinateur ni téléphone, sans boulot, Adrien est désormais au service de l’inutile. Quand on diagnostique un cancer à Louise, Adrien préfère danser tous les jours près d’elle que de faire acte de présence à son travail où finalement personne ne s’apercevra de son absence durant un an.



Cette histoire est un hymne à l’amour et véhicule des messages essentiels où les déraisons restent le mot d’ordre. Faire de sa femme son unique passion avant son travail, appeler leur chien jack russel Le-Chat, Samuel le masque à oxygène de Louise, et puis rire beaucoup et tout le temps même si Louise va mourir. Parce que Louise aime la fantaisie, la joie, la bonne humeur, danser, faire de son Adrien sa cam et pour Adrien, Louise c’est son oxygène.



Beaucoup de tendresse émane de ce roman, c’est un roman qui sourit, qui nous serre très fort dans ses bras. Ça fait un bien fou de la poésie au service des mots, de l’amour au service de la vie, de la vie en guise d’espoir, des couleurs pour chasser les ombres. Puis un chien qui s’appelle Le-Chat, j’adore.

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Baïkonour

Coup de coeur!



D’emblée séduite par cette écriture riche et inventive, qui dès le premier paragraphe sublime un tragique naufrage en une fin lyrique. Cette magie se reproduira à de nombreuses reprises au cours de la lecture, au point de relire ces passages, rien que pour le plaisir de savourer ces mots et ces phrases.

Mais le récit s’ancre dans une réalité quotidienne que traduisent fort bien les dialogues. l’utilisation du présent donne une force supplémentaire à la narration.



Le thème de la rencontre toujours remise entre deux êtres qui évoluent sur deux parallèles de la vie est bien construit. Entre le grutier et l’orpheline qui rêve de pêche sur des eaux hostiles, le lien qui se tisse est subtile et fragile. Le hasard semble mettre en place toutes les circonstances qui aboutiront à unir ces deux êtres qui ignorent tout l’un de l’autre.



Les personnages secondaires ne sont pas en reste : celui de la mère qui exorcise son chagrin en cuisinant des soupes pour des marins qui ne le méritent pas, les chirurgiens rivaux, le père du grutier chômeur professionnel, contribue à alléger le propos sombre (entre la noyade et la chute de grue, pas de quoi rigoler , quand même).



Un régal double d’un coup de coeur ce deuxième roman, qui m’incite à découvrir le premier, récompensé par le prix de la Closerie des lilas


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Baïkonour

Pourquoi ai-je choisi ce livre ?

- Pour son auteure dont j’avais entendu parler mais dont je n’avais rien lu,

- parce qu’elle est Belge peut-être aussi,

- pour son titre enfin : Baïkonour, ville du Kazakhstan, d’où partent les cosmonautes russes et ce qui est relatif à la Russie m’intéresse.



Mais ce titre m’a induit en erreur, Baïkonour est le nom d’un bateau et le roman se passe en Bretagne, à Kerlé.

Rassurez-vous, je n’y ai pas perdu au change !



Odile d’Oultremont nous fait suivre deux personnages.



Le premier, Anka ,est la fille d’un marin-pêcheur, Vladimir, qui lui a fait aimer l’océan, l’a emmenée avec lui sur le Baïkonour mais ne lui a pas permis d’en faire son métier, elle sera donc coiffeuse.

Vladimir disparaît en mer, le Baïkonour est retrouvé vide. Anka en est bouleversée, révoltée et en vient à rejeter l’océan. Edith sa mère est en posture de déni : son mari reviendra et elle continue à préparer jour après jour des thermos de soupe pour les marins et pour Vladimir si ceux-ci le rencontrent.



Le second, Marcus, est grutier, l’un des meilleurs de France, il est originaire du sud de la France et est engagé sur un chantier à Kerlé pour dix-huit mois. Du haut de sa grue, il observe la ville et ses habitants et plus particulièrement une jeune femme qu’il suit avec ses jumelles.



La première protagoniste est liée à l’océan, lui l’est au ciel, destins parallèles et ce qui est parallèle n’est pas destiné à se croiser mais tout peut arriver...



C’est un très beau roman sur le deuil, sur son déni, sur la résilience, sur la solitude mais aussi sur le hasard, la rencontre, les sentiments amoureux. Il est empreint de tendresse et de poésie.

Les personnages secondaires sont attachants : le père de Marcus, chômeur devant l’éternel et qui ne vivait que pour la pétanque et le pastis se révèle, à son propre étonnement, préoccupé pour son fils, et tenace et exigeant devant des sommités médicales, Edith est touchante dans son déni qui lui permet de tenir tête.

N’oublions pas la Bretagne et l’océan, personnages importants, la Bretagne paraît si belle dans ce roman - il serait temps d’ailleurs que je la visite ! Je n’ai fait que traverser le golfe de Gascogne sur un pétrolier comme travail de vacances lorsque j’étais étudiant...



J’ai beaucoup aimé le style, Odile d’Oultremont a soigneusement choisi ses mots, son roman est un récit plein de poésie, parsemé d’humour de temps à autre, elle a l’art du détail mais d’une manière très fine, très féminine.

C’est un roman empli de sensibilité, un roman dont j’ai dégusté chaque page.

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Une légère victoire

Comment vivre avec ce sentiment de culpabilité lorsque la personne qui s’est jetée sous vos roues est morte sur le coup ? Comment envisager sa vie quand, après 25 ans derrière les barreaux, on vous apprend que vous ne verrez plus votre fille Constance, percutée par une voiture ?

Voilà le contexte douloureux dans lequel sont plongés les deux personnages principaux de cette histoire. La mort accidentelle de Constance va les rapprocher malgré eux.

Nour, jeune trentenaire assistante de direction, file le parfait amour avec Jeff, fils de ministre. Sa vie n’est pas très exaltante, plutôt plan-plan, jusqu’à ce terrible accident qui la fait basculer dans la douleur et la dépression. Le traumatisme est bien vu, c’est aussi le moment pour Nour de se pencher sur ce que sont vraiment sa vie et ses relations avec ses proches dont Jeff qui manque cruellement d’empathie.

Nour n’en finit pas de battre sa coulpe alors que sa responsabilité n’est pas engagée dans l’accident



« Tuer un individu, c’est être instantanément muté dans une dimension à part, une catégorie inclassable, une sous-division de l’humanité, à la toute dernière extrémité, un abject avènement. Un trou. Une enfonçure.

Il lui faudrait bien plus que mourir pour espérer revivre un jour. »



L’histoire de Nour alterne avec celle de Yarol, criminel incarcéré depuis de nombreuses années, dont la sortie est pour bientôt. Mais la mort brutale de cette fille abandonnée lorsqu’elle était bébé et qu’il espérait enfin mieux connaitre à sa sortie de prison le prive de tout espoir de réparation de son passé et le plonge dans le désespoir.



« A présent, il héberge une angoisse permanente, liquide et froide. Il est somnambule en pleine lumière, pauvre homme qui mendie l’oubli d’une abjecte réalité et celui de ses dégoûts passés. Il n’est rien. Il n’est plus rien. Il portait pour sa fille tous les rêves du monde. Il est aujourd’hui vaincu. »



Ces deux personnages vont se rencontrer dans des conditions très particulières et tout va s’accélérer. Sans doute que le fait que l’autrice est scénariste explique ce dénouement bousculé et invraisemblable. J’ai eu l’impression d’être dans une mauvaise série. C’est d’autant plus regrettable que les ingrédients d’une bonne histoire étaient là.

Avec des développements parfois longuets, j’ai trouvé le récit trop complaisant. Le taulard meurtrier qui a abandonné sa femme et sa fille et devient ce repenti qui vit dans une douleur extrême le deuil d’une fille qu’il n’a pas vue depuis 25 ans et avec laquelle les ponts sont coupés, on a beaucoup de mal à l’admettre ou alors c’est du registre du fantasme.

Dans l’ensemble, les personnages manquent de subtilité et, avec leurs personnalités poussées à l’excès, on pense à ces acteurs qui surjouent.

J’ai trouvé l’écriture redondante, avec trop d’emphase dans le style.

Mon intérêt au début de ma lecture s’est vite émoussé au fil des pages. Dommage !



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Les déraisons

Adrien mène une vie toute grise d'employé modèle, tranquille, rangée, réglée comme du papier à musique.



Louise, elle, danse sa vie, peint le monde en couleurs et habite quelque part au-delà de l'arc-en-ciel, dans un univers fantasque et chaotique où son imaginaire peut déborder allègrement.



Le hasard les fait se rencontrer et, contre toute attente, toute probabilité et toute raison, les fait tomber amoureux. D'un amour fusionnel, tendre et absolu, dans lequel Adrien s'adapte avec joie au diapason farfelu de Louise.



Pendant presque dix ans tout va pour le mieux pour les deux tourtereaux. Et puis un jour la dure réalité fait irruption dans leur nid d'amour : on découvre chez Louise un cancer du poumon et Adrien se retrouve relégué dans un placard à balai après la restructuration de son entreprise. Un double drame ? C'est sans compter la fantaisie de Louise, qui décide de voir son cancer comme « un truc nouveau qui nous arrive ». Pleurer sur son sort, très peu pour elle, la vie est belle, toujours. Adrien, dévasté par la nouvelle, s'adapte encore, et joue le jeu. Contaminé par la douce folie de Louise, il décide même de ne plus aller au travail, sans prévenir sa hiérarchie, de toute façon plus personne ne s'y soucie de son existence, ou presque...



Car le roman s'ouvre sur le procès d'Adrien, à qui son entreprise (qui a fini par s'apercevoir de son absence injustifiée) réclame un an de salaires indûment versés. Et c'est donc à travers les réponses d'Adrien au juge qu'on reconstitue peu à peu cette dernière année de vie commune avec Louise, entre amour fou, fantaisie et réalité professionnelle absurde et cynique.



Ce roman me laisse perplexe, je n'arrive pas à décider si je l'ai aimé ou pas. La « faute » à Louise, sans doute, personnage à la fois touchant et horripilant. Mon côté trop raisonnable s'est agacé de son comportement puéril, hors sol, déconnecté des contingences du quotidien. Mais mon côté trop sensible admire et envie la capacité de Louise à ne voir que le côté positif des choses, son attitude paradoxalement très lucide et courageuse qui brandit sa fantaisie comme une armure contre la cruauté de la vie et qui les protège, elle-même et (surtout) Adrien.



Je suis donc tiraillée mais je dois reconnaître que ce roman, qui dénonce aussi l'inhumanité d'un certain monde du travail, est bourré de tendresse, de poésie, de lumière, de couleurs et de vie. C'est loin d'être déraisonnable.
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Les déraisons

Petit livre à lire dans le train (ou sur un banc en cas de grève) ou pour ceux qui en ont un dans le métro... Mais bon, rien qui rende urgent cette lecture, elle peut rester à dormir dans une Pal, une librairie ou une Bal (boîte à livres). Il y a des tentatives d'humour, d'originalité, et donc d'écriture mais j'ai trouvé l'ensemble forcé, contraint, heurté, avec quelques caricatures qui ne m'ont pas convaincu (mais ça n'engage que moi bien évidemment). Un premier roman d'une autrice journaliste issue de la noblesse belge qui a remporté un prix (le jury féminin du prix de La Closerie des Lilas récompense des livres écrits

par des femmes) mais qui ne m'a pas vraiment passionné! A propos est-ce que ça existe des jurys littéraires uniquement masculins qui se pencheraient sur des œuvres uniquement masculines ? Je ne sais pas…Peut être ?

Quant à la 4ème de couverture qui compare l’autrice à Boris Vian!!! Alors là je dis non: « Elles se rendent pas compte » !!!
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Baïkonour

La coiffeuse et le grutier prennent le large



«Les Déraisons» avait été un joli succès. Avec «Baïkonour» Odile d’Oultremont confirme son talent et nous entraîne en Bretagne, en vue plongeante depuis la cabine d’un grutier. Vertigineux!



Il y a deux ans, en découvrant son premier roman, j’écrivais «Odile d’Oultremont, retenez bien ce nom. Car il y a toutes Les Déraisons d’y croire!» Refermant son second roman, je suis ravi de constater que mon intuition s’est vérifiée. La même magie opère, cette façon de se pencher sur des vies ordinaires et de nous embarquer avec des personnages très attachants.

Nous avons cette fois rendez-vous à Kerlé, village côtier de Bretagne où Vladimir Savidan a construit une nouvelle vie. L’émigré russe est marin-pêcheur à bord du Baïkonour – ceux qui s’attendaient, en découvrant le titre du roman, à un récit sur l’épopée spatiale soviétique en seront pour leurs frais – et personnifie l’image du héros aux yeux de sa fille Anka qui ne rêve que d’accompagner son père et de prendre sa succession. Mais les rêves peuvent se transformer en cauchemar, surtout lorsque la mer est hostile. Malgré toutes ses qualités, Vladimir doit s’avouer vaincu. «Par vent fort, il disparaît à environ sept nautiques des côtes, violemment happé par une vague cannibale qu’il pensait abordable.» Pour son épouse et encore plus pour sa fille, ce drame est une épreuve difficile à surmonter. Dans le salon de coiffure où elle est employée, le caractère enjoué d’Anka cède la place à une profonde mélancolie.

Odile d’Oultremont a très habilement construit son livre, en nous proposant en parallèle l’histoire de Marcus Bogat. On se doute d’emblée qu’il croisera la route d’Anka, mais sans à aucun moment en imaginer le scénario. Marcus vient du sud de la France où vit encore – difficilement – son père. Après son bac, il s’est offert une formation d’ouvrier de chantier à Paris, et «par nécessité viscérale de changer enfin de perspective, Marcus Bogat devint grutier.» Il a accepté une mission d’un an et huit mois à Kerlé et occupe une position privilégiée d’observateur.

« Depuis le sommet de sa grue, c’est en contrebas qu’il scrute. Au sol, toute petite, la vie s’ébat. Il n’y a, sous ses pieds, ni chaos ni excitation, la plupart du temps, rien ne se passe, seul un mouvement perpétuel, allant et venant. Ça ressemble au train-train des vagues par temps calme, de minuscules entrechats, une multitude de pas prompts ou las sur le macadam… »

Marcus suit Anka durant ses déplacements de son domicile à son travail, mais n’ose pas aborder la jeune fille. Au fil des jours qui passent, Anka devient pour lui une obsession qui va le pousser à négliger quelques aspects élémentaires de sécurité. Bien qu’attaché à son harnais, lorsqu’il dévisse du sommet de la grue, sa tête heurte la structure et il se retrouve comme une marionnette suspendue à un fil au-dessus du vide.

Je l’ai dit, Odile d’Oultremont a joliment construit son scénario. Aussi, ne voulant pas vous gâcher le plaisir de découvrir comment ils vont se retrouver, je n’en dirais pas davantage. En revanche, il me faut souligner l’élégance de l’écriture, l’attention portée aux personnages, y compris ceux qui sont ici au second plan comme la mère d’Anka et le père de Marcus, sans oublier ce souffle vital qui entraîne le lecteur et lui laisse entrevoir un coin de ciel bleu. Il finit toujours par arriver, même après les plus fortes tempêtes.




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Les déraisons

"La seule façon raisonnable de vivre en ce bas monde, c'est en dehors des règles."



Louise, peintre, a décidé de mettre de la couleur dans sa vie, tous les jours. D'appeler son chien, "Le Chat", de vivre le présent pleinement, "c'est sa cam", de décréter les jours en A ou en O, c'est plus rigolo. le conformisme très peu pour elle. Louise est un Pierrot Solaire qui éclaire son monde.



Adrien, lui est réglé comme une horloge suisse, petits parcours bien planifiés, optimisés pour aller au bureau, faire la tournée des clients. Employé-modèle, petite vie rangée.



Ces deux là, n'étaient pas fait pour se rencontrer mais mieux, ils étaient faits l'un pour l'autre. Seulement voilà, le sort en a décidé autrement, pas eux. Sourire toujours c'est le credo de Louise, en toutes circonstances, le sourire et le rire aide la chimio à mieux agir, Adrien à ne pas sombrer.



La plume pleine de poésie, le verbe choisi aide à entrer de plain-pied dans l'univers parallèle de ce couple "déjanté". Les attitudes loufoques, hors normes, ne sont que prétextes à nous dire qu'on peut choisir le bonheur. Choisir son bonheur, tant pis pour les bien-pensants qui n'y comprennent rien, qui jugent. Peut-on, comme ce petit juge assis sur son coussin, rationaliser une situation ubuesque et y appliquer une sanction, quand l'ultime vous a déjà été infligé ?



Ce roman est plein de tendresse, d'émotions, de poésie pour parler de sujets cruels comme le placement d'Adrien en position d'être inutile chez "Aquaplus", le reléguer en un lieu qu'aucun autre employé de l'entreprise n'a foulé et le cancer de Louise qu'elle va traiter avec fantaisie comme à son habitude. Nul pouvoir pour ces deux-là, face à la situation, mais ils la vivront ensemble avec courage et inventivité.



Ce roman est une bulle d'émotions, du Champagne. Une ode aux petits bonheurs du quotidien, au choix de voir le verre à moitié plein en toutes circonstances surtout les pires... de se moquer éperdument de la norme. Avec brio et justesse, sans lasser malgré les loufoqueries, l'auteure vous embarque dans une histoire lunaire éclairée par le procès d'Adrien, auquel on ne comprend pas grand-chose au début, mais qui clarifie toute l'histoire au fil de la lecture. Je suis orpheline de Louise.



De ces histoires mille fois racontées : un homme, une femme Cha bada bada... l'auteure crée les déraisons à adopter pour tout affronter, vivre mieux la grisaille, la maladie, la désobéissance. Devenir Dorothy pour voir au-delà de l'Arc-en-ciel.



Ce livre donne envie d'aimer la vie, tout simplement !

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Les déraisons



Pour Louise, la vie est belle, elle en a décidé ainsi, il y a bien longtemps et ce n’est pas un petit cancer de rien du tout qui va lui faire changer d’avis.

Artiste loufoque, elle est le soleil d’Adrien.

Leur rencontre a été l’étincelle qui a transformé leur quotidien.

Louise peint, chante danse, joue avec le chien qu’elle a baptisé « Le Chat ».

Tout, absolument tout, la rend heureuse. Alors, lorsque le diagnostic tombe elle continue à rire.



« Allez, lui souffla-t-elle. Vois ça comme un truc nouveau qui nous arrive.

- Un truc ?

Louise rit encore. Malgré le marasme absolu, le désastre annoncé, elle parvenait à troubler la surface affligée de l’existence.

- C’est pas un truc Louise, c’est pas du tout un truc.

- C’est quoi, alors ? Un drame ? ça changerait quoi de dire « drame », plutôt que « truc » ?



Elle donne des noms à ses médicaments, les installe sur sa table de nuit et leur parle comme à des amis. Ses bras qui reçoivent les perfusions ont pour noms Nathanaël et Clotilde.

Un malheur n’arrivant jamais seul pour Adrien, il se retrouve isolé dans un placard au sein de son entreprise où on oublie peu à peu jusqu’à son existence.

Et si c’était l’occasion de tout laisser tomber pour se consacrer entièrement à son épouse ?



Il y a une bonne dose de folie douce dans l’histoire de cet amour hors norme.

Ce premier roman est une merveille de sensibilité, de dérision, de tendresse qui malgré les thèmes graves qu’il aborde sait rester plein d’enthousiasme, poétique et joyeux.



Odile d’Oultremont est assurément une auteure dont on n’a pas fini d’entendre parler.

Je remercie très vivement Babelio et les Editions de l’Observatoire pour cette belle lecture.





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Les déraisons

Toutes les Déraisons d’y croire



C’est l’histoire de Louise et d’Adrien. De l’année durant laquelle Louise se bat contre un cancer du poumon, soutenu par Adrien. Un drame plein de fantaisie.



Quelquefois la vie est si terriblement injuste qu’il vaut mieux en rire. L’humour devient alors le stade suprême du désespoir et une manière de nous faire accepter l’inéluctable. Comme la mort d’un être cher. Chose impensable, inimaginable, comme le chantaient les Rita Mitsouko

Le cancer

Que tu as pris sous ton bras

Maintenant

Tu es en cendres, en cendres

La mort

s'est comme une chose impossible

C’est à cette douloureuse expérience que va être confronté Adrien le jour où il va apprendre que son épouse Louise va devoir lutter contre un cancer du poumon. Mais, à l’image de Marcia Baila, c’est sur un rythme entraînant, plein de poésie et d’inventitvité qu’Odile d’Oultremont nous raconte cette année particulière. Un véritable tour de force qui entraîne le lecteur dans un tourbillon d’émotions.

Tout commence le 3 octobre 2016, alors que s’ouvre un procès devant le tribunal de première instance de Bruxelles. Les audiences doivent définir si Adrien Bergen a perçu indûment 28400 € de la société AquaPlus qui l’emploie.

Mais, avec un joli sens de la construction et du suspense, Odile d’Oultremont interrompt son récit, car il faut pour comprendre ce qui se trame dans ce tribunal, reonter une dizaine d’années plus tôt.

À ce jour d’octobre 2005, lorsqu’Adrien rend visite à Louise Olinger pour lui annoncer une coupure d’eau de trois jours. Habitué aux récriminations, il est surpris par la réaction de Louise, qui est plus attentive à la forme du message qu’à son fond. Le dialogue qui suit donne le ton de tout le roman : « Je suis venu vous prévenir que, malheureusement, à partir du 17 octobre, nous devrons procéder au remplacement de canalisations, ce qui implique que, malheureusement, l’eau sera coupée pendant trois jours. Dans tout le quartier…

Elle protesta aussitôt.

– Non, non, non !

– Laissez-moi vous...

Je dis non, l’interrompit-elle. Pas pour la coupure d’eau. Je dis non à deux utilisations consécutives de l’adverbe "malheureusement" dans une même phrase. Ça, c’est non!

– Pardon?

Ce n’est pas joli, ni raffiné, ni très positif, "malheureusement", alors si en plus vous le dites deux fois...

Adrien se figea. Quelque chose lui échappait.

– Ah bon. Excusez-moi.

– Mais non! Ne vous excusez pas, c’est vraiment la dernière des choses à faire!

La situation ne s’arrangeait pas. Adrien aspirait à un point d’amarrage, à quelque chose de familier, une réaction normale.

– Ah bon..., répéta-t-il. Qu’est-ce que je dois faire alors?

J’en sais rien, agissez, remplacez le mot, que sais-je?

– OK... je vais le remplacer, d’accord... donc à partir du 17 octobre nous devrons malheureusement procéder au remplacement de canalisations, ce qui implique que l’eau sera coupée... ce qui est très dommage...

Il lui lança un regard interrogateur.

– "Ce qui est très dommage... ", ça vous convient?

Louise éclata de rire.

– Époustouflant !

Il soufila, rassembla ses forces, et répéta :

– Donc... l’eau sera coupée, ce qui est très dommage, pendant trois jours. »

C’est ainsi que commence leur belle histoire d’amour. Quand Adrien découvre les talents de cette cliente, artiste à l’imagination débordante qui, au fil des heures et des jours qui suivent va lui permettre d’élargir son horizon et de constater que «l’imagination de Louise le propulsait comme un puissant moteur».

Dès lors, on suit en parallèle ce procès et la chronique des premières années de la vie du couple, revenant aussi sur quelques épisodes marquants de leur jeunesse, comme le traumatisme subi par Louise quand sa mère disparaît, jusqu’à cette funeste année durant laquelle le cancer fait son travail de sape.

Louise choisit de ne pas se plaindre, mais un peu comme Mathieu Malzieu et son Journal d’un vampire en pyjama de mettre encore davantage de vie «d’élaborer, de rêver, d’imaginer, de peindre, de fonder, de rire, de fabriquer, de concevoir, d’innover, d’écrire, de dessiner, de susciter, de bâtir, de jouer.»

Adrien se positionne sur le même registre. Il devient «le mécène de la planète Louise, grasse et vitale, il la polissait, la coiffait, lui injectait des vitamines, la labourait et la désinfectait, et, pour la protéger, il avait constitué une armée robuste, dont il était le seul soldat.»

Pendant ce temps son avocat tente de démontrer que son employeur, qui a mis près d’une année avant de constater qu’il était absent, portait aussi une part de responsabilité dans cette «placardisation». Le président Albert Vaxe, dont c’est sans doute l’une des dernières affaires, commence à trouver l’affaire beaucoup plus intéressante que prévue. Et pendant que la camarde aiguise sa faux et qu’une ribambelle de charlatans proposent leurs remèdes miracle, Adrien s’essaie torero à l’assaut des tumeurs ou encore lion pour pousser des rugissements propres à faire reculer les métastases. C’est magnifique et poignant comme tous ces combats que l’on sait perdus d’avance, mais qui sont d’autant plus beaux qu’ils sont inutiles. Il y a la majesté de Don Quichotte dans cette guerre, la poésie fantastique qui se découvre quand sur la plage, il ne reste que L’Ecume des Jours.

2018 pourrait bien être une année riche en découvertes. Odile d’Oultremont, retenez bien ce nom. Car il y a toutes les Déraisons d’y croire !


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Baïkonour

«  La mer était sa maîtresse et résider en solitaire demeurait son seul

intérêt » .

«  Par vent fort, il disparaît à environ sept nautiques des côtes, violemment happé par une vague cannibale qu’il pensait abordable » .

«  La sécurité d’abord. Au quotidien c’était sa servitude, son indiscutable sujétion : bien plus qu’un mantra » .



Trois extraits de ce livre dansant et musical, entre ciel et mer, tendre et gracieux qui se penche avec doigté sur quelques vies ordinaires, au plus près du destin de deux êtres que tout oppose et qui se croiseront , peut - être ?

Anka , fascinée par la mer , vit au bord du golfe de Gascogne , 223000 kilomètres carrés d’une masse d’eau salée recouvrant une plaine d’abysses creusée jusqu’à 4735 mètres , dans une petite ville de Bretagne : Kerlé, 12437 habitants à 20 kms de Lorient .

Coiffeuse de son état ,elle rêve pourtant de prendre le large , de devenir marin pêcheur aguerri comme son père Vladimir : capitaine du BAÏKONOUR . …

Lorsque la mer lui ravit celui qu’elle aimait par dessus tout, elle perd son enfance, ses rêves , sa joie de vivre, son insouciance …..



Sur un chantier , un tout petit peu plus loin , Marcus, qui vient du Sud de la France , grutier , participe à la construction d’un centre commercial.



Depuis les hauteurs de sa cabine , il observe , passionné , la vie d’en bas , attend le passage d’une inconnue jusqu’au jour où ….



Rencontre inopinée en des circonstances peu communes , entre deux solitaires ? ….

N’en disons pas plus .



L’auteure , pétrie de talent décrit l’océan qui vit et vibre sous nos yeux , l’histoire de femmes et d’hommes simples et sensibles très attachants qui nous ressemblent ,un parallèle bien construit entre l’histoire de Marcus et d’Anka !

Une obsession marine, aérienne , maritime, tempêtueuse entre Atlantique furibond , caresse des vagues, visage puissant et incontrôlé de la mer !



L’écriture est magnifiquement travaillée, élégante , fine, précise et poétique .

Un régal !

Un joli livre généreux , une agréable surprise lue rapidement avec grand plaisir.



Belle tranche de vie écrite avec la précision d’un orfèvre .

Bravo aux auteurs belges !

Emprunté par hasard à la médiathèque à cause de la première de couverture !
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Baïkonour

Anka habite Kerlé, village côtier de Bretagne où elle exerce comme coiffeuse alors qu'elle se rêve marin pécheur comme son père, disparu en mer, au grand désespoir de sa mère. Marius, quant à lui, vient du sud où il a laissé son père, grand paresseux devant l'éternel, pour exercer son métier de grutier. Ses talents sont mis à profit dans le village d'Anka où il participe à la construction d'un centre commercial. Alors qu'il était peu probable qu'ils se croisent, ces deux solitaires vont finir par se rencontrer dans des circonstances des plus inattendues...Un chouette roman, très tendre, maritime, aux personnages doux rêveurs et à l'écriture fine et poétique. Une belle lecture découverte grâce à babelio et aux critiques de ses membres. Un grand merci !
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Les déraisons

220 pages de pur bonheur.

Et pourtant, les deux sujets principaux traités sont dramatiques : la mise au placard dans une entreprise, et la mort d’un conjoint.

Mais quelle écriture ! Quel ton !

Adrien rencontre Louise, ils s’aiment, se marient. Mais quelques années plus tard, lors d’une restructuration de son entreprise, il se trouve relégué au fin fond d’un couloir, sans ordinateur, sans téléphone…..

Au même moment, Louise tombe malade, cancer du poumon.

Il décide alors de ne plus aller à son bureau inutile et de consacrer tout son temps à l’amour de sa vie.

Louise est un personnage exceptionnel. Fantasque, inventive, bizarre, créatrice, folle, légère, à l’imaginaire débordant…..

Elle nous entraîne à la suite d’Adrien, dans une vie loufoque et joyeuse, pleine de poésie et de chimères, malgré les métastases, malgré la mort imminente.

Le désespoir est tenu en silence par l’humour et par l’amour.

Elle joue avec les mots, nomme les objets, les fait vivre.

Une aventure folle, et douce, et belle même si on sait qu’elle sera vouée à l’inéluctable.

Dans cette folie douce initiée par Louise, on retrouve un peu la même ambiance que dans « En attendant Bojangles »

On sourit, on rit, autant qu’on a envie de pleurer.

C’est toujours un immense bonheur de découvrir un premier roman de cette qualité.

L’écriture d’Odile d’Oultremont est tout simplement superbe.

Elle a réussi à faire passer tout ce qu’elle voulait faire passer, avec un immense talent.

Quel bonheur de tomber sur un livre de cette intensité.

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Baïkonour

Marcus, jeune grutier, observe la vie d’en haut. Il suit tous les matins les allées et venue des fourmis humaines qui sillonnent la place de Kerlé, la petite ville bretonne où il travaille à la construction d’un centre commercial. Anka, une jeune fille en deuil de son père, marin pêcheur disparu en mer, est à un carrefour de sa vie. Le salon de coiffure où elle travaille est tellement petit et l’océan immense si proche.



Un évènement tragique va permettre à Marcus et Anka de se croiser. Un petit oiseau et un petit poisson peuvent-il s’aimer d’amour tendre ? Petite vie ou grand destin, à l’âge de tous les possibles c’est le moment de larguer les amarres.



Pointilliste du quotidien, la romancière belge Odile D’Oultremont ( qui pour l'instant people a été mariée pendant quinze ans avec l'humoriste Stephane De Grodt) nous entraine dans une ronde tendre et subtile.



Récit d’une émancipation avec en creux une émouvante évocation de la paternité, la romancière fait exister ses héros avec finesse.



Peu de mots, peu de personnages et c’est pourtant tout une délicate comédie humaine qui se dessine.



Un roman sensible et généreux.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les déraisons

Le premier roman d’Odile d’Oultremont, dont j’avais aimé Baïkonour, une référence à L’Écume des jours de Boris Vian en quatrième de couverture, voilà qui devait me faire aimer Les Déraisons.



Et cela commence bien, mais à la longue cela m’a lassé, je devais lutter pour ne pas sauter des lignes, non pas tellement pour connaître la suite, mais surtout parce que cela me semblait pesant…



Tout est loin d’être mauvais toutefois : les scènes au tribunal sont réjouissantes, il y a bien une certaine similitude avec Boris Vian (même le dentifrice y apparaît), mais sans la légèreté que j’aime dans l’Écume des jours. L’héroïne en fait trop. Ces déraisons me paraissent trop déraisonnables…



Intéressante aussi cette représentation du monde du travail dans une grande société où l’annonce d’une restructuration sème le trouble, où l’on peut littéralement mettre quelqu’un au placard.



Intéressant aussi ce couple formé de personnes tant dissemblables, mais se révélant très fusionnel, c’est une célébration de l’amour et du fantasque.



Au final, une certaine déception.
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Les déraisons

****



Il était une fois une femme née sur notre Terre mais qui ne faisait pas totalement partie de notre monde. Louise avait pour amis les mots, les couleurs, la danse et la face cachée des choses. Elle a grandit en silence, à l'ombre d'un père disparu et d'une mère floue. Elle a vécu dans une maison d'artiste avec son chien Le-Chat. Mais le jour où Adrien frappe à sa porte, elle l'entraîne dans son sillage et naît alors de ce couple une douce et profonde histoire d'amour. Mais leur vie décalée, remplie d'humour et de jeux va-t-elle pouvoir surmonter la maladie de Louise et la mise au placard professionnelle d'Adrien ?



Que ce premier roman d'Odile d'Oultremont est tendre et poétique ! Chaque mot nous apporte lumière, joie et sourire. Malgré les thèmes difficiles abordés tout au long de l'histoire, l'auteur nous entraîne dans le monde de Louise. On se laisse emporter par la vague de cette jeune femme libre. C'est d'une enfance solitaire qu'elle tire tout cet univers joyeux, où tout est source de jeux et de rires. On passe des larmes aux sourires, de la tendresse à la tristesse, et on se plait à croire que cette Louise existe bel et bien quelque part... Et qu'il nous reste encore un peu de temps pour la trouver et se laisser envahir par tout l'amour qu'elle porte en elle...
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Une légère victoire

Une rencontre et deux vies qui basculent



Le troisième roman d'Odile d'Oultremont raconte la rencontre d'une jeune femme et d'un homme qui purge une longue peine de prison. Il lui a proposé de la rencontrer après avoir appris que c'était elle qui venait de tuer accidentellement sa fille. Un rendez-vous fort en émotions.



Nour Delsaux est assistante de rédaction dans un quotidien. Yarol Ponthus est en prison depuis près d'un quart de siècle. Constance Rodriguez est orpheline et dépressive. Un jour ordinaire, plombé par une météo tristounette, Nour renverse Constance, la fille de Yarol. Elle meurt sur le coup.

Quand le prisonnier apprend la mort de sa fille, c'est sa seule raison de vivre qui s'effondre. Lui qui redoutait le jour où, après avoir purgé sa peine, il retrouverait la société des hommes, n'a désormais plus aucune envie de sortir. En prison, il a désormais ses habitudes, son coin de potager et Zoltan, avec qui il partage sa cellule. Et les obsèques de Constance, auxquelles il a été autorisé d'assister, n'ont fait que le traumatiser davantage.

Le moral de Nour n'est guère meilleur. Elle se sent coupable, comme Yarol, elle a tué. «Elle se sent broyée sous le poids d'une charge démesurée, elle est épuisée, constate jour après jour une fielleuse lassitude grandir en elle».

Quand elle reçoit le courrier de Yarol l'invitant à lui rendre visite en prison, elle ne comprend pas sa démarche. Mais quand Jeff, son compagnon, lui intime l'ordre de ne pas y aller, elle décide tout à la fois de se séparer de cet homme si intransigeant et si peu à l’écoute et d'accepter la rencontre. Même si elle ne comprend pas vraiment ce qui motive cette demande.

Comme dans ses deux précédents romans, Les Déraisons et Baïkonour, Odile d'Oultremont s'attache aux rencontres improbables, aux échanges inattendus. Entre l'assistante de rédaction et le taulard, le choc est extrême. S’il ne s’agit pas ici d’un vertige amoureux, le sentiment qui unit ces deux parfaits inconnus est tout aussi fort. Ils sont rongés par la culpabilité. La romancière montre avec beaucoup de sensibilité combien leur confrontation va les pousser à envisager différemment les choses, en tentant de se mettre à la place de l’autre. Une remise en cause qui va entraîner le lecteur à se positionner. Et ce n’est pas là la moindre des vertus de ce roman qui une fois encore confirme tout le talent d’Odile d’Oultremont.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Une légère victoire

« Les yeux de Ponthus brillent d’une lumière douce et son visage semble à l’affût, quelque chose affleure, il le sent, en lien avec la joie ou le risque de la joie. Mais il se tait. À cet instant précis, dans ses entrailles, il a beau être le plus heureux possible, il s’arroge le droit de ne pas être apte à l’exprimer. Pas encore. Tout ne peut pas être si simple. Les progrès sont comme des poussins, ils forcent la coquille et éclosent en petits miracles, peinant parfois à trouver leur place ensuite. En ce jour de printemps qu’il constate par la fenêtre fendue là-haut de sept barreaux, vient à Yarol la pensée d’une légère victoire. »



Les hasards de la vie ou la rencontre improbable entre Yarol, détenu en fin de peine et Nour, jeune assistante de rédaction à l’étroit dans son couple. Une rencontre qui va les bouleverser et changer le cours de leur existence…

Un ouvrage d’une belle humanité, dans la continuité de Baïkonour (que j’avais beaucoup aimé) sur les exclus de la société et la difficulté à trouver sa place.

Culpabilité, paternité, deuil sont abordés avec beaucoup de justesse dans ce texte âpre, poétique, et toujours captivant.
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Une légère victoire

C'est l'histoire de deux destins qui se percutent entre un taulard et une jeune femme ; celle-ci vient d'écraser la fille du premier.

L'alternance des chapitres racontent comment chacun va vivre cet évènement.

Cela parait triste dit comme ça mais la plume, tout en subtilité, de l'auteure arrive à nous procurer de l'émotion et un peu de légèreté.

Bien sûr, il est question de culpabilité mais de beaucoup de solitude aussi et de difficulté à trouve sa place.

La milieu carcéral est envisagé par le prisme de l'amitié, de la solidarité entre détenus et par la peur de la liberté qu'éprouve ce père endeuillé.

Les pages s'enchainent ; ces deux-là vont-ils se rencontrer, se pardonner et surmonter leur chagrin ?

On croise un directeur de prison, un prêtre, une femme qui saura avoir les bons gestes le jour de l'accident, une mère, une sœur et ceux qui ne sont déjà plus là.

Les personnages sont attachants et émouvants.

Un roman poignant et délicat.,



Merci à lecteur.com pour cette découverte
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