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Critiques de Olga Ravn (28)
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Les employés

Je vais finir par croire que la SF nordique, ce n'est simplement pas pour moi. (Sauf Amatka qui était excellent.) On y retrouve toujours une plume très stylisée, souvent au dépend du fond.



Ici, l'autrice a certainement un grand talent. (Contrairement, par exemple, à l'auteur de LoveStar.) Elle nous tisse une histoire à bord d'un vaisseau spatial simplement à partir des "dépositions" des travailleurs. L'intrigue est un espèce de puzzle que l'on peut reconstituer par soi même au fil de la lecture. Si l'exercice est certainement intéressant, la lecture n'en est pas moins fastidieuse. Beaucoup d'emphase est mise sur l'ambiance, les sens et tout cela, au point où l'histoire elle-même est finalement plutôt un prétexte qu'autre chose.



Comme je disais : intéressant. Mais définitivement pas pour moi.
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Les employés

Dans la série des romans expérimentaux les plus barrés de la science-fiction et de l’imaginaire en général, Les Employés d’Olga Ravn trouve une place de choix. Second roman de cette autrice et poétesse danoise, Les Employés nous emmène à bord d’un vaisseaux spatial où cohabitent humains et non-humains (ou ressemblants, sorte d’androïdes de plus en plus perfectionnés au fur et à mesure des générations).

Inspirée par les travaux artistiques de la sculptrice contemporaine Lea Guldditte Hestelund, Olga Ravn livre une odyssée spatiale très loin des sentiers battus qui nous arrive en français grâce aux éditions de La Peuplade, petit éditeur québécois plein d’audace et de courage.



Vers l’infini…

Commençons d’abord par rassembler les éléments à notre disposition.

L’action des Employés se déroule dans un immense vaisseau spatial appelé le six millième vaisseau. Sa destination est inconnue, on sait juste qu’il a quitté la planète Terre pour s’aventurer dans l’éternité galactique à la recherche de quelque chose…mais quoi ? Une planète habitable ? Une autre civilisation ? Une preuve de l’adaptabilité de l’homme dans l’espace ?

Peu importe. Contrôlé par l’Organisation, le six millième vaisseau découvre deux choses : La Nouvelle Découverte (que l’on suppose être une planète habitable ou au moins son équivalent) et des Objets. Ces derniers sont entreposés dans certaines salles du vaisseau et gardés/soignés/observés par les employés.

Afin de recueillir les sentiments et les impressions des hommes et femmes d’équipage au contact des Objets, l’Organisation décide d’entendre la déposition des employés à tour de rôle… ce qui va en réalité constituer le présent roman, succession de dépositions au mieux étranges au pire totalement cryptiques.

Parmi ses dépositions, on s’aperçoit rapidement que l’histoire dérape vers les relations entre humains et ressemblants puis, lentement, vers une révolte des ressemblants envers leurs collègues (maîtres ?) humains et l’Organisation.

Voilà de quoi éclairer un tantinet le lecteur qui s’aventure dans Les Employés, roman science-fictif post-moderne où la philosophie et l’art prennent régulièrement le pas sur les péripéties de l’équipage.



Shape of you

Une fois ces bases narratives expliquées, passons au reste.

Les dépositions s’enchaînent, souvent de taille modestes et percutantes, et la première étrangeté apparaît. Décrivant en réalité les sculptures de Lea Guldditte Hestelund, Olga Ravn prolonge l’expérience artistique sur le plan littéraire en s’interrogeant sur le rapport de l’homme à la forme des choses.

Dans certaines salles du vaisseau, des Objets à l’origine inconnue et aux formes impossibles sommeillent. Les différents personnages qui viennent témoigner au sujet de ces Objets révèlent peu à peu leur tendance à humaniser ces formes inertes et, à force d’une exposition prolongée, à leur donner des noms, des qualités et des sentiments. Le processus, aussi complexe que surréaliste, a quelque chose d’étrangement fascinant. L’autrice déporte le cadre science-fictif pour s’interroger sur nos perceptions ainsi que notre tolérance face à l’inexpliquable. Les Employés serait-il un roman-Milgram où le lecteur observe les réactions d’humains confrontés à des phénomènes incompréhensibles ?

La forme occupe une place prépondérante dans les premières dépositions et continue à obnubiler Olga Ravn à mesure qu’elle dévie de son axe de réflexion principale pour faire intervenir les ressemblants, des androïdes plus ou moins perfectionnés qui adoptent la forme des hommes mais sans prétendre aux mêmes sentiments et ambitions.

Doucement, mais sûrement, Les Employés devient une réflexion de fond sur ce qui compose l’être humain et sur ce qui le limite en tant qu’être pensant.



Leitmotivs de survie

Comme beaucoup d’autres auteurs de Weird Fiction ou de romans expérimentaux, Olga Ravn emploie des récurrences narratives.

Outre les allusions au six millième vaisseau ou aux Objets, le roman nous cause régulièrement du Docteur Lund, Dieu-créateur des ressemblants, du cadet 4 et du troisième pilote, tous les deux disparus dans des conditions mystérieuses et qui semblent cristalliser les esprits.

Roman sensoriel avant tout, Les Employés use et abuse des cinq sens et capte ainsi les fondamentaux de l’homme : sentir, ressentir, voir, entendre, goûter… Tour à tour sexuel et sensuel, les rapports entre les objets et les hommes, puis entre les ressemblants et les hommes permettent de définir l’humain en tant que matière vivante et espèce…en voie de disparition.

Tout ce travail se destine finalement à capter le point de divergence qui existe entre les deux espèces, ressemblants et humains, et leur comportement face à la mort certaine promise par l’Organisation.

Une Organisation qui ne sera jamais vraiment identifiée mais qui renvoie à un proto-système totalitaire où capitalisme et eugénisme semblent avoir trouvé leur accomplissement premier. Les Employés travaillent peu importe la pénibilité de l’environnement, les ressemblants sont mis à jour afin de rester dociles et lucides, les sentiments humains sont disséqués pour mieux être digérés et l’homme, au fond, devient un animal de laboratoire (spatial).



Aussi froid et radical que dense et déroutant, Les Employés invite le lecteur à une balade intergalactique d’une originalité renversante et bien souvent hermétique. Olga Ravn trouve pourtant dans cette épopée spatiale le chaînon manquant entre Solaris et 2001 où l’art sert à définir l’homme et non l’inverse. Fascinant jusqu’au bout des angles.
Lien : https://justaword.fr/les-emp..
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Les employés

e texte est une compilation de dépositions. Celles-ci ne sont pas dans l'ordre, de longueur très variable, parfois expurgées, et il en manque certaines. Devant des enquêteurs à l'identité inconnue, les membres d'équipage racontent ce qui se passe dans le six millième vaisseau depuis que des objets venus de La Nouvelle Découverte sont stockés à bord. « Je sais que vous dites que je ne suis pas dans une prison ici, mais les objets m'ont dit le contraire. » (p. 27) Ces artéfacts sont-ils vivants, conscients, sentients ? Sont-ils responsables des dérèglements émotionnels qui affectent les humains et les ressemblants ? « C'est peut-être la raison pour laquelle vous me prenez pour quelqu'un de criminel. À moitié humain, fait de chair et de technologie. Quelqu'un de trop humain. » (p. 19) Et qu'est-il arrivé au cadet 4 et au troisième pilote ? À mesure des dépositions, il est évident que la production à bord est menacée et que le six millième vaisseau est en perdition.



Avec son découpage haché et lacunaire, le récit oblige le/la lecteur·ice à combler les manques et à accepter qu'iel n'aura pas toutes les réponses. Et c'est aussi bien, car le centre de la réflexion est l'humanité et ce qui la caractérise. Faut-il être né·e pour être humain·e ? Un être conçu dans une machine, créé pour être parfaitement ressemblant à l'humain, ne peut-il pas prétendre à la même définition ? Évidemment, les ombres tutélaires de Philip K. Dick et Isaac Asimov planent sur ce roman, mais Olga Ravn propose une œuvre de science-fiction sensible et inclusive.
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Les employés

J'aime profiter des possibilités offertes par les services presses pour aussi faire des découvertes que je n'aurais pas osé autrement. Ce fut le cas ici avec Les Employés d' Olga Ravn, une poète et romancière danoise, également traductrice et critique littéraire, qui m'a permis de découvrir un pan de la SF du nord de l'Europe.



Cependant, Les Employés ne fut pas une lecture facile, non pas que le style était hermétique, non pas qu'il y avait des concepts complexes, mais tout simplement parce que la nature même de la nouvelle et son contenu étaient étranges pour ne pas dire flous. En fait, heureusement que j'avais lu le résumé avant car il m'a donné un fil rouge à suivre tant il était plus clair que la lecture de la nouvelle en elle-même... Il faut donc être prêt à accepter d'être dans le flou le plus complet pour ensuite recevoir la surprise finale qui vient éclairer ce texte.



Ce texte, c'est pendant longtemps une suite de dépositions sans queue ni tête faites par des humains et autres choses : les Ressemblants, des robots j'imagine, sur leur visite et le nettoyage de pièces, d'objets singuliers. Pourquoi nous présente-t-on cela ? Parce qu'il y a eu un mort ? Parce que quelque chose cloche sur le vaisseau ? On ne saisit pas bien et on se demande longtemps quel est le message de l'autrice. 



Puis, les dépositions s'allongent, leur contenu devient plus clair et on commence à voir poindre une allégorie sur l'aliénation du travail, sur la religion aliénatrice, ainsi qu'une métaphore sur la vie en mode : métro, boulot, dodo. Et ça commence à prendre sens.



La voix désenchantée qui accompagne chacun des témoignages est saisissante. Cela donne un ton un peu démoralisant à l'ensemble. D'ailleurs le fait que l'autrice interroge sur la définition de ce qui fait un être humain va également dans ce sens car la réponse n'a rien de réjouissant ni la façon d'y parvenir. L'aventure, elle-même, qui se tisse dans les dernières pages est sombre et morose. On assiste à la pauvre vie des humains qui sont partis sur ce vaisseau et vivent mal d'avoir perdu leur terre natale. La parano monte également au sein du vaisseau et des dissension naissent entre les 2 groupes d'employés, ce qui était inéluctable.



L'autrice n'offre pas un récif positif et optimiste mais plutôt un lent glissement d'un désenchantement à l'autre, d'une déception à l'autre. Elle dévie aussi de la découverte qu'on aurait pu imaginer positive et curieuse des étranges objets des débuts, à la descriptions des problèmes de communication entre humains et Ressemblants. Seule la déposition finale revêt peut-être un peu d'espoir et d'amour.



Les Employés n'est donc pas une lecture simple. C'est une lecture étrange où il faut accepter de se laisser porter sans comprendre et tous les lecteurs ne sont pas ainsi. Heureusement que le format est court car je ne sais pas si j'aurais accepter de vivre ça à une autre échelle, avec la même proportion de moments où je me sens perdue. Cependant la nouvelle prend toute son ampleur dans un épilogue ravageur et percutant qui donne presque envie de la relire sous ce nouvel angle. Ça m'a diablement donné envie de découvrir de la SF danoise dans un format plus long, alors si vous avez des recommandations, je suis preneuse !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Les employés

C’est un drôle d’objet littéraire que ce livre. Sans contexte défini en tant que tel le récit prend corps dans notre imaginaire au fur et à mesure de la lecture. Une expérience de lecture qui vaut vraiment la peine d’être vécue.

L’histoire paraît simple : dans un vaisseau spatial, près d’une planète nommée Nouvelle découverte, se côtoient des êtres humains et des ressemblants. Les ressemblants sont définis comme ceux qui ne sont pas nés. Ils ressemblent en tous points aux humains sauf que, pour des raisons d’éthique, ils n’ont pas d’organes de reproduction. Poussés par une énorme curiosité vis-à-vis des humains, ils découvrent la conscience et parviennent à un stade supérieur d’évolution mais avec une déviance inquiétante pour certains ce qui va conduire à un conflit.

Mais en deçà de cette simplicité, outre la manière dont l’histoire est traitée : une série d’entretiens qui amèneront Homebase, sur terre, à décider du sort de l’équipage, et la forme poétique que prennent ces dépositions surtout quand il s’agit des réactions de l’équipage au contact des objets qu’ils récoltent sur Nouvelle Découverte, on est amené à s’interroger sur l’essence de ce qui fait un être humain et de ce qui le limite.

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Les employés

Vous connaissiez les OVNI, voici un OLNI, objet littéraire non identifié, signé Olga Ravn, une poétesse danoise qui s’essaie ici à la prose. De quoi parle Les Employés ? Du travail d’une commission d’enquête au sein du six millième vaisseau. Celui-ci a quitté la Terre pour explorer La Nouvelle-Découverte sans espoir de retour. À son bord d’étranges incidents se produisent après l’observation prolongée de certains « objets » qui ont été trouvés sur la planète. La commission va donc interroger l’ensemble de l’équipage, humains comme ressemblants, pour tenter de comprendre ce qu’il se passe et prendre une décision sur la poursuite ou non de la mission.

L’histoire elle-même des Employés se dévoile par petites touches, plus par des impressions sensorielles, des rêves, des hallucinations et des réminiscences du passé que par un enchaînement linéaire de faits. Nous ne rencontrons jamais les membres de ladite commission, mais nous ne lisons qu’une série de dépositions numérotées très courtes. Certaines ne font que quelques lignes, la plus grande ne dépasse pas quatre pages. Peut-être certains employés témoignent-ils plusieurs fois, et peut-être que non. Certains sont clairement identifiés comme humains, d’autres comme ressemblants (des androïdes immortels similaires à ceux de la série Äkta människor – Real Humans), d’autres restent dans un entre-deux flou vis-à-vis du lecteur, de la commission et pour certains d’eux-mêmes.

En remontant dans les souvenirs et les sensations des anonymes faisant ces dépositions, Olga Ravn nous dresse le portrait d’une société oppressive et interroge l’humanité de ses employés. Son écriture fluide est également très organique. Sons, images, goûts et odeurs sont convoqués pour montrer son coin d’univers. Les objets, inspirés des installations et sculptures de Lea Guldditte Hestelund, n’ont qu’un rôle de catalyseur pour les frictions qui vont apparaître au sein de l’équipage. Et pourtant, ils sont si graphiquement restitués que le lecteur les sent presque palpiter au bout des pages.

Ai-je aimé ce livre ? Je ne saurais le dire après une première lecture. Il m’a intrigué, touché et me donne envie de le redécouvrir. Peut-être cette fois-ci en lisant les dépositions par ordre croissant des numéros et non au fil du texte ?


Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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Les employés

Ce court roman m’intriguait beaucoup : déjà, je ne pense pas avoir déjà lu d’autrice danoise de SF auparavant, ce fut donc une excellente occasion pour découvrir cette littérature étrangère. Le résumé m’interpelait aussi, avec cette cohabitation d’humains et de ressemblants et ces étranges artefacts. C’est un texte très court, fragmentaire, qui se lit d’une traite.



Un vaisseau gigantesque s’est posé sur la planète Nouvelle Découverte et l’équipage a ramené des objets dont les employés prennent soin chaque jour. L’équipage est composé d’humains et de ressemblants, qui sont des androïdes humanoïdes. Chacun va s’exprimer au travers de dépositions destinées à l’Organisation, témoignage de leur rapport aux objets étranges présents à bord, et de leur vie communautaire qui s’avère plus tendue depuis l’arrivée des objets. C’est à la fois très plaisant de découvrir d’aussi nombreux points de vue que difficile de s’ancrer dans la communauté, car on papillonne d’un personnage à un autre, sans vraiment s’identifier.



Les dépositions sont assez courtes, brèves qui donnent un rythme de lecture très rapide au roman. Le texte se doit d’aller à l’essentiel et c’est exactement ce qu’il fait. C’est ainsi que l’autrice parvient en une ou deux phrases percutantes à nous faire ressentir ce que le personnage expérimente. Le format court et efficace, avec une forte couche d’introspection et d’intime, est privilégié. Le malaise s’installe de plus en plus, à cause de ces étranges objets que les employés doivent garder sans comprendre leur utilité/finalité, ainsi qu’avec les tensions naissantes au sein du vaisseau.



On enchaine les « chapitres » et on explore au travers de ces témoignages à la fois le ressenti humain, mais aussi l’évolution du comportement des ressemblants. Il est intéressant de voir qu’on a parfois du mal à faire la différence entre les paroles des uns ou des autres : a-t-on affaire à un humain ou à une machine pensante? Le livre questionne notamment cette question d’intelligence artificielle : jusqu’où la machine peut-elle s’humaniser ? Quelles sont les limites de son évolution mentale ? Le fait que l’Organisation récolte les témoignages des ressemblants comme ceux des humains est très intéressant à noter !



Les objets sont restés de grands mystères pour moi. J’avais l’impression qu’ils évoluaient de forme, de texture, de couleur… en fonction de qui les approchait. Chacun avait sa propre perception de la chose, l’objet faisait ressurgir des souvenirs enfouis et fait appel aux cinq sens de l’observateur. Des interprétations diverses sont nées, sur les usages, la composition. Il est intéressant de voir comment un sujet identique peut être traiter de mille façons et peut évoquer diverses réminiscences.



Un roman court atypique, choral et fragmentaire avec d’étranges objets, des machines humanoïdes pensantes et des humains pareils à eux-mêmes. De la SF comme je l’aime : bizarre, inattendue et qui donne à réfléchir !
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Les employés

Nous sommes à bord d'un vaisseau (le six millième), très très très loin de la Terre, nous allons quelque part, c'est certain, et nous sommes probablement à un moment donné, mais quand ? En attendant, nous dérivons, entre humains et ressemblants, les employés. Des témoignages de ces personnes et moins-personnes sont recueillis pour mieux connaître leur expérience à bord du vaisseau. Avec eux, les objets. Mystérieux, indéfinis, apportant leur lot de curiosité, et d'impact sensoriel. Il se passe à la fois peu et plein. Tout est à la fois travail, sensation et souvenirs.



Les récits s'attardent d'abord sur ces objets, incompréhensibles, qui ne ressemblent à rien de connu, pas comme les ressemblants qui ressemblent aux humains et dont les souvenirs d'humains ont été implantés, sans pouvoir faire sens néanmoins. Ce qui prendra d'ailleurs de plus en plus de place dans les témoignages des ressemblants. Qui sont-ils, pourquoi ont-ils été créés comme des humains, alors que rien des humains ne semble vraiment approprié. Et puis il y a des disparitions. Et l'étrangeté toujours croissante, à la fois des objets et des ressemblants, qui pourraient bien être la cause des disparitions.



Il faut se laisser porter, car narrativement, il ne se passe rien, tout est récit de chacun. Une trame se dessine petit à petit, mais l'important c'est ce qui est ressenti. Les mémoires, les odeurs, les rêves, les programmes, la nostalgie, le toucher, les craintes, l'avenir, le goût. Le vaisseau dérive toujours plus loin de la Terre, du connu, et il faut se laisser porter, quoi faire d'autre ? Les ressemblants sont à la fois trop humains et pas assez. Seront-ils la relève, dans un ailleurs, dans un après ? Il faut lire ce livre comme une expérience, une performance, ne pas trop chercher, se laisser porter. Devenir mousse, herbe, là où elle n'aura jamais dû pousser, devenir objet, impalpable, devenir abstraction, programme. Attendre la fin. Se télécharger dans l'infini. Un récit qui questionne sur la singularité, la frontière entre l'humain et l'artificiel.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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Les employés

Une série de témoignages plus ou moins courts, ou plus ou moins longs, dans un vaisseau appelé le 6000è vaisseau. Il y a des Humains, des Ressemblants, des oeufs bizarres, peu de décors. On ne comprend pas grand chose à ce qu'il s'y passe, mais l'étrangeté globale prend très vite le pas sur le sens, bien qu'on y devine en filigrane pas mal de choses. Quoi qu'il en soit, un livre exigeant, très bien édité (pas l'ombre d'une coquille), qui vous laissera complètement de marbre ou attisera votre curiosité avec une certaine gourmandise des mots comme ce fut le cas pour moi. Bref, un bien étrange livre, pour un bien étrange moment à passer en compagnie d'étranges et diaphanes employés d'une non moins étrange compagnie, si vous décidez de lâcher prise et d'accepter que le plus étrange et étranger dans cette histoire, c'est peut-être bien le lecteur jusque qui est parvenu ce roman SF inclassable et iconoclaste de la danoise Olga Ravn
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Ici, le space opera n'est qu'une toile de fond. L'auteur ne donne pas l'impression de bien connaître la science-fiction ; peu importe, ça n'impacte pas négativement l'histoire. Le thème de l'histoire est limpide : c'est le travail. On trouve des artefacts sur une planète qu'on ramène à bord du "six-milième vaisseau", puis il se passe des choses. L'histoire est divisée en dépositions que font les occupants du vaisseau, ça crée un décalage. Mais la façon de raconter est assez imagée et symbolique. La déposition 006 m'a absolument écœuré : j'ai été très en colère contre l'auteur.
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L'écriture dans la science fiction est une composante bien trop secondaire dans les romans aujourd'hui. Lorsque je lis une chronique ou un avis sur un roman, on ne prend pas beaucoup de temps pour parler de l'écriture, on préférera s'arrêter sur l'histoire, l'univers, les personnages ou encore l'intrigue.

Pourtant, les plus grands auteurs de SF sont reconnaissables de par leur style. Asimov et son verbe ampoulé, scientifique qui prend le temps de la description, K.Dick et ses univers torturés, proposera une écriture bien plus chaotique et déconstruite. Chacun de ces auteurs ont là une vision du monde qui leur est propre par le biais de leur écriture.

Le roman se lit comme un rapport de documents, nous sommes les interviewers et nous devons rendre compte de ces témoignages. Au fur et à mesure des feuillets, un sentiment d'oppression et de relâchement se dessine. Des tensions existent mais ne sont pas claires, une violence sourde a envahit le vaisseau et deux clans bien distincts s'opposent. Pourtant quelque chose semble les unir, la relation aux objets. Unique a chacun, lunaire pour certains, catastrophique pour d'autres, l'étau se resserre et le vaisseau continue son odyssée infini à travers les volutes spatiales, bravant l'espace, le temps et la mort.

L'écriture, pour en revenir à cet aspect est froide, dépourvue de sentiments et pourtant elle force la catharsis. Quel est notre rapport à l'essence même des mots lorsqu'on est éloigné de nôtre planète et que notre rapport au temps n'existe plus ?

Chaque témoignage est unique, du plus précis au plus concis, l'écriture d'Olga révèle une maîtrise parfaite des codes de la SF. Sans tomber dans la facilité du scénario catastrophe, elle invite son lectorat à réfléchir sur des concepts flous en y ajoutant une difficulté supplémentaire, en plaçant ses témoignages hors du temps. Intemporel.

Les Employés dessine furtivement les contours des prochains êtres humains, ceux qui voyageront loin très loin, pendant longtemps, très longtemps. De quoi se souviendront-ils, qu'est-ce qu'on leur laissera. Un début de réponse repose entre les lignes de ce roman.
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Je l'attendais avec impatience à la bibliothèque, mais quelle déception.



Dès le départ, on manque d'informations pour comprendre le contexte, avec une écriture très peu agréable. Au fur et à mesure, on sent le changement de situation, on trouve un sens et ça se termine sans avoir un effet Wow.
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« Je souhaiterais un nouveau poste(…) Je sais que les compétences qui m’ont été octroyés n’y seront pas utilisées au maximum, mais cette souffrance que je ressens ne compte-t-elle pour rien dans ce contexte? Je vais oser l’hypothèse que cette souffrance diminue la qualité de mon travail et peut même contaminer mes collègues, ce qui entrainerait des effets négatifs. »



Menfin, à quand notre société comprendra-t-elle cette donnée? Peut-être ne veut-elle pas l’entendre, que ça sert quelques despotes…?



Le roman est bâti sous forme de plus de 180 dépositions d’un type d’enquête, plutôt de recherche de cas…

Oeuvre qui se lit d’une traite.
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J'ai découvert ce roman grâce à bookstagram où les avis étaient plutôt positifs et m'ont fait craquer pour que je l'achète le mois précédent. Et franchement, je ne regrette pas car c'était une très agréable surprise que ce soit pour l'histoire ou alors pour le style d'écriture. Ce roman est écrit sous la forme de très courts chapitres qui sont en réalité des dépositions de différents employés du six millième vaisseau. Il en va sans dire que nous sommes dans un futur lointain et à des millions de kilomètres de la planète Terre. Pendant une période de 18 mois où une commission recueille des témoignages sur des activités étranges d'objets du vaisseau qui bourdonnent et influent sur les rêves des employés.

Un récit assez glaçant mais qui nous offre un superbe roman de science-fiction.
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Les 99 dépositions des humains et des ressemblants de l’équipage du six millième vaisseau, posé sur la planète où ont été découverts les Objets, pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. Somptueux d’intelligence et de poésie décalée, de spéculation hybride et d’étrangeté.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/01/25/note-de-lecture-les-employes-olga-ravn/



À bord du six millième vaisseau, posé sur une lointaine planète apparemment habitable où ont été découverts de mystérieux artefacts, objets ou être vivants (à ce stade, on ne sait guère encore de quoi il s’agit), objets qu’il s’agit chaque jour de nettoyer, surveiller, alimenter, des humains travaillent inlassablement, aux côtés de ressemblants, androïdes sophistiqués et évolutifs qu’il semble bien délicat de distinguer à l’œil nu des humains authentiques, tous étant quoi qu’il en soit sous les ordres et les protocoles de la Compagnie, tentaculaire et déterminée. Il est possible néanmoins que quelque chose ait plus ou moins mal tourné, puisque le présent roman est composé (presque – mais ce presque est évidemment essentiel) uniquement de 99 dépositions des membres d’équipage, humains et ressemblants confondus, tous employés (au sens originel du terme robots, donc), devant une forme de commission d’enquête (ou, pourquoi pas ?, de revue annuelle des ressources humaines) dont on ne connaîtra pas les questions, mais uniquement les réponses apportées successivement par les personnes interrogées.



Publié en 2018 et traduit en français en 2020 par Christine Berlioz et Laila Flink Thullesen aux éditions de La Peuplade (et désormais disponible en poche chez Pocket SF), le deuxième roman de la Danoise Olga Ravn propose une science-fiction originale et stimulante, maîtrisant tranquillement un certain corpus canonique (dans lequel figureraient aussi bien Arthur C. Clarke que Ridley Scott), pour le subvertir avec une grâce inquiétante en l’inscrivant résolument dans un contexte nettement spéculatif, poétique (on songera par exemple à la puissance brutale de l’épopée « Aniara » de Harry Martinson, en 1956) et esthétique proche de certaines explorations judicieuses effectuées par l’art contemporain (l’autrice revendique très directement la résonance avec Lea Gulditte Hestelund, dont les travaux sont de facto les « Objets » présents dans le roman – dans une passionnante conversation à lire ici en anglais -, mais certaines compositions de pierre et de bois élaborées par Jean-Paul Philippe, quoique nettement moins organiques, ne sont peut-être pas si loin non plus).



En mobilisant avec discrétion et élégance toutes les ressources du weird et de l’étrangeté d’autant plus radicale qu’elle ne se montre pas d’abord comme telle (comme le pratique par exemple avec tant de brio le Jeff VanderMeer de la trilogie du Rempart Sud, et en particulier du premier tome, « Annihilation »), Olga Ravn conduit une intense exploration spéculative des frontières de la machine et de l’humain (on songera sûrement aux « Machines insurrectionnelles » de Dominique Lestel, ou aux « Robopoïèses » d’André Ourednik) mais également des contours flous et mouvants des hybridations physiques ou métaphoriques (à l’image de l’Alain Damasio des « Furtifs » ou de la Céline Minard de « Plasmas ») : c’est pourquoi, à propos d’un travail intense de sape intelligente des frontières physiques et littéraires, on ne peut que se féliciter (comme c’était par exemple encore récemment le cas avec le sublime « Hors sol » de Pierre Alferi, passé de P.O.L. en grand format à Folio SF en poche) que des directrices et directeurs de collection SF n’hésitent plus à nourrir le vital corpus science-fictif de textes qui n’y sont pas inscrits d’emblée éditorialement (en publiant donc maintenant en Pocket SF ce texte d’abord repéré par La Peuplade).
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Les employés

Les employés est un roman atypique qui ne nous apporte jamais de réponses claires sur ce qui se déroule, ni de conclusions aux questionnements apportés par son intrigue. Intéressant néanmoins, c’est un texte assez beau à la narration originale qui nous laisse des sensations très prégnantes.



Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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Les employés

Un roman vraiment surprenant et original.

Il n'y a pas vraiment d'histoire puisque le récit se déroule au fil des dépositions enregistrés des personnes humaines et des ressemblants qui vivent au bord de ce vaisseau très particulier.



L'auteur interroge les questions d'appartenances, les sentiments des robots et leurs quêtes pour la liberté et les conséquences (bonnes et mauvaises) d'une révolution.



Un petit roman unique en son genre qui m'a bien plu, mais qui est très difficile à décrire.
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Les employés

Crissures sur une vitre gercée de froid, « Les Employés » est un voyage intergalactique de renom. Empreint d'une science-fiction perfectionniste, sans le moindre écart, d'anticipation affranchie, plus que tout l'écriture et sa puissance de lévitation sont à l'honneur. Nous sommes en plongée dans cet entre monde, une satire moderne, un ailleurs où l'envergure littéraire est immensité. Prenez place sur « le six millième vaisseau ». Dans ce dernier se trouvent « Les Employés » qui sont -ils ? Que font-ils ? Quel est le sens, la folie, la préméditation d'un tel périple ? Il y a les humains, les ressemblants. Tout est dit ? Eh bien non. Des êtres de chair et d'os, des émigrés, des passagers déracinés de la terre-mère embrigadés de force. Des humanoïdes superbement intuitifs, dotés de pensées, de sentiments. Qui est qui ? Durant dix huit mois, la parole se libère sur ce vaisseau. Tous vont s'exprimer, en dépositions des plus pragmatiques sans jamais pourvoir au pas de côté. « Dites -moi, est-ce vous qui avez implanté cette impression en moi, cela fait-il partie du programme ? Ou bien est-ce que ce tableau s'est formé spontanément, est-ce qu'il vient de moi ? » Les entrelacs fusent. Les délivrances s'estompent au fil de cette traversée. Les humains sont en proie à la nostalgie des essences existentialistes. « On trouve dans la chanson ce Monsieur Lund inconnu qui se languit de chez lui, et moi je suis derrière lui, sur la route près de chez moi, et je regarde les oiseaux perchés sur les fils électriques tandis que le matin blanchit, et je pleure. » Que va-t-il advenir de ce vaisseau ? de ces maillons assemblés dans un destin funeste et irrévocable ? Les objets dont les soins apportés par tous élèvent le contre-champ en mimétisme sont dotés de sens, de sentiments. Echappées de la glaise Terre, Arche de Noé, recommencer dans ce vaisseau les existences intergalactiques. L'écriture est belle à pleurer. On ressent les vibrations des interdits, de ce qui échappe au raisonnable. « Suis-je un humain ou un ressemblant ? Suis-je rêvé ? » Les tourbillons sont des électrochocs. le vaisseau conditionné par les prismes sectaires, devient un symbole. « Si j'appuis fort sur mon sein, on peut encore y voir une ou deux gouttes de lait, mais pour qui, pour quel usage, qui va se nourrir de ce presque rien sur le six millième vaisseau ? » Les représentations sont effacées. Résistent les objets, bloc unitaire, sceau qui se doit de perdurer pour l'après. Métaphores qui se détournent du machiavélique. « Ici on ne vole pas sous un ciel, mais au travers d'une éternité qui dort. » Olga Ravn délivre ce qu'un emblème peut transcrire de plus philosophique, de plus authentique. le vaisseau est une génèse qui naît subrepticement. Bien au-delà des totalitarismes « Les Employés » apportent la preuve des résistances, les racines liées aux souvenirs, aux ondes vivifiantes, au champ de tous les possibles. « Cela suffira-t-il -il ? D'ici peu nous disparaitrons comme des mises à jour obsolètes. Je crois que je rencontrerai le grand amour. » « Les Employés » est un hymne aux dépositions libérées. Une traversée du mur du son fabuleuse. Bouleversant, il est engagé, visionnaire. « J'ai ressenti avec force que nous avons échoué, que notre temps est fini. » Olga Ravn étreint le cosmopolite, le plus bel alphabet. Elle offre dix-huit mois millénaires. Traduit à la perfection du danois par Christine Berlioz et Laïla Flink Thullesen. Cette fable caustique, moderne cousue de filaments est l'universalité. C'est un véritable choc. « Il y a le soleil qui pénètre ma bouche quand je l'ouvre en grand vers l'immense étoile. » Culte. Tremblant de magnificence et c'est peu dire. Publié par les majeures Editions la Peuplade.
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Les employés

Sur la quatrième on compare Olga Ravn à Zamiatine et Rivers Solomon et je comprends : on retrouve dans Les Employés un univers de science-fiction classique avec ses humains et ses "ressemblants" sur un vaisseau spatial, et la question du travail et des tâches répétitives (et inutiles ?) est centrale.

Mais en même temps la forme du récit, l'écriture et une sorte de sensibilité différente sur ce qui compte réellement dans ce livre le rend très actuel, très différent des traditions du genre.

Le récit d'abord est fragmenté, constitué d'entretiens et on ne comprend qu'au fur et à mesure ce qu'il se passe sur le vaisseau. L'écriture est à la fois drôle et empathique, si humaine ou qui essaie tant de l'être. Et on comprend très rapidement que ce n'est pas la question du travail qui intéresse l'autrice danoise, mais la relation entre humains et ressemblants, et surtout les changements à bord après la découverte des "objets" de la vallée de la nouvelle découverte.

Bref : à lire !

En plus c'est plutôt court !
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Les employés

Comment décrire ce petit roman qu'est Les employés ? A bord de ce que l'on nomme le six millième vaisseau, des humains et des ressemblants travaillent ensemble, autour d'objets aux formes et aux vertus étranges. Les humains, pour la plupart, sont affligés par la nostalgie de leur Terre qu'ils ont quitté et qu'ils ne reverront probablement plus jamais, tandis que les ressemblants, sorte d'androïde organique, tâchent de comprendre les émotions qui les traversent.



Si j'ai eu du mal à m'y plonger, une fois dedans, il m'était impossible de lâcher ce livre. L'on est très vite intrigué par ce qu'il se passe, ce qu'il s'est passé et ce qu'il va se passer, chaque petit détail recèle de sous-entendus et de non-dits. Tantôt terrorisant, tantôt amusant, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde durant ma lecture.



J'ai d'abord été un peu déroutée : le roman est formé de "dépositions", des genre de réponses sans les questions, de petits monologues, parfois très courts parfois un peu plus longs. Ce qui fait que nous n'avons pas toutes les cartes en main, d'où pourquoi j'ai eu du mal à me plonger dans ce livre. Pourtant, une fois qu'on lâche prise, ce flou et ces infos qui nous manquent sont presque intéressantes, on remplace les trous nous-même et parfois, c'est terrorisant plutôt qu'ennuyant. Je peux comprendre cependant que ça en rebute certains, je pense que j'aurais pu faire partie des lecteurs qui abandonnent en cours de route, mais j'ai finalement été happée par cette sorte de huit-clos qui n'en est pas vraiment un.



C'est une lecture qui m'a marquée, autant dans son fond que dans son exécution. Si bien que j'aurais voulu en lire d'avantage, connaître encore plus de détails sur cet univers, mais c'est le peu qu'on a qui fait la magie de cette histoire.
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