Citations de Olympe de Gouges (142)
Connaissant l'énergie de ce gouvernement, tu [Robespierre] voudrais agiter le peuple pour le renverser dans sa naissance; tu voudrais souiller la nation par la réunion de crimes inconnus jusqu'ici; tu voudrais assassiner Louis le dernier, pour l'empêcher d'être jugé légalement; tu voudrais assassiner Pétion, Roland, Vergniaud, Condorcet, Louvet, Brissot, Lasource, Guadet, Gensonné, Hérault-Séchelle, en un mot tous les flambeaux de la république, et du patriotisme ! Tu voudrais te frayer un chemin sur des monceaux de morts, et monter par les échelons du meurtre et de l'assassinat au rang suprême ! Grossier et vil conspirateur ! Ton sceptre sera la fleur de lis de la peine de gêne; ton trône, l'échafaud; ton supplice, celui des grands coupables. Corrige-toi, s'il en est encore temps. (Folio, p.75)
J'étais l'apôtre d'une douce liberté dans le temps même du despotisme. Mais véritable Française, j'idolâtre ma patrie : j'ai tout sacrifié pour elle; je chéris au même degré mon roi, et je donnerais mon sang pour lui rendre tout ce que ses vertus et sa tendresse paternelle méritent. Je ne sacrifierais ni mon roi à ma patrie, ni ma patrie à mon roi, mais je me sacrifierais pour les sauver ensemble, bien persuadée que l'un ne peut exister sans l'autre. On connait l'homme, dit-on, par ses écrits. Lisez-moi, Monsieur, depuis ma Lettre au peuple jusqu'à ma Lettre à la nation, et vous y reconnaîtrez, j'ose me flatter, un cœur et un esprit véritablement français. Les partis extrêmes ont toujours craint et détesté mes productions. Ces deux partis, divisés par des intérêts opposés, sont toujours démasqués dans mes écrits. Mes maximes invariables, mes sentiments incorruptibles, voilà mes principes. Royaliste et véritable patriote je me montre telle que je suis. (Folio, p.66-67)
Ce ne sont pas les femmes publiques qui contribuent le plus à la dépravation des mœurs, ce sont les femmes de la société. (Folio, p.45)
Mais ce qui m'intéresse particulièrement et qui touche de près tout mon sexe, c'est une maison particulière, c est un établissement à jamais mémorable qui manque à la France. Les femmes, hélas ! trop malheureuses et trop faibles, n'ont jamais eu de vrais protecteurs. Condamnées dès le berceau à une ignorance insipide, le peu d'émulation qu'on nous donne dès notre enfance, les maux sans nombre dont la nature nous a accablées, nous rendent trop malheureuses, trop infortunées, pour que nous n'espérions pas qu'un jour les hommes viennent à notre secours. (Folio, p.23)
Le peuple doit être secouru dans des temps de calamité, mais si on lui donne trop dans d'autres moments, on l'expose a la paresse, on lui ravit toutes ses ressources. Ces bienfaits sont pour lui des dons funestes. (Folio, p.20)
La véritable sagesse ne connaît ni préjugé ni prévention ; le vrai seul l'intéresse et le bien général la guide. (Folio, p.21)
Sans doute il est horrible pour le genre humain qu'il périsse d'une misère trop cruelle, une quantité d'hommes toujours utiles à l'État, mais il est encore plus dangereux de les secourir avec trop de profusion. (Folio, p.19)
Je n'ai vu qu'après mes yeux; je n'ai servi mon pays qu'après mon âme; j'ai bravé les sots, j'ai frondé les méchants.
Contente d'avoir servi, dans l'obscurité, la cause du peuple, j'attendais avec modestie et fierté une couronne distinguée que la postérité seule peut donner, à juste titre, à ceux qui ont mérité de la patrie.
Tout est arrêté, le riche impitoyable cache son argent ; vil instrument de sa cupidité, peut-il prolonger ses jours, peut-il les rendre plus heureux ? Ces trésors dans l’inaction, quel bien peuvent-ils faire à personne ? C’est à l’Etat qu’il faut les offrir, et les offrir sans aucun intérêt […]
Les femmes sont d'étranges animaux, elles n'ont d'autre consistance, dans la société que l'art d'intriguer et de séduire les hommes : quel que soit leur farouche caractère, leur prétendue supériorité, ils sont toujours apprivoisés par ces animaux, nul ne peut échapper à leurs atteintes ; toutes, en général, possèdent l'art de séduire, et par une bizarrerie attachée aux faiblesses des hommes, les plus perfides sont les plus intéressantes à leurs yeux.
Olympe de Gouges, "L'Esprit français ou Problème sur le labyrinthe de divers complots",
brochure adressée le 22 mars 1792 à la Législative, au club des Feuillants et aux Jacobins.
Qu’il en coûte à ma raison d’obtenir le triomphe sur mon coeur ! Il est si doux d’aimer mais qu’il est cruel de ne pas l’être ! L’amour, même sans estime, est un sentiment nécessaire ; et vous apprendrez un jour qu’un véritable amour naît de la confiance. Il n’existe point dans un penchant idéal, mais dans la même manière de sentir et de voir.
l’être équitable aime mieux être généreux que dupe.
Le mariage est le tombeau de la confiance & de l’amour.
Monsieur, j'ai écouté vos sots discours avec le calme d'un philosophe, avec le courage d'un brave homme et avec un œil observateur. Je suis cette même Madame de Gouges que vous n'avez jamais connue et que vous n'êtes pas fait pour connaître. Profitez de la leçon que je vous donne. On trouve communément des hommes de votre espèce. Mais apprenez qu'il faut des siècles pour produire une femme comme moi. (Livre de Poche, p.55)
Homme, es-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique.
Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d'œil sur toutes les modifications de la manière organisée ; et rends-toi à l'évidence quand je t'en offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu le peux, les sexes dans l'administration de la nature.
Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d'œuvre immortel.
La femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir le droit de monter à la tribune.
Il n'appartient qu'à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du poids à l'essor des droits de la femme, et d'en accélérer les succès.
La nature a mis dans mon organisation la fierté et le courage d'un brave homme.