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Critiques de Pascal Manoukian (298)
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Aux royaumes des insoumis

Lors de ma rencontre privilégiée avec Pascal Manoukian, il m’avait parlé de ce livre de photos prises en Afghanistan et des conditions dignes d’un aventurier des temps passés qui nous permettent de les contempler.



Par un coup du sort, que certains appellent CHANCE, Pascal est entré dans ce pays qui connaissait déjà la guerre entre un pouvoir communiste afghan instauré avec le soutien très actif de Moscou et des tribus rebelles du genre « touche pas à mon islam ». Quelques jours après son entrée dans le pays, 55.000 Soviétiques débarquent avec armes, et quelles armes ! et bagages. Aucun journal n’avait voulu financer son expédition. Comment joindre ce type âgé de 24 ans qui proposait ses services et qu’on a rembarré parce que l’Afghanistan cela n’intéressait personne ?



C’est en écoutant la BBC que Manoukian apprend l’entrée des troupes de l’URSS dans le pays… Et il n’y a pas des dizaines de journalistes sur place… Il est un des rares à se trouver aux premières loges en tant qu’Occidental.



Pascal Manoukian, photographe, va arpenter l’Afghanistan durant toute la guerre, dix ans, et assister aux changements dans la lutte qu’oppose une armée ultra moderne mal préparée à ce type de conflit à un peuple très divisé ne disposant que de vieilles pétoires. L’arrivée de missiles Stinger et Milan va inverser les rôles : les Russes vont devoir se terrer et les rebelles vont monter des opérations qui vont leur permettre d’occuper peu à peu le terrain.



Les photos sont splendides et auraient mérité un format plus grand. Le texte est court et représente un excellent résumé de ce qu’un reporter de guerre a pu vivre dans une contrée aux climats et aux reliefs très rudes. Ce livre est avant tout un témoignage d’un reporter qui n’a pas fait que traverser un conflit quelconque, mais bien LE conflit majeur de la fin du XXe siècle qui va précipiter la fin de l’URSS.

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Ce qu'ils font est juste

En 2015, suite à l'émoi international suscité par l'affaire Aylan Kurdi, l'enfant syrien noyé et échoué sur un rivage en Turquie, l'éditeur Points avait publié Bienvenue !, un recueil de nouvelles rédigées par « 34 auteurs pour les réfugiés », tous bénévoles, dont les droits seraient reversés au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Des noms célèbres avaient participé à cette publication, par des nouvelles très courtes.

En 2017, l'éditeur Don Quichotte (groupe Seuil) repropose une initiative semblable, au bénéfice des associations La Roya citoyenne et Terre d'errance, par un recueil de nouvelles sur le thème de l'accueil et de la solidarité aux migrants. Le titre : « Ce qu'ils font est juste » se réfère à la désobéissance civile à l'ignoble article L 622-1 qui, depuis un décret-loi de 1938 (antérieur donc à Vichy et jamais révoqué), instaure un « délit d'hospitalité ou de solidarité », indépendamment de la nature onéreuse ou gratuite des actes d'accueil – instrument juridique, donc, qui n'est pas utilisé uniquement pour la lutte contre les réseaux de passeurs clandestins, comme le prouve encore récemment l'affaire Cédric Herrou (étudiant aujourd'hui agriculteur à Breil-sur-Roya) et qui pourrait à tout moment rendre hors la loi et justiciables (sans modification législative) les centaines d'associations, organisations caritatives et de collectifs français qui portent assistance et secours aux migrants.

Cet ouvrage collectif, sous la dir. de Béatrice Vallaeys, comporte, après une section les planches du dessinateur Enki Bilal, les nouvelles de 27 auteurs. Par rapport à l'ouvrage de 2015 (en format poche), et malgré un nombre inférieur de participants, le nombre de pages de ce livre est pratiquement doublé : les nouvelles sont généralement beaucoup plus longues, et la « liberté fictionnelle » par rapport à la thématique impartie est également plus grande. Sans doute, la thème de l'hospitalité envers l'étranger se prête-t-il à une élaboration plus métaphorique que celui de la migration, peut-être le lectorat, en quelques années, s'est-il préparé à entendre des voix encore plus disparates et hétérogènes sur ces sujets. Toujours est-il que, grâce aussi à deux nouvelles traduites de l'italien et une de l'anglais, l'éventail des genres littéraires (y compris l'humour, la science-fiction, la mythologie antique, la poésie etc.), les cadres historiques et géographiques des récits, outre les styles s'avèrent très variés.

Ma préférence personnelle, pourquoi le dissimuler ?, va quand même aux nouvelles qui ont un ancrage dans le réel – contemporain ou historique.

Pour nommer quelques textes qui m'ont marqué, je mentionnerai : « Les étoiles de Platon » de Fabienne Kanor, « Laissez passer les loups » de Serge Quadruppani et « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » de Pascal Manoukian, qui met en scène un certain Pal, refoulé de France en 1948, et son fils Nicolas, qui naîtra (en 1955) et grandira en Hongrie, et sera donc décoré parmi les cadets du Parti, plutôt que d'accéder au Palais de l'Élysée...

La postface de Béatrice Vallaeys, « L'immigration, ça fait toujours des histoires », qui retrace l'histoire du fameux article L 622 en citant abondamment Patrick Weil – dont les essais sur les politiques françaises de l'immigration sont absolument essentiels – est également très appréciable.
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Ce qu'ils font est juste

Ce recueil commence avec des dessins de Enki Bilal et comprend 27 nouvelles, toutes d’auteurs différents et très variées que ce soit dans le style ou le thème mais elles ont toutes un point commun et mettent en avant : l’étranger, la solidarité et l’hospitalité.

Quelques-unes peuvent déconcertées par le style, d’autres vous happées mais aucune ne m’a laissée indifférente. De plus, cela m’a permis de découvrir des auteurs.

Ma préférée : Laissez passer les loups de Serge Quadruppani.

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Ce qu'ils font est juste

Lu pour Carole Martinez dont j’avais lu le cœur cousu
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Quelle claque ce bouquin ! Dans un style net, précis, juste et percutant, Pascal MANOUKIAN, cet ancien journaliste de guerre, nous emmène en Syrie et nous fait découvrir l'enfer. Ce livre se lit d'une traite et quand on le referme, on a l'impression d'être entré littéralement dans l'univers de Daech avec toutes ses horreurs...A lire, absolument !
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Un roman réellement journalistique sur l’horreur de l’état islamique. Tout y est : le mode de recrutement, les personnalités des candidats au djihâd mais aussi toute l’histoire de ce pays, ces superbes monuments que nous ne verrons plus.

Un excellent moment de lecture.



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Ce que tient ta main droite t'appartient

Pour Karim et Charlotte, le bonheur semblait parfait. L’amour les unit malgré les différences, un enfant doit agrandir prochainement leur famille. Mais un soir, leurs vies basculent pour toujours dans l’horreur. Charlotte, accompagnée de ses amies, se trouve au Zébu Blanc, un bar parisien théâtre d’un attentat sanglant. Elle n’y survivra pas. Mû par un puissant désir de vengeance, Karim met tout en œuvre pour infiltrer un réseau de terroristes, au cœur même de l’État islamique. Commence alors pour lui un enfer qui le mènera jusqu’en Syrie, sur les traces du responsable de l’embrigadement d’Aurélien, celui qui a assassiné sa femme et son enfant. Sur son chemin, il rencontre des hommes et des femmes, crédules, qui ont tout abandonné de leur vie occidentale pour la (fausse) promesse d’un bonheur ultime en terre musulmane…



Dans ce roman, la fiction vient servir avec justesse et précision une vérité très en prise avec notre société contemporaine. On découvre comment des personnes comme vous et moi, que l’on croise à chaque coin de rue, décident de tout quitter au nom de croyances injectées insidieusement dans leur esprit par des « recruteurs », via Internet, depuis la Syrie. Le terrain semble malheureusement déjà propice, et habilement repéré par ces recruteurs, qui exercent une manipulation sur des esprits déjà formatés par les médias, les émissions abrutissantes, comme le dénonce subtilement mais fermement Pascal Manoukian tout au long de son roman.



Rien n’est épargné au lecteur. L’omniscience du narrateur nous plonge au cœur des motivations qui ont poussé Aurélien, mais aussi Anthony, Sarah et leur fils Adam, sans oublier Lila, une adolescente en rupture avec sa famille, à tout quitter pour aller en Syrie. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le lecteur parcourt avec stupeur les lignes décrivant méthodiquement les stratégies de recrutement et de formation (ô combien sournoises et cruelles) des futurs combattants, mais aussi la réalité du quotidien des habitants syriens. Le contraste entre promesses et réalité est plus que percutant…



Comme dans son précédent roman, certaines scènes sont glaçantes de réalité, décrites froidement, avec tant de méticulosité dans les mots choisis que le lecteur ne peut être qu’instantanément saisi d’effroi. On en oublierait presque qu’on est ici dans une fiction, tant la problématique du terrorisme est tristement d’actualité dans notre monde moderne… Quand on sait que Pascal Manoukian est reporter de guerre, on comprend mieux d’où l’auteur tient toutes ces informations et ce récit qui nous apparaît alors si documenté.



C’est donc un récit détaillé, comme dans un reportage, savamment mis en scène par le biais de personnages plus vrais que nature, que vous trouverez ici. Ce livre est riche, dense, complexe, désarmant. Les pages s’enchaînent à un rythme haletant, et pris dans ce tourbillon infernal, à l’image de Karim, il vous sera difficile de vous défaire de ce roman, même une fois refermé… Il y a des livres qui marquent votre existence, grâce au talent d’un auteur, mais pas seulement. Le nouveau roman de Pascal Manoukian, est, selon moi, indéniablement de ceux-là…
Lien : http://lismoisituveux.com/ce..
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Charlotte et Karim s'aiment. Charlotte attend un enfant de Karim. Il fait beau à Paris. Charlotte s'apprête à retrouver des amies à la terrasse du Zébu blanc pour leur annoncer la bonne nouvelle. Mais Aurélien, que Karim a connu lorsqu'il habitait en banlieue, passe par là. Charlotte est assassiné. Cet événement qui rappelle les attentats de novembre 2015 marque pour Karim le début d'un itinéraire qui le mènera au cœur de l'horreur. Mu à la fois par le chagrin, la haine et le désir de vengeance, il veut remonter aux sources du mal, à Abou Ziad, l'un des « cerveaux » de Daech.

Étonnante est la facilité avec laquelle il se fait recruter via Facebook. L'infiltré part pour un périple en Syrie avec un couple d'illuminés, leur bébé et Lila, une ado paumée qui prend ce voyage vers l'abjection pour un jeu, passant sans état d'âme « de Candy Crush à Call of Duty ».

S'appuyant sur des faits avérés qui ne parasitent pas la force romanesque de ce récit impeccablement construit et écrit, « Ce que tient ta main droite t'appartient » n'apporte pas de réponse explicative à l'enrôlement des fous de Dieu. Il décrit et le ressenti devant tant d'abjection est glaçant.



EXTRAITS

- Des trucs tellement loin de nos valeurs qu'on a du mal à imaginer quoi. Ça arrive à chaque génération. Les jeunes communistes rejoignaient l'Union soviétique pour vivre dans une société sans classes, les hippies partaient à Katmandou en rêvant d'un monde sans violence... Eh bien, pour tous ces types aujourd'hui, l'aventure, ce n'est plus de faire Paris-Dakar mais Paris-Raqqa.

- Il lui revient des images d'enfants s'entraînant à égorger des ours en peluche dans un camp de Daech.
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Pascal Manoukian signe une plongée à la fois terrifiante et salutaire dans l'antre de l'organisation terroriste.
Lien : http://www.lexpress.fr/cultu..
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Ce que tient ta main droite t’appartient de Pascal Manoukian

Contrairement à mes habitudes avant de vous parler de ce livre qui vous remuera les sens, c’est du moins ce que j’ai ressenti, je me suis attardé sur la personnalité de son auteur Pascal Manoukian. Pascal Manoukian, né en 1955 est un ancien reporter de guerre et cela prend sens à l’écriture de ce livre, qui a couvert entre 1975 et 1995 tous les théâtres des grands conflits du Liban à l’Irak. Qui en 1979 est pratiquement le seul photographe occidental présent au moment de l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan. Qui en 2013 a dirigé l’agence Capa. A la lecture de ce parcours, j’ai mieux compris l’âpreté de ce livre Ce que tient ta main droite t’appartient. « Si ce soir-là, Charlotte n’était pas sortie dîner entre filles, si Karim son futur mari Algérien, musulman croyant en un Islam de paix et de partage n’était pas allé à la mosquée, jamais elle n’aurait déchiré sa robe, jamais il ne serait parti en Syrie. Chaque jour ils seraient plus amoureux, boiraient du Sancerre au bonheur de leur 30 ans et danseraient sur Christine and the Queens. » Mais avec des si, ne mettrions-nous pas Paris en bouteille ! Dans les premières chapitres Pascal Manoukian, nous présente la famille de ces deux jeunes gens, leur façon de vivre, la façon qu’ils ont de pratiquer leur religion et la quiétude de leur foyer qui va accueillir un enfant, Charlotte étant enceinte. Mais au fil des pages que l’on tourne l’on sent poindre une tension, que vous ressentirez sans aucun doute. La crainte que leur vie à Charlotte et Karim soit trop belle, trop tranquille, loin des bruits de la ville. Cette tension je l’ai ressenti physiquement et j’avouerai c’est bien la première fois que je me suis senti oppressé. Ce rendez-vous avec des copines, toutes heureuses de se retrouver et de fêter le ventre rond de Charlotte, va être interrompu par la venue d’un ancien camarade de Karim, Aurélien un français de souche fréquentant une mosquée Salafiste. Celui ce soir-là après avoir quitté sa mère dans leur HLM de banlieue, après s’être maquillé, l’on pouvait penser qu’il se rendait à une soirée, retrouve un autre camarade à lui qui lui demande : s’il a bien pris son cachet et lui en redonne un autre, l’informant « Mon frère tu vas bander toute la soirée ».En fait il va se retrouver avec une arme automatique dans les mains, mitraillant avec son comparse, les personnes se tenant en terrasse et dans l’établissement le Zébu Blanc avant de déclencher leur ceinture d’explosif préparée avec des clous, des boulons et autres objets métalliques pour faire le plus de victime possible. A partir de cet instant nous entrons dans la deuxième partie de ce livre. Karim, veut comprendre le chemin de la radicalisation d’Aurélien et décide de partir en Syrie venger Charlotte. Pour cela sous un faux nom via Facebook il s’inscrit. Rapidement au regard de son profil il est contacté par un recruteur de Daesh intéressé par son profil. Son parcours va d’abord le conduire en Belgique, dans le quartier que nous connaissons tous par l’actualité récente, celui de Molenbeek. Là, il va rencontrer Lila qui a 15 ans, en rupture familiale, qui rejoint son mari épousé sur internet est vivre dans le paradis vanté ou tout est à profusion. Anthony qui pense donner un monde meilleur à sa famille composée de Sarah et de leur enfant Adam âgé de 4 ans. Leur périple ne sera pas de tout repos. Les règles des recruteurs, puis des passeurs doivent être suivies à la lettre, tout manquement étant sanctionné. Vous découvrirez comment l’on passe aisément moyennant son passage de la Turquie à la Syrie. Le voyage idyllique, le paradis promis, va vite se transformer en cauchemar en approchant la ligne de front bombardé et en rejoignant via des immeubles éventrées un contact qui les conduiront dans un camp ou femme et homme vont apprendre à tuer avant d’être volontaire pour des actions terroristes notamment en France. « Au septième jour, plus un homme n’est debout, aucune volonté n’a résisté, on leur a trépané la mémoire, les instructeurs n’ont plus qu’à y plonger les doigts pour les reprogrammer. »



Daesh via les réseaux communique constamment. Karim ayant travaillé en montage pour des reportages télévisés, va devenir responsable du montage de films réalisés lors de massacre de population Yézidie berceau de l’humanité. ou les jeunes filles deviennent des esclaves sexuelles, mises à disposition de leur maitre avant d’être exécutées lorsque celui aura une autre jeune fille non pubère à sa disposition. « Aucun esprit sain n’était capable d’imaginer l’horreur qui se dégageait des cheminées des camps. C’est le propre des bourreaux d’inventer des douleurs qui dépassent l’imagination. Ils peuvent ainsi assassiner les mains libres. » Des passages inimaginables vont être ainsi mis en ligne, pour attirer d’autres individus. « Daech précise un responsable en Syrie à Karim, trouve sa force dans nos faiblesses, dans notre démocratie, dans les carences de notre société. « La force des barbares est d’utiliser les faiblesses de ceux qu’ils combattent. Il a suffi à Daech d’ouvrir Télé Z pour découvrir les nôtres. » Le recrutement tourne à plein régime via les réseaux sociaux attirant les laissées pour compte, les plus crédules, les moins cultivés et les désespérés. Daech ne compte pas ses morts aussitôt remplacés par des nouveaux volontaires venant de tous les pays du monde. Karim s’investit dans son travail pour un seul but, celui de rencontrer le chef qui a endoctriné Aurélien et de le tuer pour venger Charlotte. Karim y parviendra-t-il ? C’est dans ce voyage réaliste de l’embrigadement à toutes les violences que je vous invite à lire le livre de Pascal Manoukian Ce que tient ta main droite t’appartient. Un livre à mes yeux indispensable qui va vous conduire à vous interroger. Un livre dont le style percutant vous fera froid dans le dos. Un livre qui je le sais hantera vos nuits, dont on ne sort pas indemne. Mais un livre, juste, efficace, mettant en lumière des monstres, mais aussi des centaines d’égarer qui ont fait le mauvais choix, pour de mauvaises raisons. Bien à vous.

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Ce que tient ta main droite t'appartient

Comme il sait si bien le faire, Pascal Manoukian, en fin observateur de notre monde, décrit avec une grande minutie les mécanismes de l’embrigadement et de la propagande de Daech. Certains passages font froid dans le dos tellement il est simple, dans notre monde hyper connecté mais aux nombreuses failles, à la fois de brouiller les pistes mais aussi de répandre avec facilité ces idées nauséabondes.



Pour évoquer tout cela, Pascal Manoukian nous raconte l’histoire de Karim qui perd toute sa vie en une nuit. Désireux de se venger, il approche le monde de Daech et se laisse « embrigader ». Cette décision folle le conduit en Syrie où il découvre tout le système et d’autres Français embrigadés. Mais comment ne pas tomber dans la même violence que ces fous ?



Si Pascal Manoukian livre des portraits saisissants des islamistes et des embrigadés, il n’hésite pas non plus à se faire le critique des médias, des réseaux sociaux, de tous les outils qui peuvent abrutir les gens et notamment les plus jeunes (au passage, un animateur TV en prend pour son grade à un moment du roman). J’ai beaucoup apprécié aussi le retour de personnages du premier roman dans cette histoire (et dont le sort ne s’est pas forcément arrangé…).



Un livre à lire de toute urgence et qui confirme le grand talent de Pascal Manoukian !
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Un roman dur, terrifiant de vérité, une histoire d'actualités.



C'est le premier roman de l'auteur que je lis et la première chose qui m'a sauté aux yeux dès les premières lignes est le style de l'auteur. Pascal Manoukian a une plume addictive, pleine d'émotions. Il traite ce sujet difficile avec beaucoup de sensibilité et d'humanité. Je ne m'attendais pas à ressentir autant de choses à la lecture de ce roman.

Pascal Manoukian sait traiter d'un sujet difficile, d'actualités en nous touchant, en nous faisant comprendre comment il peut être facile de tomber du "côté obscur" et difficile d'en sortir.



Karim, musulman non pratiquant voit sa vie bouleversée : son amie Charlotte enceinte est tuée lors d'un attentat perpétué par Aurélien, converti à l'Islam.

Karim et Aurélien ont grandi dans le même quartier, fréquenté les mêmes écoles. Comment ont-ils pu prendre deux chemins totalement différents ? Telle est la question que se pose Karim. Il veut comprendre et se venger.

A travers la démarche de vengeance de Karim, on découvre le côté terrifiant de l'embrigadement, cette manière simple et efficace de recruter.

Tout au long de son parcours, Karim se pose beaucoup de questions : il se demande comment lui arrive à voir au delà de cet endoctrinement.

On ressent toute l’ambiguïté de celui qui saute le pas et croit à un rêve et celui qui réfléchit plus loin et ne voit pas comment se sortir ce mauvais pas.



De tout ce questionnement et de la plume de l'auteur ressort beaucoup d'émotions, de colère rien d'excessif, juste ce qu'il faut pour nous montrer combien les choses ne sont pas simples.



Un excellent roman d'actualité écrit avec beaucoup de talent, de réalisme sur ce mal d'aujourd'hui dont les racines sont profondes et que quelque part l’histoire ne fait que se répéter.
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Je tente de nouveau Manoukian. Après avoir tant aimé les échoués, puis être tellement dérangée par le cercle des hommes, on m’assure de lire Tout ce que tient ta main droite t'appartient « un livre tellement poignant ».

Alors ça démarrait sûrement avec déjà beaucoup d’attente!!



Les personnages ont tout pour émouvoir mais rien ne se passe pour moi. Ça m’a même semblé assez grossier de nous proposer tant de pathos. Tant de cordes pour être sûr de nous attendrir, de nous démontrer, de nous mettre à partie. A moitié livre, je survole le reste pour me semble t il garder cette idée que l’auteur est resté reporter de guerre qu’il a voulu nous faire passer un message en mettant bout à bout tout ce qu’il a pu voir, ce qu’il a pu comprendre, ce qu’il a pu vivre, ce qui le révolte et nous la rendu comme ça, chaud bouillant.



J’ai trouvé là un récit sur les attentats, les embrigadements, mené avec un penchant pour les raccourcis et les enchainements hâtifs, probablement pour faire décoller l’histoire. Mais pour moi ça n’a pas fonctionné, c’est un cumul de mise en scène parfois caricatural qui ne se suffit pas.
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Ce que tient ta main droite t'appartient

La vie de Karim s'arrête un doux soir de printemps... sa fiancée Charlotte, enceinte de leur fille, est abattue par un kamikaze se réclamant d'Allah à la terrasse d'un café parisien. Il est dès lors obsédé par la vengeance. Le comble, c'est que l'assassin de sa bien-aimé, Aurélien, a grandi dans la même cité que lui, a fréquenté la même école. Une enquête brève et facile sur les réseaux sociaux lui livre l'identité du recruteur d'Aurélien : Abou Ziad, chef obscur, insaisissable, de l'Etat islamique. Toujours par internet, Karim se fait enrôler, et une semaine après la mort de Charlotte, il part pour la Syrie... il y subit l'entraînement des combattants pour le djihad, puis pénètre les arcanes de la barbarie et de l'obscurantisme, assiste aux tortures, aux viols et aux massacres de toutes celles et ceux qui ont le malheur de ne pas souscrire à la folie fanatique des extrémistes, ou simplement de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment... Sa formation de monteur vidéo l'amène bientôt à participer à l'élaboration des films de propagande tournés sur les lieux de combats et de massacres, mises en scènes sophistiquées et exaltées des violences perpétrées dans une Syrie devenue pour ces déments l'équivalent d'un jeu vidéo géant, offrant sont lot de villages à brûler, de "traîtres" à tuer... à l'heure du buzz et des réseaux, Daech a bien saisi l'air du temps ...



Au fil de son parcours, il côtoie des jeunes hommes et des jeunes femmes qui ont fui une société où ils ne se pensaient pas d'avenir, où ils étaient méprisés, oubliés. Ils ont cru au rêve qu'on leur a vendu, celui d'un califat égalitaire et généreux, d'hôpitaux gratuits, de logements et d'éducation pour tous, d'une société débarrassée de la corruption et de la délinquance, dont les membres seraient soudés par une religion et des valeurs communes... la désillusion est cuisante lorsque, sur place, ils trouvent le chaos et la guerre, doivent se soumettre à des hommes sanguinaires et obtus, des fous pitoyables et pourtant investis du pouvoir de vie ou de mort sur quiconque croise leur route. Au contact de ces crédules qui se sont tragiquement fourvoyés, Karim réalise la vulnérabilité permanente des esprits fragiles, qui, faute d'une solide éducation, d'un foyer stable, d'une écoute, sont faciles à séduire, surtout lorsqu'on les invite à suivre un chemin tout tracé, vide de doute.



Le propos de Pascal Manoukian est certes louable... son récit exprime sa volonté de mettre en exergue les mécanismes qui font basculer dans le fanatisme, l'absurdité d'un extrémisme religieux qui se réclame de versets écrits il y a 3000, interprétés au pied de la lettre alors qu'ils ne sont plus adaptés au monde d'aujourd'hui, et les dangers d'un islam perverti. Il pointe du doigt un système qui a "disjoncté", rendant inutiles ou inexistants les gardes fous (politiciens, parents, imams, professeurs) censés éduquer au discernement, à la tolérance. Il se montre particulièrement sévère avec l’atterrant appauvrissement culturel auquel les médias soumettent les individus, sapant leur capacité à l'analyse et à la réflexion.



Malheureusement, ces bonnes intentions, en transparaissant de manière trop évidente, font que le récit tourne par moments à la démonstration, une démonstration par ailleurs exprimée d'une manière parfois didactique qui la rend caricaturale. Les personnages, comme s'ils n'étaient mis en scène que pour étayer le point de vue de l'auteur, en perdent de leur consistance. De même, l’enchaînement souvent trop rapide des événements altère leur crédibilité.
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Si vous avez lu Les échoués, son poignant premier roman, vous savez que Pascal Manoukian, ancien reporter de guerre, ne cherche pas à travers la fiction à proposer une vision édulcorée du sujet dont il s’empare. Il ne considère pas le roman comme un terrain de divertissement, mais peut-être plutôt comme une forme lui permettant de porter un regard différent sur ce dont il a pu être témoin, notamment dans son activité professionnelle, et je lui en sais gré. Après avoir dépeint la condition des migrants, il s’intéresse cette fois au terrorisme islamique. Autant vous dire qu’on n’aborde pas cette lecture avec légèreté...



Manoukian utilise comme point de départ un attentat perpétré à Paris, à la terrasse du Zébu blanc, un café du Xe arrondissement, qui n’est évidemment pas sans rappeler les terribles événements que nous avons connus en novembre 2015. Son héros, Karim, d’origine algérienne, musulman non pratiquant, est sur le point d’avoir un enfant avec la jolie Charlotte. A eux deux, ils forment un couple heureux et confiant en l’avenir. Mais Charlotte est l’une des victimes du Zébu blanc, et Karim doit faire face à l’insondable douleur. Pour rester debout, il éprouve le besoin de comprendre et de remonter à la source de ce carnage.

Par le biais d’Internet et des réseaux sociaux, il entre alors en contact avec des responsables de Daech afin de partir pour la Syrie, avec le projet un peu flou, et surtout un peu fou, d’approcher l’un des chefs de cette organisation. A la nécessité de comprendre et de toucher du doigt l’origine de ce qui a détruit sa vie se mêle un irrépressible besoin de rendre la douleur.



Je ne vous dirai rien de plus de l’intrigue magistralement menée par l’auteur. Car tout son talent est là, dans son habileté à construire une fiction qu’on ne lâche pas, en compagnie de personnages auxquels on s’attache très vite, mais qui évoluent dans un paysage que l’on sait scrupuleusement documenté et malheureusement très réaliste. Evidemment, certaines scènes sont insoutenables, précisément parce qu’on a pu voir relater des faits similaires dans la presse. Mais par le regard de son héros, Manoukian réussit toutefois à ramener une étincelle d’humanité là où tout n’est que barbarie, et l’on parvient dès lors à aller au bout de ces terribles moments.

Mais surtout, et il le doit sans aucun doute à la connaissance qu’il a acquise sur le terrain, il ne se contente pas de décrire les événements. Il explique, par un contexte économique, par un contexte géopolitique, par le constat d’un mouvement progressif mais généralisé vers une forme d’aculturation, la manière dont on en arrive à voir l’impensable exister. Il démonte avec précision les mécanismes de recrutement des terroristes. Il donne à voir l’escalade, il montre sur quels terreaux naissent la haine et la violence. Il porte un regard sans concession, mais jamais dénué d'humanité.

Il en ressort un roman d’une grande force, d’une belle intelligence, servi par une écriture fluide et efficace, élégante et juste.


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Bluffant !! une belle lecture et une vrai richesse de l'écriture
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Lorsque j'ai beaucoup aimé un premier roman, l'angoisse m'étreint à l'idée de découvrir le deuxième. C'est sans doute la raison pour laquelle "Ce que tient ta main droite t'appartient" attendait sur une étagère depuis le jour de sa sortie – et de son achat – en librairie.



Allais-je retrouver l'empathie avec laquelle Pascal Manoukian parlait de ses "échoués" ? Allais-je retrouver l'absence de jugement, le recul avec lesquels il décrivait leur vie, les chagrins, les difficultés ? Allais-je retrouver son don d'observation, sa manière bien à lui de décrypter les faits, d'analyser les situations ?



La réponse est OUI, et plus encore. Cette fois, c'est dans les coulisses de DAESH qu'il nous emmène. Karim, jeune musulman, vient de perdre sa compagne, victime d'un attentat. Ce soir-là, elle fêtait sa grossesse dans un bar, avec ses amies. Lui, s'était rendu à la mosquée pour discuter avec l'imam du baptême oecuménique qu'ils envisageaient pour leur bébé. Il devait ensuite la rejoindre. Oui, mais voilà… à quoi tient la vie, un RER bloqué et il arrive trop tard.



Et, sans Charlotte, sans Isis, la petite fille à venir, la vie c'est le chagrin, la douleur, l'enfer, la mort lente qui mènent à l'esprit de vengeance… surtout lorsqu'il découvre que l'auteur de cette tuerie – Aurélien, un converti – était un copain de CM2... la suite je vous laisse la découvrir.



Il fallait tout le talent d'écrivain de Pascal Manoukian, sa belle écriture, ses connaissances du terrain, de l'Histoire des différents pays cités, ses qualités de "documentariste", son absence de parti pris pour nous faire pénétrer le réalisme de la situation. Il regarde, décrit, analyse cette radicalisation, il essaie d'en comprendre les ressorts – de nous les faire comprendre – sans jamais juger, émettre une critique. Ce récit est une véritable plongée au coeur d'un système destructeur, d'une machine à tromper, broyer, tuer. Il nous amène à réfléchir à notre propre culpabilité, à ouvrir nos yeux, nos coeurs. Il nous emmène loin dans l'horreur… Chanchal, l'un de ses "Echoués", vendeur de fleurs ambulant qui, des rives du Brahmapoutre à celles de la Seine a subi mille souffrances avant de trouver l'amour d'Iman arrivée de Somalie puis de tomber au milieu de ses roses, soufflé par la machine à tuer d'un kamikaze. A quoi tient la vie… Pourtant, toujours plein d'humanité, l'auteur termine sur une note d'espoir : la décision finale d'un homme de ne pas devenir comme les autres, de ne pas laisser la vengeance s'imposer…



Ce récit m'a plus touchée que le précédent, peut-être parce qu'encore plus actuel. Si j'enseignais encore, je crois que j'aimerais l'étudier avec mes élèves, leur faire toucher du doigt ce que l'obscurantisme a de dangereux, combien il est indispensable de réfléchir, de comprendre, d'écouter, de partager, de dialoguer et de ne pas se laisser abuser par de beaux parleurs.

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Ce que tient ta main droite t'appartient

Le nouvel opus de Pascal Manoukian, tout aussi percutant que "les Echoués".



Un roman sur la radicalisation mais pas seulement... un roman sur la fragilité de la vie... sur l'amour et sur les hasards parfois malencontreux de notre existence.



C'est l'histoire



De Charlotte et Karim, un couple amoureux que la mort va séparer... Karim va alors chercher  à comprendre pourquoi et comment un jeune homme qui partagea sa classe en primaire est devenu un kamikaze. Sa soif de vengeance va le pousser à emprunter un chemin dont peu reviennent.



Cela nous rappelle que la vie ne tient qu'a un fil, que tout peut basculer et nous séparer brutalement des êtres que l'on aime. Mais ce livre nous donne aussi envie de croire encore que la bonté de l'être humain l'emportera toujours sur la terreur.


Lien : https://justelire.wordpress...
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Mais quel deuxième roman !!! Pascal Manoukian vous êtes un auteur, un vrai... Vous avez ce don, ce petit supplément d'âme qui font de vos mots une magie... Et pourtant le sujet de votre livre n'en est pas une... Bien au contraire...



Paris, à la terrasse d'un café, alors qu'elle fête avec ses amies sa toute nouvelle grossesse, Charlotte meurt sous la bombe d'un terroriste. Et avec elle, c'est tout l'univers de Karim, son conjoint, qui s'effrite. Il doit trouver un sens à tout ça, des réponses à ses questions et surtout un coupable. Il part alors pour la Syrie avec la ferme intention de tuer celui qui lui a tout pris...



Dès les premières pages, on sait que ce roman ne nous laissera pas indemne. Sans aucun jugement, Pascal Manoukian décrit avec précision l'embrigadement, la propagande et la perte de repères de tous ces hommes et ces femmes qui partent pour un meilleur Islam. Mais Karim est celui qui sauve cette religion de partage et de paix. Il est la figure qui nous raccroche à l'espoir de voir un jour l'intelligence revenir. Il est la force de croire en ce Dieu qui n'a jamais prôné la guerre et les tueries...



Ce livre est essentiel... Il ne cache en rien la réalité, il n'apporte aucune solution, mais il a le mérite de nous faire réfléchir, de nous faire ouvrir les yeux, sans baisser la tête...
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Coup de cœur ❤️



On a toute la vie. Voilà les derniers mots de Charlotte pour Karim, le père de son futur enfant.



Ce soir pas de bas filé pour la retenir, elle part retrouver ses amies au Zébu blanc dans sa jolie jupe.



Aurélien aussi se rend au Zébu blanc, mais son dessein est plus sanglant.



Il fait feu et le monde de Karim s’écroule. Adieu sa Charlotte, adieu son enfant, adieu sa vie d’avant.



Il va alors partir en Syrie sur les traces des terroristes en quête de réponses. Pourquoi? Et qui est le commanditaire de l’attentat qui lui a pris ce qu’il avait de plus cher? Karim va intégrer le camp des bourreaux.



Ce roman est dur mais juste. Tellement poignant. L’auteur décrit parfaitement, on découvre l’embrigadement, la Syrie, les désillusions, la peur et le fanatisme, mais sans jamais juger, en essayant de comprendre. Il enseigne le pardon au delà du désir de vengeance car la peine des uns ne réduit pas sa propre peine.



J’ai énormément aimé même s’il fait mal, même s’il vous noue la gorge.



Ce roman vous marquera.
Lien : https://livredelivre.wordpre..
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