Citations de Otto Rank (75)
De même que Freud rattache l’hystérie à la production artistique, et la névrose obsessionnelle à la formation d’une religion et à la spéculation philosophique, on peut établir un lien entre les psychoses et la conception mythologique du monde.
La méthode psychanalytique exerce son action thérapeutique en offrant, sous forme de « vérité » scientifique, de nouveaux contenus pour justifier la volonté. Elle favorise donc l'illusion, comme le font : la religion, l'art, la philosophie, l'amour, qui sont les grandes psychothérapies spontanées de l'humanité, comme je les appelais déjà dans l'Artiste. La psychothérapie, dont le but est avant tout de conduire l'individu à l'acceptation de soi et, par suite, de la réalité, doit donc, de par sa nature, donner des illusions, et non la vérité au sens psychologique, puisque c'est elle qui fait souffrir le névrosé.
L'ombre a été le moyen par lequel l'homme a vu pour la première fois son corps. Il en a fait son âme, et cette croyance des peuples primitifs est devenue aussi la croyance primitive à l'âme chez les peuples de la culture antique.
La réintroduction, dans la psychologie, de la notion de volonté résout toute une série de problèmes avec tant de facilité satisfaisante, que certains pourraient y voir une sorte de deus ex machina. Pourtant, je sais parfaitement que telle ne fut pas mon intention; au contraire, j'ai consacré de longs et laborieux efforts à rechercher, sans y parvenir, une solution satisfaisante à certains problèmes soulevés à nouveau par la psychanalyse. J'eus à lutter contre des préjugés de toutes sortes et, finalement, il m'apparut d'abord qu'il était nécessaire de voir en la volonté un facteur psychologique de premier ordre; et bientôt, cela me sembla tout naturel. Cette évidence me parut telle que je me dis alors que seule une résistance énorme peut empêcher de reconnaître toute l'importance de la volonté comme force psychique de premier plan.
Ils étaient tous atteints soit de maladies nerveuses, soit de véritables maladies mentales et manifestaient leur excentricité par l’abus des boissons, des stupéfiants, de l’opium, par des excès sexuels, surtout dans leurs formes anormales. (Les écrivains ayant traité le thème du double)
Achille était lui aussi un homosexuel, plus précisément fellateur, puisqu’il n’avait jamais goûté le sein de sa mère.
La naissance virginale constitue le refus le plus catégorique du père, l’aboutissement du mythe tout entier.
[…] Le fils exécute les actes révolutionnaires à l’étranger et […] il satisfait ses impulsions à l’élimination au détriment de représentants symboliques du père ou, plus souvent encore, d’animaux monstrueux (sacrifice totémique). Ainsi, en accomplissant les tâches imposées par le père pour sa perte, de fils mécontent, il devient un réformateur social de grande valeur […].
[Le héros est] celui qui cherche à surmonter un traumatisme de la naissance particulièrement grave en apparence par la répétition compensatrice de ses actes et exploits.
Le Traumatisme de la naissance apparaît enfin dans l’œuvre de Rank comme le drame maternel d’une trilogie dont le Mythe de la Naissance du Héros serait le drame paternel et l’Artiste celui du héros lui-même qui, ayant sublimé ses pulsions prégénitales, est sorti victorieux du conflit œdipien pour accéder à l’autonomie et devenir créateur de mythes. Ces trois œuvres expriment le mythe même de l’évolution transférentielle idéalisée et de la cure psychanalytique parfaitement terminée.
[Postface de Claude Girard]
Après sa rupture avec Freud, de 1926 à 1934, il [Otto Rank] vécut soit à Paris, soit à New York, organisant des séminaires à New York, Boston et Philadelphie, puis il émigra à New York définitivement. Pour J. Taft ce sont des années d’accomplissement : habile et brillant, il utilisait une technique de traitement raccourci, « laissant au patient le rôle créateur dans le processus thérapeutique, acceptant la réalité émotionnelle de la relation thérapeutique ». Il écrivit alors une œuvre qui l’éloigna des conceptions psychanalytiques par son élaboration théorique et technique centrée autour du traumatisme de la naissance, avec minimisation du rôle du conflit œdipien.
Il n’est nullement nécessaire de se livrer […] à la recherche analytique, pénible et ennuyeuse, du « traumatisme pathogène » : il suffit de reconnaître dans la reproduction le traumatisme spécifique de la naissance et de montrer au moi adulte du patient qu’l ne s’agit là que d’une fixation infantile.
C’est dans ce refoulement à double barrière, le traumatisme de la naissance s’opposant au souvenir de la volupté primitive et le souvenir de cette volupté favorisant l’oubli du douloureux traumatisme de la naissance, c’est dans cette ambivalence primordiale du psychique que se trouve enfermée l’énigme du développement de l’humanité […].
L’art, à la fois représentation et négation de la réalité, se rapproche du jeu enfantin dont nous savons déjà qu’il vise à rabaisser la valeur et la signification du traumatisme primitif en le traitant dans sa conscience comme une chose dépourvue de sérieux. Cela nous permet également de comprendre l’humour qui constitue la victoire la plus complète que le moi remporte sur la partie refoulée de sa vie psychique, à la faveur d’une attitude particulière qu’il adopte à l’égard de son propre inconscient.
Juste et sévère sans violence, le père se trouve érigé en une sorte de barrière contre l’inceste, contre les velléités de retour vers la mère, autrement dit il reprend sa fonction biologique primitive qui consiste à séparer le fils de la mère. L’angoisse éprouvée devant la mère se transforme en une vénération à l’égard du roi et des inhibitions qu’il représente (droit, Etat), contre les tendances du moi.