Voici un premier roman étrange pour le moins, au rythme parfois décousu et saccadé qui invite à une fuite irréversible infiniment plus qu'à la simple échappée d'un homme vers la nature....
Le narrateur se sent prisonnier d'une société qu'il ne comprend plus , méprise et rejette....
Il décide de partir à la rencontre de son animalité profonde , trouve refuge au plus profond du monde, assume sa solitude en plein bois, au sein d'une masure en pierres sèches, sans doute, l'ancienne cabane abandonnée d'un berger.....
En compagnie de son fidèle chien Lione, avec des accents de fin connaisseur, il s'adonne au plaisir de la chasse en solitaire, sanglier d'abord, puis palombes, enfin un grand lièvre .
Bientôt, l'hiver arrive et ses démons aussi, la faim et le froid le guettent , malgré ses réserves ...
Restera-t-il ? Son état mental se joue de lui.....
Surtout qu'il a la fâcheuse impression de deviner une présence invisible inopportune ....la venue d'un rôdeur ? N'en disons pas plus,...
C'est beau et tragique , sombre , extrême, onirique, une fuite incarnée, revendiquée avec force, intrigante, loin de la civilisation honnie, une sorte de chasse à l'homme oú l'on ignore qui est le tueur et qui est la proie, un beau chant d'amour à la nature qui peut devenir soit un refuge, ou vous conduire à la négation de vous même et à la perte....
La prose est magnifique, ciselée, sensitive et poétique, descriptive: prairies d'herbes grasses et odorantes, arbres immobiles et noirs, crêtes hautes et provocantes, montagne, rivière chantant , ravins....
Les réflexions améres et désabusées sur " la ville" et la vie en société , ses contemporains "grotesques", son enfance sa vie "d'avant ", l'indigence familiale et la solitude urbaine abondent .....
Le narrateur fiévreux, léthargique,exalté , se détache peu à peu de la réalité , vit complétement de ses rêves puis bascule ....
Une oeuvre abrupte , parfois décousue avec des retours en arrière, mélancolique, à fuir si l'on est triste .....
Je rappelle que c'est un premier roman, l'indulgence est de mise.....
Ce n'est que mon avis , bien sûr !
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Un de ces livres de la dernière rentrée littéraire aussitot lu aussitot oublié... sur la base de ces romans de nature writing dont les américains se fait une spécialité, Paul Bernard Moracchi nous livre un roman vite ennuyeux, , beaucoup trop sec, abrupt et avec un personnage central bien peu sympathique pour qu'on puisse y ressentir une quelconque empathie voire un intérêt pour son retour à la nature...
Des considérations assez attendues et creuses sur la société de consommation et sur la nécessité de retrouver son moi intérieur, et un récit décousu et plat... dommage...
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J'ai été attirée par le résumé qui a l'air assez appétissant.
Un homme, las de vivre cette vie que tout le monde vit, décide de s'enfuir de ce cocon étouffant pour vivre seul en pleine forêt. Son but ? S'épanouir seul, loin de cette ville toxique, de ces personnes qui le fatiguent, de cette existence toute tracée.
Il va faire quelques rencontres, notamment avec un chien, qu'il gardera auprès de lui jusqu'à la fin. On navigue entre réflexions sur sa vie d'avant (mais avec des détails diffus, tout reste vague, pas de noms, pas de lieux); réflexions sur la vie en général (sa haine de la ville, sa haine de la société), et les quelques "activités" qui agrémentent son quotidien dans la forêt (chasse).
Sur le résumé Babelio il y'a marqué : "réalisme et fantastique se mêlent" et c'est cette phrase qui a déclenché ma lecture ! Alors que c'est totalement faux. Je n'ai pas vu une once de fantastique mais plutôt une plongée dans la folie humaine. Donc non, rien à voir avec du fantastique mais alors pas du tout.
Pour moi l'auteur s'est perdu dans les pensées de son personnage, parfois confuses, des phrases trop longues, pas assez précises. En fait rien ne m'a attachée au personnage car on sait très peu de détails sur lui, on suit ses gestes sans grand intérêt.
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Les crêtes dominaient, hautes et provocantes, verrouillant à merveille l’enceinte des collines. Le ciel s’obstinait à sombrer calmement derrière d’étranges silhouettes. Puis arrivait cet instant bref où l’azur vire au pourpre et vient épouser les cimes assombries. Soudain tout se figeait et, encerclé par une foule silencieuse, je n’étais plus seul. Les arbres ! Immobiles et noirs. Leur ligne de front se découpait tristement sur un dernier fond bleu. Droits et impassibles, ils semblaient m’épier, aux aguets comme prêts à lancer l’assaut. « Ils attendent la nuit ! » me disais-je souvent.
"En partance.
Mon corps s'est arraché à ces forêts de marbre,
Ces froides rues de pierres où ne siègent plus d'arbres .
Je m'en vais retrouver les terres rouges et cyan,
Oú se mêlèrent les sangs.
Je retourne à mes collines, vertes d'arbres
d'épines, à mes sauvages vignes.
J'achéve mon voyage,
Vous reviens malhabile de ce trop long exil. "
J'ai tenu deux mois ici. Mon abri de fortune a pris avec le temps l'aspect d'une tanière rustique mais confortable. Cependant l'hiver progresse et je m'aprete à faire face aux gelées blanches à ces nuits où le froid me tiendra éveillé.
Je vous parle ici de prendre part. Ils ne font qu'effleurer ; une main qui survole et qui jamais n'empoigne. Je vous parle d'embrasser la nature à s'en déchiqueter, de se perdre en ses méandres, de s'enlacer dans ses ronces, d'y mourir s'il le faut...
Attendre les choses, les prendre comme elles viennent, et surtout quand elles viennent, puisque tout vient toujours.
Salon du livre : 3 questions à... Paul-Bernard Moracchini