Citations de Pascale Maret (71)
Le Tuteur était installé sur le canapé, encadré par deux autres membres du Conseil des Sages, Jean Vizade, le patron de mon père, et Robert Parchamp, le mari de celle qui m'avait vue devant le club. Mon père occupait le fauteuil qu'on appelait toujours "de grand-mère Marthe", même si elle était morte depuis plus d'un an. Ma mère était reléguée sur une chaise, un peu en retrait.
Le Tuteur avait posé sur moi ses yeux délavés et m'a dévisagé d'un air glacial. Je me suie sentie remplie de haine. Cela faisait quinze ans que j'entendais cet homme me prêcher l'amour de Dieu et de mes "frères et sœurs", et tout ce que j'éprouvais pour lui, c'était une violente haine.
"Une fois en enfer, on oublie qu'il existe un autre monde et on ne cherche même plus la sortie. Les damnés des mines n'étaient pas prisonniers de murailles infranchissables, mais de la malédiction du jade" (p. 187)
J’ai décidé d’écrire ma vie, alors voilà, j’y vais.
En fait, c’est l’autre requin du Washington News qui m’a donné l’idée.
Il voulait qu’on se rencontre une fois par semaine : je lui aurais raconté, et lui, il aurait mis mon histoire noir sur blanc. Mais je commence à bien les connaître, ces journalistes fouille-merde, ils ont assez pondu de conneries sur moi. Alors tant qu’à faire, je me suis dit qu’il valait mieux que je m’en charge moi-même.
« C’est une bonne idée, mec, il m’a dit, Alex, ça t’occupera, et en plus ça peut te
rapporter du blé. »
C’est sûr que j’ai du temps de reste mais, pour ce qui est du blé, je suis pas sûr de vouloir en gagner avec ça. Le problème, c’est que je sais pas trop par où commencer. Il s’est passé tellement de trucs dans ma vie.
Pourtant, j’ai que dix-neuf ans.
- Mais qui es-tu donc ? s'écria le Lièvre Doré. Je ne t'ai jamais vu !
- C'est l'Oiseau Arlequin, expliqua le Mainate. Il est extrèmement timide. Il est très difficile de la voir quand il ne bouge pas car il se fond dans le paysage. C'est d'ailleurs ce qui arrive le plus souvent, car il aime passer inaperçu. Mais aujourd'hui, il a décidé de venir nous aider.
Et la grosse Aphrodite, elle était pas trop, quand elle a atterris sur le cul ? Vous avez vu notre Blakette, le regard de tueuse qu'elle lui a jeté ? Ben oui, Sandra, j'ai dit " grosse ", c'est pas politiquement correct, je sais, mais elle est pas mince quand même.
Alors qu'eux faisaient les clowns pour distraire de leur ennui insondable des gens avachis devant leur télé, Tun, Paï, Sadhu et les autres mettaient leur vie en jeu pour combattre l'injustice. Sam ne pourra plus penser le monde de la même façon désormais.
Sam ne trouve plus ses mots. Il voudrait expliquer à Tun qu'en France la voie de la réussite est ouverte à tous, mais que pour certains c'est une autoroute sur laquelle on fonce sans rencontrer d'obstacles, et pour d'autres un chemin pourri...
Cette histoire a confirmé ce que je pensais: c'est quelqu'un de plus sensible et complexe qu'il n'y paraît. Mais finalement, n'est-ce pas le cas de tout le monde?
Ce qui nous aide le plus Maxime et moi, c'est d'être ensemble. Comme le dit un proverbe anglais que j'aime bien : "Every cloud has its silver lining", chaque nuage a sa petite bordure argentée.
Comme d'habitude, il s'est précipité sans réfléchir. Il est impatient et imprévoyant, ce sont des défauts dont il a conscience. Pourtant il ne peut pas ou ne veut pas s'en débarrasser : ceux qui se harnachent de mille précautions en prévision des aléas de l'existence la traversent d'un pas lourd et sans joie. Lui, il préfère voyager léger. Et tant pis pour les fois où il trébuche. (p.43)