Salon du livre : 3 questions à... Paul-Bernard Moracchini
"En partance.
Mon corps s'est arraché à ces forêts de marbre,
Ces froides rues de pierres où ne siègent plus d'arbres .
Je m'en vais retrouver les terres rouges et cyan,
Oú se mêlèrent les sangs.
Je retourne à mes collines, vertes d'arbres
d'épines, à mes sauvages vignes.
J'achéve mon voyage,
Vous reviens malhabile de ce trop long exil. "
Attendre les choses, les prendre comme elles viennent, et surtout quand elles viennent, puisque tout vient toujours.
J'ai tenu deux mois ici. Mon abri de fortune a pris avec le temps l'aspect d'une tanière rustique mais confortable. Cependant l'hiver progresse et je m'aprete à faire face aux gelées blanches à ces nuits où le froid me tiendra éveillé.
Je vous parle ici de prendre part. Ils ne font qu'effleurer ; une main qui survole et qui jamais n'empoigne. Je vous parle d'embrasser la nature à s'en déchiqueter, de se perdre en ses méandres, de s'enlacer dans ses ronces, d'y mourir s'il le faut...
De lourds bagages pour de bien trop lourds voyageurs. Ainsi commence ma fuite.
Les crêtes dominaient, hautes et provocantes, verrouillant à merveille l’enceinte des collines. Le ciel s’obstinait à sombrer calmement derrière d’étranges silhouettes. Puis arrivait cet instant bref où l’azur vire au pourpre et vient épouser les cimes assombries. Soudain tout se figeait et, encerclé par une foule silencieuse, je n’étais plus seul. Les arbres ! Immobiles et noirs. Leur ligne de front se découpait tristement sur un dernier fond bleu. Droits et impassibles, ils semblaient m’épier, aux aguets comme prêts à lancer l’assaut. « Ils attendent la nuit ! » me disais-je souvent.
L’homme est un animal malade.
Il faut systématiquement mettre en pièces les routines figées.
Mon anniversaire. Pas plus de gâteau ni de surprise que les années précédentes, mais en récompense, un nombre : dix-huit. La majorité, ma première fuite : premier appartement, premier loyer, premiers jobs, premières filles, premiers excès, mais surtout deuxième naissance.
Comment faire la part des choses quand, a trop s’isoler, la voix humaine nous devient moins familière que les claquements des éclairs ?