Citations de Oliver Pötzsch (83)
Sa confrérie n'avait jamais apprécié que la populace apprenne à lire. On voyait bien à quoi ça menait.
"Que veux-tu que je fasse ? rétorqua la vieille femme en soufflant bruyamment. Je fais mes bagages. Je pars chez ma belle-fille à Peißenberg. Si cette série de meurtres continue, je préfère ne pas être dans les parages. Les gaillards du village vont mettre le feu à ma bicoque, peut-être qu'ils n'attendront même pas la Sainte-Walburge pour ça. S'il y a vraiment une sorcière qui sévit dans les environs, je ne voudrais pas qu'on croie que c'est moi. Et s'il n'y en a pas, il leur faudra bien trouver une coupable."
Elle regarda Magdalena en haussant les épaules.
"Et maintenant, sors d'ici en vitesse. Tu ferais mieux de t'éclipser toi aussi. En tant que fille de bourreau, tu es à leurs yeux aussi redoutable qu'une sorcière."
La charité doit s’arrêter quand les intérêts de la ville sont menacés.
Contrairement à beaucoup de ses compatriotes, il ne s’était jamais habitué aux images sanglantes et monstrueuses qui pullulaient dans les églises.
Vous ne manquez pas d'air, vous les docteurs, si vous croyez que c'est dans vos universités glaciales qu'on se rapproche le mieux de la vérité. Mais on n'y trouve rien !
C'était un petit homme ventru au visage charnu et au gros nez couvert de veinules rouges . Il devait fréquemment vérifier la qualité du vin de messe.
Personne n'aime recevoir la visite de la fille du bourreau : on ne sait jamais , le bétail peut tomber malade le lendemain.
Comme toujours, Simon fut impressionné par le calme du bourreau. Comme tous les Kuisl, celui-ci parlait peu. Mais ce qu’il disait avait du poids.
Chapitre 2
Le bourreau de Schongau tuait et guérissait. Il était passé maître dans les deux arts.
La silhouette émergea de derrière les pierres tombales comme une ombre noire et s'éclipsa sans faire de bruit. Seule l'odeur douceâtre flotta encore un moment en l'air avant de disparaître à son tour.
" Il allait avoir besoin de force. Sa confrérie n'avait jamais apprécié que la populace apprenne à lire. On voyait bien à quoi ça menait. Les gens devenaient rebelles et se fichaient des ordres qu'on leur donnait." p.113
Le bourreau se rendit à la prison fortifiée, en face,et se fit ouvrir par les gardes municipaux. Martha Stechlin était étendue sur la paille humide et ses propres excréments, endormie. Sa respiration était régulière, la bosse sur son front avait presque entièrement désenflé. Jakob Kuisl se pencha sur elle et lui caressa la joue. Un sourire passa sur son visage. Il se rappelait l'aide que cette femme lui avait apportée à la naissance de ses enfants. Il se souvenait du sang, des cris et des pleurs.
P 479/480
En ce moment, tous ceux qui sentaient que leur fin était proche et qui voulaient s'assurer un repos éternel, juste à côté des remparts, léguaient au moins une partie de leur fortune à l'Eglise. On voyait par ailleurs des donations de crucifix précieux, d'images de saints, de porcs et de bovins, et aussi de terrains.
La recherche de marques était une méthode fréquente de la chasse aux sorcières. Si des grains de beauté ou des taches de vin d'une forme étrange étaient trouvés sur le corps de la suspecte, cela était interprété comme un signe du diable. Souvent, le bourreau procédait alors à l'épreuve de l'aiguille, au cours de laquelle il piquait la supposée sorcière dans la tache suspecte. Si le sang ne perlait pas, la preuve de sa sorcellerie était faite. Kuisl savait que son grand-père avait connu des moyens pour empêcher les saignements lors de la piqûre. De cette façon, le procès se terminait plus vite, et le bourreau encaissait son salaire plus tôt. ..
Martha Stechlin était la première sage-femme officiellement employée par la ville. Depuis toujours, ces femmes, proches des mystères féminins, étaient suspectes aux yeux des hommes . Elles connaissaient des potions et des herbes, elles touchaient les femmes à des endroits indécents et elles savaient aussi comment faire disparaître le fruit du ventre, ce cadeau de Dieu. Beaucoup de sages-femmes avaient déjà fini comme sorcières sur les bûchers allumés par des hommes.
Le merveilleux procure du plaisir.
C'est pour cela qu'on exagère
Toujours en racontant, parce que
L'auditoire attend d'être séduit
Par ce moyen
C’était une femme à l’esprit pratique, qui pensait et agissait avec rectitude. Elle n’avait pas beaucoup d’empathie pour les rêveries de sa fille. Elle trouvait d’ailleurs inutile que le père ait appris à lire à sa fille. Une femme qui fourrait son nez dans les livres était regardée de travers par les hommes. Si, par-dessus le marché, il s’agissait de la fille du bourreau, il n’y avait qu’un pas pour la conduire au masque d’infamie et au pilori.
Cette ville, là-dehors, est pareille à un énorme dragon, dit-il enfin. Tous les jours , elle dévore des gens.
La guerre est peut-être terminée, mais les cicatrices demeurent.
Un homme étrange, ce bourreau, se dit-il. Fort, l'esprit clair comme du cristal, mais beaucoup trop sentimental pour sa profession.
Et décidément bien trop curieux.