Citations de Pascal Dayez-Burgeon (14)
Lorsqu'elle lui parvient, à l'été 1453, la nouvelle de la chute de Constantinople consterne l'Occident. On avait beau s'y attendre, on pleure sincèrement cette ultime oasis chrétienne qui avait échappé à tant de dangers depuis un millénaire qu'on finissait par espérer, sans y croire vraiment, qu'elle s'en tirerait toujours. Aux regrets se mêle la peur. Voilà près d'un siècle que le chat ottoman jouait avec la souris byzantine. Était-il repu maintenant qu'il l'avait enfin croquée ? Sans doute pas. Tout portait même à croire qu'après la nouvelle Rome, Mehmed le Conquérant chercherait à dévorer l'ancienne.
Aux abois, l'empire se résume à quelques confettis isolés, mais à la Cour, les nobilissimes, les illustrissimes, les hypersébastes (archi-vénérables), voire les panhypersébastes (hyper archi-vénérables) continuent à porter beau. En comparaison, Versailles était un modèle de simplicité.
On prend Istanbul pour une appellation turque. C'est un contresens. Officiellement, la ville de Constantin a conservé son nom. L'homme de la rue, lui, prit l'habitude de dire qu'il habitait à Konstantiniyye ou, comme les Byzantins, "stin poli", en Ville, Stin poli, Istinbol, Istanbul : Constantinople existe donc toujours.
En 1092, Alexis Ier a pris une mesure énergique. Dévalué par ses prédécesseurs, le "nomisma" ne valait plus rien. Il lui substitue "l'hyperpère", d'une valeur de 20 carats d'or, pratiquement équivalente au "nomisma" initial. Cette opération jugule l'inflation et rend son rôle international à la monnaie byzantine. Sous le nom de besant, l'hyperpère se répand largement en Occident. La France en a gardé le souvenir dans l'expression "valoir son besant d'or", que nous avons déformée en "pesant d'or".
De plus en plus mal reliées à Constantinople, la Syrie, l’Égypte et l'Afrique se sentent pousser des ailes. La pression fiscale, qui, elle, ne se relâche pas puisqu'il faut bien financer la guerre, attise les rêves d'autonomie, sinon d'indépendance. Par habitude, les citoyens respectent l'empereur. Mais les contribuables, eux, sont prêts à s'en passer pour échapper à l'impôt. Et quand on se rend compte que le calife est bien moins gourmand que le basileus, on se fait rapidement une raison. La soumission religieuse naît de l'insoumission fiscale.
L'emplacement de Byzance est exceptionnel... Quand on la découvre, la splendeur des lieux s'impose avec une telle évidence qu'on s'étonne qu'il n'ait pas été mis en valeur depuis la plus haute Antiquité.
La mythologie souligne ce paradoxe. Les premiers Grecs à s'installer dans la région, au VIIe siècle av. J.-C. semble-t-il, commencèrent par y fonder un comptoir dénommé Chalcédoine, mais situé juste en face de la future capitale, sur la rive asiatique. Quelques temps plus tard, quand il fut question de le transformer en colonie à part entière, le général Byzas, qui aurait, dit-on, navigué avec Jason et les Argonautes, se rendit à Delphes pour savoir où s'installer. "Face au pays des aveugles", répondit sardoniquement l'oracle. Et c'est ainsi que Byzas fonda Byzance là où elle se trouve ; au bon endroit.
Mais si Sainte Sophie continue toujours à fasciner, c'est aussi parce qu'elle à fait école. Profondément originale au VIe siècle, la coupole d'Anthénius de Tralles et d'Isidore de Millet s'est imposée comme un classique... Les Turcs leur ont emboîté le pas, notamment Sinan (1489-1588), le grand architecte ottoman... Ses grandes réalisations, les mosquées du prince Mehmet, du pacha Rüstem ou de Süleymaniye sont autant d'hommages à Sainte Sophie, comme l'est également la Mosquée bleue, bâtie au début du XVIe siècle. Même chose en Occident où Saint-Marc de Venise (976) et Saint-Pierre de Rome (1506) ont été conçues en référence à Sainte Sophie de Constantinople.
La Chine inquiète, L'Inde fascine et le Brésil obnubile; la Corée, pas encore. Ce n'est qu'une question de temps. Nouveaux marchés, automobiles, portables ou robots futuristes, tensions avec le Nord: la Corée s'insère chaque jour davantage dans notre quotidien. L'évidence coréenne finira par s'imposer. Autant nous y préparer.
- Voyons, Mademoiselle, le journaliste, c'est une affaire sérieuse, je dirais meme une mission sacrée. Il s'agit d'orienter l'opinion, d'influencer les politiques, de faire ou de défaire les gouvernements. On parle même de IVe pouvoir, c'est-à-dire d'un pouvoir supérieur à celui des ministres, des députés ou des juges.
On va même jusqu'à enseigner aux perroquets du zoo de Pyongyang à répéter "Vive Kim Il-sung!" dans toutes les langues.
Il déclare sans ambages : "plus le niveau de vie augmente, plus le peuple devient idéologiquement paresseux et bâcle ses activités". A tout prendre, mieux vaut les difficultés qui permettent de mobiliser que les solutions qui conduisent à s'en sortir.
La dynastie peut rester en place un certain temps [...] mais ce sera un temps incertain.
"Quoi de neuf ? - Molière !" Voilà ce que répondait Sacha Guitry à la fin de sa carrière. Et aujourd'hui ? On a envie de répondre : la Corée. La Corée libre, moderne, audacieuse : celle du Sud.
Ils ont compris que, pour gouverner, il fallait contrôler les arts, la littérature, la radio, le cinéma et, aujourd'hui, les nouvelles technologies, autrement dit toute la production symbolique.