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Citations de Paul Bourget (155)


(...) et ta vie morale, c’est la vie morale de la France même ; ton âme, c’est son âme.

A un jeune homme
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Paul Bourget
Le flirt c'est l'aquarelle de l'amour .
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Montréal se déroule aux pieds du Mont Royal —d'où le nom de la ville—montagne de peu d'élévation, mais fort bien boisée, très pittoresque, et du sommet de laquelle on obtient une vue superbe sur tout le pays d'alentour. Je viens de faire cette ascension, et c'est de la grande terrasse, qui forme l'extrémité de la route carrossable, que j'écris ces lignes.
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A Montréal depuis trois jours. C'est une belle ville, une très belle ville même, et qui mérite certes bien son titre de "Métropole du Dominion." On me dit, cependant, que le cœur du Canada français bat surtout à Québec, dans la vieille cité de Champlain, et que je ne dois pas m'attendre à trouver ici autre chose qu'un décalque de l'une de ces cités yankees comme il en est tant poussé, depuis un demi-siècle, aux Etats-Unis.
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AU BORD DE LA MER.



PRÉLUDE

Voici venir les mois où le ciel est si clair,
Et le soleil si doux et la nuit si tranquille,
Que nous nous ennuyons d’errer dans cette ville
Où les toits des maisons attristent toujours l’air.
— Et nous nous rappelons qu’il est près de la mer
Plus d’un village, ombreux et verdoyant asile.

Sans doute ce sera Paris encor, là-bas :
Devant les flots calmés que rasent les mouettes,
Nous lirons les journaux, et ne nous plaindrons pas
Si les dames, aussi frivoles et coquettes,
Changent quatre ou cinq fois, en un jour, de toilettes
Pour danser au salon, le soir, les mêmes pas.

Mais bien qu’on soit ainsi Parisienne dans l’âme,
Malgré tout, la mer parle avec sa forte voix.
Comme on a lu Musset, en rêvant, quelquefois,
— Qui sait ? — on se souvient un peu que l’on est femme,
Et l’éventail léger qui tremble au bout des doigts
Laisse au hasard passer plus d’un regard de flamme.

La vanité se tait et le cœur a son tour.
L’horizon des flots bleus émeut la plus volage.
Tout le monde est voisin dans le petit village.
On a dansé la veille ensemble, puis, un jour,
— Un jour — on se salue en passant sur la plage,
On s’aborde, on se parle, et c’est déjà l’amour.

Cet amour délicat est une fleur des grèves ;
Lorsque le vent des mers ne le ranime plus,
Il meurt ; — et c’est le charme amer des choses brèves,
L’étrange impression qui reste aux cœurs émus
Au sortir des romans laissés à moitié lus
Qu’on achève à son gré dans les loisirs des rêves.

p.6-7
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AU BORD DE LA MER.



EN PASSANT.

Quand le wagon bruyant t’emportait vers Paris,
N’as-tu pas, mon ami, par le carreau, surpris
Quelquefois un recoin charmant de paysage,
Une maison perdue au milieu d’un feuillage ?
— Et quand tu la voyais disparaître là-bas,
Triste et plus seul encor, ne te disais-tu pas
Que les rosiers en fleur semblaient sous la fenêtre
Groupés par une main de femme, et que, peut-être,
À l’heure où ton regard ému les contempla,
Le rêve de ta vie était enfermé là ?

p.7
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AU BORD DE LA MER.



AURORE SUR LA MER

Dans la lumière et dans le bruit
S’éveille le petit village :
Enfants et femmes, sur la plage,
Attendent les pêcheurs de nuit.

La mer semble un ruban de moire.
Les voiles des bateaux tremblants
Font comme de légers points blancs
Sur la profondeur bleue et noire.

De grands oiseaux passent dans l’air,
Ailes ouvertes, et les voiles
Parmi les dernières étoiles
Brillent dans l’azur du ciel clair.

p.8
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Au bord de la mer



TERRASSE

DANS une urne qui n’a plus d’anse
Tremble un vert tamarin vivant,
Et l’écume des flots s’élance
Jusqu’à ce cher abri, souvent.

Un jeune faune en bronze y danse
Sur une outre pleine de vent,
Et semble jouer en cadence,
Sur sa flûte, un air décevant.

Et d’aucuns font cette imprudence
De se parler d’amour, devant
Ce dieu moqueur de l’inconstance,
Qui siffle leurs mots en rêvant.

p.10
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Au bord de la mer



Sur la falaise

Les papillons bleus, les papillons blancs
Sur les prés mouillés et les prés tremblants
     Vont battant des ailes.
C'est sous le soleil un frémissement
Qui fait s'incliner les fleurs doucement
     Sur leurs tiges frêles.

Contre les rochers, avec les sanglots,
En bas, l'Océan vient briser ses flots
     Brodés d'étincelles.
Là-haut, sas souci des flots onduleux,
Les papillons blancs, les papillons bleus
     Vont battant des ailes.

p.9
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Il faut vivre comme on pense, sinon tôt ou tard on finit par penser comme on a vécu.
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Par le mot de décadence, on désigne volontiers l’état d’une société qui produit un trop petit nombre d’individus propres aux travaux de la vie commune. Une société doit être assimilée à un organisme.

Comme un organisme, en effet, elle se résout en une fédération d’organismes moindres, qui se résolvent eux-mêmes en une fédération de cellules. L’individu est la cellule sociale. Pour que l’organisme total fonctionne avec énergie, il est nécessaire que les organismes moindres fonctionnent avec énergie, mais avec une énergie subordonnée, et, pour que ces organismes moindres fonctionnent eux-mêmes avec énergie, il est nécessaire que leurs cellules composantes fonctionnent avec énergie, mais avec une énergie subordonnée. Si l’énergie des cellules devient indépendante, les organismes qui composent l’organisme total cessent pareillement de subordonner leur énergie à l’énergie totale, et l’anarchie qui s’établit constitue la décadence de l’ensemble. L’organisme social n’échappe pas à cette loi. Il entre en décadence aussitôt que la vie individuelle s’est exagérée sous l’influence du bien-être acquis et de l’hérédité. Une même loi gouverne le développement et la décadence de cet autre organisme qui est le langage. Un style de décadence est celui où l’unité du livre se décompose pour laisser la place à l’indépendance de la page, où la page se décompose pour laisser la place à l’indépendance de la phrase, et la phrase pour laisser la place à l’indépendance du mot. Les exemples foisonnent dans la littérature actuelle qui corroborent cette hypothèse et justifient cette analogie.

Pour juger d’une décadence, le critique peut se mettre à deux points de vue, distincts jusqu’à en être contradictoires. Devant une société qui se décompose, l’empire romain, par exemple, il peut, du premier de ces points de vue, considérer l’effort total et en constater l’insuffisance. Une société ne subsiste qu’à la condition de rester capable de lutter vigoureusement pour l’existence dans la concurrence des races. Il faut qu’elle produise beaucoup d’enfants robustes et qu’elle mette sur pied beaucoup de braves soldats. Qui analyserait ces deux formules y trouverait enveloppées toutes les vertus, privées et civiques. La Société romaine produisait peu d’enfants. Elle en arrivait à ne plus mettre sur pied de soldats nationaux. Les citoyens se souciaient peu des ennuis de la paternité. Ils haïssaient la rudesse de la vie des camps. Rattachant les effets aux causes, le critique qui examine cette société de ce point de vue général conclut que l’entente savante du plaisir, le scepticisme délicat, l’énervement des sensations, l’inconstance du dilettantisme, ont été les plaies sociales de l’empire romain, et seront en tout autre cas des plaies sociales destinées à ruiner le corps tout entier. Ainsi raisonnent les politiciens et les moralistes qui se préoccupent de la quantité de force que peut rendre le mécanisme social. Autre sera le point de vue du psychologue pur, qui considérera ce mécanisme dans son détail et non plus dans le jeu de son action d’ensemble. Il pourra trouver que précisément cette indépendance individuelle présente à sa curiosité des exemplaires plus intéressants et des « cas » d’une singularité plus saisissante. Voici à peu près comment il raisonnera : « Si les citoyens d’une décadence sont inférieurs comme ouvriers de la grandeur du pays, ne sont-ils pas très supérieurs comme artistes de l’intérieur de leur âme ? S’ils sont malhabiles à l’action privée ou publique, n’est-ce point qu’ils sont trop habiles à la pensée solitaire ? S’ils sont de mauvais reproducteurs de générations futures, n’est-ce point que l’abondance des sensations fines et l’exquisité des sentiments rares en ont fait des virtuoses, stérilisés mais raffinés, des voluptés et des douleurs ? S’ils sont incapables des dévouements de la foi profonde, n’est-ce point que leur intelligence trop cultivée les a débarrassés des préjugés, et qu’ayant fait le tour des idées, ils sont parvenus à cette équité suprême qui légitime toutes les doctrines en excluant tous les fanatismes ? Certes, un chef germain du IIe siècle était plus capable d’envahir l’empire qu’un patricien de Rome n’était capable de le défendre ; mais le Romain érudit et fin, curieux et désabusé, tel que nous connaissons l’empereur Hadrien, par exemple, le César amateur de Tibur, représentait un plus riche trésor d’acquisition humaine. Le grand argument contre les décadences, c’est qu’elles n’ont pas de lendemain et que toujours une barbarie les écrase. Mais n’est-ce pas le lot fatal de l’exquis et du rare d’avoir tort devant la brutalité ? On est en droit d’avouer un tort de cette sorte et de préférer la défaite d’Athènes en décadence au triomphe du Macédonien violent. »
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Osons dire d’ailleurs que, dans l’ordre psychologique comme dans l’ordre physiologique, la maladie est aussi logique, aussi nécessaire, partant aussi naturelle que la santé. Elle s’en distingue parce qu’elle aboutit à la douleur et au déséquilibre aussi fatalement que la santé à l’harmonie et à la joie. Mais osons dire encore, pour ne pas faire du bien-être l’épreuve suprême des choses de l’âme, qu’il y a parfois plus d’idéalisme dans cette douleur que dans cette joie.
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Avant-propos de 1885
Chateaubriand encadrait son inguérissable dégoût dans les horizons d’une lande bretonne, où se dressaient les tours du vieux château paternel. Nos pessimistes encadrent leur misanthropie dans un décor parisien et l’habillent à la mode du jour au lieu de le draper dans un manteau à la Byron. Pour le psychologue, c’est le fond qui est significatif, et le fond commun est, ici comme là, dans l’A Rebours de M. Huysmans comme dans l’Adolphe de Benjamin Constant, une mortelle fatigue de vivre, une morne perception de la vanité de tout effort. Ce n’est point là une simple attitude. Il y a un accent de vérité qui ne saurait tromper dans les livres dont je parle. Ce n’est pas non plus une simple imitation, et quand on a signalé l’influence de Schopenhauer, on n’a rien dit. Nous n’acceptons que les doctrines dont nous portons déjà le principe en nous. Pourquoi ne pas reconnaître plutôt que toute une portion de la jeunesse contemporaine traverse une crise ? Elle offre les symptômes, visibles pour tous ceux qui veulent regarder sans parti pris, d’une maladie de la vie morale arrivée à sa période la plus aiguë. On s’écrie : c’en est donc fait de la vieille gaieté française… — Entre parenthèses, je cherche en vain cette gaieté, cette légère et allègre manière de sourire à la vie en la chansonnant, et dans Pascal, et dans La Rochefoucauld, et dans La Bruyère, et dans Bossuet, lesquels furent cependant des génies de pure tradition française. — Mais si cette gaieté s’en est allée presque entièrement, n’existe-t-il pas une cause ou des causes à cette disparition ? Si la belle vertu de vaillance a cédé la place à l’inutile et morne « à quoi bon », si la conscience de la race paraît troublée, n’y a-t-il pas lieu de rechercher la raison de ce trouble visible ? Par des épigrammes on a tôt fait de montrer que les écrivains désespérés s’accommodent pourtant à la vie ; on les saisit en flagrant délit de contradiction avec les théories et les sentiments de leurs livres. Que prouve cette contradiction ? Que l’homme est complexe, que la pensée et les actes ne vont pas toujours de compagnie, que l’instinct de durer persiste, invincible aux raisonnements. Depuis quand la maladie a-t-elle été une chose absolue, non susceptible de degrés, non conciliable avec une certaine portion de santé ? Tant mieux si ce reste de santé permet que le patient continue d’aller et de venir, et de faire figure d’homme. Est-ce un motif pour ne pas étudier le mal dont il souffre, surtout si la contagion de ce mal s’étend et menace d’envahir un grand nombre d’autres personnes qui n’auront pas, elles, la force de résister avec autant d’énergie ?
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Le grand argument contre les décadences, c’est qu’elles n’ont pas de lendemain et que toujours une barbarie les écrase.
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Paul Bourget
Par-dessous les convenances dont notre cerveau est surchargé, par-dessous les principes de conduite que l'éducation incruste dans notre pensée, par-dessous la prudence héréditaire qui fait de nous des animaux domestiques, voici reparaître le carnassier primitif, farouche et solitaire, emporté par le struggle for life comme la nature tout entière. Vous l'avez cru dompté, il n'était qu'endormi ; vous l'avez cru apprivoisé, il n'était que lié. Le lien se brise, la bête se réveille, et vous demeurez épouvanté que tant de siècles de civilisation n'aient pas étouffé un seul des germes de la férocité d'autrefois.
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Chez tous les hommes qu’elle avait rencontrés avant celui-ci, l’amour n’était qu’une forme déguisée du désir, et le désir lui-même une forme enivrée de l’amour-propre.
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Et voilà que, tout à coup, ma mère disparaît, me livrant à un homme avec lequel, la veille, on ne me laissait pas causer seule. Alors je me mis à trembler, me reprochant ce moment de vertige, où, triomphant de mes hésitations, j'avais laissé entendre ce mot fatal : "Oui ! Je l'accepte pour époux !"
Oh! mères, que vous êtes coupables, vous qui cachez à vos filles jusqu'au soupçon de la réalité !
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Depuis la guerre de 1914 et sa longue tragédie, il y a de la frénésie et de la tristesse, à la fois, dans les moindres gestes d’une société trop profondément ébranlée. Même ceux qui ne devraient, comme une sauterie dans un bal, n’être qu’un plaisir et qu’une détente, sont touchés de névropathie.
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"Moi, je suis polymorphe et amorphe. Il y a un proverbe japonais qui m'enchante : Beaucoup de chemins mènent à la montagne. Mais le paysage autour d'elle reste toujours le même. Je crois, par exemple, que la Science est vraie et la Religion aussi, bien qu'elles nous semblent inconciliables. Oui, la religion est vraie, toute Religion. Au fond, la vie humaine m'apparaît comme une tragédie où nous sommes tous acteurs et qui marche vers une fin dans laquelle nos moindres pensées auront eu leur rôle, pourvu qu'elles aient été sincères. Nos actes aussi. Oui. Nos actes nous suivent. C'est le sens de ce mot que le déterminisme prétend détruire avec des arguments d'amphithéâtre et de laboratoire : la responsabilité. L'évidence intérieure proteste et elle a raison". Quel regard avait Georges Muller pour écouter ce discours, Patrick se le rappelait également, et qu'une sorte d'intimité intellectuelle entre le philosophe et le chimiste s'était établie aussitôt. Avait-elle uniquement pour cause le fait que, son fils étant devenu un des élèves de William James, le père voulait, comme à Chicago, surveiller de près son travail ? Non.
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Et puis, Madeleine était de ces cœurs courageux qui acceptent de souffrir dans ce qu’ils aiment et qui préfèrent ce risque de martyre à la sécheresse de l’indifférence. Cette générosité native et réfléchie la soutenait dans l’épreuve continue que lui représentait sa fragile et pâle fillette.
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