Patricia Reznikov vous présente son ouvrage "
Amrita" aux éditions Flammarion. Rentrée littéraire automne 2020.
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amrita
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-Vous connaissez les bancs chuchotants ?
-Les bancs quoi ?
-Les bancs qui chuchotent (...)
-Oui . Ceux du parc Montsouris. La dernière fois que je m'y sois promenée, c'était un jour de mai, en semaine. Il n'y avait presque personne. Je me suis assise sur un des bancs et j'ai écouté les voix. C'est une oeuvre de l'artiste Christian Boltanski, qu'il a appelée -Murmures-
Il s'agit de plusieurs bancs installés le long d'une allée et qu'il a équipés d'un système sonore. Lorsque quelqu'un s'assied sur un de ces bancs, un détecteur
de présence déclenche le système placé en dessous et des voix vous chuchotent des phrases d'amour en dix langes différentes. Japonais, russe, chinois, polonais et plein d'autres impossibles à identifier. C'est très étrange. Et beau. (p.91)
Ce qui est accompli ne peut se défaire. Ce qui est mort ne revit pas.
Ses interventions s'apparentaient presque à un enlèvement. Elle me confisquait à ma solitude, comme on supprime un jouet à un enfant qui ne veut pas se concentrer et apprendre.
Brisé, criblé de dettes, endeuillé par la mort de sa mère, il (Nathaniel Hawthorne) écrira en quelques mois, pendant l'année 1849, votre -Lettre écarlate...
J'imaginai un instant ce bel homme à l'allure romantique, dont le regard doux et fiévreux transparaissait encore sur les vieilles photos des anthologies, obligé d'arpenter les docks glacés et balayés par le vent et la neige, pour contrôler les marchandises en provenance du monde entier. Puis consignant des colonnes de chiffres dans des livres, dans son bureau de State street, alors que la littérature le réclamait. (p.54)
Je rentrai a l’hôtel a petits pas, marchant a l'ombre des que l'occasion se présentait. Arrivée dans ma chambre, je pris une douche, puis j'essayai de nouveau de joindre ma fille. Lorsque j'entendis sa voix fluette si lointaine traverser l'Atlantique, je laissai les larmes ruisseler sur mon visage. Il était dix heures du matin a Paris. Elle voulait savoir si je me baignais a Boston, si l'eau était chaude. Son père allait l'emmener a la piscine, ensuite ils feraient des crêpes, hier elle avait mangé une glace a la violette, comme la fleur, tu sais Maman, son amie Anaïs rentrait de Bretagne le lendemain et elles passeraient la journée ensemble, et est-ce que tu as trouvé ce que tu cherches en Amérique, dis, Maman, et est-ce que tu penses a moi cent fois par jour et quand est-ce que tu reviens?
-Tu sais qu'à Vienne, au début du siècle, ce sont les juifs qui encourageaient les arts, qui étaient à la fois le public et les vrais mécènes ? Les bons bourgeois juifs assimilés. Certains avaient même oublié qu'ils l'étaient. Et parmi eux, il y avait tous ces musiciens et ces dramaturges, ces artistes extraordinaires ! Schnitzler, Strauss, Malher et le plus lucide de tous, Zweig ! Sans eux, sans nous, rien de tout cela n'aurait existé. La Vienne à nulle autre pareille, notre Vienne... s'agissant de Johann Strauss, aussitôt après l'Anschluss, les nazis ont fait disparaître le certificat de baptême de ses grands-parents pour effacer le fait que la famille avait été juive et s'était convertie, car Hitler aimait trop la valse ! (p. 62)
Regarde ses voyelles, ses « m » et ses « n », tous serrés et sages, on dirait des petits enfants qui vont au catéchisme ! Quelle femme ennuyeuse pour son mari ! On voit, à ses hampes courtes, qu’elle n’a aucune aspiration supérieure, et à ses jambes naines, qu’elle n’aime pas l’amour physique ! Et tout ça c’est le résultat de son éducation ! Son écriture est lente, pas très intelligente. Je suis sûre qu’elle n’a jamais ouvert un livre intéressant !
— Qu’est-ce que tu crois qu’il lui est arrivé ? demandait Alicia, fascinée.
— À ton avis ? Son mari la trompe ! Elle va finir seule et amère.
Quelle que soit l'époque, ou la société, j'ai toujours pensé que les enjeux humains étaient les mêmes : naître, survivre, apprendre, aimer, comprendre, mourir. Que l'on possède un congélateur rempli de surgelés ou une simple calebasse de mil, que l'on lise un magazine d'économie ou que l'on peigne un cheval sur la paroi d'une grotte, il est toujours question de la même chose.
[André Kertész ] Très grand photographe qui a influencé tous les autres, Brassaï, Henri Cartier-Bresson...Lui, c'est un poète, un sentimental, plein de tendresse. (...)
Sur son bureau était posé un cliché encadré [ "Tulipe mélancolique", 1937 ]. (...) C'était une nature morte, un simple vase cylindrique en verre qui contenait une unique tulipe, qui se penchait tellement bas qu'on aurait qu'elle allait tomber. Il s'en dégageait tant de simplicité et tant de tristesse, mais aussi tant de beauté, que je ne dis rien et levai les yeux vers Sandor. (p. 32)
Je ne sais pourquoi cette table exerçait sur moi une véritable fascination. Etaient-ce les reflets lunaires dans les courbes d'argent du samovar et des différentes pièces, la pâleur aristocratique de la porcelaine ornée de treillis bleus rehaussés d'or ? La quiétude fantomatique qui soulignait l'absence ? Le fait que cette table semblait dressée pour l'éternité, sans personne pour s'y asseoir ? (p. 52)