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Critiques de Paul Greveillac (134)
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Maîtres et Esclaves

Après Les Âmes Rouges, immersion dans le système totalitaire soviétique, Paul Greveillac m’a de nouveau conquise avec ce dernier roman qui donne des visages à la grande mutation sociale que fut la République populaire de Chine en 1950.



Par la vie de son personnage principal, petit paysan du Sichuan doué pour le dessin, c’est une projection documentée qui s’associe à un souffle romanesque maîtrisé. Traversant les soubresauts de la Révolution culturelle, Tian Kewei poursuit une route personnelle semée d’embûches (famine, misère, famille bouleversée, dénonciations, persécutions), à travers 50 années de communisme, où la violence du terrorisme d’Etat est toujours au coin du chemin.



Artiste à la fois reconnu, ignoré puis à nouveau sorti du placard aux hasard des fluctuations politiques, Tian poursuivra vaille que vaille une adhésion au système jusqu’à devenir membre du Parti, plus par instinct de survie pour lui et ses proches que par idéologie.

C’est son fils qui ouvrira la porte à la contestation pour le meilleur et le pire, reniant ainsi les choix de ses ainés.



Captivant du début à la fin, Paul Greveillac est un conteur à la plume aisée, lyrique, capable de raconter la violence des faits et la détresse des êtres, tout en parsemant son récit d’aphorismes assez bien troussés et de fulgurances comiques. Au-delà de l’immersion dans la Chine de Mao et dans la politique de ses successeurs, s’ ouvre aussi une réflexion sur l’utilisation de l’Art comme arme de propagande.



Un excellent livre romanesque sur fond historique qui se démarque dans le panorama éditorial actuel, trop tourné sur l’autofiction à mon goût.

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Les âmes rouges

Je me suis précipitée à la médiathèque afin d'emprunter le premier roman de cet écrivain talentueux, après avoir été captivée par son dernier opus "Maîtres et esclaves"...Une histoire très dense et dramatique se déroulant dans la Chine maoïste des années 50 aux années 70...On accompagne le parcours des plus éprouvants, d'un peintre-paysan, fils lui-même d'un peintre-paysan, qui ne se laissera pas embrigader par le nouveau régime...mais il y perdra la vie !



Son fils, jeune recrue, douée pour le dessin , servira la propagande de

Mao-Zedong, deviendra le censeur des autres artistes, reniera son père, ses amis, ses proches pour juste "sauver sa peau" !... échapper à la misère, aux humiliations et à la peur constante...générée par le régime. La vie d'un individu surdoué en dessin et peinture, broyé par un système, alors que dans "Les âmes rouges", se faufile un peu d'oxygène, de l'espoir, avec Vladimir Katouchkhov,responsable de la censure des livres...qui va finir par "regimber"...



Un fils sincèrement épris de littérature, embauché, tout jeune , au sein du Glavlit [ département étatique qui statue sur tout ce qui est publié sur le territoire russe] se chamaille avec sa mère, avec laquelle il vit. Cette dernière, ancienne institutrice, regrette les fonctions restrictives de son "rejeton"... Elle lui réclame le célèbre roman de Pasternak , "Le Docteur Jivago", qu'elle voudrait relire, qui est interdit...

Il refusera... et finalement , il découvrira par hasard, que sa mère a réussi à le dénicher; il le dévorera en cachette, avec enthousiasme... se demanda bien pourquoi ce texte a été censuré....



Il fera, près de 35 années, sa carrière de "censeur" au sein du Glavlit, mais on le voit se transformer au fil de ses années d'exercice, parrallèlement aux transformations du régime...du terrible Staline, aux années Khrouchtchev à celles de Gorbatchev (qui fera une loi, pour l'abolition pure et simple de la censure !!) en passant par la rude période Brejnev...





"Ce livre séminal -printed in the United States of America-, que Katouchkov lit sans se presser, est sorti des presses new-yorkaises en 1952. Il a mis plus de neuf ans à parvenir entre les mains du censeur, et son périple mérite à lui seul un roman. Ainsi Katouchkov en savoure -t-il chaque mot, en palpe-t-il chaque phrase, en soupèse t-il chaque chapitre - ici appelé "Note". Il prolonge le plaisir parce qu'il prolonge la transgression, le danger. Et dans ce danger, il est lié à sa mère. Olga Katouchka ignore qu'il a lu son - Docteur Jivago- Mais elle est dangereuse, comme lui, parce que portée par l'insatiable curiosité de l'esprit, par l'ardeur farouche de l'intelligence qui ne sait pas trouver le repos. Pour Olga Katouchkova, pour Vladimir Katouchkovv, pour des millions de Soviétiques, les années Khrouchtchev devaient rester comme un âge d'or relatif (...) Et ce court âge d'or suffit à semer le germe de l'impertinence. (p. 83)"





Chapeau bas à cet auteur, qui a le don de la narration, tout en nous offrant une profusion d'informations sur la littérature russe, ainsi que sur sa production cinématographique ! Un roman tout à fait époustouflant, fort documenté, qui nous fait re-parcourir l'histoire de l'U.R.S.S. sur plusieurs décennies



Entre autres, des passages jubilatoires sur les samizdats...pour lesquels notre "censeur" se prend d'une vraie curiosité passionnée !!

[Le samizdat (en russe : самиздат) était un système clandestin de circulation d'écrits dissidents en URSS et dans les pays du bloc de l'Est, manuscrits ou dactylographiés par les nombreux membres de ce réseau informel.]



"Plus il lisait de samizdats, et plus Katouchkov aimait cela. Pour une raison simple : ils le faisaient rire. D'un rire un peu cruel, dirigé contre le monde, mais surtout contre soi- comme quand on rencontre un réverbère parce qu'on a suivi du regard une femme. D'un rire empoisonné, parce qu'il vous forçait à vous regarder dans la glace. Et à ne plus vous raconter d'histoires, ni à prendre "tout ça" très au sérieux. Il ne reprochait donc plus à Agraféna ses lectures. Il les guettait même avec impatience, ces précieux feuillets de toutes sortes, bientôt plus beaux à ses yeux que toutes les bibliothèques reliées d'U.R.S.S." ( p. 202)"



Bref , entre véritables écrivains, véritables artistes et personnages inventés... nous apprenons une foule de choses, de l'Histoire russe et des restrictions gigantesques empoisonnant la vie culturelle de ce pays, enfermé dans les propagandes communiste et socialiste, et le long chemin... qu'il fallut pour que ces bureaux de la Censure disparaissent....!!



Un seul bémol, mais tout à fait infime, qui m'a parfois légèrement "embrouillée" : une abondance de personnages, dont certains que l'on ne croise que très fugitivement , et qui disparaissent...aussitôt !!!



"Si Katouckhov a recours à la littérature interdite, c'est parce que la littérature "officielle" , à cause de la bureaucratie culturelle, vient au monde au compte-gouttes. Au forceps. Et qu'elle est, à vrai dire, bien pâlichonne. Dénuée en tout cas du pouvoir révolutionnaire du verbe voulu, de l'émotion ressentie- et non projetée. Pâlichonne, parce que si elle se regarde en face, "miroir qui se promène une grande route", elle est surtout en U.R.S.S. un miroir sans tain. (...) Katouchkov a donc faim de livres qui ne l'infantilisent pas, de livres substantiels." (p. 84)



Un hommage à la Dissidence, et à la Liberté de penser, d'écrire, de lire...La conscience universelle et toujours présente dans certains régimes totalitaires : le courage de penser, de s'exprimer, au péril de sa liberté ou de son existence...



Un moment captivant de lecture. Bravo et Merci à l'auteur...!



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Maîtres et Esclaves

La République Populaire de Chine naît le 1er octobre 1949. Tian Kewei, lui, arrive tout juste un an plus tard, en octobre 1950, dans une famille de "paysans riches", une classe qu'il portera comme un fardeau sa vie durant et qu'il tentera de faire oublier en gravissant progressivement les échelons du système maozedong.



"Paysans riches" : un terme bien impropre pour désigner ces petits paysans pauvres propriétaires de leur masure et d'un petit lopin de terre qui leur permet tout juste de nourrir la famille. Sauf qu'à l'époque du "Grand bond en avant" conçu par le grand Mao Zedong, il n'est plus question de propriété privée : la nouvelle politique économique conduite entre 1958 et 1960 avait pour but notamment de stimuler la production par la collectivisation de l'agriculture. Sauf que ce grand projet, conduit à marche forcée et dans la contrainte, n'a pas eu le succès escompté. Tian Kewei a 8 ans quand la grande famine se déclare. Longtemps cachée au monde par le gouvernement chinois, il s'avère que cette famine a provoqué la mort d'environ 35 à 45 millions de personnes entre 1958 et 1963 (dont la moitié au cours de la dernière année). Dans ce contexte dramatique, Mao Zedong tient son pays d'une main de fer, à grand renfort de propagande et d'exécutions sommaires, et publiques.



C'est dans ce contexte que grandit Kewei, entre les rêves de son père, artiste dans l'âme, menacé par la ligne terrifiante du parti, des gardes rouges comme de l'armée populaire de Chine, et sa mère qui tente de faire survivre sa famille et de cacher les errances de son mari. Accusé d'être un droitier, le père de Kewei prend plaisir à parcourir la campagne, à observer et peindre la nature, les paysages… des sujets interdits par les consignes du Petit livre rouge, qui forgeront les prémices de la Révolution Culturelle quelques années plus tard.



Pour sauver sa peau d'abord, et celle de sa famille, pour survivre et pouvoir manger, Tian Kewei s'écarte peu à peu des traces de son père et peint dans le respect des consignes culturelles et politiques. Il transmet une image souriante et victorieuse de la Chine populaire de Mao. Sa soif de reconnaissance et de sécurité, son ambition aussi, en feront bientôt un instrument discipliné et zélé de la Révolution Culturelle engagée par Mao.



Tian Kewei est un instrument de l'Histoire et à travers sa vie, Paul Greveillac nous immerge dans la Chine de Mao. C'est ce que j'ai adoré dans ce récit dense, d'une très grande richesse historique : traverser l'histoire d'un pays sur les épaules de personnages si vivants, ambigus parfois, effrayés souvent, ayant des convictions… tels que Kewei, sa femme Li Fang pétrie de traditions et d'un sens de l'honneur exacerbé, puis leur fils Xiazhi, membre d'une génération sacrifiée de la Nouvelle Chine.



Il vous faudra aimer l'Histoire, la politique et ses méandres douteux, il vous faudra vous intéresser aussi à l'Art et à cette frontière entre création et propagande où Tian Kewei excelle. Le volet historique est particulièrement riche et merveilleusement traduit à travers le parcours de Kewei. J'ai parfois frôlé l'indigestion, mais j'ai chaque fois été relancée par les récits des personnages de ce récit, principaux comme secondaires. J'ai été passionnée par le récit qui est fait de la propagande, des aléas de la position de chacun dans le système, du rôle de la censure…



Il faut dire que la plume de Paul Greveillac est un ravissement : j'aime ce qu'elle raconte mais je suis également très touchée par la manière dont elle le dit. Poétique, elle convoque des images tellement vivantes et réalistes, que ce soient les paysages de cette Chine en plein bouillonnement, ou les peintures décrites. J'ai découvert de nombreux artistes dans ce roman touffu, réels ou tout droit sortis de l'imagination de l'auteur. J'ai découvert une histoire de la Chine qui m'était totalement inconnue, en dehors de ce drame de la place Tian Anmen en 1989 dont je n'avais finalement pas su grand chose. Les massacres de la jeunesse en révolte contre la corruption d'une Chine de l'après révolution culturelle, et qui firent entre 1 000 et 7 000 morts selon les sources, seront le point final de ce récit au goût d'épopée.



En conclusion, les 357 pages qui ont suivi mon premier avis à la page 100, ne m'ont pas déçue ! J'ai retrouvé dans ce récit tout ce que j'apprécie en littérature : la langue, le contenu, la densité historique, la précision des personnages, la richesse du récit, la poésie des images… Une magnifique découverte. Et oui, on peut dire un coup de cœur.


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Maîtres et Esclaves

Paul Greveillac conjugue à merveille l’histoire de son héros Kewei et l’Histoire de la Chine populaire. Une fresque sur près de 50 ans, écrite dans un style fin, chaque mot est juste. Ce roman se lit au moins deux fois : la première pour suivre l’épopée de ce peintre paysan du Sichuan, la seconde pour savourer cette écriture sublime. Un très grand livre.
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Les âmes rouges

Paul Greveillac a érigé un monument littéraire – 444 pages - à la gloire des esprits réenchanteurs qui, depuis Staline, ont fissuré le bloc soviétique et sa pensée unique. Son héros, le censeur de la GlavLit, Vladimir Sergueïevitch Katouchkov, est un pompier pyromane, un homme cultivé qui, à force de lire les plus belles œuvres de la Russie du vingtième siècle (Pasternak, Soljenitsyne pour ne citer qu’eux) dans le but d’étouffer les flammes de la liberté, finira par être gagné par leur feu sacré et devenir, lui aussi, un écrivain dissident. L’arroseur arrosé, en quelque sorte. Ce roman est une fresque. Dans les yeux de Katouchkov, on voit l’empire s’écrouler, ses certitudes d’abords, ses murs de béton ensuite. Ce n’est pas un livre qui se parcourt avec légèreté au sens où il demande de la concentration, du recueillement même. Truffés de références, documenté de façon presqu’obsessionnelle, déroutant par ses digressions érudites, ce roman ne se laisse pas facilement dompté. Mais comme tous les livres exigeants, il ne s’oublie pas. Dense, puissant, profond, le premier roman de Paul Greveillac a puisé dans les classiques qui ont sans doute bercé son adolescence studieuse et passonnée, de Gogol à Dostoïevski.
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Maîtres et Esclaves

Une découverte impromptue, époustouflante, au fil des flâneries de cette rentrée littéraire, et je n'ai pas résisté à ce roman, mettant en scène la Chine des années 50,avec au centre l'enfance et l'existence d'un paysan-peintre, Kewei...





Son propre père, paysan était doué et passionné par la peinture... Il eut une

existence terrible car il n'était pas assez docile avec le nouveau régime

de Mao...mais il aima son fils, lui transmis ce qu'il pût... car même sa

femme trouvait que c'était un malheur , une fatalité que leur fils aime

dessiner comme son père !!



"Xi Yan répondait que ça ne servait à rien, l'école , qu'on n'y enseignait pas comment devenir un bon paysan. Yongmin regardait tristement son fils. Il pensait au contraire que l'éducation était importante. Qu'il fallait que son fils apprît à lire et à écrire. Pour mieux savoir peindre et atteindre à la "Triple perfection "- alliage de la peinture, de la calligraphie et de la poésie". (p. 43)





Un roman d'une grande force dramatique et documentaire sur la longue période de bouleversements et de terreur distillée par Le Grand timonier, des années 50 aux années 70...



Cette histoire ne peut que marquer les lecteurs tellement elle est terrible, sans la moindre ouverture vers un ailleurs !!! Le périple de cet enfant de paysan doué pour le dessin nous prend "aux tripes " !...

Il parviendra à survivre juste grâce à ses dons, mais il ne connaîtra jamais la liberté, ni la possibilité de gouverner son destin !



Cette année particulièrement... j'ai lu plusieurs textes sur la Chine, le régime de Mao, la politique de l'enfant unique... mais celui-ci, écrit par un écrivain français est un véritable uppercut ...

Nous , lecteurs, avons froid dans le dos... de lire cette surabondance de barbaries, d'exactions provoquées par un parti ou un système politique, qui s'érigent en "Vérité unique" , pendant de si longues années !!...



Au nom d'une seule idéologie, tout est permis pour annihiler la liberté de penser... de chaque Chinois !! Très peu de livres en dehors du Petit livre rouge, qu'il faut savoir par cœur... sans parler de l'art qui ne sert qu'à célébrer le culte de la personnalité de Mao...



Très égoïstement, en parcourant ces destinées individuelles broyées par un système, nous ne pouvons que louer d'être né dans un pays démocratique, où les individus sont libres, et possédant un minimum de droits !



L'impression d'étouffer dans cette toile d'araignée, cette propagande constante du grand timonier, du soir au matin... qui dénie tout libre- arbitre à son peuple. Notre peintre-paysan n'a pas le moindre choix. Il opte pour le moindre mal... Il obéit en évitant de réfléchir, juste pour "sauver sa peau" !!!...



Un roman d'une très grande densité... impossible à oublier. Même si j'ai infiniment apprécié, je serai contente, après cette lecture, de me plonger dans un univers plus léger!!!



Notre héros ou anti-héros, Kewei, au fil d'années de souffrances, humiliations, vexations, dressages intensifs, parviendra grâce à sa docilité et ses talents de peintre ,au sommet du Parti; Cela sera à son tour de juger, rejeter , réprouver ou censurer telle ou telle oeuvre !!.



Comme il arrive dans des circonstances extrêmes... Les victimes deviennent à leur tour des bourreaux... Kewei... n'en arrivera pas là, et encore...la propagande maoïste, la peur et parfois la terreur, la misère...le broiera, lui fera oublier l'indépendance et la bienveillance contre-révolutionnaire de son père paysan-peintre, "moyen-riche"...Pour atteindre les honneurs et la considération sociale, plus de sentiments, ni de réactions aux injustices...Un individu, talentueux, brisé par un système totalitaire...



Et quelle sombre ironie que ces termes proclamés à chaque instant du quotidien des chinois , pendant de longues années: cette fatidique "Révolution culturelle prolétarienne", qui assujettira tout un peuple, et massacrera la culture à coups de censure , d'embrigadement, de morts et d'emprisonnements... ...sous le joug d'un seul homme , Mao Zedong !!



"Kewei, dans Pékin, vaquait désormais avec l'assurance de qui est devenu intouchable. Du statut d'exécutant, il avait accédé à celui de mandataire. Il avait partout l'illusion de s'être extirpé de sa condition de subalterne. Et partout, il le montrait... Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos egos ? Maîtres de nos rêves, esclaves de ce qui les concrétise ?

Le printemps ne réchauffait pas encore le monde dans ses paumes que Kewei, dans la foulée de son acceptation au Parti, intégrait déjà le département de la Propagande. (...)

mais ici, on ne peignait pas. On décidait ce qu'il fallait peindre. Ici, on gouvernait l'art. "(p. 299)



Bravo à l'auteur... le style, les multiples informations, les personnages bien campés, et attachants, la poésie lorsqu'il est question de la beauté, de la peinture, de la nature ou de l'enfance...etc. On peut également "saluer" la connaissance très approfondie de l'auteur pour son sujet ...



Inutile de préciser mon grand intérêt pour ce roman, vu l'abondance des citations déjà transmises , et encore, ...en me freinant...!!



Je reste très curieuse des écrits et des thématiques de cet écrivain, auquel

je trouve un talent certain et des sujets passionnants , "compacts"... comme la censure, la perte de liberté, la culture enrégimentée... Je pense que ma prochaîne lecture sera "les âmes rouges" , sur la période post-stalinienne, où la censure sévit sur la culture , et plus spécialement sur le Cinéma et la Littérature ! "Les âmes rouges" sont parallèlement, à la fois une ode à l'Amitié et à la dissidence !!...



Des sujets brûlants et universels...
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Les âmes rouges

Les premières pages sont vraiment excitantes: nous pénétrons dans l'institution mystérieuse où les censeurs soviétiques passent au crible de la doxa communiste tendance Kroutchev les productions culturelles locales - mais pas seulement. Kroutchev est un assez bon bougre mais tous les dirigeants ne partageront pas ses foucades inespérées et la censure, bonne fille, épouse les principes des uns puis des autres, d'où ce résultat pas si inattendu : le dirigeant passe et le censeur résiste. On finit par bien aimer ce travailleur de l'ombre, modeste amoureux des livres ( car qui d'entre nous n'aimerait pas 1) lire toute la journée et être payé pour ça 2) expédier très très loin tous les auteurs qui n'auraient pas l'heur de nous plaire...)? Mais le censeur traîne ses fantômes, tous ceux qu'il a trahis et envoyés au Goulag ou, au mieux, au fin fond de désespérants hôpitaux psychiatriques.

Alors pourquoi 3 étoiles seulement ? Trop de personnages inhabités et purement figuratifs, trop de notes de bas de page, trop de didactisme... le censeur découvre Kalatozov. le censeur découvre Grossman. le censeur découvre Zamiatine. le censeur découvre Soljenitsyne. Et là, effectivement, on se dit que si on doit subir la litanie de tous les cinéastes et écrivains un peu connus, ça va être longuet.

Ça l'est.

Nonobstant toutes les qualités du livre, on est quand même bien content d'en voir la fin.
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Cadence secrète

Comment créer sous un régime totalitaire ? Dans « Cadence secrète », Paul Greveillac évoque les audaces et les accommodements d’un compositeur soviétique.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Les âmes rouges

C'est avec une certaine forme de légèreté que Paul Greveillac écrit un roman dont le thème est la propagande et la dissidence en Union Soviétique.

Vladimir Katouchkov est un pur produit stalinien. Censeur de métier, il est chargé de trier tout ce qui peut être vu ou lu en Union Soviétique, la propagande dans toute sa splendeur dans la vie artistique et culturelle du pays. Convaincu par la noblesse de sa mission, il commence pourtant à la remettre en cause, en prenant fait et cause pour des artistes qui vont devenir "dissidents".

Remarquablement documenté, un souffle russe anime ce roman, dont les personnages sont décrits avec beaucoup d'intelligence.
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Les âmes rouges

Un vrai coup de maître, ce premier roman ! Une documentation solide, un sens de la narration (la technique des courts chapitres fonctionne parfaitement), tout y est. Et cette peinture de personnages désenchantés donne un récit où l'histoire qui se fait et se défait se teinte finalement d'une certaine mélancolie. L'une des belles surprises de cette année, assurément, couronnée par le très chic prix Roger Nimier.
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Les âmes rouges

Les destins croisés d'un fonctionnaire de la censure et d'un projectionniste sous chape de plomb communiste.



Si peu de retours lecteurs pour ce livre!

J'ai donc eu quelques craintes et au résultat, c'est une excellente lecture, une immersion passionnante dans le quotidien des "camarades" soviétiques, traversant les années de dégel sous Kroutchev et d'immobilisme de Brejnev.



Livre foisonnant de multiples personnages réels ou fictifs, bourré de références littéraires, parsemé de rappels historiques de la guerre froide, parlant de créations cinématographiques et de littérature dans tous leurs états, censurées, manipulées, tronquées, et bien entendu dissidentes. On peut caler sur l'aspect intellectuel du propos mais le contexte d'une société prise en otage par un système politique ubuesque constitue le meilleur de la narration.



Dans la foulée des fonctionnaires du pouvoir, censeurs, éditeurs, écrivains, le lecteur doit tenir la distance. Les patronymes russes demandent un effort de mémorisation. L'âme slave se décline dans ses excès de rapports humains, entre brutalité et convivialité. Peu de bonheur dans les destinées individuelles mais un esprit de résistance, de contestation et de stoïcisme chevillé au corps de homo soviéticus, derrière le renoncement libertaire et l'idéologie de façade.



Me restera l'image du hangar-mouroir de la parole écrite, le "goulag des mots", bibliothèque secrète et poussiéreuse des livres interdits par un régime paranoïaque, où voisinent Sade et Dieu sur la même étagère.



Je conseille vraiment!
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Les âmes rouges

Dans un formidable premier roman, Paul Greveillac raconte un demi-siècle d'histoire soviétique à travers la vie d'un fonctionnaire du GlavLit.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Les âmes rouges

Un roman très documenté, au souffle vraiment "russe". L'épopée d'une amitié sur près de trente ans, à Moscou. Un panorama de la vie culturelle soviétique vue de l'intérieur. Des dissidents qui fuient le KGB... On revit toute une époque. On revisite toute une époque avec un guide expert : le narrateur. L'Histoire draine les histoires des personnages; attachants ou rebutants, en tout cas réalistes et complexes. Tous réussis.



"Les âmes rouges" est l'improbable rencontre entre "L"oeuvre au noir" de Yourcenar et "Les trois jours du condor" de Sydney Pollack. Chapeau.

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Les âmes rouges

Un roman très documenté, au souffle vraiment "russe". L'épopée d'une amitié sur près de trente ans, à Moscou. Un panorama de la vie culturelle soviétique vue de l'intérieur. Des dissidents qui fuient le KGB... On revit toute une époque. On revisite toute une époque avec un guide expert : le narrateur. L'Histoire draine les histoires des personnages; attachants ou rebutants, en tout cas réalistes et complexes. Tous réussis.



"Les âmes rouges" est l'improbable rencontre entre "L"oeuvre au noir" de Yourcenar et "Les trois jours du condor" de Sydney Pollack. Chapeau.
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