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Critiques de Olivier Sillig (39)
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Le poids des corps

Roman noir certes mais ce n'est pas un roman qui vous plombe ou encore qui vous fait définitivement regretter d'être un être humain. Non, c'est aussi un roman qui nous fait rencontrer Vincent, Jean et d'autres personnages qui nous apportent encore un peu d'espoir sur la race humaine !

Une galerie de personnages à la marge de la société mais qui suscite de la tendresse.

Olivier Sillig, que je découvre ici, à une belle plume agréable à lire, c'est pourtant un livre qui apparemment est passé à côté des lecteurs puisqu'une seule critique sur Babelio et pourtant il est sorti en 2014.

Voilà pourquoi il faut se baisser lorsque l'on est dans une librairie et ne pas se contenter des têtes de gondole ou des dessus de table. Il y a tant de richesse en bas des étagères...
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Skoda

Livre choc, comme on en lit rarement ! Pour ma part je n'avais pas été marquée par un livre de cette façon depuis La route de McCarthy. Âme sensible s'abstenir !



Rien de gore ou de véritablement cru pourtant mais une puissance évocatrice qui nous plonge dans une ambiance lourde (et c'est bien pire) qui reflète toute la stupidité d'une guerre et qui suinte le désespoir.



Enfin non, pas tant le désespoir que l'absence d'espoir. Un monde où l'absurdité de l'homme a tué l'espoir, remplacé par la résignation.

Une atmosphère assez étouffante quoique brève et entrecoupée de quelques rares moments clés, de petits répits.

En début de roman tout d'abord quand le militaire décide sur une impulsion de prendre le bébé sous son aile, un geste d'humanité comme un phare dans la nuit qui guide à la fois le lecteur et le personnage.

Le refuge à la ferme ensuite, où l'entraide et le partage laissent croire, oserai-je dire espérer, une rédemption, une paix inaccessible.



Mais Sillig est rude et la guerre cruelle, il ne nous épargne rien et nous impose sa réalité à la fois violente et absurde, tout comme cette fin après laquelle on peine à reprendre son souffle...



Un roman court mais puissant et marquant sur la guerre, ses dommages collatéraux bien souvent invisibles et sa profonde absurdité, son non-sens à l'égard de l'espoir et de l'humain qui lors d'un conflit pèsent bien peu dans la balance. Une réalité crue, posée là sans solution ni jugement. L'expression d'une souffrance anonyme et bien trop réaliste plus qu'un pessimisme...

À lire, le cœur bien accroché.
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Skoda

Ce court roman est pour le moins dérangeant! Il s'ouvre sur des odeurs de serpolet et de garrigue, tandis que se dessine peu à peu le tableau de corps inertes et ensanglantés. Stjepan, jeune militaire de 20 ans, sort d'un moment d'évanouissement et observe ce théâtre d'horreur avec une distance qui déstabilise. Les corps sont décrits dans leurs meurtrissures, sans le moindre affect dans le regard, comme un lointain spectacle. Cet homme va découvrir un nourrisson endormi, encore accroché au sein de sa mère morte. Et c'est une marche vers la survie qui commence. Drôle d'histoire, où les personnages sont à la fois des bons et des méchants, comme si l'humanité ne savait pas trancher entre les deux. On aime quand il faut aimer, et dans la foulée on tue parce qu'il faut tuer. Le récit est court, il ne laisse donc pas de répit, nous emporte vers une fin tout aussi radicale, mue par une sorte de logique exigée par ce temps de guerre inexorable. C'est efficace, ça vous travaille au corps et à l'âme, ça laisse une trace longtemps après.
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Skoda

Au milieu de nulle part, dans un pays en guerre le jeune soldat Stjepan et ses copains d’armes sont victimes d’un raid aérien. Ses camarades n’ont pas survécu. Un véhicule civil a été touché, à l’intérieur seul un bébé a réchappé au carnage, la voix de la conscience de Stjepan l’encourage à le prendre sous son aile. Il quitte sa tenue militaire pour une tenue de civile et s’enfuit le plus loin possible avec « sa petite hirondelle » qui ne demande qu’à vivre, il lui donne le nom de Skoda comme la marque de la voiture dans laquelle il l’a trouvé. Sauver cette vie lui permettra peut-être d'échapper à la violence. Stjepan s’accroche tant qu’il peut à ce petit être qui éveille en lui des sentiments et qui représente l’avenir si tant est qu’il en existe encore un sur cette terre où ne règne que le chaos. Un roman très court où les mots claquent comme les balles des kalachnikovs où les contrastes s’opposent, violence, amour, beauté, horreur. Une fable qui démontre que la mort est partout mais que la vie sait aussi la déjouer instinctivement !
Lien : http://ma-bouquinerie.blogsp..
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Skoda

Un homme, Stjepan est à terre avec quatre de ses confrères. On apprend au fil du texte qu'il est militaire et qu'une bombe a sans doute explosé à proximité puisqu'il est le seul rescapé d'un raid aérien. Lorsqu'il se relève, il trouve une voiture avoisinante dont les passagers sont également inertes, sans doute victimes de la même bombe. Un bébé, bien vivant, est toutefois en train de téter sur le siège arrière de cette Skoda accidentée. C'est ainsi qu'il est baptisé du nom de la marque automobile par notre protagoniste. C'est le début d'un itinéraire où les deux êtres vont trouver refuge d'abord chez un douanier puis dans une famille de femmes où la menace continue de planer. C'est complètement loufoque, un peu désespéré, mais qu'est-ce que c'est c'est bien écrit et "léger" dans la forme. On se croirait dans un remake de "La route" de Cormac McCarthy où les éléments semblent se déchainer sur les hommes mais où l'espoir d'un renouveau perdure. La comparaison est, je crois on ne peut plus flatteuse mais ô combien véridique car là aussi il s'agit de deux personnages : un tout jeune enfant et un adulte un peu cabossé par les blessures de guerre.



J'ai trouvé l'écriture fine et sans fioritures, c'est tout à fait ce à quoi je m'attendais en pareille circonstance. Elle est même parfois dotée d'un certain humour même si le sujet peut paraitre grave voire dénué de toute dérision. En effet, la guerre est une toile de fond ainsi que la mort, que le néant mais le dimension solidaire de cette nouvelle famille nous la rend touchante et atypique. Le petit être qui vit, pleure et regarde rend les choses touchantes et bien réelles.



Un excellent roman qui se lit d'une traite !
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Skoda

- - - Quelle pépite !!!



La guerre, des morts, un jeune homme et un bébé en chemin, du lait à trouver pour le nourrisson... Ca vous fait peut-être penser à 'La route' de McCarthy ? Pas du tout, autant j'ai détesté l'un, autant j'admire l'autre.



Cet ouvrage - au sens de "travail d'artiste, d'orfèvre" - est une merveille : grâcieux, émouvant, à la fois léger sur la forme si épurée, et tellement profond sur le propos (comme la couverture, d'ailleurs)...



Une sobriété et une intensité époustouflantes pour exprimer l'absurdité d'une guerre qui frappe au hasard, qui fait mûrir les enfants trop tôt, mal, et qui permet n'importe quoi à qui veut/peut abuser de sa puissance. L'horreur se fait pudique, l'indicible est à demi-mots mais sans ambiguité.



Une histoire en quatre actes presque universelle, hors du temps.

La puissance d'un court roman de Steinbeck.
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Skoda

Stjepan reprend conscience. Dragan, Milivoj, Ivan et Ljubo sont à ses cotés. Couchés. Immobiles. Morts. Stjepan ne se souvient de rien. Un peu plus loin, il voit une voiture. La portière arrière est ouverte. Des jambes en dépassent. La jeune femme à qui elles appartiennent est morte elle aussi. Le chauffeur de la voiture n’a plus de tête. Seul survivant dans ce chaos absolu, un bébé. Il dort. Stjepan décide de s’en aller. Après quelques pas, il s’arrête, revient en arrière. La voiture est une Skoda. Stjepan prend le bébé et s’en va. Il le baptise Skoda…



Olivier Sillig vous prend par la main. Sa voix vous raconte une histoire simple, belle et tragique. L’absurdité de la guerre. Sa brutalité. Stjepan et Skoda sur les routes d’un pays en plein conflit. Des rencontres, bonnes ou mauvaises. Des moments de tendresse, mais aussi la violence et la mort qui surgissent sans crier gare.



Tout cela tient en 100 pages. Une leçon d’écriture concise et limpide. Pas un poil de gras. Le texte est parfaitement épuré, débarrassé des scories inutiles qui alourdissent ou affadissent le propos. Un vrai beau et grand travail d’écrivain qui, au-delà de l’exercice de style, touche en plein cœur. N’hésitez pas. L’heure que vous passerez avec ce magnifique roman risque de vous marquer durablement. Dans le bon sens du terme.
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Jiminy Cricket

Ici nous sommes en 1975 dans le Causse au dessus de Millau, le Larzac que l'on devine, avec ses hameaux abandonnés. Dans un de ces hameaux, une communauté, post-hippie, des jeunes qui se sont installés et partagent la vie quotidienne et le sexe. Au centre de la communauté : Jiminy Cricket.



C'est John, le narrateur, qui l'affublera de ce sobriquet emprunté à Disney et Collodi, John en panne avec son minibus et qui sera accueilli dans la communauté.



Jiminy c'est le soleil, l'astre, autour duquel tout tourne. Avec un charme mystérieux qui opère, c'est celui que tous aime, et celui qui les aime tous. Jiminy c'est aussi le gardien, la conscience, le ciment de la forteresse qui se dresse contre la déprédation envisagée par quelques investisseurs fonciers.



Conte lumineux et triste à la fois, qui fait référence au "Petit Prince" à plusieurs reprises, ce texte nous questionne sur notre liberté, notre rapport aux autres, notre rapport au sexe et à l'amour. Un conte révélateur d'une utopie. De rêves disparus. Des espérances enfouies profondément sous le consumérisme superficiel et l'individualisme totalitaire.



En passant avec finesse de la poésie enchanteresse aux scènes les plus crues grâce à une écriture délicate, l'auteur nous immerge dans ce monde, dans cet univers un peu magique, que l'on quitte à regret.

Une belle lecture. Merci Masse Critique.
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Skoda

Dans une époque et un pays indéterminés, un homme est allongé sur le sol caillouteux, au bord d’une route. Il reprend conscience et découvre ses camarades, morts.



"Après le coucher du soleil, le bruit des cigales couvre tout. La chaleur, au lieu de descendre, écrasante, s'inverse rapidement et monte du sol, étouffante. Partout, à perte de vue, c'est la garrigue ; de la bruyère, rase mais dense, parsemée d'herbes aromatiques sauvages et vivaces ; quelques arbres, petits et trapus, essentiellement des arbousiers ou des chênes de différentes espèces. Il y a une route. C'est une piste de terre battue. Stjepan est juste au-dessus, étendu de tout son long sur le ventre. Dans un geste apparemment machinal, sa main se promène sur le sommet de son crâne. Ses cheveux et sa barbe sont courts, le barbier de la troupe les a récemment rasés. Ses doigts suivent un sillon assez long, large de presque un centimètre, mou, humide et chaud, mais parfaitement indolore. Ensuite ils descendent vers le visage et s’arrêtent sur le nez. Mais Stjepan ne sent rien, son odorat est encore tout envahi par le parfum du serpolet. Ce parfum domine les odeurs, comme un chant des cigales domine les sons. Stjepan ouvre les yeux. Il voit rouge écarlate, sur ses doigts. C’est du sang. Il se met mollement sur le dos. Il fixe le ciel, maintenant plus bleu. Après un instant de flottement, il s’assied et regarde autour de lui."



A quelques mètres, dans une voiture, une Skoda, d’autres cadavres. Et aussi un bébé, encore agrippé au sein de sa mère, bien vivant, lui.



Stjepan se défait de sa tenue militaire qu’il échange contre des vêtements civils trouvés dans le coffre du véhicule et s’éloigne. Mais sa conscience ne peut pas le laisser abandonner le bébé et il revient sur ses pas pour s’emparer de l’enfant, avant de poursuivre sa route, sous le soleil de ce pays en guerre.



" Stjepan s'examine un instant dans le rétroviseur extérieur, miraculeusement épargné, et part. Aussitôt, dans sa tête, une petite voix se met à parler : « Si le bébé s'était mis à pleurer, qu'est-ce que tu aurais fait ? » Il accélère un peu le pas mais la voix revient à la charge : « Et si le bébé s'était mis à pleurer ? - Mais il ne pleurait pas. - D'accord, mais si ? - Mais il souriait comme un bienheureux. - Combien de temps ça peut tenir un bébé si jeune ? - Quand les soldats arriveront, ils s'en chargeront. - C'est ça ! C'est leur job pendant que tu y es ! - Non, ce n'est pas leur job. Mais comme je suis moi-même militaire, ce n'est pas mon job non plus. » Stjepan regarde sa chemise blanche. Il n'en a jamais eu de si belle, faut dire qu'il ne s'habillait pas le dimanche, préférant flâner en training. Maintenant il est en chemise blanche, pas en uniforme il n'est plus un militaire, il est un civil. « Et les civils, est-ce que ça s'occupe de bébés ? » La voix est insolente, la réponse est simple. Stjepan sent que son élan est cassé, qu'il en va plus pouvoir avancer. Alors il retourne encore à la voiture. Il évite de regarder les jambes de la jeune mère, parce qu'elles sont belles, que c'est du gâchis parce qu'elle est morte. Il se penche sur l'enfant et le prend avec une délicatesse infinie, lui qui n'a jamais touché de bébé, ou alors juste pour s'amuser lors du baptême du fils d'une cousine. À côté, il y a un sac, heureusement avec une courroie, qui contient des affaires de bébé. Il a été épargné, même pas une giclée de sang. C'est des trucs qui lui seront nécessaires. C'est pas pour lui, c'est pour l'enfant. Il ne passe sur l'épaule, la veste coincée dessous. Il reprend l'enfant, toujours maladroitement mais très doucement. L'enfant ouvre un œil. Stjepan lui dit : « Salut, toi. » Évidemment, l'enfant ne répond pas. Stjepan estime que le bébé a trois ou quatre semaines, mais il n'y connaît absolument rien. « Et tu t'appelles comment ? » Stjepan ne sait même pas si c'est un garçon ou une fille ce n'est pas le moment de regarder. Cette fois, il part. Mais il réfléchit à ce problème : garçon ou fille. La voiture qu'ils ont abandonnée, ça lui revient tout à coup, c'était dune Skoda. Stjepan n'est pas certain que Skoda soit un vrai prénom, mais ça sonne comme. Et ça peut aller aussi bien pour un garçon que pour une fille. « Salut Skoda ! »



Et comme dans tous les pays en guerre du monde, la violence rode et reprend ses droits, puisque nulle loi que celle du plus fort ne règne. Stjepan va croiser le chemin d’un policier qui se livrera à un chantage infâme. Puis celle d’une vieille femme qui le ramènera, lui et l’enfant, dans sa ferme au milieu de nulle part, au milieu des siens.



Mais chacun est seul dans le malheur et il repartira, ne gardant que cet enfant qu’il s’efforce de nourrir et de soigner, de protéger de la folie des hommes, de l’horreur et de l’absurdité. Il veut que le petit grandisse, et atteigne son âge, il veut en faire son fils, et c’est pourquoi il continue son chemin, espérant joindre la ville la plus proche, où peut-être la vie sera meilleure, où ils auront un espoir de sortir de la guerre.



" Skoda n'a pas peur, il dort tranquillement dans sa main. Il peut dormir. Stjepan le ramène contre son flanc. La chair de ma chair. Il se remet à tourner. Il dit : "Nous resterons ensemble." Ensemble. Stjepan ignore comment, mais ils resteront ensemble jusqu'à ce que Skoda ait l'âge de Stjepan - maintenant, là, il sent qu'il n'est plus un gamin, que pour lui tout ça est terminé. Jusqu'à ce que Skoda ait son âge. Dans un monde qui sera peut-être un peu moins fou. Tu verras, petite hirondelle."



En quelques pages, tout est dit. La violence et la mort, mais aussi l’amour, la confiance, la tendresse. Olivier Sillig, dans un style tout à la fois précis, simple, épuré, nous transmet des émotions qui bouleversent jusqu’au fond du cœur. Pas un mot de trop dans ce texte, les silences parlent d’eux-mêmes, de même que la chaleur ou le chant des grillons. Les hommes qu’on rencontre sont avares de paroles, les regards suffisent, qui en ont déjà trop vu. On se comprend face à la barbarie, alors on se tait. Que dire, de toute façon ?



Le corps à corps entre ce nouveau-né et ce jeune homme est d’une intensité troublante. Skoda révèle Stjepan à lui-même, le fait grandir par sa présence. Le jeune homme devient homme, mais aussi mère.



Voici une histoire intemporelle qui ne pourra pas ne pas vous toucher, tant l’émotion affleure au détour de chaque mot, de chaque phrase. Ce texte est de toute beauté, et même si vous refermerez l’ouvrage avec une grosse boule au fond de la gorge et du ventre, je vous le dis, lisez ce petit livre !


Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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Skoda

Voici un roman assez court (à peine plus de 100 pages) mais à la fois dense et riche.



D'abord le contexte : nous sommes dans l'ex-Yougoslavie pendant la guerre des années '90, l'ambiance est lourde.



Ensuite le fond : c'est un roman dense, riche en émotions, qui narre l'errance d'un homme et d'un bébé dans cette ambiance pesante.



Enfin le texte : l'écriture est moderne, sans fioritures et ne tombe pas dans le pathos. Malgré la gravité du contexte (et des faits) le lecteur est embarqué par les sentiments nés de cette errance.Il y a un peu de "La route" dans cette histoire.



Un roman qui mérite le détour et qui donne envie de découvrir son auteur.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Skoda

Tout petit roman, presque une nouvelle qui se lit vite, sans s'arrêter. L'histoire est tellement prenante que l'on ne peut passer à autre chose avant de l'avoir finie. Alternant des scènes tendres, douces et d'autres d'une violence extrême, ce livre a beaucoup de force. C'est une tranche de vie pas banale d'un jeune homme sans histoire qui n'a pas demandé à être soldat. Cela se passe aujourd'hui dans un pays pas nommé, mais avec quelques indices, on peut penser à un pays de l'ex-Union Soviétique.



Une opposition totale entre la beauté du geste de Stjepan, entre la relation qu'il noue avec Skoda, lui le jeune homme qui n'a jamais tenu un bébé dans ses bras et la brutalité, la fureur et la sauvagerie de la guerre. La bêtise de hommes-combattants contre l'ingénuité et l'innocence du duo improbable.



Stjepan, au cours de son voyage fera des rencontres, dont il retirera toujours quelque chose, même si elles sont douloureuses. Il marche, n'arrête que pour monter dans un camion, ou tout autre véhicule.

Les femmes sont, comme toujours dans les conflits, celles qui font vivre le pays, celles qui résistent, celles qui permettent à la vie de continuer, qui éduquent, qui élèvent et qui se battent parfois littéralement pour vivre et faire vivre.



Histoire simple de gens simples dans un monde qui ne l'est pas. Stjepan, tout jeunot qu'il est se pose des questions sur ses capacités à s'occuper de Skoda, a lui aussi des accès de violence, des pensées sur le pouvoir : "Skoda dort profondément. Stjepan s'immobilise. Il prend l'enfant rien que dans une main et l'élève à la hauteur de sa tête. Il pourrait aussi l'attraper par le cou et l'envoyer s'écraser contre les rochers, comme on le fait avec les chatons des portées trop nombreuses. Il pense ça juste parce que c'est un pouvoir trop absolu pour lui, exagéré, absurde." (p.92)



Attention, c'est tout simplement un bijou, une pépite de la rentrée littéraire. Impossible de passer à côté, d'autant plus qu'il n'a que 95 pages qui vous scotcheront, vous feront verser une -ou plusieurs- larmes, vous étonneront, vous attendriront, vous révulseront, vous choqueront. Tout cela à la fois sans doute.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Skoda

Stjepan le soldat d'un pays pas nommé, au hasard d'un obus, adopte un bébé qu'il nomme Skoda. Il le conduira un peu plus loin vers la vie. L'histoire ne dit pas ce qu'il advint ensuite.



Entre noir et rouge sang, un récit court, (une centaine de pages) qui vous ramène vers la Route ou les rivages de Sukkwan Island.



Vous qui entrez ici, perdez toute espérance.
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Skoda

Une petite voix intérieur qui guide l'homme ; des paysannes au coeur bon et qui savent se défendre ; une nature présente mais impuissante.



Mais aussi la barbarie de la guerre qui frappe sans distinction ; les vices humains jusqu'à la nausée.



Un homme qui part, en marche vers une destination que lui-même ne connait pas ; une langue qui lui est presque étrangère ; une écriture qu'il ne reconnait pas. Un homme dans sa "petitesse", perdu, ne connaissant pas les codes.



Tout ceci raconté dans une écriture très fluide et simple, qui prend le temps de se faire apprécier.



Un petit roman par le nombre de pages, un concentré de vie (la moins jolie).



Mais un espoir, toujours.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Skoda

Un livre triste, dérangeant par moment. Un pays inconnu, en guerre avec un autre, un jeune homme, soldat, seul, qui recueille au gré de son périple un bébé, seul également. Ensemble ils vont faire un bout de chemin.

C'est un récit profondément émouvant, la relation entre le bébé et le jeune homme est extrêmement touchante, la violence qui les accompagne, une violence décrite de manière tellement laconique nous scandalisent et cela contraste avec cette résignation qui emplit l'histoire;

Peu de rencontres, anecdotiques souvent, car seul demeure le dialogue muet entre le jeune soldat et "sa petite hirondelle".



Une histoire qui donne envie d'en découvrir davantage de cet auteur. Une réussite.
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Jiminy Cricket

Jiminy Cricket est un roman surprise et une très belle découverte pour laquelle je tiens à remercier les éditions L’Âge d’homme et Babelio.



Ce texte est d’abord une rencontre avec un personnage attachant et émouvant, Jérémie Crichon, ou plutôt Jiminy Cricket comme il sera surnommé tout au long du roman. Solaire et sensuel, il est le ciment d’une petite communauté hippie au milieu des années 1970 dans le Sud de la France. J’ai rarement ressenti autant de tendresse et d’empathie pour un personnage de roman que pour ce Jiminy. Il m’a réellement touché.



Évidemment, on s’en doute, ces communautés isolées ayant rarement survécu aux années 70, celle-ci ne fera probablement pas exception. Dès le début, l’auteur ne cache d’ailleurs pas une issue dramatique et l’on va suivre l’enchainement des événements vu à travers les yeux de John, le narrateur et dernier venu dans le groupe.



La construction du récit est particulièrement habile, nous tenant d’un bout à l’autre et réservant quelques surprises. Il souffle un vent de liberté très agréable tout au long des pages où il est question d’amitié, d’amour et de sexualité. Les références explicites à deux contes mélancoliques Pinocchio et le Petit Prince donnent au récit richesse et profondeur. L’écriture d’Olivier Sillig est fluide et agréable et je découvre un formidable auteur avec ce roman.



Bref, vous l’aurez compris ce Jiminy Cricket est un joli coup de cœur et une belle surprise. En ces temps de repli sur soi, de recul des libertés et de cynisme revendiqué, ce roman et ses personnages sont juste une bouffée d’air frais salvatrice. Une lecture vivement conseillée !
Lien : https://lionelfour.wordpress..
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Les limbes de Bzjeurd

L'univers rendu à ses soumissions plus ou moins imaginaires, à la violence de sa croyance désespérée à un sens, à un ordre qui imposerait sa domination. Dans ces limbes, quasiment des projections mentales, Olivier Sillig réfléchit aux pulsions primales qui resteraient à une humanité en proie à une catastrophe, dans un monde devenu flottant, humide, aux meurtrières lisières. Les limbes de Bzjeurd ou le flottement dangereux, fascinant, du souci de l'autre.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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La marche du loup

Une écriture d'une grande violence. Un texte riche, bien que court, surprenant, étrange. L'auteur utilise des phrases très courtes, directes.

Une belle écriture. Un récit tout de même à la limite du gore. Un texte qui heurte et passionne... à lire.

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Skoda

Quand il revient à lui, Stjepan ne voit autour de lui que la mort. Elle a frappé tous ses amis, ils sont tous allongés, baignant dans leur sang.



Dans un état second, Stjepan commence à avancer droit devant lui, sans but.

Très vite, il remarque cette Skoda à l'arrêt.

A l'intérieur, la mort encore.

Sauf... ce bébé têtant encore sa mère.



Après quelques hésitations et malgré son jeune âge, Stjepan prend le bébé avec lui.

Il lui donnera le prénom de Skoda.

Dans ce pays ravagé par la guerre, ils vont essayer de survivre au fil des rencontres apportant autant de bonheur que d'horreur...



Mon avis :

Je crois que j'ai relu les dernières pages 3 fois.

Puis repris un peu le début.

J'étais complètement sonnée par cette lecture.
Lien : http://www.livr-esse.com/art..
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Skoda

Un homme se réveille parmi des cadavres, victimes d'une fusillade ou d'un bombardement. Hormis les consonnances des prénoms, aucun indice ne permet de déterminer les lieux et dates précis des évènements de ce très court roman (à peine 100 pages), mais c'est probablement volontaire et cela se révèle finalement sans importance. En effet, c'est l'histoire de ce personnage et de ses rencontres qui constituent l'intérêt de ce livre.



L'auteur décrit une succession d'évènements de manière très extérieure, voire froide, sans interférer entre eux et son lecteur. Son récit est très émouvant, grâce à la violence et à la tendresse qui s'en dégagent, leur contraste renforcant l'émotion ressentie par le lecteur.



La fin du livre - que je vous conseille d'attendre - m'a semblé ouverte : Canel avait exprimé sa tristesse en dessinant en marge un personnage triste, mais l'ayant regardé trop vite, j'ai cru à un sourire...



En résumé : un beau livre.

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Skoda

[...]Ça ne raconte pas grand chose, juste une avancée, un bout de route en commun avec un homme et un nourrisson. Et pourtant, ce pas grand chose suffit à être touchant, même si une écriture très sèche et peu démonstrative éteint parfois les premiers mouvements lacrymaux[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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