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Critiques de Paul Chack (14)
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Les Explorateurs

Le dégoût, jamais, ne vient d'un délicieux plat sucré.

A moins que dans ce dernier une main scélérate ait jeté une cuillère de vinaigre.

C'est le cas de ce petit livre qui promettait tant.

La couverture, dessinée par Léon Haffner, est superbe.

Tout comme les nombreux crayonnés de noir et blanc qui illustrent le propos de Paul Chack.

Car l'ouvrage est signé de la plume du grand écrivain, du brillant officier de marine qu'était Paul Chack.

Mais publié, en 1942, à l'heure où déjà son auteur se déshonorait, ce livre résonne comme le carnet de route d'un brillant destin gâché.

Paul Chack a été fusillé à la libération.

Son oeuvre a sombré dans le plus triste des oublis.

"Les explorateurs", que son auteur a lui-même souillé de bilieuses tâches d'encre, est un livre complexe.

A plusieurs reprises, l'ouvrage, en quelques mots de propagande parfois jetés brutalement, prend la forme d'un brulot politique.

"La révolution nationale du maréchal va refaire une France digne de son passé".

"Le peuple des malfaiteurs sociaux qui luttent pour la réduction du temps de travail est un peuple de fainéant qui ne peut vivre qu'en servage".

"Au temps actuel où toutes les races aryennes deviennent égales en courage et en intelligence, la grandeur des pays dépend de leur richesse"...

De plus, le premier chapitre, "le métier de la mer", est une redite du premier chapitre de "Tu seras marin", d'où une vague et désagréable impression de déjà entendu durant la lecture.

Alors il paraît clair qu'un livre pareil ne semble pas avoir droit de cité dans une bibliothèque honnête, vertueuse et tolérante.

Mais Pourtant ....

Pourtant ....

Pourtant, Paul Chack parle de la marine et des marins comme peu l'ont fait.

Et certains passages de ce petit livre valent d'en être extraits.

Il est souvent de bon ton de prétendre que l'âme de la marine a disparu avec le monde de la voile.

Paul Chack sourit, lui qui a navigué à bord de quinze bâtiments de guerre, qui y a exercé à peu près tous les métiers, qui a parcouru les sept mers et bien des terres, qui a commandé un sous-marin en temps de paix et un contre-torpilleur pendant la guerre.

"Les hommes aux prises avec la machine, avec les canons, les torpilles et les mines, sont de rudes lascars, aussi étonnants que leurs ancêtres qui allaient serrer les huniers dans la tempête".

Et qu'importe le type de navire, l'homme le sauve des grandes colères de l'océan par son sang-froid, son intelligence, son habileté et son sens marin ...

Au final, même s'il est par endroits souillé par la haine et l'intolérance, je pense que le livre vaut d'être lu car il est écrit de façon magistrale, étayé par une solide érudition et émaillé d'une foule de détails passionnants sur l'histoire de l'exploration marine ...



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Du soleil royal à la Normandie

On entre toujours dans un livre de Paul Chack avec beaucoup de plaisir et un peu d'appréhension.

Avec beaucoup de plaisir car Paul Chack, dans la première moitié du 20ème siècle, était indéniablement un de nos plus grands écrivains de littérature maritime, ayant été lui-même marin de longues années et historien du genre en tant que directeur du Service Historique de la Marine.

De plus sa plume était élégante, et son style novateur.

Un des premiers, il a manié le présent de narration et multiplié les dialogues dans ses récits*.

Mais chaque lecture d'un de ses livre est teinté d'appréhension, car Paul Chack s'est déshonoré durant la seconde guerre mondiale.

Et a été fusillé en janvier 1945.

J'ai connu un vieux bouquiniste dont la mère tenait une boîte verte sur les quais de la Seine et dont le père était un des gendarmes, qui accompagna Paul Chack à son châtiment.

Il racontait que ce moment fût d'une tristesse insondable et que l'on dût traîner le vieux marin qui suppliait.

Quoiqu'il en soit Paul Chack fût, en son temps, un officier de marine valeureux et un fin lettré.

Ce livre, "du Soleil Royal à la Normandie", a été publié en 1942 aux éditions de France.

Il est illustré, d'une manière à la fois sobre et splendide, par le grand peintre de marine Léon Haffner.

L'ouvrage comporte trois parties bien distinctes.

Une première qui s'intéresse à la création de la marine d'état sous l'impulsion de Colbert au temps du roi soleil.

Le livre s'ouvre en compagnie du Bayard de la mer, Nicolas Gargot dit "Gargot jambe de bois".

Alors qu'il venait, embarqué sur le "Léopard", de faire la chasse aux bateaux de pêche espagnols, une mutinerie le fit échouer dans les geôles de Santa-Maria.

"Les bâtards du cotillon" étaient ceux qui allaient chercher leur grade à la Cour et non pas à la mer.

Gargot n'étaient pas de ceux-là et Paul Chack raconte comment le marin refusa de trahir son roi !

Car la mer est une aventure que Paul Chack prend plaisir à raconter.

Sa plume saisit L Histoire pour en faire un récit vivant.

Elle y mêle les grands événements de tous connus aux finesses politiques, aux réalités concrète de la vie du marin.

C'est toute l'origine de la Marine Nationale qui est dans la première partie de ce livre captivant.

La seconde est la longue réponse d'un jeune ami à qui l'écrivain conseille d'entrer dans la Marine de Commerce.

"En tant de paix, il y a quatre marines : guerre, commerce, plaisance et pêche. En temps de guerre, il n'y en a qu'une seule : la marine française", écrit-il à ce jeune homme en 1938.

Et Paul Chack rend là hommage, raconte des exploits, déplore des tragédies et cite quelques noms des marins de commerce qu'il a connu durant la première guerre mondiale, avec qui il a navigué parfois.

La troisième et dernière partie est l'histoire du "ruban bleu", ce trophée que se disputèrent les grandes compagnies transatlantiques sur la traversée de l'Atlantique-Nord vers New-York.

C'est documenté et précis mais c'est aussi captivant.

On y découvre avec intérêt l'envers de la vie d'un grand paquebot.

Et que l'on se rassure la "Normandie" n'a pas démérité !

Ouf, il s'avère qu'au bout de sa lecture, ce livre n'est entaché que de quelques insignifiantes bavures d'opinion.

La gauche, le "Front Populaire" en l'occurrence, aurait empêché le brave français de travailler et aurait semé une "triste pagaye" dans le Pays.

C'est pas bien ! non, pas bien !

Mais que dieu me savonne et que la voix de Léon Blum encore résonne !

En regard à tous les bienfaits légués aux générations suivantes et autres avancées sociales arrachées au pouvoir de l'argent, ces reproches ne me paraissent être que broutilles et roupies de sansonnet !

"Du Soleil-Royal à la Normandie" est donc un excellent livre du genre, que l'on peut conseiller à tous, même aux âmes politiques sensibles ...



*Bruno de Cessole 1992
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L'homme d'ouessant

En 1931, lors de la parution du livre de Paul Chack, l'Histoire avait déjà oublié Louis Charles du Chaffault de Besné. Seuls, les marins semblaient encore se souvenir.

De fait, deux avisos de la marine nationale avaient pris ce nom.

Le premier avait navigué de 1872 à 1895 et le second, construit en 1918 pour donner la chasse aux sous-marins allemands, fut rayé des listes en 1933.

Duchaffault, pour Paul Chack, fut l'homme d'Ouessant car, par deux fois, il y triompha des anglais.

Il est né, à Nantes, en février 1708.

En 1725, il entra aux "Gardes de la Marine", un corps rendu célèbre par la turbulence de ses membres.

Des vingt-deux premières années de sa carrière on ne sait rien.

L'homme étant à ce point resté dans l'ombre que l'Histoire n'a pas retenu la liste successive complète de ses embarquements.

On ne sait même pas s'il fut instruit à Brest ou à Rochefort.

Lorsque Paul Chack retrouve sa trace, Duchaffault a trente-neuf ans.

Lieutenant de vaisseau, il est promu commandant de la frégate "l'Atalante" ...

"L'homme d'Ouessant" est un livre riche, captivant et érudit.

Dès le premier chapitre, le récit, se sentant à l'étroit dans le genre qu'il s'est donné, déborde de la biographie pour venir construire un passionnant ouvrage d'ethnologie maritime.

La plume de l'auteur est élégante.

Les descriptions sont évocatrices.

Le vocabulaire utilisé, dont on sent qu'il est pas artificiel, est celui d'un marin, d'un homme dont le pied a foulé maintes fois le pont d'un bateau gris.

Mais le verbe n'y est pourtant pas hermétique, Paul Chack explique et éclaircit son propos, en bas de page, dans de judicieux et savants renvois.

La fameuse bataille d'Ouessant du 27 juillet 1778 est même illustrée de quelques croquis tactiques.

L'ouvrage est un ouvrage clair.

L'idéologie, qui, quelques années plus tard, a déshonoré et finalement mené à sa perte le grand écrivain, est laissée de côté.

Dans "L'homme d'Ouessant", seuls, l'écrivain, le marin et l'historien ont la parole.

Le livre est de ceux qui ne s'oublient pas, de ceux qui font une belle et intéressante bibliothèque.

Il remet en lumière, après l'avoir replacé dans son contexte, le destin original d'un homme exemplaire, d'un grand marin attentif aux hommes, à la manœuvre et à son vaisseau, d'un soldat audacieux ...







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Hoang-Tham pirate

Depuis l'été 1889, sauf lors de passagères convulsions, le Tonkin obéissait à la règle française.

Mais, le haut Yen-Thé, terre de malheur et de danger, était le repaire idéal pour les malandrins d'occasion et pour les pirates de métier.

Tout chef de bande s'y proclamait patriote contre l'envahisseur français.

Et la piraterie chinoise et sino-annamite y prolongeait le combat.

Lorsque le Dé Sat, le Dé Touan et le Dé Kiou se sont soumis, Hoang-Tham s'est caché on ne sait où.

Sa bande était faite de nha-qués* dégoûtés du travail, de prisonniers évadés, de condamnés par contumace, de tirailleurs libérés et de déserteurs ...

"Hoang-Tham pirate" est un véritable livre d'Histoire écrit comme un livre d'aventure sur lequel passe un ancien souffle épique.

Il a été publié, en 1933, aux "Editions de France".

Il est articulé, sur 266 pages, en six grandes parties :

- Ba-Phuc ou le père adoptif ...

- Rapt et soumission ...

- Et rien n'est changé ...

- Par le fer et par le poison ...

- le Dé-Tham traqué (1909-1910) ...

- La mort du Dé-Tham ...

Peu importe, si en vieux colonialiste qu'il est, Paul Chack qualifie abusivement le chef patriote Hoang-Tham de pirate.

L'heure n'est pas encore venue de la remise en cause morale.

La conquête est alors légitime et semble motivée par de grands principes.

En décembre 1896, Paul Doumer, nommé Gouverneur général, sera le véritable créateur de l'Union Indochinoise qui, dotant la nouvelle colonie de l'outillage économique et de l'équipement industriel, la fait entrer définitivement dans la voie du progrès moderne.

Autre temps, autre vision des choses !

La plume de Paul Chack est inspirée.

Les descriptions sont évocatrices.

En file indienne, les soldats, sans un mot, parcourent la forêt où le coupe-coupe taille le chemin dans le rideau vert.

La piste est semée de piquets empoisonnés, de trous de loups garnis d'un pal, de triples palissades et de fossés que cachent la broussaille.

La mort se cache au détour du chemin de la chasse aux pirates ...

Affecté en Indochine, à partir de 1908, comme officier d'ordonnance du gouverneur général, Paul Chack est contemporain de son récit.

Ce qui donne à ce dernier un souffle puissant, une immédiateté que rien ne peut remplacer.

Paul Chack signe assurément, avec "Hoang-Tham pirate", un de ses meilleurs ouvrages, sinon le meilleur ...



*De nhà (« maison ») et de quê (« campagne »), celui qui habite à la campagne, un paysan.









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Sur les bancs de Flandre

Entre 1914 et 1918, périls de mer et périls de guerre gardent l'entrée de la Manche.

Dès octobre 1914, les allemands occupent Ostende et Zeebruges.

Mais les forces navales françaises de Dunkerque, celles alliées de Douvres empêchent l'Allemagne de contourner le front par la mer.

Le barrage marin prolonge les tranchées ...

Paul Chack, dans ce livre, nous rappelle que "Sur les bancs de Flandre" des navires et des marins français ont, quatre années durant, combattu, souffert et péri.

Les torpilleurs et les sous-marins allemands menacent Dunkerque, Calais, Boulogne, Douvres, Londres et toute la Manche.

Il faut donc, malgré le manque de bateaux, malgré les mines et les torpilles, veiller partout ...

Ce livre est une chronique remarquable.

Il est écrit dans un style efficace et soutenu.

Vu souvent du côté français, parfois de celui de l'ennemi, Paul Chack fait le récit de cette guerre-navale sans pitié qui a endeuillé le vestibule du Pas-de-Calais.

L'auteur est un homme de mer doublé d'un écrivain talentueux.

Il est en terrain connu.

Il évoque tel officier-marinier, cite tel marin-pêcheur par son nom, se souvient des officiers.

Ses descriptions précises sont celles d'un chef de quart.

Dans son propos transpirent l'angoisse et la tension de l'attente, le soulagement de passer enfin à l'action, la détresse et le désespoir d'avoir perdu un proche, marin lui-aussi lancé dans cet âpre combat.

Paru en 1927, quelques années avant que Paul Chack, rongé par la peste brune, se déshonore dans une collaboration forcenée, cet ouvrage est un livre claire où l'infamie n'a pas cours.

Le récit est passionnant.

Il nous fait embarquer à bord du "Tromblon", un torpilleur d'escadre qui patrouille le long de la côte belge jusqu'à la frontière de Hollande ...

Puis sur le "Sainte-Jeanne, un torpilleur de la flottille commandée par le capitaine de vaisseau Merveilleux du Vigneaux ...

Il nous transporte à bord du torpilleur "Branlebas" qui se lance dans une chasse hasardeuse au sous-marin ennemi ...

Il raconte le torpillage du "Saint-Pierre", la fin du "Branlebas" envoyé au fond par une mine traîtresse, la mort de "l’Étendard" et bien d'autres drames...

Il explique aussi clairement les stratégies des états-majors, les techniques de mouillage et de dragage des mines et certaines manœuvres des sous-marin ennemis pour plonger ou faire surface.

Cet ouvrage, passionnant comme un jour en mer, est le récit d'une tragédie humaine et maritime.

Mais il est aussi un véritable livre d'Histoire ...



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Croisières merveilleuses

Paul Chack, en 1937, avec ce livre, nous promet quelques "Croisières merveilleuses".

Par excellence, la croisière merveilleuse, c'est celle d'où a surgi, dans le sillage de l'Étoile et de la Boudeuse, la douceur infinie et l'appel vers de lointains rivages dans l'esprit des jeunes français rêvant de marine et d'exotisme.

Mais, de l'Antiquité aux temps modernes, l'homme n'a jamais cessé de parcourir mers et océans.

Paul Chack, qui a connu les derniers voiliers*, se replonge au temps des mâts, des vergues et des voiles.

En quatorze chapitres, qui sont autant de "merveilleuses croisières" ou de passionnantes rencontres, il nous propose un magnifique voyage maritime à travers l'Histoire.

Et même si, durant la seconde guerre mondiale, Paul Chack s'est révélé finalement infréquentable, il était, en 1937, encore tentant, le temps de quelques livres, d'appareiller en compagnie du fabuleux conteur qu'il était.

Paul Chack est une fine plume.

Il manoeuvre avec les mots comme un vieux mangeur d'écoutes le fait avec les drisses et les cargues.

"L'esprit d'aventure a toujours soufflé sur les eaux".

Hannon et Pythéas, venus de l'Antiquité, sont les vrais ancêtres des grands découvreurs de l'époque magnifique.

Ils sont les précurseurs ...

Puis la Méditerranée sera le chemin des croisades ...

Le drakkar, le navire viking, sera le roi des mers ténébreuses du septentrion ...

Au 14ème siècle, grâce à la boussole et à l'astrolabe, les audacieux capitaines vont triompher ...

La Renaissance s'annonce. Elle sera "l'époque magnifique" ...

Au 17ème siècle, la parole est au canon.

Les monarques vont lutter pour s'arracher les Eldorados.

L'esprit d'aventure a cédé la place à la guerre.

Mais la science nautique et la construction navale progressent ...

Au 18ème siècle, celui des lumières, la passion pour les découvertes renaît.

De jolies et robustes corvettes emmènent pour de lointains voyages des astronomes, des naturalistes, des médecins et des dessinateurs.

Cook, Bougainville et La Pérouse ouvrent le Pacifique ...

Entre Histoire maritime, souvenirs et réflexion, Paul Chack signe, avec "Croisières merveilleuses", un livre passionnant, moderne et érudit.

Il y rend,dans les deux derniers chapitres, un bel hommage à Alain Gerbault et à Jean Charcot, "le gentihomme polaire" ...

Le style est agréable mais sait se faire poignant lorsque retentit le cri terrible "d'un homme à la mer" ...

Paul Chack, possède, chevillée au plus profond de lui-même, la perception exacte de ce que peut être un marin, de ce que qu'il représente l'aventure et le mystère, de ce qu'il peut être lourd de symbole et de sens moral.

Et c'est ce qui, sûrement, ajouté à son talent de plume, adjoint à sa grande érudition, a fait de lui, avec Claude Farrère et Jean Merrien, un des plus grands de nos écrivains de mer ...



* hors de la plaisance
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Traversées épiques

Après nous avoir, en 1937, offert, aux Éditions de France, quelques "Croisières merveilleuses", Paul Chack nous propose, en 1938, une poignée de "Traversées épiques".

Il faudra, pour ces dernières, plus de coeur au ventre ...

La première est la traversée glorieuse que fit, en 1781, Mr de Suffren de Brest aux îles Mascareignes* ...

La seconde, tragiquement interrompue, est celle du jeune Pierre-Joseph Dumont qui s'enfuit de la maison paternelle pour chercher fortune de mer ...

La troisième est celle, hallucinante, du croiseur Koenigsberg qui, un soir d'août 1914, s'engagea dans un courant d'eau froide qui avait brusquement condensé l'air humide en un banc de brume basse ...

La quatrième est la dernière traversée du paquebot transatlantique "Provence" réquisitionné, en 1916, pour transporter, de Toulon vers Salonique, les 28 officiers et les 1665 hommes du 3ème régiment colonial ...

Le dernier texte est l'histoire du "Ruban bleu" que détenait, en août 1937, le paquebot "Normandie" qui avait traversé l'Atlantique à une vitesse de plus de 31 noeuds ...

La plume de Paul Chack a du souffle et de l'envolée.

L'écrivain de talent est aussi fin navigateur.

Il a la phrase élégante et le verbe précis.

Le vent du large traverse cet ouvrage et y laisse son parfum d'aventure.

Le récit est vivant, passionnant et détaillé.

Les traversées se transforment en épopées humaines et maritimes.

Les descriptions sont de belles et fidèles évocations.

Lorsque, dans les batteries, résonnent le chant aigu des fifres et le roulement du tambour, lorsque du sable y est partout répandu pour ne pas glisser dans le sang, s'annonce le combat naval ...

Lorsque l'armée naval de Mr de Suffren sort du goulet, toute la Bretagne accourt sur les hauteurs de Brest afin de lui souhaiter bon vent, mer clémente et de grandes victoires ...

Lorsqu'au plus profond des ténèbres, le vaisseau est frappé à mort par l'ennemi, la mort rôde et la nuit se fait tragique ...

Par de nombreux renvois, l'auteur étoffe sa leçon d'Histoire par un cours d'éducation maritime.

Les expressions y sont expliquées et les subtilités de navigation y sont éclairées.

L'historien et le marin se révèlent être aussi un captivant conteur ...

Cependant quelques lignes se heurtent aux "Fronts Populaires" français et espagnols, et brocardent la C.G.T.

Ces quelques attaques politiques, très légères, qui viennent entacher l'ensemble de l'ouvrage, ne parviennent pourtant pas à obscurcir et à gâcher celui-ci.

"Traversées épiques" est un livre magnifique ...



* les îles Mascareignes comprennent alors l'île de France (l'île Maurice), l'île Bourbon (la Réunion) et l'île Rodrigues.



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Tu seras marin

C'est, en 1938, un officier de marine qui le dit : "Tu seras marin" ...

Paul Chack sait vers quelle destinée il entraîne son lecteur car à bord d'une quinzaine de bâtiments de guerre, il a servi, entre 1893 et 1934, durant une quarantaine d'années.

C'est toujours avec beaucoup d'envie et un peu d'appréhension que j'aborde la découverte d'un ouvrage de Paul Chack.

Peut-être par peur d’entr’apercevoir, entre les lignes, la noirceur dans laquelle il s'est finalement perdu.

Ce livre, illustré par de superbes croquis, crayonnés en noir et blanc par Léon Haffner, est une sorte d'appel à la vocation, en même temps qu'un bilan que l'auteur dresse de sa propre expérience.

C'est un livre clair où, fugitivement, l'on aperçoit cependant la rage que Paul Chack entretient contre le "Front Populaire".

Mais qui s'assombrit, pourtant, au détour de quelques paragraphes, d'une pensée abimée par un trop-plein de morale, de patriotisme et d'ordre.

Il faut que ce soit dit. Paul Chack, en 1938, n'était pas très "congés payés" !

Pourtant derrière la casquette et les épaulettes de l'officier de marine, derrière le militaire, se dissimule un écrivain formidable.

Ce dernier a décidé d'écrire sur le plus beau des métiers, le plus grand, le plus rude aussi ... le sien ... Celui d'officier de marine.

Un navire est une parcelle de France qui parcourt le monde.

Il est le seul moyen d'emporter un morceau de sa patrie à la semelle de ses souliers.

Et pour devenir "officier de marine" le meilleur moyen, vraiment "noble" est d'accéder à l’École Navale ... et déjà, grâce à George Leygues, d'embarquer sur la Jeanne d'Arc.

"Tu seras marin" est un précieux document d'Histoire et d'ethnologie marine.

Il est écrit, d'abord, comme un livre de conseils puis comme un recueil de souvenirs.

La première partie est moins bien écrite, plus rattachée à son époque.

La seconde, où la passion de la mer finit par emporter l'auteur, est vibrante et passionnante.

Paul Chack, l'écrivain surdoué, s'y montre sous son meilleur jour.

il rend hommage aux gens de mer des quatre marines.

Certains sont connus comme le commandant Charcot, Virginie Hériot, Alain Gerbault ...

D'autres le sont moins ou pas du tout ...

"Tu seras marin" est un livre superbe, plein d'imperfections.

Il suscite, parfois sans transition, beaucoup d'intérêt, un peu d'agacement et surtout du regret qu'une telle plume se soit un jour trempée dans le fiel ...





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Combats et batailles sur mer

Les images qui évoquent, dans notre imaginaire, la tragédie de la première guerre mondiale sont souvent celles d'une tranchée boueuse où pataugent des poilus emmitouflés, ou plus anecdotiquement celles de taxis fonçant vers la Marne pour écrire une des pages les plus glorieuses de notre histoire militaire.

Parfois elles sont celles d'avions, effectuant d'incessantes cabrioles dans le ciel et portant des mitrailleuses qui crépitent pour descendre en flamme un biplan ennemi.

Le regard des deux auteurs de ce livre magnifique s'est porté vers la mer.

Tahiti d'abord où la vieille canonnière "la Zélée", commandée par le lieutenant de vaisseau Destremeau, est démantelée pour installer avec son artillerie une défense côtière digne de ce nom, empêchant le "Scharnorst" et le "Gneisenau" de s'emparer de l'île.

Penang, ensuite, où le croiseur allemand "Emden" fait irruption et coule, dans la rade, le "Yemtchoug" croiseur russe au mouillage et un torpilleur français le "Mousquet".

Les Falkland, enfin où va se jouer une terrible bataille navale, opposant croiseurs et cuirassés.....

Les deux auteurs de ce livre sont écrivains mais ils sont aussi officiers de marine.

Paul Chack, en 1925, à la date de parution de ce livre, est encore un historien talentueux et réputé. Terminant une brillante carrière de marin, il est alors affecté, au service historique de la marine. Se déshonorant, durant la deuxième guerre mondiale, il sera un des rares intellectuels à être fusillé à la libération.

Claude Farrère est un de ces écrivain à qui le talent offre le Goncourt. Il s'appuie sur son expérience pour écrire une œuvre prolifique et variée.

Ces deux auteurs, conjuguant leur talent, nous offrent plus qu'un livre de guerre, plus qu'un livre d'histoire, plus qu'une aventure maritime.

Ils nous proposent d'embarquer avec eux et de vivre, quelques années après, plusieurs grands moments tragiques qui ont fait de cette guerre une triste épopée humaine.
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Branlebas de combat

Ouvrir un livre de Paul Chack c'est, avec quasi certitude, embarquer sur un bâtiment "gris pont", poser le pied sur un de ces bateaux de la "Nationale" qui vécurent les heures tragiques de la première guerre mondiale.

En 1932 Paul Chack est Officier, affecté au Service Historique de la Marine. Il est un écrivain talentueux. Il n'a pas encore versé dans l'antisémitisme qui le conduira au poteau d'exécution après avoir été condamné, en 1944, peu après la libération à être fusillé.

Pour l'heure, il est un de ces officiers brillants, mais intransigeants qui vécurent, embarqués, la grande guerre.

Son style est flamboyant, parfois tumultueux , quelquefois incisif mais toujours élégant. Il sait autant faire renaître la tempête que nous faire revivre les heures angoissantes de veille à l'affût du périscope ennemi ou du sillon de la torpille meurtrière.

"Branle bas de combat" est un de ces ouvrages, beaux et tragiques. Il est constitué de trois parties.

La première, "Au canal d'Otrante" est le récit, poignant, du naufrage du croiseur "Léon Gambetta", torpillé, en 1915, au large des falaises d'Otrante par l'U.5 un vieux sous-marin allemand, déjà presque déclassé, du type Holland.

C'est un véritable hommage que rend Paul Chack à ces marins, dont il cite souvent les noms. L'émotion est tangible tandis "qu'autour du navire agonisant, les embarcations, lorsqu'on a eu l'extraordinaire chance de pouvoir les mettre à l'eau, s'éloignent à force de rames pour éviter le terrible remous que fait le bâtiment à l'instant qu'il s'engloutit".....

"La troisième spéciale" relate la croisière du trois-mâts "Normandy", armé de quatre canons de 75 camouflés. En 1917, mené par le capitaine Thoumire et l'enseigne Schillemans, ce vaisseau, apparemment inoffensif, va se lancer au travers la mer de la Manche à la poursuite des sous-marins allemands.....

La troisième et dernière partie de l'ouvrage fait le récit des campagnes de pêche menées, à partir de 1917, pour faire pièce au blocus allemand opéré par les sous-marins qui frappent le ravitaillement allié.

Les eaux du Finistère et du Morbihan sont devenues meurtrières. Les pêcheurs, riverains français de l'Atlantique, ont déclaré qu'ils ne sortiraient qu'en compagnie de navires armés.

Pour créer des flottilles de patrouille et de garde-pêche, d'invraisemblables rafiots retraités, qu'on a orné de minuscules bouches à feu, sont rendus à la vie active ou achetés en Espagne, en Norvège, en Islande, partout......

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Des dardanelles aux brumes du nord

ce livre écrit par Paul CHACK fait partie de la collection marins à la bataille créée l'année 1937.

L'ouvrage est découpé en deux parties inégales. La première, la plus importante, retrace la participation de la flotte française à l'expédition des Dardanelles initiée par le Royaume-Uni, en mars 1915, pour tenter de déminer le détroit et détruire les batteries côtières turques avant le débarquement des troupes franco-anglaises..

L'entreprise est un désastre. Au 18 mars, l'escadre française perd 3 cuirassés qui sont coulés et 4 qui sont mis hors combat. A la fin de l'expédition, en janvier 1916, la France aura perdu vingt sept mille hommes morts ou blessés, suite au débarquement à Gallipoli.

La seconde partie du livre nous emmène au large des côtes belges. Deux torpilleurs français, le Branlebas et l'Oriflamme, sont en patrouille. Un combat victorieux va s'engager contre un bâtiment allemand de plus fort tonnage.

La narration de ces épisodes guerriers de la première guerre mondiale est servi par une écriture en très beau français. Au delà de l'histoire, cet ouvrage est , à mon sens, une pépite de la langue française.
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Survivants prodigieux

Encore un très bon livre de Paul Chack. La narration des deux histoires est comme d'habitude servie par une grande maitrise de la langue française.

Le livre qui a pour sujet la survie de naufragés nous raconte deux histoires différentes qui se passent toutes les deux en Méditerranée.

L'ouvrage commence avec le torpillage du croiseur amiral Channer. On va alors suivre l’odyssée de treize naufragés sur un radeau, un seul survivra pour raconter le drame.

La deuxième histoire nous conte l’odyssée de deux pilotes d'hydravion obligé d'amerrir en panne de carburant. Les recherches seront vaines et les deux pilotes ayant transformé leur appareil en voilier réussiront à rallier la Corse alors qu'une messe sera célébrée à Toulon car déclarés disparus en mer.

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Combat de mer au grand soleil

Paul Chack avait été une découverte. Ce deuxième ouvrage que je viens de terminer me conforte dans mon avis. Cet auteur maitrise la langue française à la perfection. Il nous livre,ici, deux histoires de batailles navales qui sont de véritables bijoux de la littérature française.

La première histoire nous relate la destruction du sous-marin allemand UC 38 pris en chasse par plusieurs navires français après qu'il est coulé le croisseur français Chateaurenault. Après cette histoire qui s'est déroulée en mer Ionniène, la deuxième histoire nous enmène au large des côtes de l’Afrique de l'Est.

On assiste à la destruction du corsaire allemand le Koenigberg et au bombardement du port de Dar-El-Salam, possesion allemande, par la flotte britannique.
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face aux anglais

Ce petit livre nous conte trois hauts faits de la Royale : la bataille navale de Porto Praya (cap Vert) en 1781, la prise de Malte et le débarquement de Bonaparte en Egypte en 1798, et le retour du cercueil de Napoléon de Sainte Hélène à Cherbourg en 1840.

Ecrites par un marin, truffées de termes techniques (heureusement expliqués par des notes en bas de pages), ces passionnantes aventures nous font palpiter de la première à la dernière page.
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